Chapitre premier : approche conceptuelle et théorique

Ce chapitre a pour objectif de fixer nos lecteurs sur les concepts clés utilisés dans ce travail en vue de faciliter leur compréhension. Emile Durkheim 11 ne dit-il pas que la première démarche d’un sociologue est de définir les choses dont il parle, afin que l’on sache de quoi il est question ? Cette vérité vaut tout autant pour toute recherche dans le domaine de sciences humaines

Dans cette logique, nous subdivisons ce chapitre en deux sections. La première porte sur la définition des concepts et la seconde aborde le cadre théorique.

Section I : approche conceptuelle

Dans cette section, nous définissons les concepts suivants : analyse, sémiologie, pragmatique, affiche, élection et candidat.

1.1.1. Analyse

Le concept « Analyse » donne lieu à plusieurs définitions selon différentes approches de différents auteurs.

En philosophie, l’analyse est une méthode qui s’oppose à la synthèse. Elle vise à comprendre un objet en le décomposant en ses constituants. Elle établit donc tout d’abord des critères permettant d’identifier les composants. 12

En politique, le terme analyse est décrit comme un processus qui consiste à éclairer un sujet en faisant éventuellement appel à une grille d’analyse. On parle également de décryptage d’un événement ou une situation 13 .

Pour nous, l’analyse peut être comprise comme une approche qu’un chercheur doit prendre pour interpréter un phénomène, un fait.

11 DURKHEIM, E., Les règles de la méthode sociologique, éd. harmattan, p. 26-27 12 Disponible sur www.wikipédia.org/analyse consulté vendredi 28 mai 2022 à 09h20. 13 Ibid.

1.1.2. Sémiologie

Ferdinand de Saussure considère la sémiologie comme la science globale de tous les systèmes de signe avec lesquels les hommes communiquent. Une telle définition présente la linguistique comme une discipline faisant partie de la sémiologie qui étudie les signes en particulier, les signes issus de la langue 14 .

Cependant, cette « Science des signes », appelée « Sémiologie » par les uns et « Sémiotique » par les autres, a pour objet l’étude de signe.

D’après l’historique d’apparition de cette science, on considère les deux vocables (sémiologie et sémiotique) comme synonymes ; le premier est d’origine Européenne et le second d’origine Anglo-saxonne 15 .

Le terme « Sémiotique » a été créé par Emile Littré et il se rapportait à la médecine ; il a ensuite été repris par F. de Saussure, pour qui la sémiologie est la science qui étudie la vie des signes au sein de la société 16 .

Ainsi, comparativement à la sémiologie, la sémiotique se préoccupe plus des signes culturels et en particulier littéraires en visant leur organisation structurelle.

La sémiologie se définit, dans le cadre de notre travail comme la science qui s’intéresse aux signes qui aident les hommes à communiquer entre eux. Ces signes sont à la fois des signes linguistiques et non linguistiques

Spécificité des signes non linguistiques

Indice et signal

Le signe donne une indication , un ordre, un avertissement, une interdiction, une instruction, mais surtout il doit susciter une réaction immédiate de la part de l’observateur.

14 Ferdinand, S., cité par Grace Baikeng , B., « Analyse sémio-pragmatique des logos de l’université mariste du Congo et université catholique de Kisangani » Mémoire, inédit, en communication, SIC, FLSH, UNIKIS, 2020- 2021.

15 Ibid.

16 Greimas, Cité par Iyele , Op.cit , p.40

Cependant, il est un signal au sens rigoureux du terme, dans la mesure où il n’y a pas un processus d’interprétation. Le signal ne dit que ce qu’il veut dire 17 mais le signe au sens retrait du terme, peut été polysémique

L’indice ou l’index se définit comme un fait immédiat perceptible qui nous fait connaitre quelque chose à propos d’un autre qui ne l’est pas. Il établit un rapport de causalité avec l’objet ou l’idée

B. Le signe et le symbole

L’intention de communiquer a permis de distinguer indice et signal. L’examen des liens qui existent entre A et B permet une deuxième distinction. Panneau routier annonce un tournant ; entre la forme de l’élément A et l’élément B qu’il indique, il y a un lien, ce Z est le symbole

Par conséquence, on peut définir un symbole comme un « signal qui marque un rapport analogique, construit dans une culture donnée, avec l’élément qu’il signifie » Le symbole renvoie à l’objet au moyen d’une convention d’ordre culturel qui repose sur une association d’idée ou de valeurs, la balance et la glaive (l’épée coutre à deux tranchants) sont aussi deux symboles différents de la justice, reliés l’un et l’autre à des valeurs très fortes, l’équité’ pour la balance, et la rigueur est le glaive

Mais il peut ne pas y avoir de lien naturel entre A et B, il n’y a pas de lien un drapeau rouge et une baignade dangereuse, le signe drapeau rouge est signe.

Ainsi défini, le signe n’est pas forcement linguistique ; le drapeau rouge, le panneau « stop » triangle, pointe en bas de la signalisation routière, les crois vertes de pharmacies, etc. si les signes sont des signes, c’est parce qu’ils signifient quelque chose pour quelqu’un et qu’ils enclenchent chez un lecteur-spectateur, à partir de l’esprit perceptible la mise en rapport de la face perceptible du signe avec un aspect conceptuel 18

17 KATAMBA. M, sémiologie de la communication, cours inédit, L1sic-FLSH, unikis

18 Idem

l’icôn e ; selon Sanders PIERCE 19 , est un signe qui renvoie à l’objet signifié au moyen d’une ressemblance avec celle-ci. Il est un signe ressemblant à ce qu’il représente. Ainsi en photographie ou en peinture, le portrait (icone) renvoie au sujet (objet)

La sémiologie de la communication et la sémiologie de la signification

On ne répètera jamais assez, la sémiologie est la science qui étudie la vie des signes au sein de la sociale. Deux écoles s’ouvrent quant à l’interprétation des signes. Il s’agit d’une part la sémiologie de la communication et d’autre part la sémiologie de la signification.

La sémiologie de la communication étudie uniquement le monde des signes par exemples l’étude des systèmes de vêtements de deuil ou de la canne blanche de l’aveugle (système à un seul signe en signe isolé) 20

La sémiologie de la communication a étudié : le code la route, de morse, les sources militaires, les insignes, les langages machines, des ordinateurs, les langues parlées, sifflées, de tamtam… ces objets d’études sont des systèmes de signes conventionnels et précis.

La sémiologie de la signification n’a pas d’a priori, elle étudie signes et indices, sans se préoccuper de la distinction. Roland Barthes est l’initiateur de ce courant 21 .

Elle s’intéresse à tout objet en tant que signifiant en puissance d’où ses objets d’études ne se limitent à des systèmes de communication intentionnels. Elle peut donc interpréter des phénomènes de société et la valeur symbolique de certains faits sociaux. Le sport, par exemple, en tant que combat moral, ou encore les publications commerciales. La sémiologie de la signification se rapporte donc à l’univers de l’interprétation et du sens et non du code de la communication 22 .

19 ibid.

20 Disponible sur : -sémiologique . Consulté jeudi 02 juin 2002 à 9h58min.

21 Idem 22 Ibidem

Alexis KATAMBWA 23 , qui s’inspire lui aussi à Ferdinand de Saussure et Roland Barthes souligne que la sémiologie de la communication est d’orientation restrictive. Elle s’attache exclusivement aux systèmes des signes créés dans l’intention de communiquer (code de la route, le code morse…) définissant aussi son champ d’étude mais aussi ses propres limites ; car un signe ne se réduit pas à ce qu’il communique intentionnellement. Au-delà de la seule dénotation, un signe peut véhiculer une multitude de connotations 24 . Du coup, le champ de la sémiologie devient immense ; c’est la seconde qui est d’orientation extensive et qui vise à décrire et expliquer les phénomènes relatifs à la circulation de l’information dans les sociétés humaines.

1.1.3. Pragmatique

Par pragmatique, nous entendons une étude visant la pratique et l’action plutôt que la théorie 25 . En effet, pragmatique dérive du mot grec pragma qui veut dire action. Selon A. Lalande cité par Richard M., le vocabulaire pragmatique signifie ce qui concerne les affaires soit politique soit juridiques. Appliqué aux hommes, il signifie actif, habile, intrigant, efficace, solide 26 .

Quant à Dubois, la pragmatique est une branche de la linguistique qui s’intéresse aux éléments du langage dont la signification ne peut être comprise qu’en connaissant le contexte de leur emploi 27 .

Pour cette étude, la pragmatique étudie les effets des signes icone, symbole qui se trouvent dans les affiches du candidat Fayulu sur les électeurs. Les effets de ces signes sur le changement du comportement électoral des électeurs.

1.1.4. Affiche

Francis Balle décrit le mot affiche comme une feuille de papier, de dimensions variables, destinée à être apposée sur des murs ou des panneaux sphériquement installés à cette effet, afin de servir de support à des messages :

23 KATAMBWA M., la sémiologie de la communication, cours inédit en L1, SIC, université mariste du Congo, 2020-2021, p.12.

24 Ibid

25 Richard, M., Catéchèse et humilité dans le champ de la communication. Pragmatique de la communication de la fois. Ed. Médis, 2014, p.7.

26 A. LALAMBE cité par Richard M., op. cit . p.7.

27 De Bois , dictionnaire de la linguistique et sciences du langage, éd. Paris, CDEX, 1994, p.375.

d’information, officielle ou administrative ; de publicité commerciale ; de propagande électorale ou politique 28 .

Pour le dictionnaire de poche, une affiche c’est une feuille souple ou rigide affichant un message ou une image, imprimé ou écrit que l’on applique contre les murs pour donner connaissance au public de quelque chose.

1.1.5. Election

Le terme élection signifie, étymologiquement l’action d’élire ou de choisir par un vote 29 . Elle désigne l’expression des individus ou des groupes d’individus.

Le dictionnaire pratique des élections, définit le terme élection comme le moyen par lequel un peuple désigne ses représentants qui se chargent, en son nom, et à sa place de décider des affaires publiques. En d’autres termes, c’est un acte grave par lequel les électeurs sont appelés non seulement à faire connaitre leur opinion, mais aussi à participer indirectement à l’élaboration de la politique nationale ou au choix d’une orientation politique quelconque 30 .

L’élection est considérée aussi comme une forme de participation entendue comme l’action par laquelle les membres d’une entité politique individuellement ou collectivement influent sur son organisation 31 .

1.1.6. Candidat

Selon Larousse, un candidat est une personne qui aspire à une fonction, à un titre, à une dignité ; qui se présente à un examen, à un concours, à une élection. Personne qui aspire à participer à une action, à obtenir quelque chose. 32

28Francis B., Lexique d’information et communication, éd. Dalloz, 2006, p.7.

29Mulumbati N., introduction à la science politique. Ed.Africa, Lubumbashi, 2010, p.193.

30 FREDINARD, K, Petit dictionnaire pratique des élections, éd. Les presses des centres protestant d’édition et diffusion, Kinshasa, (RDC), 2003, p.41.

31BEEVENS Tambwe, M., Processus électoral et contestation de résultat en Afrique subsaharienne. Cas de la RDC. Mémoire oline, université de Kalemie, 2012, faculté de science politique.

32Disponible sur : >dictionnaire>français. Consulté le 03 juin 2022 à 17h15.

Est candidat, celui ou celle qui postule une charge, qui se présente à un examen ou à un concours pour obtenir un diplôme, titre, un poste ; qui sollicite un mandat électoral 33 .

Section 2 : approche théorique

Section 2 : approche théorique

Tout travail scientifique effectué en science de l’information et de la communication doit pouvoir avoir un soubassement théorique 34 . Le nôtre ne se soustrait pas de cette affirmation. Pour bien expliquer ce travail, nous convoquons la théorie de la communication politique et la théorie de la médiologie.

1.2.1. Théorie de la communication politique

Le béhaviorisme ou la recherche sur les comportements

La plus importante école de pensée libérale, le béhaviorisme, est également la plus ancienne, et sa popularité des six dernières décennies s’explique par l’intérêt qu’ont les acteurs politiques et économiques à persuader, une nécessité pour comprendre les effets des messages dans la formation des opinions individuelles.

L’étude des attitudes et des comportements individuels s’appuie sur l’individualisme méthodologique, c’est-à-dire sur l’idée que les phénomènes Politiques ou sociaux s’expliquent par l’agrégation des comportements individuels ; l’individu fonderait le collectif, tout comme le vote établirait la légitimité de la gouverne. La recherche béhavioriste naît dans les années 1920 aux États-Unis, mais elle prend son véritable envol entre deux guerres.

Elle constitue l’application du béhaviorisme – un courant de recherche inspiré des travaux de Pavlov fondé par le psychologue John Broadus Watson – aux sciences sociales. Le béhaviorisme s’inscrit dans un contexte de perfectionnement des méthodes en sciences sociales fondé sur le positivisme ; inspirées d’une recherche de scientificité dans un monde marqué par l’industrialisation et l’efficacité, les sciences sociales tentent d’utiliser l’approche des sciences pures et postulent donc que les faits humains peuvent être observés, soumis à l’expérimentation et mesurés.

33www.lalanguefrançaise.com>définition. Consulté le 03 juin 2022 à 11h25.

34Grace B., Op.cit. p.15.

Selon Nonna Mayer, les approches béhavioristes du comportement électoral prennent en compte les motivations des individus, ses croyances et ses valeurs, « bref toutes ces variables intermédiaires qui s’intercalent entre un stimulus politique et la réponse de l’électeur » ; elles seraient donc moins mécanistes que le béhaviorisme et s’attacheraient aux dispositions des acteurs. Cependant, une bonne partie de la recherche en sciences sociales – Mayer cite The Peoples Choice, Voting et The American Voter – a comme objectif de répondre à la question « qui vote pour qui et pourquoi ? Et c’est en des termes clairement béhavioristes »,

La recherche béhavioriste a comme tâche de mesurer les effets des médias et de la propagande

1.2.2. Théorie de la médiologie de REGIS Debray

La théorie de la médiologie est une théorie qui démontre que tout « peut être medium », une table, une chaise, un stylo, vélo, … Ces objets constituent de médiation par lesquels une idée devient force matérielle.

Cette théorie de médiologie précède et excède la sphère de médias contemporains, imprimés ou électroniques, fruit des NTIC, entendu par Mac LUHAN comme moyen de diffusion de masse (la presse, la radio, cinéma, affiche, télé…).

Tout est média, autrement dit tous les objets fabriqués par l’homme et dont il se sert entre dans la sphère médiologique, entant que lieu et enjeux de diffusion, vecteur de sensibilité et matrice de sociabilité.

Tout court, la médiologie de Régis Débray permet de saisir la profondeur de la pensée du canal selon l’auteur qui démontre que tout objet fabriqué par l’homme a la valeur d’un message et lui-même est un message. Même si l’on ne l’utilise pas. Lui-même médium transmet un message lui-même traduit un message.

Régis Debray conclut contrairement à Mac Luhan « medium is the message », le média à lui c’est déjà un message.

Autant dire que tout message ici – bas et n’importe quoi constitue un canal de communication. Comme par exemple le parfum communique une information sur un individu.

L’esprit médiologique de Régis Debray avoue qu’il existe une intransigeance des outils médiologiques qui n’est qu’une matérialisation des canaux qui véhiculent le message de médiation culturelle ou historique de paix.

Aucun média n’est plus important que d’autre parce que chacun se refaire à une activité de communication liée à l’histoire de peuple et leur culture : la médiologie est le « matérisme » c’est-à-dire des outils, les supports de médias fabriqué à l’aide d’une matière.

Henri Paul Iyele 35 , qualifie ces outils fabriqués par l’homme dans la pensée médiologique de RegisDébray d » artefacts »

Pour cette étude, cette théorie nous permettra d’analyser les affiches du candidat président aux élections de 2018 Martin Fayulu pour connaitre les messages cachés, car les symboles, icônes qui se trouvent sur ces affiches concourent à la communication non verbale

L’analyse des signes, symboles et icônes nous permettra de savoir si leurs messages cadrent avec le profil du candidat, d’un côté, elle nous permettra de connaitre les effets de ces affiches sur les électeurs, de l’autre côté. C’est l’aspect pragmatique

35 HENRI PAUL, I. théories de la communication. Cours inédit, destiné aux étudiants de G3 sic université mariste du Congo 2019-2020

Conclusion partielle

Nous voici à la fin de ce premier chapitre qui était conçu pour expliquer les concepts clés se trouvant dans l’intitulé de notre travail et pour expliquer ces concepts, nous avons convoqué les deux théories : de la communication politique et la théorie de la médiologie enfin de rendre compréhensible notre recherche. Ainsi prend fin ce chapitre et le chapitre suivant sera centré sur le contexte général d’étude où il sera question de présenter la situation des élections de 2018.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université mariste du Congo (UMC) - Sciences de l’information et de la communication Communication des organisations
Auteur·trice·s 🎓:
Matthieu Konde Diki

Matthieu Konde Diki
Année de soutenance 📅: Travail de Fin d’études présenté et défendu en vue de l’obtention degrade de licencié - 2021-2022
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