Accueil » L’immigration et l’émigration aux pays africains : le niger comme exemple » L’évolution de la population au Niger de 1960 à 2007

L’impact sur la population :

Le Niger à l’heure de son accession à l’indépendance en 1960, sa population a été estimée à environ 2,9 millions d’habitants (INSEE, 1963). Lors du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2002, le chiffre était de 11,1 millions, soit presque un quadruplement de la population en l’espace de 41 ans.

La population devait passer, en 2007 à 13,4 millions, selon les projections démographiques nationales 2005-2050. Et selon les dernières projections de l’Institut national de la statistique, en 2009, la population devait passer à 14,7 millions.

Ci-dessous un tableau qui démontre l’évolution de la population du Niger entre 1960 et 2007 :

Évolution de la population du Niger (1960-2007)
Année Population (millions)
1960 2,9
2002 11,1
2007 13,4
2009 14,7

Sources: (a) INSEE, 1963; (b, c, d) BCR, 2005; (e) INS www.ins.ne

Si ces tendances démographiques se maintenaient, le pays pourrait se retrouver avec environ 18 millions d’habitants en 2015. Le nombre d’habitants serait de l’ordre de 56 millions à l’horizon de 2050, en appliquant la formule d’estimation utilisée par les Nations unis, nous arriverons également à environ 53 millions d’habitants en 2050 (Voir site de la Division de la population des Nations Unies, projections de 2006 : http://esa.un.org/unpp.).

L’augmentation rapide de la population nigérienne résulte du niveau élevé et quasi constant de la croissance démographique dans le pays, le taux annuel de croissance intercensitaire 1988-2001 est de 3,31% contre 3,38% entre 1977 et 1988. Le maintien d’un tel taux de croissance démographique entraînerait un doublement de la population nigérienne en 21 ans environ. En effet, ce taux est le plus élevé au monde, selon les données internationales (UNFPA, 2007).

Comme nous avons expliqué précédemment, l’augmentation rapide de la population résulte la baisse régulière et significative de la mortalité alors que le niveau de fécondité a très peu changé. En réalité, sur la base des données existantes et des analyses effectuées, il ressort que le taux brut de mortalité (TBM) a baissé depuis 1960, comme dans d’autres pays de la sous- région.

Le TBM pour 1 000 habitants est passé de 27% en 1960 à 20% en 1988 et à 16,8% en 2001 (DSCN, 1991 ; BCR, 2005). Quant à la mortalité infantile et juvénile pour 1 000 naissances, elle est passée de 326% en 1992 à 274% en 1988 et à 198% en 2006, soit une réduction de 39,3% (Kourguéni et al. 1992 ; Attama et al., 1999 ; INS et Macro International, 2007).

Ces changements importants ont permis, entre autres facteurs, de faire passer l’espérance de vie de 48 ans en 1988 à 54,8 ans (54,3 pour les hommes et 55,7 pour les femmes). A l’inverse, le taux brut de natalité, estimé entre 50 et 55% en 1960, se situe à 51,8% au RGPH de 1988 et à 49,5% au RGPH de 2001 (INSEE, 1963 ; BCR, 2005).

L’indice synthétique de fécondité (ISF) n’a pas vraisemblablement changé, puisqu’il était estimé à 7,1 enfants par femme en 1960, 7,5 en 1988 et 1998 et 7,1 en 2006. Ce taux est également parmi les plus élevés d’Afrique de l’ouest et même du monde, d’après les dernières statistiques internationales (UNFPA, 2007).

L'évolution de la population au Niger de 1960 à 2007

Cette forte fécondité contribue à expliquer l’extrême jeunesse de la population, selon le RGPH de 2001, presque un nigérien sur 2 (48%) a moins de 15 ans, et deux nigériens sur 3, soit 66%, ont moins de 25 ans. Parallèlement, le Niger est aussi bien un pays à faible urbanisation, seuls 16,3% des habitants vivaient en milieu urbain (RGPH,2001) et 15,2% en 1988 (BCR,2005), d’où demeure les défis considérables en matière de développement et de modernisation.

Au regard de la densité moyenne de la population, ce pays est peu peuplé, car il y a que 8,7 habitants par km², une moyenne qui cache cependant de très fortes disparités, plus de 66% du pays est considéré comme peu habitable parce qu’il y pleut très peu et que les terres sont peu propices à l’agriculture.

En fait, la densité de peuplement a atteint des niveaux critiques dans certaines régions. C’est le cas notamment des régions de Maradi et Zinder, les plus peuplées avec des densités humaines approchant ou dépassant les 100 habitants au km² dans certaines localités comme Aguié (92,4 hab./km²), Matameye (103,5 hab./km²) ou Madarounfa (116,5 hab./km²).

Les régions de Maradi et Zinder, qui ne représentent respectivement que 3,3 % et 12,3 % de la superficie du pays, abritent à elles seules 39 % de la population du Niger. En revanche, la région d’Agadez, couvrant 52,7 % du territoire national, n’accueille que 2,9 % des résidents (BCR, 2005) ; située au nord, cette région est en grande partie constituée de terres désertiques, les zones propices à l’agriculture et à l’élevage étant très limitées.

La population du Niger se trouve ainsi concentrée sur la bande sud du pays où, en conséquence, de fortes pressions démographiques sont exercées sur les ressources naturelles. Cette situation est également favorable aux migrations vers d’autres zones plus fertiles, vers les villes et vers les autres pays de la sous- région.

Revenons à l’Enquête nigérienne sur la migration et l’urbanisation (ENMU) qui date 1992- 1993, le taux net de migration n’était que de -0,54 pour la période 1988-1992, cela correspond à environ -103 032 individus sur toute la période, soit un déficit annuel de 20 000 personnes (REMUAO, 1997), la Division de la population des Nations Unies, en 2008, a estimé ce taux à – 0,6 par an pour les périodes 2000-2005 et 2005-2010.

Ce taux paraît faible compte tenu de l’importance observée de l’émigration par rapport à l’immigration. Ainsi le taux net de migration influe très peu sur le taux de croissance globale de la population, 3,3% par an pour la période 1988-2001, il reste primordialement déterminé par la mortalité et la natalité internes, il y a plus de sorties que d’entrées au Niger, quelle que soit la nationalité des migrants.

Cela suggère globalement, que le Niger n’est pas un pays très attractif comme lieu de résidence prolongé pour d’autres nationalités ; ses réalités climatiques et socio- économiques incitent plutôt à l’émigration. Cependant, la migration de transit vers les pays du Maghreb et les pays non africains s’est amplifiée au cours des années 1990 et 2000.

Également, nous pouvons signaler que l’émigration internationale concerne surtout les hommes. D’après l’enquête de 1997, le taux net de migration internationale était de -1,2 migrants/1 000 habitants chez les hommes de 15 ans et plus, contre un taux presque nul chez les femmes. Au niveau des hommes de 15-30 ans, nous retrouvons un taux relativement important de -2,8 (REMUAO,1997).

En fait, ces données indiquent que c’est dans la tranche d’âge 15-30 ans que l’émigration internationale est la plus importante.12

Enfin, la géographie s’intéresse au système qu’est l’espace organisé, produit de la société qui le structure en y habitant, mais qui garde aussi en mémoire les strates historiques et culturelles de cette société, tout en influençant son avenir.

La population est une variable à l’évolution rapide, cette évolution est prévisible si l’on prend en compte l’écoulement dans le temps des pyramides des âges, les migrations sont l’une des variables d’ajustement de l’évolution relative des espaces organisés du monde. En effet, les migrations sont le processus de peuplement de la planète le plus ancien qui soit, c’est ainsi que l’anthropologie préhistorique l’a montré13.

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12 Organisation internationale pour les migrations (2009), Migration au Niger, Profil NATIONAL 2009 PP. 43-46

13 Jean-Michel DEBRAT, Les migrations, leur impact sur le développement et l’impact du développement sur les migrations. Revue d’économie du développement 2007/2-3 (Vol. 15), pages 211 à 214

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L’IMMIGRATION ET L’EMIGRATION AUX PAYS AFRICAINS : LE NIGER COMME EXEMPLE
Université 🏫: Université HASSAN II de CASABLANCA
Auteur·trice·s 🎓:

AIT EL MAJOUB YOUSSEF
Année de soutenance 📅: 2020-2021
Étudiant: AIT EL MAJOUB YOUSSEF .
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