10 étapes clés pour dimensionner le groupe de propulsion aéronautique

Dimensionnement du groupe de propulsion

Cette section traite de l’évaluation des performances et des caractéristiques du groupe de propulsion requis au regard des contraintes de la mission à satisfaire. Spécifiquement, il s’agira tout d’abord de déterminer la poussée maximale que devront développer les moteurs, pour assurer la propulsion de l’aéronef. Par la suite, la poussée unitaire ainsi que les dimensions du moteur seront déterminées.

Poussée maximale des moteurs

La poussée maximale que devrait délivrer les moteurs pour propulser l’avion sera considérer dans ce travail comme étant la poussée disponible desdits moteurs au niveau de la mer. Pour la déterminer, la démarche ici consiste à estimer tout d’abord la poussée requise et la poussée disponible en croisière et, par la suite déduire la poussée maximale au niveau de la mer.

Poussée requise en croisière

En vol subsonique de croisière et sans trainée d’onde, la poussée requise est la poussée minimale nécessaire à l’aéronef pour vaincre la trainée ; ce qui se traduit par l’équation ci- après :

TD  1 V 2SC

R2D

(2.37)

La trainée d’onde étant négligeable (l’avion vole en dessous de Mach 0,8), le coefficient de trainée CD s’exprime comme suit :

37

2

C C kC2C

k  2W

(2.38)



DD0,bwbLD0,bwb

 V 2S

CD 0,bwb

est le coefficient global de trainée du BWB au complet (moteurs et empennage

inclus).

La combinaison des équations (2.37) et (2.38) permet d’obtenir l’expression de la poussée requise en croisière, en fonction l’altitude de vol (à travers la densité) et de la vitesse de l’avion.

12kSW 2



TRH ,V  

V 2SC

2

D0,bwb

V 2S

(2.39)

Poussée disponible en croisière

Par définition, la poussée disponible à l’altitude de croisière est la poussée maximale que doivent délivrer les moteurs lorsque l’avion vole à vitesse maximum (Anderson, 1999). En d’autres termes, la poussée disponible en croisière correspond à la poussée requise à vitesse maximale. Analytiquement, cela se traduit par :

TdispoTRHcr ,Vmax 

(2.40)

12kS

W 2

V

Tdispo

2 Hcr

2

max

SCD0,bwb  

V 2 S

(2.41)

Hcr

max 

Vmax

est la vitesse maximale atteignable par l’avion en croisière.

Par analogie avec les avions régionaux TAW de taille comparable (cf. annexe 1) tels que le BAe 146, le CRJ 1000 ou encore le ARJ21-900, la vitesse maximale de l’avion pourrait être définie entre 5% et 5,5% supérieure à la vitesse de croisière. Ainsi, pour le BWB la vitesse maximale en croisière sera définie comme suit :

Vmax  1, 0525Vcr

(2.42)

La poussée disponible délivrée par les moteurs à cette altitude devrait être supérieure à la poussée requise pour vaincre la traînée.

38

Poussée maximale au niveau de la mer

Le modèle de poussée de Mattingly (1987) présenté ci-après est un des plus répandu et il a servi de référence à de nombreux travaux sur les moteurs (Roux, 2005 ; Ghazi, et al. 2015). Il permet de déterminer pour un moteur de type turbosoufflante à haut taux de dilution, la poussée générée en fonction de l’altitude et du nombre de Mach de vol. Torenbeek caractérise les turbosoufflantes à haut taux de dilution comme ayant un taux de dilution compris entre 4 et 10 (Torenbeek, 2013). Par ailleurs dans ses travaux, Bardela a montré que le modèle de Mattingly est fiable à plus de 98%, pour la prédiction de la poussée du Cessna Citation X (Bardela, 2017).

T H , M   T0,6 0, 568  0, 251, 2  M 3 

(2.43)

dispoSL

Où :

Tdispo

est la disponible pour une altitude et un nombre de Mach donné.

TSL

est la poussée des moteurs au niveau de la mer.

 H

SL

est le rapport entre la masse volumique de l’air à l’altitude H et la masse

volumique de l’air au niveau de la mer.

M  0, 9 est le nombre de Mach de vol.

Du modèle de poussée de Mattingly (E-2.43), la poussée totale maximale au niveau de la mer se déduit aisément.

TSL

TdispoH , M



 0,6 0, 568  0, 251, 2  M 3 

(2.44)

Poids et dimensions des moteurs

L’estimation de la poussée maximale au niveau de la mer permet par la suite de déterminer le poids et les dimensions du moteur. Raymer (2006) propose les relations suivantes pour se faire.

W 0, 084 T 1,1  e0,045 BPR

(2.45)

engeng

39

L 2, 22 T 0,4M 0,2

(2.46)

engengmax

D 0, 393T 0,5e0,04BPR(2.47)

engeng

Où :

Weng Leng Deng

[lb] est le poids d’un moteur en livre.

[in] est la longueur d’un moteur en pouce. [in] est le diamètre d’un moteur en pouce.

Teng

[lb] est la poussée d’un moteur au décollage.

M max  Mcr

0, 9

est le nombre de Mach maximal.

BPR est le taux de dilution.

Altitude de vol au maximum de distance

2W

S

k

CD0,bwb

Lorsque l’avion vole à finesse maximale, la poussée est minimale. Cette vitesse qui minimise la poussée est donnée par la relation suivante (Raymer, 2006) :

Vmin

thrust

V L

 

D max

(2.48)

2W

S

3k

CD0,bwb

Par ailleurs, la vitesse qui maximise la distance parcourue pour un avion à réaction est donnée par la relation suivante (Raymer, 2006) :

Vmax

range

(2.49)

Sachant que la densité de l’air varie avec l’altitude, il est possible de construire la courbe d’évolution de la vitesse de croisière au maximum de distance, en fonction de l’altitude de vol. Les équations (2.50) et (2.51) donnent respectivement l’expression de la densité de l’air dans la troposphère (entre 0 et 11 km) et la stratosphère (entre 11 et 20 km).

40

 

g0 1

1 H  Rair

troposSL

T0 

(2.50)

stratos  trop

expgHH

trop

(2.51)

R T

Où :

 air trop

SL  1,225

[kg/m3] est la densité de l’air au niveau de la mer.

  6, 5103 [K/m] est le taux de variation de la température en fonction de l’altitude

H [m] est l’altitude de vol.

T0  288,15

[K] est la température de l’air au niveau de la mer.

g0  9,81 [m/s2] est la constante gravitationnelle sur terre.

Rair  287

[J/kg/K] est la constante des gaz parfaits.

trop

  0,3636 [kg/m3] est la densité de l’air à la tropopause. Ttrop  216,65 [K] est la température de l’air à la tropopause. Htrop  11000 [m] est l’altitude à la tropopause.

Design de la surface verticale et du train d’atterrissage

Cette rubrique présente la méthodologie utilisée pour le dimensionnement de la surface verticale du BWB, ainsi que de son train d’atterrissage.

Design de l’empennage vertical

Les avions de type BWB ne possèdent pas d’empennage conventionnel tel que pour les avions classiques de configuration TAW. En effet, les BWB n’ont pas besoin d’empennage horizontal; par conséquent, leur empennage se réduit aux surfaces verticales. L’empennage vertical est la composante permettant de contrôler les mouvements latéraux de l’aéronef.

41

Procédure de design de l’empennage vertical

Les paramètres qui doivent être déterminés au cours du processus de design de la surface verticale sont les suivants (Sadraey, 2012) :

Surface de l’empennage (Sv) ;

Longueur de bras de levier (lv) ;

Type de profil de la section ;

Allongement (ARv) ;

Effilement (λv) ;

Corde à l’extrémité (Ctv) ;

Corde à la racine (Crv) ;

Corde moyenne aérodynamique (MAC) ;

Envergure (bv) ;

Angle de flèche LE ,V .

Par ailleurs, l’étude de Larkin (2017) sur la stabilité des BWB recommande une inclinaison de la surface verticale d’un angle  par rapport à la direction verticale, afin d’améliorer la stabilité de l’appareil.

La figure ci-dessous illustre la procédure de design suivie pour le dimensionnement de l’empennage vertical.

42

Identifier et prioriser les requis du design

Sélectionner le coefficient d’empennage (Cv)

Choisir la position de l’empennage et

déterminer la longueur du bras de levier (lv)

Déterminer l’air totale de l’empennage

Choisir la configuration de l’empennage

Choisir le type de profil de la section

Déterminer l’allongement, l’effilement et l’angle de flèche

Déterminer l’angle de dièdre si

nécessaire

Déterminer l’envergure, la corde à la racine, à

l’extrémité et moyenne

non

Requis de design satisfaits ?

Vérifier la stabilité (statique et dynamique) de l’avion

oui

Fin du design

Figure 2.3 : Procédure de design la surface verticale (adapté de Sadraey, 2012)

43

Détermination des paramètres de l’empennage vertical

La figure ci-après présente les paramètres types d’un empennage vertical classique.


image24

Figure 2.4 : Paramètres d’empennage vertical (Sadraey, 2012)

L’aire de la surface verticale s’obtient à l’aide de la relation suivante (Sadraey, 2012 ; Raymer, 2006) :

SC

bw Sw

(2.52)

l

VV

V

Avec :

SV la surface totale de l’empennage vertical.

bw l’envergure de l’aile principale.

Sw la surface alaire (surface projetée de l’aile) ;

lV la longueur du bras de levier (longueur entre le quart de corde l’aile principale et le quart

de corde l’empennage vertical).

Larkin (2017) dans ses travaux montre que pour un BWB, la surface verticale est optimale

pour un coefficient de volume CV

 0, 0242 et un angle d’inclinaison   22 (Larkin et al,

2017). L’empennage vertical étant une demi-aile, son envergure s’obtient par la relation :

44

1

2

2S AR

VV

Avec :

bV (2.53)

bV l’envergure de l’empennage vertical.

ARV

l’allongement de l’empennage vertical, compris entre 1,3 et 2,0 dans la catégorie d’avion

générale (Raymer, 2006).

La corde moyenne aérodynamique se déduit par la relation suivante :

CVMAC

2bV

ARV

(2.54)

La corde à la racine se déduit de l’équation suivante :

2 1    2 

CV

CrV VV

(2.55)

Avec :

31 V

CrV

V

la corde à la racine de l’empennage vertical.

l’effilement de l’empennage vertical, compris entre 0,3 et 0,6 dans la catégorie d’avion

générale (Raymer, 2006).

Connaissant l’effilement et la corde à la racine, la corde à l’extrémité est déduite par l’équation suivante :

CtV

V CrV

(2.56)

En assumant que l’empennage vertical est de forme droite trapézoïdale, l’angle de flèche au bord d’attaque est donné par la relation suivante :

 arctan  CrV CtV

(2.57)

LE ,V



bv

45

Design du train d’atterrissage

Le train d’atterrissage assure la liaison entre l’avion et le sol ; c’est la composante grâce à laquelle les mouvements de l’avion au sol sont possibles. Ces mouvements comprennent les manœuvres telles que : le taxi dans la zone aéroportuaire, le roulage dans les phases de décollage et d’atterrissage, l’amortissement de l’impact d’atterrissage, le freinage, etc.

Configuration du train d’atterrissage

La plupart des avions commerciaux et de combat utilisent un train d’atterrissage rétractable (dans le fuselage et/ou dans l’aile) de type tricycle (Corke, 2003). Contrairement aux trains d’atterrissage fixes, les trains rétractables présentent l’avantage de diminuer la trainée aérodynamique pendant le vol lorsqu’ils sont escamotés à l’intérieur de l’aéronef.

Dans le cadre de ce travail, le choix du type de train d’atterrissage pour le BWB se fera en s’inspirant des avions historiques à tube et aile (TAW) de taille comparable.

Par ailleurs, le train d’atterrissage doit être convenablement disposé autour du centre de gravité de l’avion, afin que celui-ci soit en équilibre au sol. La figure 2.5 illustre un avion au sol vu de profil. Howe (2000) recommande que les localisations par rapport au centre de gravité des trains avant et arrière soient contraintes par la relation géométrique suivante :

0, 06  lmg

lnglmg   0,15

(2.58)

Où :

lng est la distance entre le train avant et le centre de gravité de l’avion.

lmg

est la distance entre le train arrière et le centre de gravité de l’avion.

46

Figure 2.5 : Positionnement longitudinal du train d’atterrissage par rapport au centre de gravité (Howe, 2000)

Howe (2000) propose de même, dans le plan en élévation, les limites de disposition des trains avant et arrières par rapport à la ligne centrale au sol de l’avion d’une part, et par rapport à la position verticale du centre de gravité d’autre part. Le positionnement du train d’atterrissage de l’avion dans le plan en élévation est donné par la figure 2.6.

Figure 2.6 : Positionnement transversal et vertical du train d’atterrissage par rapport au centre de gravité (Howe, 2000)

47

Dimensionnement des roues du train d’atterrissage

La taille de roue du train d’atterrissage est proportionnelle au poids de l’avion. Spécifiquement, la taille de la roue principale est estimée en assumant que celle-ci supporte 90% du poids total de l’avion (Corke, 2003). Cette estimation est faite en utilisant des formules empiriques basées sur les approximations statistiques de données historiques.

Le diamètre et la largeur de la roue principale se calculent à l’aide de la relation suivant (Corke, 2003) :

Dou w

AW B

(2.59)

Main.WheelMain.Wheelmain

Avec : Wmain  0, 9 WTO

Nwheels

Où :

DMain.Wheel [in] est le diamètre de la roue principale. wMain.Wheel [in] est la largueur de la roue principale. Wmain [lb] est le poids supporté par une roue principale. WTO [lb] est le poids total de l’avion.

Nwheels est le nombre total de roues principales.

Les coefficients A et B dépendent du paramètre calculé (diamètre ou largeur) d’une part, et de la catégorie d’avion d’autre part. Pour un avion de ligne, le calcul du diamètre de la roue

s’effectue avec :

A  1, 630

et B  0,315 . La largeur de la roue qu’en à elle se calcule avec

A  0,104 et

B  0, 480

(Corke, 2003, p.100). Une fois la taille de la roue du train

d’atterrissage principal déterminée, la taille de la roue avant (roue de nez) est déduite. Raymer (2006) préconise que la taille de la roue de nez soit définie au moins à 60% et au plus à 100% de la taille de la roue principale.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Évaluation des performances d’un design d’avion de type blended-wing-body de 100 passagers
Université 🏫: École de technologie supérieure université du Québec
Auteur·trice·s 🎓:
Cédric FOFFE NGOUFO

Cédric FOFFE NGOUFO
Année de soutenance 📅: Rapport de projet présenté comme exigence partielle à l’obtention de la maîtrise avec projet en génie aérospatial - Montréal, 2021
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top