L’impact de la dictée négociée sur la compétence orthographique des apprenants révèle des résultats surprenants : l’interaction entre pairs transforme l’apprentissage en une expérience collaborative. Cette étude met en lumière comment la théorie vygotskienne peut révolutionner l’enseignement du français langue étrangère.
Cadre théorique et conceptuel
Chapitre 1 : L’orthographe française
Introduction
L’acte d’écrire est une activité d’une très grande complexité qui suppose un scripteur, un texte et une interaction constante entre les deux. La complexité de cet acte réside dans le fait qu’écrire consiste à réaliser une série de procédures et un ensemble de règles.
Du coup, faire acquérir une compétence orthographique dans une langue étrangère surtout le français pose des problèmes parce que le français est considéré comme la deuxième langue difficile au monde après le chinois d’un point de vue orthographique.
La langue française est bien connue pour son système orthographique complexe et particulier ; le système complexe qui gouverne l’orthographe de la langue française explique ces difficultés rencontrées par l’élève et son enseignent.
L’apprentissage de l’orthographe reste toujours un problème pour les deux partenaires enseignant /élève ; son enseignement n’est pas facile, c’est pour cela que les élèves trouvent des difficultés d’apprentissage dans une classe du FLE.
Dans cette partie intitulée le cadre conceptuelle et technique, nous allons parler dans le premier chapitre de la définition de l’orthographe puis des principales zones de difficultés après nous allons aborder la description du système graphique de français et les types d’orthographe et enfin la didactique de l’orthographe.
Qu’est-ce que l’orthographe ?
L’orthographe est une notion relativement récente. Le terme orthographe vient du latin
« orthographia », lui-même emprunté au grec ancien. Il se compose de deux parties : le préfixe « Orthos » qui signifie droit ou correct et du radical « graphein » qui veut dire écrire (M. Grevisse.1986.93). L’orthographe serait donc la manière d’écrire correctement les mots d’une langue.
D’autres définitions sont proposées notamment dans certains dictionnaires comme le fameux dictionnaire de la langue française le Robert 1966 qui définit l’orthographe comme suit : « l’ensemble des règles officiellement enseignées ou imposées par l’usage, selon lesquelles on doit écrire »
De même pour le grand Larousse qui propose la définition suivante : « Ensemble de règles et d’usage qui régissent la manière d’écrire les mots d’une langue donnée »
La définition proposée par le Littré (1880) : « l’orthographe est l’art et la manière d’écrire correctement les mots d’une langue »
René Thimonnier (1967 : p88), quant à lui, estime que l’orthographe du français : « n’est rien d’autre qu’un système de transcription qui s’impose à tous les membres de la communauté »
Pour Evelyne Charmeux (1987 : p.67) qui préfère parler des principes, elle propose la définition suivante :
« L’orthographe pourrait être considérée comme l’ensemble des principes d’organisation des lettres et autres signes de la langue écrite française grâce auxquels il devient possible de reconnaitre les mots et leur signification et par la suite se faire comprendre en écrivains. »
Nina Catach (1995 : p.16) aborde l’orthographe française avec sa complexité ; elle estime que l’orthographe du français est : « la manière d’écrire les sons ou les mots d’une langue, en conformité d’une part avec le système de la transcription graphique adopté à une époque donnée, d’autre part suivant certains rapports établis avec les autres sous-systèmes de la langue morphologie syntaxe lexique. »
Les principales zones de difficultés
Il existe trois zones délicates du système orthographique du français :
Les accords et les terminaisons verbales
L’orthographe ou l’écrit du français est aussi grammatical puisque l’écriture de certains mots au sein de la phrase indique les rapports existants entre les éléments d’une même phrase. Les accords au féminin et au pluriel posent eux aussi problème. Ils paraissent, la plupart du temps, sous l’aspect d’une morphologie silencieuse ce qui fait qu’une même lettre finale peut être prononcer ou pas. Cette morphologie grammaticale bien qu’elle fasse l’objet d’un enseignement fondé sur des règles déclaratives continue à être le secteur où perdure l’essentiel des erreurs à l’écrit.
Les homophones
Mot /groupe de mot ou partie de mot qui ont une physionomie commune : saine/scène/seine. Aussi l’homophonie verbale est un domaine particulièrement difficile à acquérir exemple « é » et « er »
Le rapport graphie / phonie
« L’une des plus grandes difficultés vient du fait que de nombreux phonèmes (unités sonores) peuvent être transcrit de différentes manières » (Michel Fayol. 2003 : p. 2). En effet, le divorce entre la langue orale et la transcription graphique est frappant en français comme pour le mot « oiseau » ; le même son peut être aussi transcrit de différentes manières par plusieurs lettres.
Description du système graphique de français
Le système orthographique français est un système alphabétique. Le code alphabétique met en relation des phonèmes avec des graphèmes. Selon Nina Catach, le système graphique français est moins transparent comparativement aux autres systèmes d’écriture (l’italien, l’espagnole, l’allemand, etc.). La langue française fonctionne avec trois systèmes : le système phonogrammique (phonème), le système morphogrammique (morphème) et le système logogrammique (lexème).
les phonogrammes
Lettre ou groupe de lettres transcrivant un phonème. Ce dernier est l’unité phonologique minimale qui dans un système linguistique, peut s’opposer à une autre unité en contraste de signifié, c’est la plus petite unité du langage oral puisqu’il s’agit des sons prononcés permettant de distinguer les mots d’une langue. (https://lesdéfinitions .fr). [Consulté le 10/01/2020].
Graphèmes chargés de transcrire les phonèmes, les phonogrammes comprennent les archigrèmes et leur variante positionnel.
Le graphème est une unité à double face qu’il faut étudier en partant de l’écrit vers l’oral ; une hiérarchisation faisant référence à la fois à l’oral et aux critères de reconnaissance des graphèmes permet de ramener, pour l’apprentissage, les unités essentielles de 133 à70, de 70 à 45 et enfin à 33 (système graphique standard).
Ils représentent l’essentiel du système orthographique français.
Les morphogrammes
Sont l’unité minimale porteuse de sens, l’association minimale d’une forme et d’un sens. Ils peuvent être libres (mot à part entière) ou liés (élément d’un mot) (http://bbouillon.free.fr/univ/ling/fichiers/unitling/unitmrp2.htm). [Consulté le 23/04/2020].
C’est un signe minimal, constitué d’un signifiant et d’un signifié. ( http://j.poitou.free.fr/pro/html/gen/signe.html ). [Consulté le 23/04/2020].
Forme minimum douée de sens (mot simple ou élément de mot), spécialement cet élément, quand il a une fonction grammaticale (l’ensemble avec les « lexèmes », il est alors appelé « monèmes » chez A. Martinet.
Il existe deux types : les morphogrammes grammaticaux et les morphèmes lexicaux.
Les morphogrammes grammaticaux
Désinences graphiques supplémentaires qui s’ajoutent accessoirement aux mots selon les rencontres des parties du discours (marque de genre et de nombre, flexions verbales.)
Les morphogrammes lexicaux
Marques graphiques finales ou internes fixes, intégrées au lexème, pour établir un lien visuel avec le féminin ou les dérivés, marques spécifiques des préfixes, des suffixes, des éléments entrant en composition, etc.
Les logogrammes
« Morphème lexical libre (mots) ou lié (élément, racine). Notation de lexème, ou
« figure de mot », dans lesquels, à la limite, « la graphie » ne fait qu’un avec le mot, dont on ne peut la dissocier. La principale fonction des logogrammes est la distinction des homophones. »(CATACH, 1995)
Le logogramme est défini comme l’unité de base du lexique, unité minimale de signification appartenant au lexique.
Elle permet de distinguer graphiquement les homophones : logogrammes grammaticaux (différencient les séries homonymiques), logogrammes lexicaux (permettent de traiter des oppositions portant sur le lexique.
Les types d’orthographe
Il existe trois types d’orthographe :
- L’orthographe phonétique : est la première à se développer ; l’enfant apprend à faire la correspondance entre les sons et les syllabes de sa langue et écrit les mots selon ce qu’il entend.
L’orthographe lexicale
L’enfant apprend les irrégularités telles que le chiffre « sept » qui prend un « p » qui ne le prononce pas. Ce type commence à se développer en même temps que l’orthographe phonétique ; c’est pourquoi dès le début de la première année, on apprend autant les correspondances sons/lettres que les mots par cœur.
L’orthographe grammaticale
Elle vient en troisième et elle implique toutes les notions de grammaire (masculin
/féminin, singulier/ pluriel, temps des verbes, homophones, …) ex : les mots qui se terminent avec le son /ail/ s’écrivent « ail » s’ils sont des noms masculins ex : un travail et « aille » s’ils sont des noms féminin ex : une médaille. (https://www.blogorthophonie.com). [Consulté le 25/04/2020).
La didactique de l’orthographe
Savoir orthographier est une compétence qui se construit progressivement, non sans difficultés pour certains élèves, de l’école élémentaire au collège. Le système complexe qui gouverne l’orthographe de la langue française explique en partie ces difficultés. Mais il semble que la réflexion sur la mise en place d’une didactique de l’orthographe se heurte d’abord à des obstacles étrangers à la langue elle- même. C’est ce qu’explique Jean –Pierre Jaffré lorsqu’il remarque :
…de ce point de vue, les questions que posent les recherches en didactique de l’orthographe sont parfois plus cruciales que les solutions elles –même. Dans leur genèse, elles montrent que la didactique est aussi affaire de conception et que, avant de trouver des solutions, il faut aussi apprendre à (se) poser les bonnes questions. Parmi celles-ci, il semble que les représentations que les adultes – et les enseignants – peuvent avoir sur l’orthographe soient extrêmement importantes. Plus on parvient à mettre la distance entre soi et l’objet d’enseignement et mieux on perçoit la part réellement fonctionnelle. Il y a trop de passion et pas assez de raison autour de l’orthographe. (Jaffré, 1990 : p.102)
La raison évoquée par Jean Pierre Jaffré doit être recherchée du côté de chercheures telle Nina Catach, dont les travaux ont largement contribué à renouveler l’approche de l’orthographe en tant que discipline scolaire. Dès 1978, elle trace des perspectives simples pour guider le travail des enseignants :
« Une écriture comme la nôtre peut être acquise de plusieurs façons, la plupart de temps complémentaires : la mémoire, la répétition (l’usage), la référence à
l’étymologie ou à l’histoire, enfin et c’est ce que nous préconisons, par référence constante à la langue actuelle (phonologie, mais aussi morphologie, syntaxe, lexique) » (Catach. 1978 : pp. 94-95).
Conclusion
L’orthographe française reste l’un des champs épineux auquel font quotidiennement face les élèves. Elle est très difficile à enseigner et à apprendre, son enseignement constitue un véritable casse-tête même pour l’enseignant ; c’est pourquoi plusieurs théoriciens ont proposé différents dispositifs et approches pour enseigner l’orthographe parmi lesquels nous citons : la dictée négociée.
Questions Fréquemment Posées
Comment la dictée négociée améliore-t-elle l’orthographe des élèves ?
L’étude démontre l’importance du travail de groupe et des interactions entre pairs dans l’amélioration des compétences orthographiques.
Qu’est-ce que l’orthographe selon le dictionnaire de la langue française ?
Le dictionnaire de la langue française le Robert définit l’orthographe comme l’ensemble des règles officiellement enseignées ou imposées par l’usage, selon lesquelles on doit écrire.
Quelles sont les principales zones de difficultés de l’orthographe française ?
Il existe trois zones délicates du système orthographique du français : les accords et les terminaisons verbales.