Compétitivité des équipements en TIC des entreprises françaises

III. 3. La compétitivité

Un rapport récent émanant conjointement du Conseil Général des Mines et du Conseil Général des Technologies de l’Information publié sous l’égide du Ministère délégué à l’Industrie78 situe d’emblée la portée réelle du défi des NTIC : 2003 a montré une nette reprise pour les « champions » rescapés de la tempête et la nouvelle économie poursuit son développement mais loin des feux de la rampe : c’est au cœur des entreprises qu’elle apporte ses profondes mutations.

Il apparaît aujourd’hui clairement qu’Internet ce n’est ni du contenu, ni du contenant (ce n’est ni un « média » ni des télécoms et encore moins une synergie entre ces deux métiers profondément différents), ni pour l’essentiel de la Technologie, ni de la Communication, ni de l’Information (dans NTIC, seul N devrait être conservé !), que les sites web et le commerce électronique ne sont qu’une infime partie des potentialités qu’il offre, qu’Internet, outil extrêmement puissant et qui fera la différence dans la compétition n’est pas pour autant un « gri-gri » qui dispenserait d’avoir un vrai métier avec des vrais produits ou services, avec des vrais clients et un vrai compte d’exploitation.

Internet est un outil de réseau, l’outil des transactions qui transmet des instructions opérationnelles autant que des informations. Il change en profondeur l’organisation des entreprises et permet des gains considérables de compétitivité en écrasant les coûts : coûts administratifs permettant un redéploiement du personnel vers les clients, coûts d’achat, coûts de formation, coût du SAV et augmentation de son efficacité, en limitant les stocks et en-cours et donc les besoins de capitaux pour opérer une entreprise, en réduisant temps et coût de conception d’un nouveau produit, en donnant les moyens d’un suivi logistique performant et en assurant aux « nomades » une connexion à ce réseau aussi efficace qu’aux sédentaires.

C’est un outil de compétitivité de flexibilité et de réactivité: c’est en fait le nouveau système nerveux de nos entreprises : son appropriation n’est ni un problème technique, ni financier, mais culturel (organisation autour de la satisfaction du client) et organisationnel (accent sur un fonctionnement en réseau autour de projets avec un déplacement fort des mécanismes de pouvoir).

Un point pour le moins iconoclaste que nous nous proposons d’examiner plus attentivement.

Tout d’abord, l’impact de la nouvelle économie est marginalisé ; celui des NTIC est au contraire renforcé puisque toutes les entreprises (avec un « vrai métier », des « vrais produits ou services », des « vrais clients » et un « vrai compte d’exploitation ») sont désormais concernées « au cœur ».

En affirmant qu’Internet n’est pas un « média », les auteurs reprennent les analyses de Dominique Wolton79. Mais ils vont plus loin en considérant qu’Internet n’appartient ni à la technologie, ni l’information, ni à la communication, qui n’en sont que d’infimes applications.

Les auteurs dénoncent toute attitude contemplative des entreprises par rapport en refusant à celui-ci le statut de « gri-gri ».

En réalité, Internet serait, plus prosaïquement un « outil de réseau » destiné à transmettre des « instructions opérationnelles autant des informations ». À cet égard, les auteurs rappelleront plus loin qu’Internet est « le fruit étrange de la liaison entre la rigueur des militaires et la créativité libertaire des chercheurs sur fond de guerre froide ».

Et cet outil doit permettre de relever le défi de la compétitivité et partant, de la flexibilité et de la réactivité, ce qui est, selon les auteurs, non pas un problème technique ou financier, mais un problème culturel et organisationnel.

Mettons maintenant ces considérations à l’épreuve des faits.

Tout d’abord, dressons un bref bilan des équipements en NTIC des entreprises, car même si l’usage qu’elles en font est bien la finalité de notre propos, il ne saurait y avoir d’usage sans équipement.

Bref bilan de la compétitivité des équipements en TIC des entreprises françaises

L’enquête de BNP Paribas Lease Group35 nous permet d’avoir quelques éléments concernant la compétitivité des entreprises françaises de 6 à 200 salariés pour l’année 2003 par rapport à leurs homologues européennes.

par rapport à leurs partenaires européens, les PME françaises sont mieux placées que les PME italiennes, mais elles sont moins bien équipées par les PME allemandes et elles se sont faites dépasser, pour la première fois, par les PME espagnoles en 2003 ;

le pourcentage de salariés connectés est plutôt compétitif (93 %) ; les PME françaises ne sont dépassées sur ce point que par le Danemark (97 %), la Suède et l’Allemagne (95 % dans les deux cas). La France se place donc en 4e position, avec un écart plus grand avec le 5e (les Pays-Bas avec 85 %) ;

en terme de haut débit, sur le plan européen, les PME françaises s’en sortent mieux que leurs voisines italiennes et allemandes, respectivement encore fortement équipées en bas débit et moyen débit (RNIS).

Un dernier élément – à cheval sur la compétitivité de l’équipement et l’usage organisationnel des TIC qu’il préfigure – mis en exergue par le tableau de bord du commerce électronique français36 mérite notre attention : le niveau de fonctionnalités des sites sur la Toile80.

Globalement, fin 2002, seulement 39 % des entreprises de plus de 10 salariés disposaient d’un site Internet – avec des écarts très grands entre les entreprises de commerce (28 %) et les grandes entreprises de plus de 250 salariés (65 %)80.

Au niveau des fonctionnalités mêmes de ces sites, on constate que les servent avant tout de cartes de visite (présentation de l’entreprise, 89 %) plus ou moins élaborée (catalogue, 65 % ; site multilingue, 38 %). L’interactivité avec les clients (recueil d’information sur les clients, 27 %) ou avec les candidats (diffusion et/ou recueil des offres d’emplois, 22 %) passent après.

Pire les éléments qui pourraient contribuer à la satisfaction clients sont les dernières fonctionnalités que l’on puisse trouver (prise de commande en ligne, 16 % ; accès à un service après-vente, 9 % ; suivi de la commande, 7 % ; paiement sécurisé en ligne, 6 %).

Un bulletin d’information du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie81 permet de redorer un peu le blason de ce bilan mitigé […] Outre [l’]équipement de base, les entreprises ont adopté d’autres outils pour faciliter la communication interne et mieux coordonner leurs processus opérationnels.

Ainsi, un tiers des entreprises ont mis en place un réseau intranet et, parmi elles, plus de 90 % des entreprises de plus de 500 salariés. Près de 52 % des entreprises utilisent un progiciel de gestion intégrée (ERP) en 2002. Elles étaient 37 % trois ans plus tôt. Pour optimiser les échanges avec leurs fournisseurs et sous-traitants, près de 84 % des grandes entreprises utilisent l’échange de données informatisées (EDI) et 44 % ont mis en place un réseau Extranet, contre respectivement 41 % et 8 % des PMI de moins de 500 salariés.

La portée de ces informations est limitée – elles ne concernent que les entreprises industrielles de plus de 20 salariés – elles valent par le fait que des éléments positifs liées aux TIC mais non directement liées à Internet ont pu être réintégrés comme la mise en place de réseaux intra- et extranet (respectivement 33 % et 44 % des entreprises industrielles), le recours massif aux ERP (52 %) et plus encore à l’EDI (84 %).

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La fracture numérique en France : définitions, enjeux, défis
Université 🏫: REIMS Management School Formation Approfondie au Management
Auteur·trice·s 🎓:
Frank ADEBIAYE

Frank ADEBIAYE
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin de master En vue de l’obtention du Diplôme Sup de Co Reims - 2004-2006
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top