Erasmus, un programme qui reproduit des affinités sélectives

Erasmus, un programme qui reproduit des affinités sélectives

1.2.2 Un programme qui reproduit des affinités sélectives

Si nous nous référons aux statistiques nationales et à l’évolution des dix destinations les plus choisies par les étudiants « Erasmus » français et italien, nous constatons ce même mouvement, depuis l’année 1998-1999, de baisse des effectifs d’étudiants partant pour le Royaume-Uni.

Il est important ici de garder à l’esprit que les acteurs, bien qu’ils aient l’entière liberté de choix en première instance, se meuvent dans un système qui les contraint. Ainsi, le nombre de places allouées, négocié et ratifié dans des contrats annuels passés entre les universités d’origine et d’accueil, limite la liberté de choix des étudiants.

D’ailleurs, les entretiens menés auprès des professeurs et administratifs responsables de programmes interuniversitaires d’échanges et de la mobilité étudiante, nous informent sur ce qu’ils appellent « la fermeture des universités anglaises », pour évoquer cette baisse des effectifs en partance pour l’Angleterre.

« Alors, à l’heure actuelle, on a signé un contrat [avec l’université du Sussex], alors Madame S. m’a dit que c’était deux, j’espère que c’est bien deux. Ils me poussent toujours à la baisse du chiffre en fait. »

Madame Danielle, responsable du programme Erasmus d’un département de sciences de l’université de la Méditerranée

Il y a aussi certainement des universités étrangères qui rompent les contrats passés avec l’UP aussi…

« Ah oui, presque toute l’année, il y a les universités anglaises, qui se ferment énormément. Parce qu’on a commencé à travailler avec elles en 87, c’est la date de création de Socrates, puis, il y a quelques années, il a cinq ans, les universités britanniques ont été privatisées, et donc, ils ont instauré des droits d’inscription de 3000 livres par an, ce qui n’est pas rien ! Ça fait 5000 euros. Et maintenant, un étudiant entrant, qui ne paye pas, ça les indispose, comme ça indispose les universités américaines.

Donc là, ils sont extrêmement durs, pas trop fair-play et on a toutes les années des réductions de flux et des universités qui nous donnent comme motif qu’ils ne peuvent pas envoyer d’étudiants, parce que là aussi, c’est le revers de la médaille. Les Anglais, on parle partout anglais dans le monde, donc leurs étudiants n’apprennent pas les langues étrangères, ils se sont engagés sur un contrat, il y a un an, « on échangera 4 étudiants pour 10 mois, ça fera 40 mois ».

Nous, on va fournir les 40 mois, mais comme eux, ils ne trouvent que deux étudiants, ils nous disent : « non, vos deux autres en surnombre, on les refuse. » Et ça, ce n’est pas du tout les termes du contrat. Bon, ben là, on doit négocier en permanence avec les Anglais. »

Madame Navarre, responsable du service des relations internationales de l’université de Provence.

En effet, comme le note Madame Navarre, pendant que le gouvernement britannique diminue chaque année le montant de son aide publique par étudiant, les universités multiplient les initiatives pour augmenter leurs ressources. « Recruter » des étrangers extra-européens (overseas students) est une stratégie des plus « rentables ».

C’est ainsi qu’à l’université de Bristol, pour l’année 2000-2001, un étudiant européen en premier cycle (Undergraduate) à plein temps, (Full-time student) devait débourser la somme de 1050 livres; son homologue étranger (overseas student) devait quant à lui payer 9610 livres pour suivre des études scientifiques, 7310 livres pour suivre des études littéraires. Et les frais d’inscription pouvaient atteindre 17 810 livres pour intégrer un cursus en médecine. La politique d’accueil d’étudiants étrangers « hors Europe » présente donc manifestement un intérêt financier.

Elle permet également aux établissements qui la pratiquent, encore hautement élitistes, de garder un contrôle sur le recrutement de leurs étudiants. La London School of Economics, fleuron de l’enseignement supérieur britannique, compte de ce fait aujourd’hui plus de la moitié d’étudiants étrangers dans ses effectifs. Mais l’étudiant Erasmus qui s’acquitte de ses frais d’inscription dans son université d’origine, comme nous l’avons souligné, n’a pas le même statut d’étranger, autrement dit n’attire pas sur lui les mêmes yeux de Chimène.

Les statistiques sur la mobilité étudiante britannique par le biais du programme Erasmus montrent bel et bien ce déclin (voir tableau et graphique ci-dessous). Les auteurs du rapport du centre de recherche SCRE62 notent qu’il pourrait s’expliquer par un possible accroissement de la participation à d’autres formes de mobilité internationale : comme les programmes bilatéraux ou les dispositifs d’échanges existant avec des pays extra- européens. Les faibles compétences linguistiques des jeunes britanniques seraient un facteur déterminant ce taux de partance relativement bas (un des plus bas d’Europe en rapport avec l’ensemble de la population étudiante).

62 PIRRIE (A), HAMILTON (S), KIRK (S), DAVIDSON (J), Interim Evaluation of the SOCRATES Programme in the UK, FINAL REPORT, 2004, The SCRE Centre, University of Glasgow, 44 p.

Tableau 13 : La mobilité étudiante au Royaume-Uni par le programme Erasmus, entre 1999-2002

1999-20002000-20012001-2002
Etudiants « sortants »10 0568 8668 475
Etudiants « entrants »20 68519 16817 660

Source : Final report of the Evaluation of the SOCRATES Programme in the UK -SCRE centre-

Graphique 8: La mobilité étudiante sortante (par le pr ogramme ERASMUS entre 1999 et 2004)

La mobilité étudiante sortante (par le pr ogramme ERASMUS entre 1999 et 2004)

Un autre facteur pourrait expliquer cette participation basse et décroissante, contrastant avec la participation grandissante des autres grands pays européens, comme la France et l’Italie. Ainsi à Bristol, tous les étudiants partent en troisième année et que ce soit pour l’obtention du Bachelor’s degree ou du Master’s degree, ils doivent obligatoirement effectuer leur dernière année à l’université de Bristol. Bien souvent donc, pour le même diplôme, une année supplémentaire est requise.

L’année à l’étranger a également assez peu de poids, voire aucun, en vue de l’obtention du diplôme et de la mention (elle ne compte jamais plus de 20% de la note finale). Les Erasmus co-ordinators énoncent souvent que ces programmes servent surtout à attirer des étudiants (dans un contexte de concurrence accrue entre les universités) et à diversifier l’offre de formation.

Ils doutent ainsi, plus fréquemment que leurs confrères français et italiens, que l’intérêt du séjour se situe dans l’acquisition de savoirs disciplinaires, de compétences supplémentaires et reconvertibles sur le marché du travail. Ils soulignent plutôt son rôle dans le développement de la confiance en soi de l’étudiant et dans le maintien de relations avec l’Europe. Mister Johnson explique ainsi que peu d’étudiants réussissent à avoir de bons résultats à l’étranger, c’est pourquoi Miss Logy insiste davantage sur les acquis personnels plutôt que professionnels ou disciplinaires du séjour.

« Nous avons.. il y a un diplôme en 4 ans, nous avons deux diplômes, et plutôt… Un modèle Licence avec études en Europe continentale. Ce sont tous les deux des diplômes en 4 ans, nous avons une version Licence et une version Master. Mais ils sont de même durée. Vous devez passer 2 ans à Bristol et puis 1 an à l’étranger et puis une autre année à Bristol…

Pourquoi doit- on faire une année supplémentaire ?

De retour à Bristol ? Bien. C’est comme ça que ça a toujours fonctionné dans ce département, et en sciences en général je pense, mais je ne sais pas dans les autres facultés. Euh.. Je peux vous donner une raison pour ça, plutôt que de dire simplement que ça a toujours fonctionné comme ça.

Nous n’avons pas beaucoup de contrôle sur ce que les étudiants doivent faire lorsqu’ils étudient à l’étranger. C’est une année d’études, mais vous savez les cours dans ces universités, l’Université de Bordeaux par exemple, ou n’importe quelle autre, sont tous conduits de manière différente par rapport à nos cours. Et les étudiants souvent les trouvent assez difficiles. Peu d’étudiants réussissent à avoir de bons résultats. Donc, nous devons prendre une autre année… On ne peut pas vraiment leur décerner un diplôme sur cette base. Parce que très souvent ils échouent à leurs examens. Mais vous conservez des notes de l’année à l’étranger…

Oui, mais il n’y a pas une réponse simple pour ça. Nous devons leur donner une note pour l’année à l’étranger et même s’ils échouent […] Donc, d’une certaine manière l’année à l’étranger ou l’année précédente, même s’ils restent ici, ne devrait pas beaucoup compter. D’un autre côté, s’ils ne réussissent pas très bien durant leur quatrième année, là l’année à l’étranger peut compter davantage. On essaie juste de rendre cette année la plus profitable possible pour eux […] De temps en temps nous utilisons les notes d’examens du système utilisé à l’étranger, de temps en temps, nous faisons un nouvel examen, mais nous devons finir avec une évaluation pour cette année »

Mister Johnson63

63 “It’s a bachelor degree with a year abroad, 4 year courses, or can be part of their 3 year’s degree?

We have, there are both 4 years courses, we have 2 degrees and rather… one type calls Sc with studies in continental Europe. They are both 4 year degrees, we have BSc version and a Msci version. But there are the same length. You have to spend 2 years in Bristol and then 1 year abroad and then another year in Bristol… Why they have to do a year more?

Back in Bristol? Well. That the way it has always been done in this department, and in science I think, but I don’t know the others faculties. Hum, I can give you a reason for that, rather than just saying it’s always been done. We do not have much control with what the students have to do while studying when they are abroad.

“Vous dites que faire un séjour à l’étranger c’est bien pour obtenir un travail… Probablement. Je ne sais pas si c’est mieux. Je suppose qu’ils ont des aptitudes à postuler pour des métiers dans une aire géographique large, donc ils peuvent trouver un travail dans le pays où ils ont étudié la langue. Ca ne signifie pas qu’ils auront un meilleur travail, ils obtiendront peut-être le même travail dans différents pays, ils ont plus d’options… Je sais que c’est bon pour la confiance en soi […] Quant ils rentrent, ils sont vraiment plus confiants que lorsqu’ils sont partis, ce qui est une bonne chose […]

Il y a plus de demandes que de places…

Non, il y a plus de places que de demandes pour le moment, mais ce diplôme à été crée tout juste depuis 3 ans […] Je crois vraiment qu’apprendre les langues est important, nous devons faire un effort pour apprendre les autres langues européennes, pour intégrer le reste de l’Europe. C’est bon pour les étudiants d’avoir cette expérience. Beaucoup de gens se sentent fortement British (rire)… Se sentent différents au Royaume-Uni. Donc, je pense que c’est important de faire quelque chose, d’avoir quelques liens avec l’Europe.

Je pense que ce diplôme attire relativement beaucoup de postulants, […] Le nombre actuel est bas, parce que quelques uns décident de faire.. comme Allemand avec X diplômes ailleurs. Mais c’est un nouveau diplôme, donc ils sont en général peu au départ [..] Mais le travail qui est associé avec ce type de diplôme est assez important, donc je ne voudrais pas qu’il croisse trop vite ! (Rire)

Miss Logy 64

Si le séjour à l’étranger requiert une année supplémentaire à Bristol, dans un contexte où faire des études a un coût de plus en plus élevé, on peut faire l’hypothèse que les étudiants faisant ce choix seront ceux dont le prix du temps ne leur est pas ou peu compté. Ainsi, les étudiants britanniques, mobilisent bien souvent à l’étranger des ressources nationales et des aspirations plus proches « d’un grand tour » que d’intérêts pragmatiques strictement scolaires et/ou professionnels. Le coût des études au Royaume-Uni, en plus d’influer sur le It is a year of study, but you know the courses in these universities, University of Bordeaux, or whatever, are all conducted differently from each other and to our courses. And students often found it quite difficult. Few students manage to get good results. So, we have to take another year… We can’t really award them a degree on that basis. Because very often they fail their exams. […]

But you keep some marks from the year abroad…

Yes. But there is not a simple answer for that. We have to give them a mark from the year abroad and even if they fail. […] So, it a sense the year abroad or the previous years, even if they stay here, may not count a lot. On the other hand if they don’t do so well in the fourth year, then the year aboard might be count more. We just try to make this year the more profitable for them. […] Sometimes we use the exams marks from the system in use abroad, sometime we make a new exam, but we must hand out an assessment for that year.”

64 You said that doing a stay abroad is good to get a job…

Probably. I don’t know about better… I suppose they have an ability to apply to jobs over wide area, so they can find a job on the continent where they studied the language. Don’t necessary mean they get a better job, they get perhaps the same job but in different countries, they have more options… I know it is good for their confidence, when they come back for a year abroad they grow a lot in confidence […] when they come back they are definitively more confident than when they left, what is a good point. […]

There are more requests than places.64 “No there are more places than requests at the moment, but the degree just started 3 years ago. […] I haven’t got problem in terms of sending students to universities where there are not enough places. […] I believe strongly that learning languages is important, we have to make an effort to learn other European languages, to integrate the rest of the Europe. It is good for students to get that experiment. A lot of people feel strongly British (Laugh)…. feel different in the UK. So I think it is important we do something, that we have some links with Europe.

I think this degree attracts quite a lot of applicants. […].actual number can be low, because some decide to go into, like German with X degree somewhere else. But it is a new degree, so they used to be small in the start. […]But the work which is associated with this degree is quite high, so I wouldn’t want it to grow huge! (Laugh) taux de participation, a, semble-t-il, des conséquences sur la morphologie sociale de la population des étudiants Erasmus sortants. Une morphologie qui, par ailleurs, dépend des affinités sélectives entre institutions d’enseignement supérieur. Les universités en relation d’échange ne semblent pas déroger à la règle de l’union par ressemblance.

Les échanges Erasmus ont la caractéristique de se baser sur des contrats bilatéraux signés par des enseignants-chercheurs de deux départements, avec l’accord des Services de Relations Internationales des universités concernées, comme nous l’avons souligné.

Depuis la restriction du nombre de contrats en Grande-Bretagne, à la fin des années 199065, les enseignants-chercheurs britanniques ont conservé leurs échanges avec les « universités culturellement et traditionnellement proches des standards britanniques », selon les propres termes du responsable Erasmus d’un département de Sciences Humaines de l’Université de Bristol.

Dans le même temps, la plupart des responsables Erasmus, hors départements de langues, déclarent avoir réduit, voire suspendu leurs contrats avec des institutions où leurs étudiants étaient « mal accueillis » ou « mal suivis » ou encore dont les programmes proposés étaient trop éloignés de ceux de leur université. Les contrats signés avec certains pays et institutions universitaires, en raison d’une organisation des études et des examens universitaires jugée par trop différente (ou du peu de moyens mis à disposition pour les étudiants Erasmus), ont été revus à la baisse.

Ce processus de diminution sélective des échanges pratiqué outre-Manche peut s’illustrer par la politique d’un département de Sciences et Structures de la Matière que nous avons visité. Les échanges de ce département se font uniquement, en direction de la France, avec des écoles d’ingénieurs, seules à même, selon les dires du responsable Erasmus local, de garantir une qualité des études équivalente, voire supérieure, à celle du département de son université.

En direction de l’Italie quels que soient les départements, les échanges se font majoritairement avec des universités anciennes (Bologne, Sienne), à la renommée bien établie, les universités du Mezzogiorno, moins cotées, ayant quant à elles du mal « à recruter» parmi les étudiants britanniques.

Même les départements de langues des universités britanniques, soucieux de maintenir leurs contrats avec le plus grand nombre possible d’universités européennes (le séjour d’un an à l’étranger étant obligatoire pour un étudiant qui prépare une licence), ont vu dans la période récente, le nombre de leurs étudiants Erasmus diminuer, au profit de formes de mobilité de plus en plus appréciées : les stages professionnels (work placements) à l’étranger. D’une durée comprise entre 3 et 12 mois, ils permettent à la fois aux étudiants britanniques d’obtenir un revenu financier et aux autorités universitaires de tutelle de ne pas être contraintes par des obligations d’échange66.

65 Entre l’année 1999-2000 et l’année 2001-2002, le nombre d’étudiants britanniques sortants est passé de 10 056 à 8475 et le nombre d’étudiants entrants de 20 685 à 17 660, selon le rapport finale du SCRE (The Scottish Council for Research in Education) publié en avril 2004 .

Ce processus d’affinité sélective fait que l’université de Bristol, grégorienne et bien classée dans la hiérarchie des universités britanniques, a maintenu principalement des liens avec d’autres universités ou institutions en Europe qui lui ressemblent. A contrario, parmi les universités nées de la massification scolaire (les « red brick universities »), il en va tout autrement.

C’est ainsi, à titre d’exemple, que les départements de Sciences et Structures de la Matière de l’université du Sussex ont des contrats avec des départements d’universités françaises créées elles aussi dans les années soixante pour faire face à l’augmentation du nombre de bacheliers, (l’université de la Méditerranée, Luminy plus précisément, pour ne prendre qu’un exemple).

Le cas italien atteste également cette sélectivité en réseau : l’école polytechnique de Turin (« Politecnico di Torino », réputée historiquement pour avoir formé les ingénieurs de la FIAT, a de nombreux contrats avec des écoles françaises d’ingénieurs (plus de dix), alors que l’Université polytechnique de Bari (localisée dans la région des Pouilles) par exemple, n’enregistre que de rares échanges avec des écoles d’ingénieurs françaises (moins de 5).

De même l’université Politecnico di Torino a, parmi ses partenaires, plus de 10 universités britanniques, alors que le Politecnico di Bari, en compte à peine deux : Coventry University et Loughborough University, toutes deux peu prestigieuses. Ainsi, d’après l’étude de l’observatoire statistique de l’université de Bologne sur 40 000 diplômés de l’année 1999, conduite dans 18 universités italiennes sur tout le territoire67, les établissements possédant le pourcentage le plus élevé de diplômés Erasmus (supérieur à 10%) se trouvaient tous situés au nord de Rome (Trento, Sienne, Trieste, Venise, Polytechnique de Turin et Florence).

66 Dans les départements de langues, les enseignants notent que le développement des postes d’assistants en langues (language assistantships) dans l’enseignement secondaire fait du séjour Erasmus un second choix pour beaucoup d’étudiants. Dans les universités britanniques, la baisse de la demande pourrait ainsi conduire à réduire encore davantage le nombre de places Erasmus disponibles au sein des départements (pour les étudiants sortants et par conséquence pour les étudiants entrants).

67 CAMMELLI (A) – A cura di – I laureati ERASMUS/SOCRATES anno 1999: Origine sociale, curriculum studiorum, Condizione occupazionale, Osservatorio Statistico dell’università degli Studi di Bologna, Febbraio 2001, 59p

En dehors, là encore, des départements de langues, les enseignants-chercheurs responsables Erasmus se réfèrent à une communauté de culture pour justifier leurs choix. A ce titre, l’Espagne se révèle être la première destination des étudiants Erasmus italiens.

Quelles que soient les affinités culturelles affichées qui justifient la réalité des choix opérés par les professeurs turinois en matière de contrats, les critères d’excellence fortement induits par la compétition économique ne sont pas pour autant ignorés. Le peu de places dont disposent certains départements d’institutions universitaires de second rang et la forte demande des étudiants obligent les professeurs à une sélection plus forte de ceux désirant se rendre notamment en Grande-Bretagne et en Irlande.

Avec pour conséquence de renforcer davantage les modalités de la sélection scolaire, que nous allons évoquer. En France, nous observons également ce phénomène d’affinité sélective en comparant les universités partenaires des deux secteurs du système d’enseignement supérieur que sont les universités et les Grandes Ecoles. Des liens de prédilection s’observent entre anciennes universités européenne, qui se fondent sur des réputations héritées d’une longue histoire. Sans compter que les destinations choisies renforcent au sein de chaque institution la diversification sociale des parcours étudiants et ses effets sur les futures trajectoires scolaires, migratoires et professionnelles.

Migrer au nord, au sud ou bien à l’est de l’Europe, obtenir son premier choix ou au contraire accepter une place de second choix a une réelle signification sociale. Certaines destinations requièrent une sélection parfois très sévère (variable suivant les pays et les départements), quand la demande dépasse de loin l’offre de mobilité.

Dire que les étudiants italiens ou français ont une nette préférence pour l’Espagne, en regardant seulement les chiffres de la mobilité réelle (réalisée) serait, par conséquent, ignorer la mobilité potentielle et sa signification. Ce serait également généraliser sur les motivations des étudiants Erasmus, qui varient grandement suivant la destination choisie et le cursus suivi.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La nullité du contrat de travail
Université 🏫: Université De Lille 2 - Faculté des sciences politiques, juridiques et sociales - Droit et Santé
Auteur·trice·s 🎓:
Séverine Dhennin

Séverine Dhennin
Année de soutenance 📅: Mémoire préparé dans le cadre du DEA droit social mention droit du travail - 2000-2015
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