Assainissement urbain à Abidjan : un projet de 315 millions de dollars en action

CHAPITRE I : GENERALITES

PRESENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCEUIL ET DE LA ZONE DE PROJET

I.1- Présentation de la structure d’accueil

I.1.1- Historique et objectif

Mis en œuvre sous la tutelle du ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, le Projet d’Assainissement et de résilience urbaine a été entrepris avec le soutien du groupe de la banque mondiale à la suite d’une série d’inondations meurtrière dans la commune d’Abidjan et de certaines communes de l’extérieur. Le PARU a pour objectifs la réduction de la vulnérabilité face aux inondations dans les zones urbaines et l’amélioration de la gestion des déchets solides dans des municipalités ciblées.

Le PARU a un coût global de 315 millions de dollars US soit environ 155 milliards de Francs CFA et une durée de six (06) ans ayant débuté en 2020 et se terminant en 2026.

Le projet est articulé autour de 04 composantes majeures :

Composante 1 : infrastructures et services pour l’atténuation des risques d’inondation

Composante 2 : amélioration des infrastructures et des services de gestion des déchets solides

Composante 3 : Appui à la gestion du Projet

Composante 4 : Composante intervention en cas d’urgence (CERC) Le PARU couvre ses domaines d’activités à travers les actions suivantes :

La construction/réhabilitation de réseaux de drainage primaires et secondaires associée à des travaux routiers ;

La construction des installations de traitement/valorisation et d’élimination des déchets, des déchetteries gestion et la valorisation des déchets solides qui est une cause directe d’inondation ;

La planification urbaine et le système d’alerte précoce par l’usage des technologies numériques et le renforcement des capacités institutionnelles.

Le PARU s’étend sur l’ensemble du District Autonome d’Abidjan (DAA) et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays telles que Ferkessédougou, Daloa, Bouaké, Tiébissou, Sinématiali, Ouangolodougou, Duékoué, Guiglo, Bloléquin,Grand-Bassam, Dabou, Sikensi, Toumodi, Yamoussoukro, Tiébissou, Djébonoua, Korhogo, San-Pedro.

I.1.2- Mission et organigramme

L’Unité de coordination du PARU assure la coordination de la mise en œuvre du projet et la responsabilité de la gestion fiduciaire, de la mise en œuvre des mesures de sauvegardes environnementales et sociales, du suivi et évaluation des activités de communication. Elle est renforcée par des compétences additionnelles rendues nécessaires par la nature multisectorielle du projet.

Conformément à la politique de gestion du groupe de banque mondiale d’accueillir les projets de développement dans les ministères sectoriels concernés et de renforcer ainsi leurs capacités, le ministère de l’Assainissement est le principal organisme d’exécution. Par conséquent, l’arrangement institutionnel du projet sera composé d’un comité de pilotage, d’une unité de coordination du projet léger (UCP) située dans le MINASS et hébergée par la DGAS, pour assurer la coordination de la mise en œuvre et la gestion courante du projet, Un ensemble d’agences d’exécution spécialisées.


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Figure 1 : Organigramme du PARU : Structure d’acceuil

Nous avons effectué notre stage au sein de cellule Spécialiste en sauvegarde environnementale (SSE), au sein de la cellule, nos actions ont été de :

Veiller à la prise en compte des dispositions juridiques nationales et internationales ainsi que les politiques opérationnelles du groupe de la Banque Mondiale en matière de sauvegarde environnementale dans la conduite des activités du projet ;

Planifier, coordonner, analyser et valider des documents et études en matière de sauvegarde environnementale ;

Approuver les documents concernant la sauvegarde environnementale spécifiquement le Cadre de Gestion Environnementale édicté par le groupe de la Banque Mondiale ;

Participer à l’élaboration du PTBA du PARU ;

S’assurer de la participation à l’évaluation environnementale et sociale dans le cadre des activités du PARU ;

D’intégrer les aspects environnementaux dans l’exécution des composantes du PARU ;

Assurer toute autre tâche relevant de ses compétences ;

De s’assurer de la participation au processus de sélection des sous-traitants devant intervenir sur les études et travaux ayant un lien avec les sauvegardes environnementales et sociale ;

Produire des rapports rendant compte du respect ou non des prescriptions environnementales et sociale de l’exécution des travaux ;

De participer à l’analyse des dossiers de surveillance et du suivi environnemental et de proposer des mesures d’amélioration de la gestion environnementale dans le cadre du PARU ;

Coordonner et superviser le renforcement des capacités des structures d’exécution sur les questions environnementales ;

Participer à la préparation des dossiers d’appel d’offres ;

Participer à la mise en œuvre des recommandations relatives aux aspects environnementaux des rapports de missions de supervision de la Banque Mondiale (Tome 2 Manuel des procédures des opérations du projet d’assainissement et de résilience urbaine, 2016, page 17 – 34).

Bureau d’étude : EASY MANAGEMENT

Le paru a au terme d’une évaluation à la suite d’un appel d’offre chargé le bureau d’étude Easy management d’effectuer les études d’impact environnemental et social du projet de construction de l’ouvrage de construction du drain principal de M’POUTO.

PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE

II.1- Zone du projet

Les sites destinés à recevoir le projet relatif aux travaux de construction du drain principal des eaux pluviales à M’POUTO dans la commune de COCODY sont localisés dans le district autonome d’Abidjan et plus précisément dans la ville d’Abidjan. Ce district autonome couvre une superficie de 2119 Km2 dont 566 Km2de lagune. Il est situé au sud de la cote d’ivoire entre 03°60’00’’W et 4°30’00’’W et les latitudes 05°10’00’’W et 05°40’00’’N et regroupe quatre (04) sous-préfectures (Bingerville, Songon, Anyama, et Brofodoumé). Il est limité par le district des lagunes d’Ouest en Est en passant par le Nord, au Sud-Est par celui de la Comoé et débouche sur l’Océan Atlantique au Sud.


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Figure 2: District autonome d’Abidjan, source : RGPH 2014_Répertoire des localités : District autonome d’ABIDJAN

La ville d’Abidjan, quant à elle, est située entre 03°50’0 0’’W et 4°10’00’’W et les latitudes 05°10’00’’N et 05°30’00’N. C’est une mégapole d’environ Six million trois cent-vingt-un mille dix-sept (6 321 017 hab.) habitants d’après le recensement général de la population et de l’habitat (INS, 2021), repartis sur dix (10) communes (Abobo, Adjamé, Attécoubé, Yopougon,

Plateau, Cocody, Marcory, Treichville, Koumassi et Port-Bouët). La commune de Cocody constitue notre zone d’étude.

II.2- Localisation de la zone d’étude : le bassin versant de M’POUTO

Le bassin versant de M’Pouto est situé dans la partie Est d’Abidjan. Il est entièrement dans la commune de Cocody. Ce bassin versant est dénommé « BV M’Pouto », le nom du village qu’il traverse avant de déboucher dans la lagune Ebrié.

La figure suivante indique la localisation du bassin versant de M’Pouto.


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Figure 3: Localisation du bassin versant de M’Pouto

II.3- Etude de l’état initial de la zone du projet II.3.1- Les caractéristiques physiques

– Climat

La Côte d’Ivoire, Par sa position géographique, est sous l’influence du Front Inter Tropical (FIT). En réalité, deux masses d’air très différentes se déplacent sur le pays en étant spéarés par le FIT. Au Sud du FIT, il y a la mousson, humide, d’origine Sud-Ouest océanique. Au Nord du FIT, il y a l’harmattan, sec et chaud, d’origine Sud-Est saharienne. On distingue, selon la latitude trois zones climatiques auxquelles s’ajoute le climat particulier de la région des montagnes : climat équatorial de transition atténué (climat baouléen), climat de montagne, climat tropical de transition (climat soudanais) et climat équatorial de transition (climat attiéen)

;

Tableau I: Climats ivoiriens et leurs caractéristiques

Typede

climat

Précipitations

(mm/a)

Nombre

de saisons

Climat Soudanais

1000 – 1 700

2 saisons : sèche,

pluvieuse

Climat Baouléen

1500 – 2 200

4 saisons :

2 sèches, 2 pluvieuses

Climat Attiéen

1300 – 2 400

4 saisons :

2 sèches, 2 pluvieuses

Climatdes Montagnes

1500 – 2 200

2 saisons :

sèche, pluvieuse

Le climat de la zone du projet de construction du drain principal de M’pouto est celui de la commune d’Abidjan. Elle est caractérisée par un climat de type équatorial de transition à deux saisons sèches et deux saisons de pluies :

la grande saison sèche de décembre à février ;

la grande saison de pluies de mars à juillet ;

la petite saison sèche de juillet à septembre ;

la petite saison des pluies d’octobre à novembre.

La température moyenne annuelle dans la commune d’Abidjan est de 27°C. La température maximale est d’environ 31°C. La température minimale annuelle se situe à 22°C.

II.3.1.2- Pluviométrie

La pluviométrie de la zone du projet de construction du drain principal de M’pouto de 1991 à 2020 se présente par la figure 5. Cette figure montre que les mois de mai, juin, octobre et novembre sont les mois les plus pluvieux.


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Figure 4: Hauteurs de pluies mensuelles moyennes interannuelles Abidjan

– Vents

La succession des saisons en Côte d’Ivoire est directement liée par l’avancée plus ou moins profonde des vents de mousson à l’intérieur des terres et aux translations latitudinales du front intertropical (FIT). Le FIT est le contact entre deux masses d’air, une masse d’air sec et chaud (harmattan) qui souffle du Nord-Est vers le Sud et une masse d’air froid et humide provenant de l’Atlantique sud et circulant vers le Nord, mousson. Le régime des vents est, toutefois, essentiellement dominé par le régime de la mousson atlantique qui persiste habituellement toute l’année, à une vitesse moyenne de 6 à 12 nœuds, soit 11 à 22 km/h sur le littoral.

II.3.1.4- Reliefs

Le District Autonome d’Abidjan s’inscrit dans le relief général de la Côte d’Ivoire forestière au sud du 7e parallèle, composée essentiellement de collines, de vallonnements, et de moutonnements, avec des dénivellations généralement peu importantes. Ce district présent trois ensembles géomorphologiques individualisés :

les hauts plateaux en deux niveaux, de 40 à 50 m et 100 à 120 m, représentés par les buttes du Continental Terminal au Nord de la lagune Ebrié ;

Les moyens plateaux d’altitude allant de 8 à 12 m, constituent les affleurements du cordon littoral quaternaire ;

les plaines et les lagunes qui constituent l’ensemble le plus affaissé.


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Figure 5: Méthodologie d’évaluation des impacts

II.3.1.5 – Qualité de l’air

La qualité physique de l’air découle des émissions de particules. Ces émissions proviennent des passages d’automobiles et d’engins motorisés.

En absence de données sur la zone d’étude, l’observation faite sur le terrain montre que l’air semble de bonne qualité. Des pollutions visuelles n’ont pas été observées.

II.3.1.6- Etat géologique

La géologie de la ville d’Abidjan correspond à celui du bassin sédimentaire côtier ivoirien d’âge tertiaire à Quaternaire. Ce sédimentaire est caractérisé par des couches successives en position

monoclinale de pendage dirigé vers l’océan. Ce bassin sédimentaire est marqué par un accident majeur de direction Est – Ouest qui présente un tracé correspondant sensiblement aux lagunes.

Cet accident majeur détermine deux séries sédimentaires ; l’une peu épaisse (environ 100 mètres) au Nord, et l’autre, très épaisse (3 000 mètres) au Sud. Les formations géologiques de ce bassin sédimentaire sont d’une grande variété : sables, argiles, grès ferrugineux et vases. Le log stratigraphique observé par Aghui et Biémi en 1984 est le suivant :

Les formations du Quaternaire qui affleurent au Sud de la faille des lagunes et dans les dépressions fluvio-lagunaires. Elles sont constituées essentiellement de sables, de sables graveleux, de vases ou d’argiles, de sables vaseux et de vases sableuses ou silteuses ;

Les formations du Tertiaire Continental, sont constituées par des sables grossiers, des argiles bariolées, des grès ferrugineux et des minerais de fer. Toutes ces formations sont d’âge Mio-Pliocène et sont issues de la désagrégation du socle.

Les formations du Secondaire, Jurassique Supérieur au Crétacé Supérieur et du tertiaire marin, constituées principalement des sables, des conglomérats, des argiles versicolores, des argiles feuillées à intercalations de marnes et de grès, des sables fluviatiles et des calcaires gréseux parfois dolomitiques. Le Paléocène et l’Eocène sont, cependant, formés d’argiles glauconieuses, de sables et de petits bancs calcaires.

II.3.1.7- Qualité de l’eau

La lagune Ebrié subi une détérioration accrue dont dans l’état actuel des connaissances, les principales causes sont essentiellement les déversements abusifs d’eaux résiduaires domestiques et industrielles qui ne subissent aucun traitement préalable.

II.3.2- Les caractéristiques biologiques II.3.2.1- Flore

Sur les différents tronçons à aménager dans le cadre du projet de construction du drain principal de M’pouto, la végétation naturelle est presque inexistante. C’est une zone d’habitation ; les espèces rencontrées sont des espèces plantées qui sont : Persea americana, Musa paradisiaca, Bambusa vulgaris, Cocos nucifera, Mangifera indica, Elaeis guineensis (Palmier à huile), Carica papaya, Theobroma cacao. Aucune espèce végétale dans l’emprise des ouvrages à aménager n’est menacée selon la liste rouge de l’UICN.

II.3.2.2- Faune

Malheureusement, la plupart des espèces de la zone de M’pouto ont été décimées depuis bien longtemps du fait du braconnage et du défrichement du couvert végétal. Aujourd’hui, l’on assiste à une rareté de la faune sauvage. Elle se résume aux quelques espèces et petits rongeurs (agoutis, écureuils et autres) qui sont rencontrées de manière isolée. Aucune faune spécifique menacée de disparition n’est à signaler.

II.3.3- Les caractéristiques socio-économiques

II.3.3.1- Données générales

II.3.3.1.1- Situation géographique et administrative

S’étendant sur une gigantesque superficie de 132 km2 et située dans la partie nord du District d’Abidjan. La commune de cocody est limitée à l’Est par la commune de Bingerville, à l’Ouest par les communes du Plateau et d’Adjamé, au Sud par la lagune Ebrié et au Nord par la commune d’Abobo. Cocody a été érigée en Commune de plein exercice à la faveur de la loi n° 80-1180 du 17 Octobre 1980 portant division de la ville d’Abidjan.

II.3.3.1.2- Population et démographie

La population autochtone de la commune de Cocody est composée essentiellement d’Ebrié ou Atchan. La commune de Cocody compte au total 44 quartiers et villages. (Blokausso ; Anono ; Akouedo ; M’badon et M’pouto.). En dehors de cette population autochtone, on dénombre de nombreuses communautés allogènes (ivoiriens de d’autres régions de la côte d’Ivoire) et allochtones (populations non ivoiriennes), venues toutes à la recherche d’un mieux-être social et économique.

II.3.3.2- Organisation socio-économique et cadre de vie

II.3.3.2.1- Foncier

Sur l’ensemble de l’emprise du projet de construction du drain principal de M’pouto, on distingue deux domaines que sont le domaine urbain et le domaine rural.

Dans le domaine urbain, la gestion des terrains relève des autorités administratives. Dans le domaine rural, la gestion du foncier relève des prérogatives des familles, propriétaires coutumiers des terres des différents villages Ebrié et attié.

II.3.3.2.2- Activités économiques, Habitats et Equipements

Cocody étant une commune résidentielle, elle attire de nombreux investisseurs. Les principales activités économiques qui sont exercées dans la commune sont le commerce et les services. Dans l’emprise de notre zone d’étude, il s’agit des services, des commerces (supermarchés, des boutiques, des restaurants), de nombreux établissements financiers et autres agences, startup et entreprise. Il faut noter que Cocody ne dispose pas d’une zone industrielle.

La zone de projet M’pouto est une zone plus ou moins résidentiels avec des cités luxueuses et des habitations relativement modestes. On y trouve également quelques zones d’habitations précaires, vieillis ou villageois.

II.3.2.3- Niveau de vie de la population

La Commune de Cocody et plus particulièrement la zone de M’pouto est une zone de haut standing qui figure parmi les communes les plus chères du District d’Abidjan au niveau du transport, des loyers et du panier de la ménagère.

II.3.2.4- Alimentation en eau potable

La zone de M’pouto est alimentée en eau potable par un réseau AEP à partir de forages implantés sur la nappe d’Abidjan. M’pouto est en majorité couvert par le réseau AEP à l’exception de quelques zones d’extension qui sont pour la plupart des lotissements villageois.

II.3.2.5- Système d’assainissement et gestion des déchets solides

On distingue dans la zone de M’pouto, deux systèmes d’assainissement d’eaux usées domestiques que sont : l’assainissement individuel et collectif. Le premier se compose de fosses septiques et latrines. Le système collectif est quant à lui constitué d’ouvrages et équipements d’assainissement composée de collecteur, station de prétraitement, station de refoulement et de relevage, etc.

Les effluents domestiques et ceux provenant de certaines industries sont pour la plupart déversés dans la Lagune Ebrié.

La gestion de ces déchets est assurée par deux systèmes différents : l’un est une collecte à domicile, effectuée par des opérateurs privés auxquels l’enlèvement a été délégué ou non.

Les déchets ainsi collectés par les opérateurs privés au moyen de véhicules motorisés ou assemblés au point de regroupement sont acheminés à la décharge d’Akouédo. Cependant, le taux de ramassage des ordures reste faible.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Institut National Polytechnique Felix Houphouët Boigny (Projet de formation MAREMA)
Auteur·trice·s 🎓:
Douanet Honorat Vianney

Douanet Honorat Vianney
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 2 spécialisé eau et risques environnementaux- Option : QHSE - 2022 - 2023
Ingénieur environnementaliste . Eau – Qualité- Hygiène – Sécurité - Environnement énergétique – Electromécanique
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