Les déclinaisons de l’économie du partage : Trois modèles

2.4. Les déclinaisons de l’économie du partage
Motivés par l’envie de payer moins cher et de mieux consommer, on voit apparaître un changement des pratiques, et une réelle motivation du consommateur pour les circuits de distribution court, le troc, la location ou encore l’achat entre particulier. Cette cause d’intérêt général intéresse de plus en plus les entrepreneurs qui se lancent à l’assaut de ce nouveau filon prometteur.
On dénombre aujourd’hui plus d’une centaine de sites internet communautaires, ou entreprise sociale de base communautaire8, en France, et plus de 1500 formes de consommation collaborative dans le monde.
2.4.1 Trois modèles
Afin de mieux comprendre la consommation collaborative, nous allons étudier ses différents modèles économiques, au travers de ces trois distinctions :
Les trois formes de l’économie du partage
Shéma 4 : Les trois formes de l’économie du partage
Source : Consocollaborative.com
2.4.2 L’économie de fonctionnalité
« L’économie de fonctionnalité, qui vise à optimiser l’utilisation – ou la fonction – des biens et services, se concentre sur la gestion des richesses existantes, sous la forme de produits, de connaissances ou encore de capital naturel. L’objectif économique en est de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible. Le but est d’atteindre ainsi une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus des entreprises (…). » (Walter Stahel, 2006)
Là où les principes de possession individuelle et d’achat de produits neufs primaient sur leur utilité, cette économie se traduit par l’existence d’entreprises de services qui favorisent l’accès plutôt que la propriété. Cette définition de l’économie de fonctionnalité corrompt le fonctionnement des industries traditionnelles en primant l’usage sur la possession et s’est traduit par les formes suivantes :
– Les entreprises de location diverses telles que Kiloutou, Avis etc.
– Les locations ou le partage d’objets entre particulier.
– Les services de réparation d’objet pour augmenter leur durée de vie tel que le métier de cordonnier.
Les avantages de ce segment de marché sont que les produits ne vont plus profiter à un seul individu en particulier, mais qu’ils vont être partagés entre un ensemble de population. Ainsi, on maximise l’usage du produit qu’un individu n’utilise que rarement comme une scie ou une décolleuse à papier peint.
De plus, on remarque par exemple que la voiture n’est plus un objet statutaire pour les nouvelles générations qui choisissent d’autres objets d’identification comme l’Iphone ; elles sont donc moins attachées à leur voiture ce qui leur permet de prêter avec moins de contraintes. On tend finalement à délaisser les objets que l’on possède pour d’autres plus personnels.
Enfin, ce système économique apporte un avantage financier au consommateur en lui ôtant la responsabilité des réparations, de la maintenance et de l’achat souvent onéreux de l’objet neuf.
2.4.3 Les marchés de redistribution
Les marchés de redistribution sont déclinables à l’échelle mondiale et concernent principalement les échanges d’objets d’occasion entre consommateurs comme le sont les activités du site Le Bon Coin. Grâce aux réseaux sociaux, nous pouvons désormais plus facilement redistribuer les objets que nous n’utilisons plus vers des foyers où ils sont nécessaires soit par gratuité comme les dons et les échanges, soit à un prix inférieur au prix du marché dans le cadre d’échanges monétaires.
En encourageant la réutilisation et le recyclage de vieux objets, les ménages peuvent tirer des avantages de leurs biens « inutiles » ; ils économisent les ressources naturelles, réduisent leurs déchets et gagnent de « l’argent de poche » qui sera réinjecté dans le système économique dominant.
Enfin, il permet d’aider les familles défavorisées à obtenir des objets qu’ils ne pourraient pas s’offrir neuf.
2.4.4 Les modes de vie collaboratifs
Contrairement aux marchés de redistribution, les modes de vie collaboratifs s’appliquent au niveau local. Il concerne le regroupement de personne ayant un ou des intérêts en communs à partager leurs biens matériels ou immatériels comme le temps, les espaces de jardinage, de travail, de places de parking.
Par exemple, le partage d’espace de travail peut permettre à plusieurs start-up de se regrouper dans un même bureau afin de réduire les dépenses.
Véritable outil de coordination, l’usage d’internet permet également l’élargissement des modes de vie collaboratif :
– Prêt de voiture entre particulier.
– Collocation.
– Voyages (Couch Surfing, covoiturage).
Les relations de confiance dans les styles de vie collaborative sont très importantes. Elles engagent des interactions d’humain à humain. Sur un produit immatériel, les styles de vie collaboratives sont indissociables des relations de confiance qui doivent régner et qui conditionnent le développement de plus en plus d’activités collaboratives.
Parmi les plus connus, Covoiturage.fr dénombre désormais 1.5 millions de covoitureurs sur son site internet et à créer 34 emplois depuis sa création en 2004. La pollution, l’augmentation du prix du billet de train et de l’essence sont les raisons qui motivent les internautes à se rapprocher pour partager des trajets. Depuis sept ans, le site à évaluer que le partage avait permis d’économiser 200 000 tonnes de CO² en cinq millions de trajets9.
Des idées originales ont également émergé sur la toile : l’excellent Super Marmite qui propose aux cuisiniers de vendre des parts de leurs plats contre de l’argent, « Ca mijote près de chez vous »10
La Ruche qui dit Oui propose aux particuliers de s’unir pour acheter des produits frais auprès des petits producteurs de leur région et promeut ainsi les circuits courts plutôt que l’achat dans les grandes surfaces.
« Des produits de qualité à un meilleur prix pour tous ! Comment est-ce possible ?
Découvrez la formule de la Ruche qui dit Oui ! »
Au niveau des voyages, le site AirBnB bat les records de trafic sur son site et est estimé à un milliard de dollars en 2011 et restera l’un des succès incontestés du web. Concrètement, ce site concurrence les hôtels sur le marché du tourisme en proposant aux particuliers du monde entier de proposer leur chambre d’amis en location.
L’économie de fonctionnalité par les services, les marchés de redistribution et les styles de vie collaboratifs ont un effet positif sur l’environnement et l’économie.
Premièrement parce qu’ils limitent la création de nouveaux objets aux profits de leur partage et de leur réutilisation. Chez les consommateurs, on remarque que cette raison n’est pas citée dans les premières motivations et que l’appât du gain et les économies effectuées primes sur les conséquences de ces échanges.
Le changement des habitudes de consommation doit être simple et capable de motiver les catégories socioprofessionnelles les plus représentées d’un pays, ainsi, la Consommation Collaborative offre une solution simple, durable et axée sur la satisfaction des intérêts personnels.
Les effets positifs sur l’économie commencent à être reconnus : La multiplication des prêts d’objets entre particuliers intéresse en effet les compagnies d’assurances qui se lancent dans la mise en place de tarifs destinés aux personnes louant leurs objets. Pour cela, elles s’associent aux start-up en place afin de créer une offre commune comme viennent de le faire le site de location de voitures entre particuliers Deways et la compagnie d’assurance Macif. Cette offre permet de rassurer les propriétaires de voitures, frileux de s’engager sur la voie du partage, et permettra une expansion plus rapide du mouvement. Grâce aux garanties, les propriétaires pourront prêter leur véhicule en toute confiance.
Slogan de l’union entre Deways et Macif
Shéma 5 : Slogan de l’union entre Deways et Macif
Source : Consocollaborative.com
Lire le mémoire complet ==> (Le rôle de la confiance dans l’économie du partage)
Thème du Mémoire de recherche appliquée: La confiance
Groupe Sup de Co Amiens Picardie – ESC 3

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