Estimation du coefficient de trainée à portance nulle du BWB
Dans ses travaux, Velazquez (2020) évalue le coefficient de trainée à portance nulle du BWB en ne considérant que le corps aérodynamique de l’avion (fuselage et aile extérieure). Les trainées de friction dues au groupe moteur (nacelle et pylon) et à l’empennage vertical n’ont pas été prises en compte.
Il est donc nécessaire d’estimer le coefficient de trainée généré par ces éléments, afin d’obtenir le coefficient global de trainée à portance nulle de l’avion complet.
Inventaire des sources de trainée
En opération, chaque composant externe de l’avion est une source de trainée. Pour un avion complet, le coefficient de trainée se détermine par sommation des coefficients de trainée de chaque composant pris individuellement (Corke, 2003 ; Raymer 2006). Dans le cas du BWB, la trainée est essentiellement générée par le fuselage, l’aile extérieure, le groupe de propulsion et l’empennage vertical. Ainsi, le coefficient global de trainée à portance nulle du BWB peut être estimé à l’aide de la relation suivante :
CD0,bwb CD0,fus+ow neng CD0,nacelle CD0, pylon nVT CD0,VT
(2.60)
Où :
CD 0,fus+ow
est le coefficient de trainée à portance nulle du fuselage et de l’aile extérieure évalué
par Velazquez à l’aide de la simulation numérique.
CD 0,nacelle
CD 0, pylon
est le coefficient de trainée à portance nulle de la nacelle d’un moteur. est le coefficient de trainée à portance nulle du pylon d’un moteur.
CD 0,VT
est le coefficient de trainée à portance nulle d’une surface verticale.
neng
nVT
est le nombre de moteur.
est le nombre de surfaces verticales.
49
Estimation du coefficient de trainée parasite d’un élément
Corke (2003) et Raymer (2006) donnent l’expression générale de la trainée parasite d’un composant (j) externe (faisant obstacle au flux d’air) de l’avion comme suit :
C
Cf
FF Q Swet ,j
(2.61)
Où :
D0 j
jjj
Sref
Cf j est me coefficient de friction de la plaque plane assimilée au composant.
FFj est le facteur de forme du composant.
Qj est le facteur d’interférence du composant.
Swet ,j est la surface mouillée du composant.
Sref
est la surface de référence de l’avion (surface alaire).
Détermination du coefficient de friction :
Le coefficient de friction utilisé pour déterminer vient des études sur les plaques planes. Il dépend du nombre de Reynolds, du nombre de Mach et de la rugosité (Corke, 2003 ; Raymer 2006).
Pour un écoulement laminaire, le coefficient de friction a pour expression :
Re
Cf 1,328
(2.62)
Avec Re est le nombre de Reynolds défini comme suit :
V
Re(2.63)
Où :
V [m/s] est la vitesse du flux d’air par rapport au composant.
[m²/s] est la viscosité cinématique de l’air.
50
[m] est une longueur de référence qui dépend du composant. Pour une aile Corke (2003) et
Raymer (2006) suggèrent de prendre : MAC . Pour tout autre composant,
sera pris
comme étant la longueur du composant dans le sens de l’écoulement.
Pour un écoulement turbulent, le coefficient de friction a pour expression :
Cf
log10 Re
0, 455
a
2,58 1 0,144M 2 0,65
(2.64)
Où Ma
est le nombre de Mach de vol.
Corke (2003) suggère par ailleurs que l’écoulement soit considéré comme turbulent lorsque :
Re 1000
Détermination du facteur de forme :
Le facteur de forme est introduit afin d’estimer l’augmentation du coefficient de friction au- dessus de la trainée de viscosité, dû à la séparation de l’écoulement (Corke, 2003).
Pour l’aile, l’empennage et le pylon, le facteur de forme s’exprime comme suit (Corke, 2003 ; Raymer 2006) :
x c
m
0, 6
t t 4
0,18
0,28
FFwing 1
c
100 c
1, 35Ma
cos m
(2.65)
mm
Où :
x c
m
t c
m
est la position sur la corde, du point d’épaisseur maximale. est l’épaisseur relative maximale du profil.
m est l’angle de flèche à épaisseur maximale.
51
Pour la nacelle, le facteur de forme se détermine à l’aide de la relation suivante (Raymer 2006) :
Où :
FFnacelle
1 0,35 Dnacelle
lcône
(2.66)
Dnacelle
est le diamètre maximal de la nacelle.
lcône
est la longueur de la génératrice du cône du diffuseur d’entrée d’air.
Détermination du facteur d’interférence :
La trainée parasite croit avec l’interférence mutuelle entre les composants (Raymer, 2006).
Pour la nacelle montée directement sur l’aile, l’interférence est
Qnacelle 1, 5 . Si la nacelle est
montée sous l’aile à une distance avoisinant son diamètre Qnacelle 1, 3
Pour un empennage en V, l’interférence est d’environ 3%, soit :
(Raymer, 2006).
Qemp 1, 03 . Pour un
empennage en H, l’interférence est d’environ 8%, soit :
Qemp 1, 08 . Pour les empennages
conventionnels, l’interférence est prise de 4 à 5% (Raymer, 2006).
Détermination de la surface mouillée :
La surface mouillée est la surface totale du composant en contact avec le flux d’air.
m
Pour les composants de type aile tels que l’empennage et le pylon, une approximation de la surface mouillée est donnée par Corke (2003).
Swet airfoil 2, 003 Sref
si t c 5%
(2.67)
Swet
airfoil
Sref 1,977 0,52t cm
si t c
m
5%
(2.68)
Pour la nacelle, la surface mouillée sera estimée comme étant la surface d’enveloppe totale.
S DL
0,5 D2
(2.69)
wet nacelle
nacelle nacellenacelle
Où :
Lnacelle
est la longueur totale de la nacelle.
52
Estimation des performances de l’avion
Cette section présente la méthodologie utilisée pour l’estimation des paramètres de performances du BWB, à l’instar des distances de décollage et d’atterrissage, des performances en montée et en descente, du facteur de charge et du domaine de vol.
Estimation des distances de décollage et d’atterrissage
Les distances de décollage et d’atterrissage d’un aéronef dépendent de plusieurs paramètres de performances intrinsèques à l’appareil à l’instar du coefficient de portance maximal, de la charge alaire et du ratio poussée sur poids. Ainsi, à partir des paramètres aérodynamiques et de poussée de l’avion, une estimation des distances de décollage et d’atterrissage peut être faite.
Estimation de la distance de décollage (Corke, 2003)
Pendant la phase de décollage, l’avion accélère d’une vitesse nulle à une vitesse de décollage VTO, puis décolle de la piste pour atteindre une altitude minimalement supérieure à la hauteur d’obstacle de référence Hobstacle. La distance pour accomplir ce décollage est STO.
Pour un avion commercial, la vitesse et la hauteur d’obstacle minimale de décollage sont données par la « Federal Aviation Regulations » (FAR) tel qu’il suit (FAR Part 25) :
VTO 1,1VstalletHobstacle 35 [ft](2.70)
De façon détaillée, le décollage se subdivise en quatre phases distinctes à savoir :
Le roulage au sol ;
La rotation ;
La transition ;
La montée.
La figure ci-après présente une illustration de chacune de ces phases de décollage.
53
Figure 2.7 : Schéma d’illustration des phases de décollage (Corke, 2003)
La distance totale de décollage est la somme des distances de chacune des quatre phases.
STO SG SR STR SCL
(2.71)
Distance de roulage au sol (Corke, 2003)
La distance de roulage ( SG ) est déterminée en assumant que le ratio poussée-poids est maximal à 0, 7 VTO .
C’est-à-dire : T
T
à 0, 7 V
WW
TO
max
Et SG
se calcul à l’aide de l’expression ci-après :
VTO
dV 2
1f V 2
SG
ln 1 2 TO
2
(2.72)
0f1 f2V
2gf2
f1
Où f1 et f2 sont des coefficients adimensionnels qui se calculent comme suit :
f
T
1 W
(2.73)
54
Et,
Avec :
f2
TO
CLG
kC
C
2
D0,bwbeffectifLG
C
Doflap
C
DoLG
(2.74)
2W S
TO
0, 05
le coefficient de friction en roulement de la piste au décollage (asphalte sèche).
TO
[slug/cu.ft] la masse volumique de l’air à l’altitude de décollage.
TO
W S
[lb/ft²] la charge alaire de l’aéronef.
L
C 0,1 est le coefficient de portance lorsque l’avion roule.
G
CD 0,bwb est le coefficient de trainée à portance nulle de l’avion.
CDoflap 0, 02 Coefficient de trainée supplémentaire causée par les volets (slotted flaps).
Le coefficient de trainée supplémentaire lorsque les trains sont sortis peut être estimé par la relation empirique ci-après :
CDoLG
fLG
ALG S
(2.75)
Où :
ALG
est la surface frontale projetée des trains d’atterrissage.
WTO 1000
fLG 3, 23
décollage.
est une fonction de corrélation qui dépend du poids de l’avion au
Le coefficient d’efficacité d’envergure (keffectif) est donné par la relation :
bw 2Hw
Où :
keffectif
1
Aeffectif eeffectif
(2.76)
Aeffectif
Aw
est l’allongement effectif pour le décollage et l’atterrissage.
Hw [ft] est la hauteur entre l’aile et le sol.
Aw et bw
sont respectivement l’allongement et l’envergure de l’aile.
55
eeffectif
1
1, 05 0, 007 Aeffectif
est le coefficient d’Oswald effectif (Obert, 2009).
Distance de rotation (Corke, 2003)
Pendant la phase de rotation au décollage, l’angle d’attaque augmente jusqu’à CL 0,8CL max
. Par convention, la durée de la rotation pour un avion de ligne est de 3 secondes. Pendant cette
manœuvre, la vitesse de l’avion est de
VTO
et la distance parcourue au sol est :
SR 3VTO
(2.77)
Distance de transition (Raymer, 2006)
Le rayon de courbure durant la transition est donné par la relation ci-après :
Où :
VTR 1,15Vstall
V 2
RTR TR
g n 1
est la vitesse de transition ;
(2.78)
n 1,19
est le facteur de charge durant la transition ;
g 32,174
[ft/sec²] est l’intensité de la pesanteur.
La distance parcourue pendant la transition est donnée par l’équation ci-après :
STR RTR sin climb
(2.79)
Où :
climb
est l’angle de montée au décollage.
Distance pendant la montée (Corke, 2003)
La phase de montée commence à la fin de la transition et se termine une fois que l’avion a atteint l’altitude prescrite Hobstacle. Durant cette montée, la distance parcourue est donnée par la relation ci-après :
56
SCL
Hobstacle HTR
tan
(2.80)
Où :
climb
Hobstacle 35 [ft] est la hauteur d’obstacle pour un avion civil ;
HTR RTR 1 cos climb
[ft] est la hauteur atteinte durant la transition.
Estimation de la distance d’atterrissage (Corke, 2003)
De même que le décollage, l’atterrissage se déroule en quatre phases distinctes à savoir :
L’approche ;
La transition ;
La phase de roue libre ;
Le freinage.
La figure ci-après présente une illustration de chacune de ces phases d’atterrissage.
Figure 2.8 : Schéma d’illustration des phases d’atterrissage (Corke, 2003)
Distance pendant la descente
La descente se fait à vitesse constante avec moteur éteint (poussée est nulle) de la hauteur d’obstacle de 50 pieds jusqu’à la hauteur de transition HTR. Pour les avions de transport, la valeur absolue de l’angle de descente n’est pas supérieure à 3°.
57
SA
HTR 50
tan
(2.81)
approche
Distance pendant la transition
Durant la transition, l’avion vole le long d’un arc de cercle avec un rayon de RTR. Pour un avion commercial, la vitesse pendant la transition est :
VTR 1, 23Vstall
(2.82)
La distance parcourue pendant la transition est donnée par la relation ci-après :
STR RTR sin approche
(2.83)
Distance de roue libre (Corke, 2003)
Pendant la phase de roue libre à l’atterrissage, l’avion maintient une vitesse constante de VTD. Par convention, la durée de la rotation en roue libre pour un avion de ligne est de 3 secondes., la distance parcourue au sol pendant cette manœuvre est :
Où :
SFR 3VTD
[ft](2.84)
VTD 1,15Vstall
[ft/s] est la vitesse lorsque l’avion touche le sol.
Distance de freinage (Corke, 2003)
La distance de freinage pendant l’atterrissage s’obtient par la même démarche que la distance de roulage ( SG ) au décollage. Durant cette phase, le pilote applique les freins jusqu’à l’arrêt
de l’avion et la distance SB
parcourue se calcul à l’aide l’expression ci-après :
1 0
dV 2
1f V 2
SB
ln 1 2 TD
2
(2.85)
2g VTD
f1 f2V
2gf2
f1
Où f1 et f2 sont des coefficients adimensionnels qui se calculent comme suit :
58
f Trev
1W
r
(2.86)
Et,
2W S
TD
f LA
C
TD
C
kC2
C
C
(2.87)
2r LG
D0,bwbeffectifLG
Doflap
DoLG
Si les moteurs sont équipés d’inverseurs de poussée Trev , alors la poussée inverse est telle que :
0, 5Tmax Trev 0, 4Tmax
LA
est le coefficient de friction en roulement de la piste à l’atterrissage.
La distance totale d’atterrissage est la somme de chacune des distances des quatre phases. En plus de cela, la FAR-25 recommande de majorer la distance totale d’atterrissage d’un facteur de 1,667, pour prendre en compte les différences entre les pilotes (Raymer, 2006).
SLA 1, 667 SA STR SFR SB
(2.88)
Performance en montée et en descente
Pendant la montée ou pendant la descente, les paramètres les plus importants sont : le taux de montée (respectivement de descente), la vitesse et l’angle de montée (respectivement de descente).
Performance en montée
Pour un aéronef, le taux de montée n’est autre que la composante verticale de la vitesse ascensionnelle de l’appareil. Ainsi, pour un angle de montée climb, le taux de montée est déterminé comme suit (Raymer, 2006) :
RC V sin
V T D
(2.89)
climb
W
59
Sachant que :
D 1 V 2SC 1 V 2S C
kC2
et C2 2W cos climb
2D2
D0,bwbL
LV 2 S
L’expression du taux de montée devient :
T
V 2C
2k cos
2 W
RC V D0,bwb climb
(2.90)
W
2 W S
V 2
S
La vitesse à laquelle le taux de montée est maximal est donnée par la relation suivante (Raymer, 2006) :
W S
T
T 2
3CD0,bwb W
12CD0,bwb k
W
Vmax climb
(2.91)
Performance en descente
W 2 cos des
SCL
Pour un aéronef, le taux de descente est la composante verticale de la vitesse de descente de l’appareil. Pour un angle de descente des, le taux de descente à poussée nulle est déterminé comme suit (Corke, 2003) :
RD Vsin sin
(2.92)
Par ailleurs ,
desdesdes
sin
des
D cos
L
des
CD cos
CL
des
(2.93)
La combinaison des équations (2.92) et (2.93) permet d’obtenir une expression plus générale du taux de descente.
60
W 2 cos3
des
S C3 C 2
LD
W 2C S
kCcos
2
2
3
D0,bwb
L
des
C3
L
RD (2.94)
2W
S
k
3CD0,bwb
La vitesse à laquelle le taux de descente est minimal s’obtient à l’aide de l’équation suivante : (Raymer, 2006) :
Vmin des
(2.95)
Facteur de charge et domaine de vol de l’avion
Les conditions de vol d’un aéronef sont définies par une multitude de paramètres intrinsèques et extrinsèques à l’instar de la vitesse, la position du centre de gravité, l’attitude, la direction et l’intensité du vent, etc. Pour un vol économique et sécuritaire, la variation de ces paramètres dans une limite règlementaire conditionne le domaine de vol de l’avion.
Le diagramme V-n constitue une synthèse graphique du domaine de vol d’un aéronef. Concrètement, il s’agit d’une enveloppe dans laquelle l’avion peut voler en toute sécurité, et dans le respect des exigences réglementaires RAC/FAR.
Facteur de charge limite réglementaire :
Pour les avions type commerciaux, le Règlement de l’Aviation Canadien (RAC, 2019) stipule que le facteur de charge de manœuvre limite positif n doit être compris entre une valeur minimale nmin et une valeur maximale nmax, avec :
nmin
2,1
W
24000
10000
(2.96)
TO
Et, nmax 3,8
WTO
[lb] est le poids maximal de l’avion au décollage.
Le facteur de charge de manœuvre limite négatif ne doit pas être inférieur à 0,4 fois le facteur de charge positif, pour les catégories d’avion de ligne.
61
Variation du facteur de charge avec la vitesse :
À une altitude constante, le facteur de charge peut être exprimé en fonction de la vitesse de vol par la relation suivante :
V 2S T
2kWW
1
2
V C
2
D0,bwb
S
W
C
n(2.97)
L
À basse vitesse, le facteur de charge est limité par le coefficient de portance maximal. Ainsi, pour les basses vitesses, la relation (2.97) précédente devrait être remplacée par l’équation ci- après :
C
n
L max
1 V 2C
2
S
L max W
(2.98)
C
n
L max
est le facteur de charge maximal atteignable, lorsque CL CL max
En définitive, le facteur de charge à considérer est :
n minnCL ; nCL max
(2.99)