Le risque phytosanitaire bois Douala est analysé à travers l’identification des insectes associés et la mesure de leur coefficient d’infestation. Les résultats montrent que les bois en grume présentent un risque supérieur aux bois débités, avec des variations notables selon leur provenance.
Université de Dschang
Faculté d’agronomie et des sciences agricoles
Département d’agriculture
Unité de recherche de phytopathologie et zoologie agricole
Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome
Option : Productions végétales
Analyse du risque phytosanitaire lié à l’exportation de bois vers le port de Douala, au Cameroun
Tohi Lissock Samuel
Dirigé par: Dr Dzokou Victor J., PhD
Juillet 2022
Résumé
Les exportations de bois comme tous les produits végétaux sont sources d’infestations d’organismes nuisibles. Le Cameroun étant membre de la CIPV a des engagements à tenir auprès des différents membres de la CIPV pour limiter la dissémination des organismes nuisibles. Pour y parvenir, le port de Douala effectue périodiquement une analyse des risques phytosanitaires des marchandises d’exportation.
Ce présent travail entre dans cette logique, ainsi les insectes associés au bois à l’exportation du port de Douala ont été collectés, identifiés et caractérisés au LAPHYZA de l’université de Dschang et le coefficient d’infestation des bois est par la suite mesuré en fonction de la provenance du bois et le type de bois (débité ou grume) suivant un barème de cotation.
Il en ressort que le bois en grume provenant de la zone CEMAC (19%) présente un coefficient d’infestation moyen significativement supérieur à celui du Cameroun (11,5%), le plus infesté étant celui de la société SCAD (39,2%). Concernant le bois débité, le bois de la zone CEMAC (1,1%) et celui du Cameroun (3,4%) ne présentent pas une différence significative, mais il s’est avéré que le bois débité possédant l’écorce de la société CUF (18,8%) présente un coefficient d’infestation moyen particulièrement élevé que la moyenne.
L’entomofaune du parc à bois du port de Douala présente 5 ordres constitués de 14 familles dont deux espèces des familles des Cerambicydae et des Curculionidae qui sont des organismes règlementés de quarantaine dans l’union européenne. Ces espèces (Quarantaine) vivent à l’intérieur du bois et peuvent s’introduire et se disséminer dans le territoire des pays importateurs.
Les bois débités présentent des coefficients d’infestation plus faibles que le bois en grume, il est recommandé donc pour limiter le risque phytosanitaire lié à l’exportation des bois en grume.
Mots clés: Bois d’exportation, Organisme nuisibles, Organismes de quarantaines, Risques phytosanitaires.
Abstract
Woods exports, like all plant products, are sources of pest infestations. Cameroon being a member of the IPPC has commitments to keep with the various members of the IPPC to limit the spread of Pest Organisms. To achieve this, the port of Douala periodically carries out a pest risk analysis of export goods.
This present work enters into this logic, thus the insects associated with wood exported from the port of Douala were collected, identified and characterized at LAPHYZA of the University of Dschang and the wood infestation coefficient is subsequently measured. Depending on the origin of the wood and the type of wood (lumber or logs) according to a rating scale.
It shows that the log wood from the CEMAC zone (19%) has an average infestation coefficient significantly higher than that of Cameroon (11.5%), the most infested being that of the company SCAD (39.2 %). Regarding the lumber wood, the wood from the CEMAC zone (1.1%) and that from Cameroon (3.4%) do not show a significant difference, but it turned out that the lumber wood possessing the bark from the company CUF ( 18.8%) has a particularly high average infestation coefficient.
The entomofauna of the wood of the port of Douala presents 5 orders made up of 14 families including two species of the families Cerambicydae and Curculionidae which are regulated quarantine organisms in the European Union. These species (Quarantine) live inside the wood and can be introduced and disseminated in the territory of importing countries.
Lumber wood has lower infestation coefficients than log wood, it is recommended to limit the risk associated with the export of log wood.
Keywords: Export timber, Pests, Quarantine organisms, Phytosanitary risks.
Introduction
Contexte et justification
Les échanges commerciaux à l’échelle de la planète ont fortement augmenté au cours du siècle dernier et vont continuer à s’intensifier dans les prochaines décennies au travers du développement des moyens de transport et de personnes. La croissance économique de l’Afrique a été relativement forte au cours de cette décennie avec des résultats économiques généraux continuant de s’améliorer. Entre 2008 et 2017, le taux de croissance moyen du produit intérieur brut (PIB) réel était de 4,9%. Avec des exportations en hausse de 42%, en octobre 2020 et octobre 2021, le continent africain a fait deux fois la performance de l’Amérique et de l’Asie et environ quatre fois celle de l’Europe, selon l’OCDE (Ristel Tchounand, 2022).
Cette augmentation du volume des échanges concerne également les végétaux (plants, semences, boutures, graines, fruits et le bois) dont les pays africains sont parmi les 1er au monde. Or les échanges de matériel végétal sont porteurs de risque d’introduction et de dissémination d’organismes nuisibles. D’après Anderson et al., (2004), la moitié des nouvelles phytopathologies sont disséminées par les voyages et les échanges internationaux, tandis que la dissémination naturelle, favorisée par les phénomènes météorologiques, constitue le deuxième facteur le plus important.
Il est généralement admis qu’une fois qu’une espèce exotique s’est naturalisée dans son nouvel environnement, son éradication est extrêmement difficile, d’autant que cette population n’est parfois détectée ou ne devient problématique que plusieurs années ou décennies après son introduction. Nombreux de ces insectes ont été et sont encore potentiellement disséminés d’un continent à l’autre via divers produits végétaux comme notamment les bois, parmi lesquels on peut citer les bois en grumes, d’emballage ou les plaquettes de bois.
Afin de limiter ces risques d’introduction et de dissémination des organismes nuisibles, la Convention International pour la Protection des Végétaux (CIPV) a été instaurée. La CIPV, régit par des Normes appelées Normes International pour les Mesures Phytosanitaires (NIMP) est un accord phytosanitaire international qui vise à protéger les plantes cultivées et sauvages en prévenant l’introduction et la dissémination des organismes nuisibles.
Elle compte actuellement 110 parties contractantes dont le Cameroun en fait partie (FAO.ORG).
D’après le rapport du commerce extérieur au Cameroun pour l’année 2019, le bois a rapporté au Cameroun 10,6% de ses recettes d’exportation. Le port autonome de Douala est le premier port du Cameroun avec un Traffic représentant environ 90% du Traffic maritime total du Cameroun. En plus des exportations du bois Camerounais, le PAD est le principal site de départ du bois de la zone CEMAC.
En effet les bois venant de la RCA et Congo passent par le port autonome de Douala. On parle de l’exportation de 126461,741 m3 de bois de Janvier à Avril venant de la zone CEMAC (PPP). Mais cependant, les grumes et certains produits issus de la transformation du bois (sciages et plaquettes) sont connus pour être, à des degrés divers, des sources potentielles de contaminations phytosanitaires.
Le Cameroun étant une partie contractante de la CIPV, a des engagements à tenir envers les différentes parties contractantes de la CIPV en vue de réduire la probabilité d’entrée et de dissémination de pathogène dans le monde encore appelé le risque phytosanitaire.
Le processus d’analyse du risque phytosanitaire (ARP) est un outil technique utilisé pour identifier des mesures phytosanitaires appropriées en déterminant si un organisme est potentiellement un organisme nuisible aux végétaux et, dans ce cas, savoir comment le gérer. Dans le cadre du commerce international, du point de vue des exportations, les parties contractantes doivent prendre des mesures pour que leurs exportations ne soient pas sources de nouveaux organismes nuisibles dans les territoires de leurs partenaires commerciaux et qu’elles satisfassent aux exigences à l’importation du pays importateur. Pour prendre des mesures permettant de limiter la probabilité d’introduction des organismes nuisibles, un diagnostic général est mené au travers des inspections des marchandises afin de détecter les organismes de quarantaines et évaluer leur risque phytosanitaire selon la NIMP 11. C’est ce qui fera l’objet de notre étude dans le cadre des exportations du bois à partir du Port Autonome de Douala.
Hypothèses
- Les infestations dépendent du degré de transformation de la marchandise en bois
- Les coefficients d’infestations des marchandises en bois Camerounaise diffèrent de ceux de la zone CEMAC (Congo et RCA).
- L’entomofaune du parc à bois du port de Douala contient des organismes de quarantaines.
Problématique
Le bois est un excellent vecteur d’insectes qui peuvent nuire à la biodiversité du pays importateur. Lorsqu’un organisme nuisible est découvert par le pays importateur sur une marchandise, il y’a 03 risques à savoir : Le refoulement de la marchandise en question, la destruction de la marchandise, suspension des accords de commerce avec ce pays.
Le Cameroun enregistre actuellement plusieurs cas de refoulements de leur bois d’exportation pour cause des infestations d’organismes de quarantaines. Le cas le plus récent de la fin d’année 2021 ou 2 conteneurs en destination de Turquie qui ont été refoulés sur le territoire Camerounais à cause d’une infestation du coléoptère nommée Cordylomera Spinicornis de la famille des Cerambicydae étant considéré comme organisme règlementé de quarantaine par l’union européenne.
Pourtant cette cargaison possède une attestation de traitement qui stipule que le bois a été traité au préalable par pulvérisation au PROTESCIAGE IF SUPER ayant une rémanence de 28 jours qui est un produit homologué au Cameroun et traité suivant la dose recommandée.
Objectifs
Objectif général
La présente étude vise à la réduction des risques phytosanitaires liés à l’exportation du bois à partir du port de Douala pour une plus-value.
Objectifs spécifiques
- Identifier et caractériser les insectes liés à l’exportation du bois ;
- Evaluer les risques phytosanitaires de ces insectes pour les pays importateurs ;
- Evaluer les infestations en fonction de l’origine de la marchandise ;
- Evaluer l’effet du degré de transformation du bois sur les infestations.
Intérêt de l’étude
Le Cameroun étant une partie contractante de la CIPV, a des engagements envers tous ses partenaires qui constituent environ 80% des pays du monde entier. L’ARTICLE IV de la CIPV donne quelque obligation à savoir :
- La conduite d’analyses du risque phytosanitaire ;
- Garantir, grâce à des procédures appropriées, que la sécurité phytosanitaire des envois après certification est maintenue jusqu’à l’exportation, afin d’éviter toute modification de leur composition, ainsi que toute substitution ou ré infestation ;
- La distribution, sur le territoire de la partie contractante, de renseignements sur les organismes nuisibles réglementés et les moyens de prévention et de lutte ;
- Les parties contractantes acceptent de coopérer entre elles pour empêcher la dissémination internationale des organismes nuisibles aux végétaux
La présente étude permettra donc dans un premier temps de permettre au Cameroun d’honorer ses engagements en tant que partie contractante de la CIPV et par la suite améliorer la qualité sanitaire des produits d’exportation en limitant le risque d’introduction et dissémination des organismes de quarantaine vers les pays importateurs par l’amélioration des mesures phytosanitaires prises à l’exportation.