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III- Études de cas – les mouvements contestataires autochtones comme exemple d´une mouvance internationale : l´autochtonie

A- Idle no more

« Idle No More n’est pas seulement un combat pour les nations autochtones, la terre, la culture, la décolonisation, la langue, les traités et l’environnement ; c’est aussi un combat pour une représentation juste et précise des peuples autochtones et de leurs problèmes. C’est un combat pour de meilleures relations, et cela commence par la vérité, le dialogue et le respect » [Traduction libre] Leanne Simpson, auteure et professeure anishinabe.

1- Les prémices du mouvement

Le mouvement Idle no more a vu le jour en décembre 2012, grâce à l’initiative de quatre femmes cries, Nina Wilson, Sylvia McAdam, Jessica Gordon et Sheelah McLean.

Ce mouvement fait suite aux propositions de lois du gouvernement conservateur de Stephen Harper, et notamment les lois omnibus C-45 et C-38. Ces politiques avaient pour but de changer la Loi sur les Indiens, celle en matière de protections environnementales, de pêches et sur l’utilisation des eaux, mais également de faciliter la privatisation des terres des réserves autochtones. A la suite de la publication des projets de lois omnibus, le mouvement avait alors pour but d’alerter sur la gravité des propositions présentes dans ces textes.

Idle No More : Un mouvement autochtone international

Que ce soit sur le fond ou sur la forme, de vives critiques ont été émises, en particulier par les Premières Nations, et notamment les femmes qui se sont fortement mobilisés.

a- L´utilisation du principe omnibus et le contenu des Lois

L’utilisation du principe omnibus a, premièrement, été vivement critiquée par la population canadienne : « En procédant par des lois omnibus, soit par le dépôt d’une série de modifications législatives en bloc, le gouvernement Harper a limité les débats publics sur les enjeux spécifiques. De plus, le gouvernement s’est obstiné à faire adopter ces projets de loi le plus rapidement possible, retirant aux groupes concernés la chance de se prononcer sur les questions soulevées […] Toutes ces modifications furent apportées sans consultation ni participation des communautés autochtones contrairement à l’obligation de consultation qui s’applique à la Couronne »157.

La critique faite ici porte sur le bafouement des lois du Commonwealth qui stipulent que, lors d’un changement de lois qui pourrait avoir des impacts environnementaux importants, les peuples autochtones doivent être consultés de façon approfondie.

Que ce soit concernant des lois liées à l’environnement, ou la Loi sur les Indiens, qui les concernent directement, les Premières Nations ont donc été exclues du processus de consultation, et leur avis n’a pas été entendu. Par exemple, dans le cas de la réalisation d’évaluation de l’impact d’activités sur l’environnement, les lois omnibus excluent la participation des communautés autochtones en réduisant au minimum la participation aux seuls “intéressés”, donc les entreprises concernées et l’État, participation qui était auparavant requise et obligatoire.

157 SCHULZE, David, et Geneviève RUEL, « Les lois omnibus C-38 et C-45 et les autochtones : Conducteurs, passagers ou otages à l’autobus ? », in Dionne Schulze S.E.N.C., 2015, p.1.

De plus, à travers la loi C-38, le gouvernement voulait supprimer l’activité de l’Institut de statistiques des Premières Nations, qui avait pour but de fournir au gouvernement des statistiques fiables concernant les activités économiques, fiscales et sociales mais aussi les niveaux de développement des communautés résidant dans les réserves (l’institut était un organisme indépendant). Ces statistiques étaient particulièrement utiles afin de mettre en place des mesures concrètes pour répondre directement aux besoins des communautés, et pouvoir ainsi fournir des aides appropriées, au niveau local, mais aussi fédéral. En supprimant cet institut, outil primordial dans la mise en place de politiques publiques concernant les Premières Nations, le gouvernement souhaite donc accentuer l’écart et les inégalités, déjà bien présentes.

b- Les caractéristiques du mouvement

Ces lois ne se résument pas aux points abordés ci-dessus, mais touchent de nombreux sujets, dont la majorité concerne les populations autochtones, sans leurs avis préalables. Lorsque ces lois ont été approuvées par le Parlement Canadien, cela a déclenché des protestations des Premières Nations, et l’amplification du mouvement Idle no more. Le mouvement défend donc le manque de consultation des Premières Nations et le non-respect de leurs droits dans ces lois.

Le mouvement idle no more rentre dans les critères d’un mouvement social définit par Sandrine Riu158:
Il s’inscrit d’abord dans une logique d’action conflictuelle, en opposition à un- “adversaire”, ici le gouvernement Harper, afin de “s’opposer à un changement social” et suppose des “relations antagoniques”. Ici le mouvement se développe en réponse à des lois votées par le parlement canadien, et met donc en opposition deux acteurs, le gouvernement et les Premières Nations. Il faut rappeler également que le mouvement, au début, n’est pas institutionnalisé, il n’est pas mené par des représentants des Premières Nations, mais bien par la société civile contre le gouvernement.

« Il se caractérise par des initiatives concertées et coordonnées au moyen de stratégies- et de ressources, sous-tendues par des d’échanges denses et informels.» Le mouvement est caractérisé par des manifestations, des blocages qui ont rassemblés plusieurs centaines d’autochtones, au Canada mais aussi, par la suite, dans le monde entier : “Selon le site Web du mouvement, plus de 50 événements ont lieu lors de la Journée d’action mondiale d’Idle No More, le 28 janvier 2013, dont 25 au Canada, 20 aux États-Unis et plusieurs rassemblements à Londres (Royaume-Uni), à Paris (France) et au Groenland”159.

158 Sandrine RUI ,« Mouvements sociaux », in Paugam Serge (dir.), Les 100 mots de la sociologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que Sais-Je ? », pp. 82-83.

De plus, même si la couverture médiatique du mouvement a considérablement diminué, le mouvement a continué, et est toujours actif de nos jours. La stratégie du mouvement INM consistait à mener des actions directes, afin d’attirer l’attention des médias et d’informer ainsi la population canadienne sur les enjeux et les objectifs des peuples autochtones. L’action s’est caractérisée par l’occupation temporaire de voies de communication (telles que les voies ferrées, les routes principales, etc.) et l’organisation de manifestations spontanées dans des lieux publics très fréquentés160.

– Enfin, un mouvement social suppose l’existence d’une identité commune : « les mouvements sociaux n’existent pas sans la formation d’une commune : l’engagement partagé autour d’une même cause permet aux acteurs de se reconnaître non seulement comme liés les uns aux autres, mais également comme appartenant à un mouvement plus large ». Ce mouvement se caractérise par la lutte commune de nombreuses Premières Nations, des membres de la Première Nation d’Elsipogtog, de la communauté crie, rassemblés par la suite autour de l’Assemblée des Premières Nations, organisation politique qui représente environ 900 000 citoyens des Premières Nations au Canada.161

Certains observateurs qualifient le mouvement Idle no more d´un des plus importants menés par des peuples autochtones au Canada. Au-delà des revendications passées axées sur la transformation du système Étatique présent, en faveur des populations autochtones, ce mouvement est novateur car il questionne la place de l’État dans les problématiques rencontrées par les populations autochtones. Les solutions, selon les militants, ne viendraient pas d’une transformation des politiques concernant les Premières Nations, mais bien de la libération des espaces et l’autodétermination des peuples.

159 l’Encyclopédie Canadienne, s.v. « Idle No More, » par Tabitha de Bruin, Date consulté: avril 26, 2023,
160Isabel ALTAMIRANO, et Julián CASTRO-REA, « Idle No More : del reconocimiento al resurgimiento indígena en Canadá », in Estudos Ibero-Americanos, vol. 43, no1, 2017.

161 DE BRUIN Tabitha et al. « Assemblée des Premières Nations ». l’Encyclopédie Canadienne, 06 août 2019, Historica Canada. . Date consulté: 30 aril 2023

L’un des facteurs qui a lancé le mouvement a été la grève de la faim de la cheffe du peuple Attawapiskat, Theresa Spence, au nord de la province de l´Ontario. Les revendications de Spence portaient sur l’accès à l’eau potable, à un logement décent et à des soins médicaux pour sa communauté. Ignorée par le gouvernement canadien, elle a continué à jeûner pendant plus de six semaines.

Le mouvement s’est alors basé sur les revendications de Spencer, enélargissant les demandes à l´ensemble des Premières Nations, et a également porté sur la protestation contre les projets de lois omnibus. Idle no more cherche à revendiquer et àreconstruire des espaces autochtones autonomes et à redéfinir le débat sur les droits des Premières Nations. Même s’il a été lancé par des membres de Nations autochtones, ce mouvement regroupe également des Canadiens non-autochtones souhaitant lutter pour les droits autochtones et pour plus d’équité.

Ce mouvement s’est organisé notamment à travers les réseaux sociaux. Facebook, par exemple, a facilité le partage d’informations sur l’organisation de manifestation, et a encouragé des individus à lancer des protestations publiques dans des villes non prévues àl´origine. Widia Larivière, la cofondatrice du mouvement Idle No More Québec raconte :« Je ne me souviens plus si c’est moi ou Mélissa Molen Dupuis qui a demandé sur Facebook si on organisait aussi quelque chose au Québec.

L’autre de nous deux a répondu au statut de la première suggérant qu’on organise une manifestation à Montréal. C’est donc ce qu’on a fait !

Le prochain appel à l’action par les fondatrices d’Idle No More était pour le 21 décembre 2012, et on a alors décidé d’organiser une action pour cette journée-là. L’initiative a aussi inspiré d’autres militants autochtones de diverses communautés au Québec à organiser leur propre action pour le 21 décembre »162.

La militante raconte également que le mouvement, décousu et éparpillé au début, s’est rapidement organisé et les militants sont entrés en contact afin de planifier, avec une plus grande ampleur, les actions et protestations.

Les réseaux sociaux ont également permis à des communautés physiquement éloignées des zones urbaines, de se mobiliser en sachant que le mouvement les soutenait. Une autre caractéristique décrite par I. Altamirano et J. Castro-Rea et le fait que, en contradiction avec les générations passées qui pensaient que l’État était la solution aux problèmes rencontrés par les populations autochtones, et que des politiques publiques adéquates peuvent solutionner les maux causés par le passé, les activistes de INM s’opposent à la participation Étatique et à son rôle omniprésent. Selon eux, la stratégie Étatique n’est pas une solution, qui doit venir des communautés autochtones : « INM est un mouvement explicitement non-violent qui cherche la revitalisation et la résurgence des autochtones comme alternative aux diverses pratiques de dépossession sur lesquelles s’appuie l’État canadien et dont bénéficie la population non-autochtone »163.

162 François FORTIN, Entrevue avec Widia Larivière, cofondatrice du mouvement Idle No More Québec, 2016, redtac.org/possibles/files/2016/02/Fortin_Entrevue-Widia-Lariviere.pdf .

c- L’importance du genre dans le mouvement

Ce mouvement s’est transformé en mouvement plus général de dénonciation des conditions de vie des populations autochtones à travers des mobilisations actives – idle no more – Jamais plus l’inaction. Les femmes ont eu un rôle majeur dans la gouvernance de ce mouvement, notamment dans la protestation contre les traitements abusifs faits aux femmes autochtones, et notamment la non gérance de cas d’homicide sur des femmes autochtones qui aboutissent, la plupart du temps, à un classement sans suite.

Selon le gouvernement du Canada, en 2014, le taux d’homicides de femmes autochtones (3,64 par 100 000) était presque six fois supérieur à celui d’homicides de femmes non autochtones (0,65 par 100 000)164. Le mouvement idle no more a donc participé à la sensibilisation du grand public aux féminicides qui touchent particulièrement les femmes autochtones165.

Le documentaire réalisépar la chaine de télévision arte – tuer l´indien dans le cœur de l´enfant- retrace le parcours de la tante d´une jeune femme, Marylin Rose Monroe, qui dénonce le manque d´attention portée par la police canadienne aux cas d´homicide ou de disparition concernant les femmes autochtones. « Depuis au moins trois décennies, les femmes autochtones dénoncent la relation entre le colonialisme, le racisme et la violence fondée sur le genre à l’encontre des femmes autochtones, et documentent les histoires des femmes assassinées et disparues.

Cet activisme est toutefois resté invisible pour la plupart des Canadiens, malgré les rapports et les recommandations d’Amnesty International et des Nations unies. Harper [premier ministre] est même allé jusqu’à dire que le phénomène des femmes assassinées et disparues était un problème de police et non un « problème sociologique » »166.

163 Isabel ALTAMIRANO, et Julián CASTRO-REA, ibidem, p.18
164 « Femmes et filles autochtones disparues ou assassinées », in Gouvernement du Canada, 2017,
165 Isabel ALTAMIRANO, et Julián CASTRO-REA, ibidem,
166 Tuer l´indien dans le coeur de l´enfant

2- Le mouvement silence no more et l’unification des populations autochtones au Canada

Le mouvement silence no more (plus de silence) s’est donc créé dans la mouvance du mouvement idle no more afin de dénoncer les crimes impunis, donner de la visibilité aux victimes et demander la création d’une commission spécialisée afin de résoudre les assassinats restés dans l’oubli. Au-delà des revendications liées, à l´origine, aux conditions de vie des Premières Nations, le mouvement a réussi à rassembler l’ensemble des populations autochtones présentes au Canada, les populations Inuit, Métisses et les Premières Nations, autour de revendications communes, à savoir le manque de considération de la participations des peuples autochtones, la précarité de leurs conditions de vie et de la rigidité des lois qui diminuent fortement les marges de manœuvre et l’application de certains droits élémentaires.

« L’une des réussites d’INM a été sa capacité à rassembler les Inuit, les Premières nations et les Métis et à créer une communauté malgré les divisions juridiques qui existent entre eux et le vaste territoire canadien. S’il est une chose qui a caractérisé la politique indigéniste mise en œuvre par le gouvernement canadien, c’est bien la rigidité de la division juridique, qui menace constamment, que l’on soit reconnu ou non par le gouvernement, que l’on ait signé ou non des traités, etc. INM les a tous réunis »167.

Certaines limites, citées par I. Altamirano et J. Castro-Rea, ont pu fragiliser le développement et la durabilité du mouvement, comme le fait que les lois omnibus ont quand même été adoptées, le fait également que le mouvement n’est pas su tirer profit de l’organisation spontanée afin d’approfondir les modes d’actions, ou encore les divisions internes au sein du mouvement. Un mouvement réunissant des populations hétérogènes, avec un point commun, la lutte pour les droits des populations autochtones, a pu s’essouffler àcause de l’hétérogénéité des situations et des revendications.

167 Isabel ALTAMIRANO, et Julián CASTRO-REA, ibidem

Certains intellectuels tels que Taiaiake Alfred, professeur et penseur Mohawks, ont critiqué le manque d’approfondissement du mouvement, et sa superficialité, regrettant que INM ne soit pas allé plus loin dans ses revendications et ses formes d´actions. Les structures coloniales imposées par l’État canadien sont la cause principale des problématiques rencontrées par les populations autochtones, et la solution, selon certains auteurs, et selon le mouvement INM aurait été de détruire ces structures, et non de les transformer afin qu’elles persistent. Le mouvement s’oppose à la reconnaissance libérale de l’État des identités autochtones, mais est en faveur d’une démolition de ce que I. Altamirano et J. Castro-Rea appellent la “narrative coloniale” et d´une redéfinition de l’autodétermination des peuples autochtones.

Nous ne pouvons nier que ce mouvement à été le précurseur d’une nouvelle étape dans les relations entre populations autochtones et allochtones, et surtout entre l’État canadien et les Premières Nations. L´activisme autochtone et les mobilisations afin de faire valoir leurs droits ont également pris un nouveau tournant.

Par exemple, le mouvement Voyage du Nishiyuu (voyage du peuple) lancé par des jeunes cris en 2016 fait suite à Idle no more afin de faire valoir les revendications des jeunes autochtones. Les “marcheurs” ont parcouru 1600 km, depuis la Première nation de Whapmagoostui, le village cri le plus au nord du Québec sur la baie d’Hudson, jusqu’à la colline du Parlement à Ottawa.

Ils ont appelé cette démarche « The Journey of Nishiyuu », qui signifie « peuple » en langue crie. Cette initiative a été lancée par le jeune cri David Kawapit Jr, alors âgé de 17 ans. Un autre élément clé du voyage à Ottawa était de partager un message d’unité avec les jeunes autochtones, de les encourager à rencontrer d’autres jeunes autochtones et à partager leurs histoires, et de les inciter à prendre leur vie en main et àapporter des changements dans leurs communautés168. Durant l’expédition, les marcheurs de Nishiyuu ont reçu le soutien d’autres dirigeants autochtones, dont la chef Theresa Spence, qui a salué leurs efforts.

Ces changements ont eu des répercussions sur le gouvernement libéral de J. Trudeau en 2015, qui a déclaré vouloir accentuer les relations entre l´État et les Premières Nations. Cependant comme le soulignent I. Altamirano et J. Castro-Rea, ces avancées ne signifient pas la fin des structures coloniales imposées depuis des siècles, mais bien la transformation de celles-ci afin de rester en vigueur, ce qui est contraire aux revendications du mouvement169.

168 Michelle FILICE, « Voyage du Nishiyuu (voyage du peuple) », in l’Encyclopédie Canadienne, 14 novembre 2022, Historica Canada. . Date consulté: 30 avril2023.

169 Isabel ALTAMIRANO, et Julián CASTRO-REA, ibidem, p.18

Aujourd’hui, le mouvement est toujours actif et lutte contre des projets impactant l´environnement. Ils se sont notamment opposés au projet de gazoduc Coastal GasLink (CGL) de TransCanada.

Au Mexique, de nombreux activistes pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones utilisent des formes d’actions non violentes, tel que l ́activiste tlahuica (peuple situé en majorité dans l’État de Morelos) Ildefonso Zamora, qui a lutté pour la reconnaissance du droit à la terre et contre la destruction de l ́environnement, ou le groupe de rap náhuatl Neluayotl Chokoxtlik (Nueva República), qui, à travers le rap, défendent leur origine et le droit à l’identité culturelle. 1870-0063.

Nous allons ici nous concentrer sur l´Armée Zapatiste de Libération Nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN), défini comme un Mouvement insurrectionnel politico-militaire mexicain170.

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📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’impact des politiques aculturationnistes sur l’autochtonie : étude comparative du Mexique et du Canada
Université 🏫: SCIENCES PO TOULOUSE
Auteur·trice·s 🎓:
Julie Bastida

Julie Bastida
Année de soutenance 📅: Promotion 2023 - 2022-2023
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