L’interface graphique d’édition de documents numériques, système SPECS

L’interface graphique d’édition de documents numériques, système SPECS

5.4.5 L’interface graphique d’auteur

Un composant de l’espace d’auteur qu’il convient d’étudier plus en détail est l’interface graphique d’édition de documents. Cette interface est incluse dans un environnement d’espace de travail sur le Web qui s’inscrit dans une approche collaborative dans la mesure où tous les auteurs peuvent utiliser et réutiliser des documents, des parties de documents, ainsi que les objets médias disponibles dans le répertoire de médias.

L’espace d’édition est ainsi le composant qui permet aux auteurs de rédiger et de modéliser le contenu de documents pédagogiques numériques. Il est divisé en sous-sections correspondant aux parties d’un module : les informations génériques du cours ou métadonnées, les informations pédagogiques et les séquences.

Pour l’espace de saisie du texte, nous avons opté pour l’emploi de formulaires Web enrichis par des fonctionnalités interactives pour la modélisation du contenu. Ainsi, un auteur sélectionne les parties de texte à modéliser et en cliquant sur le bouton correspondant à la balise sémantique, le système les insère.

Le design de l’espace d’édition a été conçu dans le but de fournir une interface graphique simple aux auteurs. Dans cette optique, l’analyse de systèmes du chapitre précédent et une méthode du design théorique comme la théorie du management et de la conversation de Winograd et Flores [WIN 86], a constitué la base de notre approche.

Le principal problème que nous avons rencontré a concerné la manipulation de balises et leur représentation. Nous avons vu que dans le cadre de systèmes d’édition fondés sur le formatage, les interfaces d’utilisateur proposent deux solutions : un éditeur WYSIWYG ou des techniques de masquage de balises.

Mais si notre intérêt est de promouvoir un usage évolutif de la sémantisation d’éléments d’un document pédagogique numérique et de séparer le fond de la forme, ces deux solutions semblent insuffisantes.

De ce point de vue, nous considérons qu’est importante une certaine évidence des signes linguistiques représentant le nom des balises sémantiques. Autrement dit, il nous semble essentiel d’avoir affaire avec les balises elles-mêmes plutôt qu’avec une autre représentation.

Cette entreprise peut paraître déconcertante aux auteurs lors d’une première utilisation. Néanmoins sa pratique appartient à ce que Winograd et Flores classifient comme ruptures ou « breakdowns » : « Par breakdowns nous entendons les moments d’interruption de notre « être au monde » habituel, standard et confortable » [WIN 86 : 76].

En effet, l’idée de breakdown appliquée au design de logiciels explicite que nous, en tant qu’utilisateurs, développons notre rapport avec un outil informatique par de constantes modifications et adaptations de notre comportement avec les composants du hardware et software. Un exemple peut être l’identification de touches sur un clavier d’ordinateur.

Un utilisateur débutant regarde constamment la position de la touche A, par exemple, mais après une certaine période d’utilisation, la pression sur cette touche devient une opération intériorisée qui se réalise presque par instinct, peut-être jusqu’au moment où ce même utilisateur emploie un clavier américain sur lequel la touche Q prend la place de la touche A.

De manière analogue, les utilisateurs étant en rapport avec une notation à base de symboles linguistiques et mathématiques pourront s’adapter au fur et à mesure qu’ils développent l’habitude de travailler avec elles et c’est dans ce sens que la notation sémantique aide également à réaliser cette fin.

Dans ce contexte, il est évident que le processus d’édition de documents est sujet au changement, du formatage à la modélisation. Pendant le processus de modélisation, l’auteur insère du contenu et ajoute ensuite les balises correspondantes, au lieu d’insérer du contenu et de lui donner un style.

Ce processus est valable aussi bien pour le traitement de textes que pour les médias. En effet, SPECS dispose d’une fonctionnalité semi-automatique d’ajout d’objets médias à partir du répertoire de médias ou de l’adresse URL d’une ressource sur le Web.

La version actuelle de notre espace d’édition est le résultat d’un processus de « design participatif » (participatory design [WIN 96]) avec le personnel du Campus numérique COMOR de l’Université Paris V. Dans ce sens et en raison du fait que notre système a été installé et utilisé par des auteurs à cette université, nous avons proposé plusieurs maquettes comme solution à l’espace d’édition. Les auteurs utilisaient ces maquettes et discutaient ensuite de leur « utilisabilité ».

Le résultat des discussions apportait des corrections à l’interface jusqu’au moment où celle-ci répondait de manière satisfaisant aux attentes.

Conclusion

La réalisation pratique de notre approche des « documents pédagogiques numériques » a été mise en place à travers le système SPECS qui a la particularité de constituer une application pour leur production dans environnement hypermédia étendu comme le Web.

En nous situant dans un contexte contemporain de l’éducation assisté par les TIC et afin de répondre à certaines des limites posées par les plateformes d’enseignement à distance, nous avons développé l’outil SPECS comme un prototype de système d’auteur ayant comme objectif de tester la pertinence d’une approche centrée sur les structures.

Il constitue ainsi une alternative à la création de contenus, alternative qui n’est pas fondée sur des principes d’édition basée sur le formatage, mais plutôt sur des stratégies de repérage des éléments constituant un code pédagogique et sur la possibilité d’inventer diverses manières de les représenter en accord avec les codes hypermédias.

La phase d’implémentation de notre système SPECS a été conduite dans un cadre d’utilisation réelle au sein des universités Paris V et VIII. Son utilisation implique de la part des auteurs la modélisation de contenus à partir d’un modèle pédagogique de documents et, d’autre part, la représentation sous format hypertextuel pour les apprenants.

En effet, nous avons pris en compte des techniques pour exploiter les différents composants d’un document pédagogique numérique sous des formes issues des domaines des hypermédias, soit comme éléments indépendants, soit comme ressources imbriquées dans des structures plus larges. « Dès l’instant où la structuration physique des documents reflète un effort de structuration logique de la part de l’auteur et si celui-ci a conscience d’intégrer ses documents au sein d’un ensemble beaucoup plus vaste dont il peut tirer profit au moyen des références croisées, alors l’hypertextualisation automatique révèle qu’un document linéaire, de type technique, possède intrinsèquement des potentialités hypertextuelles » [BAL 96 : 143].

Dans la partie qui suit, nous présentons les expériences et résultats obtenus lors de l’emploi de notre système d’un point de vue pratique et dans un contexte réel, ainsi qu’une discussion sur les limites de notre approche et le travail futur de notre recherche.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’objet technique hypermédia : repenser la création de contenu éducatif sur le Web
Université 🏫: Université De Paris VIII
Auteur·trice·s 🎓:
Everardo Reyes García

Everardo Reyes García
Année de soutenance 📅: Discipline: Sciences de l’information et de la communication - 14 février 2007
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