Formation duale en Suisse, acteurs institutionnels et sociaux

Formation duale en Suisse, acteurs institutionnels et sociaux

III. La formation duale en Suisse

La formation professionnelle initiale, en Suisse, fait suite à la formation obligatoire et fait partie du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir annexe n°5). L’apprentissage est une formation professionnelle associant la théorie à la pratique. Il dure en général trois ou quatre ans et débouche sur l’obtention du Certificat Fédéral de Capacité (CFC).

Ce diplôme permet d’exercer immédiatement un métier avec un degré élevé de savoir-faire. S’il est complété par une Maturité Professionnelle, l’apprentissage ouvre les portes des Hautes Ecoles Spécialisées (HES) qui offrent des formations de niveau universitaire.

Il faut cependant préciser que les titulaires d’un diplôme professionnel de deuxième cycle de l’enseignement secondaire ne peuvent pas accéder aux études universitaires mais à une formation professionnelle supérieure non universitaire.

Il existe deux formes d’apprentissage : l’apprentissage en école (système à plein temps) et l’apprentissage en entreprise (système dual).

En école, l’apprenti suit une formation pratique et théorique dans un cadre scolaire. L’enseignement pratique est dispensé à raison de deux jours par semaine dans les ateliers de l’école et le reste du temps est consacré aux cours théoriques. La plupart des écoles professionnelles organisent des examens d’admission, car le nombre de places est limité. Si un candidat est admis, il conclut un contrat d’apprentissage avec l’école et dispose d’un temps d’essai d’un à trois mois pendant lequel la résiliation du contrat est possible. L’apprenti en école ne perçoit aucun salaire et bénéficie de vacances scolaires.

En entreprise, l’apprenti suit une formation pratique et travaille dans l’entreprise qui l’engage trois à quatre jours par semaine. Il se rend un jour ou un jour et demi par semaine au centre d’enseignement professionnel pour y suivre des cours théoriques. Les futurs apprentis doivent commencer par trouver une place d’apprentissage auprès d’une entreprise.

Les grandes entreprises organisent souvent des tests d’admission. Au moment de l’engagement, un contrat d’apprentissage – qui est un contrat de travail – est conclu entre l’entreprise est l’apprenti. Il stipule que l’apprenti dispose d’un temps d’essai d’un à trois mois, période pendant laquelle la résiliation du contrat est possible.

Les apprentis en entreprise ont un salaire, qui varie selon la profession et les années d’apprentissage. Ils ont au minimum cinq semaines de vacances par an.

A la fin de leur formation et après avoir passé et réussi les examens requis, les apprentis reçoivent un C.F.C.

En Suisse, une majorité de jeunes de 15 à 19 ans suit une formation professionnelle initiale. L’apprentissage en entreprise est le modèle de formation qui accueille 69% des élèves du deuxième cycle de l’enseignement secondaire.

Organisation de l’apprentissage dual en Suisse.

D’après la Constitution Fédérale, les cantons sont pleinement souverains en matière d’éducation (art. 3) à l’exception de la formation professionnelle qui relève de la compétence de la Confédération. La loi Fédérale de la Formation Professionnelle (LFP) règle la formation de base et le perfectionnement professionnel. Selon l’article 6 de cette loi, l’apprentissage doit donner les compétences et les connaissances nécessaires pour l’exercice d’une profession mais aussi une bonne culture générale.

1. Les acteurs institutionnels

La Confédération – au travers de l’Office Fédéral de la Formation Professionnelle et de la Technologie (OFPT), édicte des normes générales en matière de formation professionnelle, veille à leur respect et attribue des subventions.

Les cantons sont chargés d’exécuter la loi fédérale sur la formation professionnelle. Ils disposent à cet effet d’une grande autonomie et, de ce fait, il existe des différences quant à l’organisation de la formation. Ils gèrent les écoles professionnelles, l’organisation et la surveillance de l’apprentissage et des examens de fin d’apprentissage.

Dans le canton de Genève, les principales lois qui régissent la formation professionnelle sont la loi sur l’orientation, la formation professionnelle et le travail des jeunes gens (C2 05) et la loi sur l’instruction publique (C1 10). Les tâches d’organisation et de surveillance de l’apprentissage incombent à l’Office d’orientation et de formation professionnelle (OOFP), qui dépend du Département de l’instruction publique.

L’OOFP est divisé en trois services : le service de formation professionnelle, le service d’orientation scolaire et professionnelle, et le service d’information. Le premier s’occupe d’organiser et d’entretenir les liens avec les entreprises et les associations professionnelles; le deuxième, par l’intermédiaire des psychologues et conseillers, d’orienter et encadrer les jeunes; et le dernier, de gérer des centres de documentation au service de la communauté.

Le service d’information compte aussi un programme qui organise des rencontres d’information professionnelle et des visites en entreprises pour les élèves de la 8ème année scolaire, ainsi que des stages et des visites de classe en entreprise pour les élèves de la 9ème année et pour ceux qui sont en âge d’être libérés de la scolarité.

Dans les Centres d’informations sur les études et les professions ainsi que dans les médiathèques des écoles, l’on trouve un grand nombre d’informations et de renseignements sur les professions et les métiers.

Les cantons et la Confédération se répartissent les compétences et les responsabilités liées à l’apprentissage avec leurs partenaires : les associations professionnelles, chargées notamment des cours d’introduction dispensés au début de l’apprentissage, et les entreprises qui assument la formation pratique des apprentis.

Les entreprises qui collaborent avec le système de formation duale, acceptent que l’apprenti soit un salarié en formation car il participe à la production. Dans les petites entreprises c’est souvent l’entrepreneur qui assume la formation de l’apprenti tandis que dans les moyennes et grandes entreprises, il s’agit d’un employé.

2. Les acteurs sociaux participant à la formation en apprentissage dual

a) Le conseiller en formation

L’unité de la formation professionnelle de l’OOFP est l’autorité de surveillance de l’apprentissage. Le conseiller en formation est la personne qui représente cette autorité et, à ce titre, il accompli les tâches suivantes :

  •  accompagne et soutient l’apprenti, du début à la fin de l’apprentissage;
  •  assume la communication et la coordination entre les partenaires qui jouent un rôle dans la formation : maître d’apprentissage, commissaire, école, ainsi que différentes institutions;
  •  veille à la qualité de la formation de l’apprenti au sein de l’entreprise;
  •  soutien l’entreprise dans sa mission formative.
  • Les conseilleurs en formation sont spécialisés par professions ou par secteurs professionnels. Ils aident les jeunes à :
  •  réunir des informations sur l’apprentissage;
  •  obtenir des conseils relatifs à ses activités professionnelles;
  •  analyser les difficultés rencontrées au travail ou à l’école;
  •  trouver des solutions en cas de problèmes liés au déroulement de sa formation;
  •  gérer une éventuel rupture de contrat d’apprentissage;
  •  rechercher une nouvelle place d’apprentissage.

Ainsi, si un apprenti se pose des questions par rapport à son orientation professionnelle, à sa scolarité, au financement de sa formation, à sa santé, à sa sécurité sur son lieu de travail ou à son logement, il peut en parler à son conseiller en formation qui lui indiquera vers quels organismes se tourner.

b) Le maître d’apprentissage

Le maître d’apprentissage est un des personnages clef dans la formation en apprentissage. A partir du moment où il signe le contrat d’apprentissage avec l’apprenti et ses parents (ou son représentant légal), il est responsable de la formation de l’apprenti jusqu’à l’examen de fin d’apprentissage. Du fait qu’il veille à la qualité de la formation de l’apprenti, il a pour mission :

  •  de mettre en place la formation dans l’entreprise (préparation de la place de travail, établissement d’un plan de formation, de l’accueil et de la formation dispensée à l’apprenti à son arrivée dans l’entreprise);
  •  d’attribuer des tâches et des consignes à l’apprenti, d’évaluer l’exécution des tâches en fonction d’objectifs clairement définis au départ;
  •  de faire régulièrement le point sur sa formation avec l’apprenti et de faire des bilans sur sa situation globale (personnelle, scolaire, professionnelle).

En cas de nécessité, il rencontre les parents ou le représentant légal de l’apprenti, ainsi que le conseiller en formation.

Quant à la formation demandée aux maîtres d’apprentissage, ils doivent au moins posséder un CFC dans leur profession et avoir une attestation de formateurs d’apprentis. Le brevet ou la maîtrise sont nécessaires dans certains métiers.

c) Les commissaires d’apprentissage

Le commissaire d’apprentissage est un professionnel qui siège dans une commission d’apprentissage. Il se voit confié une triple mission de surveillance, de soutien et d’arbitrage, par rapport à l’entreprise formatrice, au maître d’apprentissage et à l’apprenti. C’est à ce titre qu’il :

  •  contrôle et surveille la qualité de la formation dispensée dans les entreprises;
  •  conseille et soutien l’apprenti en cas de difficulté au travail;
  •  intervient en cas de conflit entre le maître et l’apprenti ou en cas de défaillance de l’entreprise formatrice.

Il existe en règle générale une commission d’apprentissage pour chaque groupe de professions faisant l’objet d’un règlement d’apprentissage. Elles ont pour mission de veiller à la bonne marche de l’apprentissage dans la ou les professions concernées. Elles peuvent émettre des avis sur tous les aspects de la formation professionnelle.

Les commissions sont composées en nombre égal des représentants des employeurs et des travailleurs de la profession ou des diverses professions pour lesquelles elles ont été constituées. Leurs membres sont nommés pour 4 ans par le Département de l’instruction publique sur proposition des associations professionnelles intéressées.

d) L’expert

Les experts sont chargés de faire passer aux apprentis les examens selon les exigences du règlement d’apprentissage. Ils sont choisis parmi les membres de la profession concernée et les enseignants de l’école professionnelle. Chaque année, l’Unité de la formation professionnelle désigne les experts aux examens.

e) Les enseignants

Les enseignants de l’école professionnelle participent du début à la fin de l’apprentissage. Ils dispensent des cours de théorie et de culture générale. Les élèves sont notés régulièrement. Ces enseignants ont reçu une double formation : pédagogique et professionnelle. Outre leur certificat d’aptitude à l’enseignement, ils sont détenteurs d’un diplôme fédéral, d’un titre universitaire ou d’un diplôme ETS. Ceux qui enseignent des branches de culture générale sont des universitaires qui ont acquis une formation pédagogique complémentaire.

Bref, l’apprentissage en entreprise, organisé sous forme de partenariat entre la Confédération, les cantons, les associations professionnelles et les entreprises, exige une grande autonomie des cantons pour négocier avec leurs partenaires du secteur des entreprises et pour prendre des décisions concernant les programmes et l’organisation de la formation. L’OOFP joue un rôle fondamental dans la bonne marche du système d’apprentissage en entreprise. Elle capte des entreprises formatrices en les informant des avantages du système et en leur fournissant des informations ponctuelles et actualisées sur les professions et métiers. Elle encadre et oriente aussi les jeunes avant, pendant et après le choix de la formation. Elle contrôle également que l’apprentissage se déroule dans des conditions appropriées pour les apprentis et veille à la bonne entente entre les différents acteurs de l’apprentissage.

IV. Conclusion

Malgré le relatif succès de la formation technique professionnelle au Pérou, cette modalité éducative ne répond ni aux besoins de qualification des entreprises ni à la demande de formation des secteurs peu favorisés de la société péruvienne. Cette inadéquation entre l’offre et la demande de formation technique peut s’expliquer, en partie, par l’absence totale de participation des entreprises dans les instances de décision concernant les filières de formation techniques et professionnelles officielles.

De plus, le peu de programmes non officiels mis en place, qui tentent de rapprocher l’univers du travail et celui de la formation, manquent de stratégies pour créer des ressources propres et, de ce fait, dépendent fortement de la conjoncture économique et des ressources provenant de la coopération internationale. D’autre part, les nouveaux programmes de formation professionnelle se heurtent au problème de la valorisation sociale de la formation notamment au niveau de la formation initiale dès l’école.

Le modèle d’organisation et de financement de la formation technique mis en place par le SENAI au Brésil, basé sur la décentralisation des pouvoirs des décisions et sur la participation plus accrue des entreprises, présente encore des limitations quand à son application : il ne tient compte que des entreprises du secteur structuré, favorise principalement les grandes entreprises, les salariés ne sont pas représentés dans les organes de décision.

Ainsi, même si ce modèle a fortement contribué au développement de la formation professionnelle et à encourager la participation des entreprises dans la formation, il n’a pas encore réussi à atténuer les disparités entre les régions, les tailles des entreprises et les catégories socioprofessionnelles. Il fait néanmoins preuve de flexibilité pour faire face aux périodes de crise économique et présente diverses possibilités de création de ressources propres à travers la participation des entreprises dans la formation.

D’autre part, possible reflet de ce qu’a commencé le SENAI, les organisations brésiliennes travaillant avec des enfants en difficulté, présentent aussi des programmes novateurs de formation professionnelle qui permettent aux enfants d’améliorer leurs conditions de travail et d’avoir des meilleures possibilités de promotion socioprofessionnelle, tout en répondant aux besoins de main d’œuvre des entreprises locales.

En Suisse, le succès de l’apprentissage dual répond non seulement au développement économique du pays, mais surtout au degré d’organisation de la formation professionnelle.

Centré sur l’autonomie des cantons pour gérer celle-ci, et sur la traditionnelle participation des entreprises dans la formation, le modèle d’organisation suisse met en évidence la nécessité primordiale de pouvoir compter sur un organe de surveillance, chargé aussi bien d’organiser la formation que d’articuler et de contrôler les actions des différents acteurs institutionnels et sociaux.

De plus, l’accès à une information ponctuelle et actualisée sur les professions et métiers et sur les avantages et inconvénients du système dual et de la formation en général, permet d’encadrer de manière efficace les jeunes et les entrepreneurs.

Nous voyons à la lumière de l’étude des cas de différents pays, que l’éducation péruvienne requiert la coopération internationale, non seulement sous forme de prêts et de donations mais principalement de transfert de connaissances pour apprendre des innovations réalisés dans d’autres pays, qu’il s’agisse des pays industrialisés ou de ceux en voie de développement.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La formation professionnelle duale: alternative éducative
Université 🏫: Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education
Auteur·trice·s 🎓:
Dana Torres & Carmen Vulliet

Dana Torres & Carmen Vulliet
Année de soutenance 📅: Mémoire de licence - Novembre 2001
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