Le ratio de rentabilité économique RoA, financière RoE et Cook

Le ratio de rentabilité économique RoA, financière RoE et Cook

Section 2

Evolution du ratio de couverture des risques et son impact sur la rentabilité des établissements financiers, cas des banques tunisiennes

De tout temps, les législations misent en place, les agences de notations ainsi que les nouvelles réformes des textes réglementaires mènent un combat acharné pour imposer aux établissements de crédit de renforcer leurs pratiques d’octroi de crédits et leurs systèmes de surveillance et gestion des risques.

Vers la fin des années 80, l’internationalisation des activités bancaires associée à une forte dynamique de marché, a haussé la part des risques au sein de l’activité bancaire. Par conséquent, les autorités prudentielles ont jugé nécessaire de revoir la conception de leur rôle en vue de faire face aux crises systémiques pouvant s’en suivre.

Bâle I fait référence à un ensemble de recommandations formulées en 1988 par le Comité de Bâle, un comité rassemblant les banquiers centraux des pays du G-10 sous l’égide de la Banque des règlements internationaux, à Bâle.

Ces recommandations, également connues sous le nom d’Accord de Bâle de 1988, visaient à assurer la stabilité du système bancaire international en fixant une limite minimale à la quantité de fonds propres des banques.

Ce minimum a été fixé en mettant en place un ratio minimal de 8% de fonds propres par rapport à l’ensemble des crédits accordés par les banques.

Ce ratio, appelé ratio Cooke par référence au président du Comité au moment de la mise en place des recommandations, fut mis en place dans la plupart des pays de l’OCDE en 1992.

Il fut aménagé au milieu des années 1990 afin d’y intégrer la gestion des risques hors-bilan, tel que les risques liés aux dérivés, mais il devint rapidement évident qu’une refonte de l’Accord était nécessaire, ce que le Comité a réalisé avec Bâle II qui est en cours de mise en œuvre en 2006.

Le RCR est donc conçu pour contraindre les établissements de crédit à maintenir un certain niveau des fonds propres par rapport à leurs engagements. L’objectif principal, c’est d’améliorer la rentabilité des banques tunisiennes et essayer de stabiliser notre secteur bancaire autour des normes internationales.

C’est pour cela qu’on va étudier dans cette étude empirique l’évolution des ratios d’exploitation (RoE et RoA), et du ratio Cooke d’un certain nombre des banques tunisiennes. De ce faite un indicateur pris isolement n’a aucune utilité, il faut donc procéder à une comparaison entre deux ou plusieurs périodes ou bien entre plusieurs banques.

Notre échantillon va porter sur six banques de dépôt, deux publiques et quatre privées :

BANQUES PRIVESBANQUES PUBLICS
L’AMEN BANQUEBANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)
BANQUE INTERNATIONALE DE TUNISIE (BIAT)SOCIETE TUNISIENNE DE BANQUE (STB)
BANQUE DE TUNISIE (BT)
UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE (UBCI)

Les différents indicateurs retenus sont obtenus sur la base des données comptables concernant les bilans et les états de résultat des banques ci-dessus citées, et ce concernant la période allant de 2000 jusqu’à 2005. On procédera à une analyse comparative pour mieux tirer les interprétations les plus significatives.

Dans cette section nous allons tout d’abord étudier l’évolution des ratios d’exploitation et des ratios de couverture des risques des différentes banques étudiées, et ce concernant la période allant de 2000 jusqu’à 2005.

Ensuite, la deuxième étape consiste en une analyse comparative pour identifier le type de corrélation existant entre les différents indicateurs étudiés.

Les tableaux ci-joint résument les ratios de risques de crédit et de rentabilité, calculés sur la base des états financiers et des rapports annuels dégagés par ces six banques.

2.1. Les ratios d’exploitation

2.1.2. Le ratio de rentabilité économique RoA

C’est la rentabilité de l’actif total de la banque. Ce ratio est un indicateur du rendement et de la profitabilité de la banque.

Tableau 8 : RoA (en %)

RoAAmen BanqueBTBIATUBCIBNASTB
20000,812,12,011,61,20,639
20010,732,11,561,721,061,47
20020,462,10,80,680,460,83
20030,4320,730,6880,481,39
20040,4120,780,9340,1230,909
20050,1932,10,520,5770,1280,91

Le rendement de l’actif des banques Tunisiennes tourne autour de 0.74% en 2005. Cette moyenne est en deçà des normes prudentielles qui sont de 2%.

La tendance générale du secteur est à la baisse. Sauf la BT qui essaye de s’aligner autour des normes européennes. On peut conclure que la BT sait bien exploiter la croissance de ces actifs. Cela peut être expliqué par la composition du PNB, qui montre que la part des commissions est très faible

2.1.3. Le ratio de rentabilité financière RoE

Le Return on Equity (RoE) est devenu un ratio de communication financière pour attirer les investisseurs. Le RoE se définit de manière très simple :

RoE = Bénéfice net comptable / Capitaux propres

Cependant cet indicateur peut donner une fausse image de la rentabilité parce qu’un fort coefficient de rentabilité financière peut provenir d’un faible niveau des fonds propres.

Tableau 9 : RoE (en %)

RoEAmen BanqueBTBIATUBCIBNASTB
200016,218,65%22,9712,327,1812,99
200119,9519,1%17,1714,17,2510,82
200210,2916,210,4454,414,81
200316,9913,99,944,754,414,56
20049,3013,48,676,744,171,273
20059,2313,46,714,72,291,251

Source : Rapports annuels de l’APBT et de chaque banque

On constate d’après le tableau précédent que le rendement des fonds propres des banques de dépôt est encore faible. La tendance générale du secteur est à la baisse depuis 2002.

La BT est la seule banque qui a pu garder un niveau de rendement des fonds propres qui la rapproche un peu des banques européennes dont le rendement des fonds propres est d’environ 25% .Cependant, le rendement moyen des fonds propres des autres banques à la fin de l’exercice 2005 est de 4.84% ce qui est très insuffisant dans ce nouveau contexte de mondialisation.

Le ratio de rentabilité économique RoA, financière RoE et Cook

2.2. Le ratio de couverture des risques (RCR) ou ratio Cook

Le ratio de couverture des risques fait un rapport entre les fonds propres, composés d’un noyau dur (capital et réserves) et d’éléments complémentaires tels que les provisions et les titres subordonnés, et l’actif du bilan et les engagements hors bilan pondérés aux risques.

Ce rapport ne doit, en principe, pas excéder 8% c’est à dire que pour un total actif de 100, la banque doit avoir au moins 8 de fonds propres.

Tableau 10 : RCR (en %)

RCRAmen banqueBTBIATUBCIBNASTB
20021012,3310,310,511,910,85
200110,5013,369,4011,39,9411,23
20029,5016,219,20149,0111,27
20039,4017,338,9015,839,3810,35
20049,0618,147,72514,3910,329,83
20059,5118,798,0113,029,849,106

Source : Rapports annuels de l’APBT et de chaque banque

Il est clair que la tendance générale du secteur est à la baisse depuis 2003. Malgré cela, on constate que le ratio de couverture des risques est en moyenne sur ces six dernières années et pour ces six banques égales à 12%, supérieur à la norme prudentielle fixée par la banque centrale, soit 8%.

A la lumière de ces résultats, on constate que la BT a toujours le RCR le plus élevé (18,79% en 2005). Elle est ainsi une banque qui gère très bien son risque de crédit.

Cette banque paraît la plus stable, et ses excellents résultats réalisés au cours de ces dernières années sont le fruit d’un respect de plus en plus affirmé des règles et normes prudentielles, en plus de sa maîtrise bien planifiée des risques qu’elle encoure.

L’UBCI occupe la deuxième place après la BT, avec un RCR de 13,02%. Ceci est dû à la stratégie qu’elle adopte, à savoir le renforcement des fonds propres.

Conclusion générale

La nouvelle réforme du ratio Cooke proposée par le Comité de Bâle repose sur une philosophie visant d’une part, à faire converger le capital réglementaire et le capital économique et d’autre part, à inciter à l’utilisation progressive des méthodes internes les plus avancées en matière de mesure du risque de crédit.

Le comité de Bâle autorise en effet, les banques à développer leur propre modèle interne pour l’évaluation du risque de crédit, dans un cadre similaire dans son principe et ses objectifs au modèle interne « marché ».

Ainsi, les banques seront désormais à partir de 2005 soumises à une surveillance prudentielle renforcée en matière de risque de crédit dans un cadre de transparence vis à vis du marché. Il est donc crucial pour les banques de développer un modèle interne fiable et robuste au back-testing pour répondre aux exigences d’une tarification efficiente des crédits en fonction du niveau de risque.

L’état actuel des chantiers des banques dans ce domaine est en phase de sophistication. Il nécessite pour cela d’importants travaux afin de palier la complexité de la modélisation du risque de crédit due principalement à des difficultés méthodologiques.

A cet effet, il est essentiel de procéder à des tests de comparaison des principaux modèles quantitatifs de risque de crédit et de mesure de la sensibilité de ces modèles aux paramètres à estimer afin de pouvoir améliorer la performance et la fiabilité des modèles de crédit. Cela était l’intérêt du premier chapitre du présent travail.

La mise en place de cette réforme constitue un défi majeur pour les banques, car elle nécessite un ensemble d’actions.

Ces actions consistent d’une part à identifier le périmètre des activités et des risques pour élaborer des référentiels et des nomenclatures et d’autre part, en une approche méthodologique pour répondre aux difficultés de modélisation. De plus, un des enjeux majeurs de cette réforme se situe au plan de la qualité des systèmes d’information.

Les investissements à réaliser en matière de formation, de communication et de systèmes d’informations sont particulièrement importants. Par ailleurs la mise ne oeuvre de cette réforme ne peut être l’affaire de techniciens uniquement.

Les choix qui seront faits dans l’architecture de gestion et dans les principes méthodologiques doivent être validés par le management de la banque au plus haut niveau.

La mise en place d’un dispositif intégré de pilotage de la performance suppose également un investissement très important pour la plupart des banques, sur les aspects méthodologiques bien sûr, mais surtout en matière de systèmes et de procédures pour obtenir les données nécessaires.

C’est à ce stade qu’il convient de transformer en opportunité les contraintes que représente pour la profession bancaire la réforme du dispositif prudentiel.

En effet, les évolutions exigées pour l’adoption des options les plus avancées recouvrent largement, pour les chantiers risques, celles qui sont nécessaires pour la mise en place d’un dispositif intégré de pilotage des performances. Cette coïncidence n’est d’ailleurs pas fortuite.

En effet, la réforme de Bâle a été largement inspirée par les établissements les plus sophistiqués, qui ont milité en faveur d’une convergence du dispositif prudentiel vers les méthodes effectivement utilisées pour la gestion de leurs risques et leur politique de tarification.

Il s’agit donc actuellement d’une opportunité pour poser simultanément les fondations d’un meilleur pilotage de la rentabilité et d’une optimisation de la charge en fonds propres réglementaires.

Ce sont deux objectifs qui convergent clairement vers une maximisation du potentiel de création de valeur des établissements de crédits.

Dans ce vaste chantier, la démarche des banques tunisiennes s’est caractérisée dans un premier temps, par l’introduction de la problématique de gestion des fonds propres au cœur de la démarche stratégique et de mesure des performances.

Dans un second temps, elle consistait en la volonté de substituer au capital réglementaire une mesure fondée sur le capital économique; l’objectif étant de mieux appréhender la réalité du couple rentabilité-risque qui est la pierre angulaire de la gestion des banques.

La mise en place d’un tel dispositif interne d’évaluation du risque de crédit a donc des conséquences importantes à la fois sur le pilotage stratégique et financier des banques et sur la perception par le marché de la structure de leur portefeuille d’activités, des risques et de la rentabilité.

Des analyses quantitatives des évolutions vécues par le secteur bancaire tunisien, et particulièrement les banques de dépôt, ont permis de concevoir l’importance de l’activité de crédit pour les banques tunisiennes et l’évolution de l’impact du risque de crédit sur leur rentabilité.

Cette étude nous a permis de tirer le constat suivant : Si la réalité des métiers bancaires ne va pas changer, en revanche l’éclairage qui en sera donné, notamment en termes de consommation de fonds propres et de rentabilité, pourra être dans certains cas sensiblement modifié par cette évolution de la mesure des risques.

Ce changement au niveau du pilotage de notre secteur bancaire devrait engendrer en retour des adaptations significatives dans la gestion opérationnelle, notamment dans la politique de crédit et la tarification.

En outre, l’orientation marquée en faveur de l’introduction et de la généralisation des modèles internes dans l’évaluation du risque de crédit est incontestablement la grande novation de la réforme du ratio de couverture des risques.

Cette approche s’inscrit dans une démarche de « responsabilisation » accrue des établissements, déjà consacrée dans le domaine des risques de marché.

Elle reflète à la fois complexité et sophistication croissantes de l’activité bancaire et financière, et la difficulté accrue pour appréhender la surveillance des risques.

Elle présente aussi des aspects positifs non seulement pour la modernisation des techniques de mesure du risque à l’intérieur des banques, mais également pour la réduction du risque bancaire dans son ensemble.

Pour conclure on peut dire que cette approche fondée sur la modélisation interne du risque de crédit exprime une volonté claire de transfert de responsabilité en matière de méthode et de moyens.

Même si les autorités de régulation paraissent avoir un rôle accru dans la mise en œuvre du système, l’étape ultime conduira les banques à définir elles-mêmes et à faire ensuite valide leurs systèmes de mesure de risques et de création de valeur dans un cadre d’affermissement de l’équilibre rentabilité-risque.

Bibliographie

Bibliographie :

– A .ROCHE :<< Modélisation du risque de crédit, une pluralité d’approche >> CA flash Eco, Mars 2005

– SAUNDER et ALLEN : << crédit Risk measurement wiley>> 2002

– M DEMAZY : << value at Risk et contrôle prudentiel des banques >>, édition Bruylant 2001

– M.CROUHY :<< la gestion du risque de crédit et la stabilité du système financière >> HEC le 4Avril 2000

– A.SURVEY :<< le risque, nouveaux enjeux bancaires >> DUNOD 2003

– JEAN-LUC –BAZET et CHRISTIAN GUYON << gestion financière>> groupe Revue Fiduciaire,avril 2004

– D .MARTEAU et D.DEHACHE :<<les produits dérives de crédits>> Edition ESKA

– MOHAMED GOUAED et SAMI BEN NACEUR << the determinants of the deposit bank’s performance>>

ARTICLES :

-JOL BESSIS école centrale de paris, octobre 2006 << risqué de crédits et gestion de portefeuille de prêts bancaire >>

-PAUL SORIANO :<< performances bancaires notions et ratios d’évaluation des performances bancaires >>

-APBT :<< risque bancaires et environnement international>>

-NATHALIE PISTRE : SMAI 16 Novembre 2005<< développement récents et innovation en gestion de portefeuilles structures de credits>>

RAPPORTS : (2000-2005)

-Rapports annuels de l’APBT

– Rapports annuels de la BT

– Rapports de gestion de la BT

– Rapports annuels de la BNA

– Rapports annuels de l’AMEN BANQUE

– Rapports annuels de la BIAT

– Rapports annuels de la STB

– Rapports annuels de l’UBCI

Cites Internet :

-www.banque-info.com

-www.bnacapitaux.com

-www.apbt.org.tn

-www.lesechos.fr

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La gestion de risque et rentabilité bancaire
Université 🏫: Université Internationale de Tunis
Auteur·trice·s 🎓:
CHEBBI MED RAFAA

CHEBBI MED RAFAA
Année de soutenance 📅: Pour l’obtention du Diplôme de Maîtrise en Finance - 2009 / 2010
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