Etat des lieux de l’enseignement de l’entrepreneuriat au Liban

Etat des lieux de l’enseignement de l’entrepreneuriat au Liban

II.3 Etat des lieux actuels de l’enseignement de l’entrepreneuriat au Liban

Nous allons présenter l’état actuel de l’enseignement de l’entrepreneuriat54 au Liban en évoquant, tout d’abord les établissements intéressés et en essayant de dater l’origine de ce type d’enseignement, puis nous soulignons l’importance du rôle tenu par Berytech et Bader dans l’apparition et le développement des vocations et des capacités entrepreneuriales des étudiants et des personnes formées.

II.3.1 Les établissements précurseurs

En France, depuis les années 2000, entreprendre est devenu une discipline, dont les règles et principes essentiels peuvent être enseignés et appris. Schieb-Bienfait note que le processus de légitimation de l’enseignement de l’entrepreneuriat apparaît désormais bien engagé, aussi bien dans le milieu économique que dans le milieu économique.

Suite à un entretien fait par Schlierer (2007) avec respectivement le directeur général d’EM Lyon « notre projet éducatif consiste à développer les valeurs entrepreneuriales, mais aussi à préparer des entrepreneurs responsables, ouverts sur le monde … », le président de la fondation Bernhein « l’entrepreneuriat au sens large est notre premier pôle d’activité », et le président de la Solvay Business School

«…Nous avons doublé le nombre de cours d’entrepreneuriat dans le cadre de notre programme d’ingénieur de gestion ». Nous remarquons que l’entrepreneuriat acquiert une place importante dans le projet éducatif des trois écoles de management nommés ci-dessous.

Au Liban, le cas est bien différent. Jusqu’à nos jours, très peu d’universités libanaises offrent un master consacré à l’entrepreneuriat. « Deux grandes universités au Liban s’intéressent sérieusement à l’entrepreneuriat, l’AUB et l’USJ.

Les années 2000 ont en effet été marquées par le développement de cours en entrepreneuriat dans les programmes de gestion de la plupart des universités anglophones (AUB, LAU, NDU, Balamand, AUCE) ou partiellement anglophones (USEK) ainsi qu’à l’USJ et même dans de petites universités (UI, CUT).

Malgré que l’université Libanaise accueille le plus grand nombre d’élèves, nous ne notons aucun intérêt par l’état à installer des cours et formations relevant de l’entrepreneuriat.

Il y a total absence de l’enseignement de l’entrepreneuriat à l’UL. L’AUB est la pionnière à s’intéresser à la recherche en entrepreneuriat suite aux efforts de Philipe Zgheib qui donne soutien à la recherche en entrepreneuriat à l’AUB.

En fait, la place de l’entrepreneuriat à l’AUB est diffuse, il existe un programme d’entrepreneuriat dans l’école de gestion, et plusieurs cours en entrepreneuriat.

Suite à l’activation du centre de recherche en gestion et des efforts déployés par son ex-directeur Thierry Levy-Tadjine, l’USEK est devenu la deuxième université qui anime la recherche en entrepreneuriat et suscite les étudiants à ce champ.

L’ESA, fondée conjointement par les gouvernements français et libanais, offre un master management à vocation entrepreneuriale.

Pour avoir une représentation de l’autre coté, l’UI créé en 1995 par un conseil supérieur chiite, offre des cours en stratégie des PME que nous veillons nous-mêmes pour sensibiliser les étudiants à l’entrepreneuriat.

L’USJ est la seule université à offrir en 2000 un master exclusivement consacré à l’entrepreneuriat : master en gestion et management option entrepreneuriat et nouvelles technologies. Ces expériences pionnières ont restées très longtemps sans développement et encouragement.

Nous assistons depuis peu à une prise de conscience très modeste de la part des établissements d’enseignement supérieur à introduire un master option entrepreneuriat. Cela se traduit par des projets et des annonces : AUB, ESA, USEK.

Il existe une grande disparité dans les actions de sensibilisation et de formation en entrepreneuriat développées au sein des établissements d’enseignement supérieur libanais.

Tableau 10. Actions de sensibilisation et/ou de formation en entrepreneuriat (Levy-Tadjine, 2008)

UniversitéExistence d’actions ou de formations ou unitésd’enseignement en entrepreneuriat
AUBOui
USJOui
ULNon
USEKOui
ISAE-CNAMNon
Université antonineNon
UIOui
Université la SagesseNon
LAUOui

II.3.2 Les initiatives privées

A travers un périple international sur douze pays différents, Schmitt et Lopez Monsalvo (2008) schématise la relation entre université et entrepreneuriat à l’aide du prisme de la régulation sociale développée par le sociologue Reynaud (1997).

En positionnant le Liban dans ce périple, le pays s’inscrive dans une démarche de régulation autonome qui renvoie à des actions et des règles de fonctionnement provenant principalement des acteurs de l’université ou des initiatives privées.

La régulation autonome selon les auteurs naît souvent localement de la volonté de quelques personnes de développer des actions dans le domaine de l’entrepreneuriat.

Donc, plus proche, dans sa construction de la relation U-E, du modèle mexicain et français où les initiatives privées ont initié la relation, nous notons deux dispositifs au Liban : Bader et Berytech.

Berytech

Fondé en 2002 à l’initiative de l’USJ, Berytech est la seule structure d’incubateur au Liban. L’incubateur est avant tout un instrument et un espace de dialogue et de construction entre les porteurs de projet et les parties prenantes possibles par rapport au projet (Schmitt, Berger- Douce et Bayad, 2005).

Berytech a, donc, pour mission d’encourager l’entrepreneuriat au Liban et accompagner les jeunes créateurs ayant des projets touchant à la technologie, aux multimédias et à la santé en leur fournissant des formations et des aides.

L’incubateur est avant tout un instrument et un espace de dialogue et de construction entre les porteurs de projet et les parties prenantes possibles par rapport au projet (Schmitt, Berger- Douce et Bayad, 2005).

Le processus d’incubation de Berytech permet à des porteurs de projets et les jeunes entreprises en phase de démarrage de bénéficier de conseils tout en étant physiquement hébergées sur les lieux.

En outre, les incubatées seront étroitement accompagnées par un tuteur pour la durée de leur période d’incubation, à travers laquelle ils bénéficieront de la gestion budgétaire et le suivi. En parallèle, Berytech effectuera la vérification périodique de l’évolution du projet.

Bader est un programme de sensibilisation inter-établissement
Crédit: baderlebanon.com

Bader

Bader est un programme de sensibilisation inter-établissement, créée en 2005 à l’initiative de jeunes entrepreneurs à travers l’organisation des conférences dans la plupart des universités.

Bader a pour but de promouvoir l’initiative privée en inspirant la jeune génération et apportant un soutien aux entrepreneurs par l’éducation, le financement et le networking.

Ainsi, Bader développe des outils pour promouvoir l’enseignement de l’entrepreneuriat pour les jeunes libanais à travers des initiatives propres à Bader et ses partenariats avec les établissements d’enseignement.

Après la présentation de l’entrepreneuriat et de ses enjeux dans les universités, un entrepreneur témoigne de son expérience et de son parcours ce qui suscite l’intérêt des étudiants55.

55 Nous avons assisté à une conférence présentée par Bader à l’université AUST à Ashrafieh, nous avons noté particulièrement la quasi-absence des étudiantes.

Il facilite l’accès au capital pour les start-ups et les PME par le développement de projets axés sur le financement, des institutions partenaires, et des initiatives propres Bader. Bader crée des opportunités de networking au Liban et avec la diaspora libanaise pour faciliter le développement de start-ups et les PME au Liban.

Enfin, Bader organise chaque année la MIT arab business plan compétition. Ses partenaires académiques sont : l’université libanaise, l’université américaine et l’université Saint-Joseph.

Education Finance Networking

Malgré cette mise en œuvre des dispositifs par des initiatives privées, l’Etat est resté sourde à l’entrepreneuriat à la différence d’autres pays où l’Etat a initié la mise en œuvre de dispositifs et de lois (Vietnam, Iran, Turquie, France, Mexique, Maroc), sachant que le poids de l’entrepreneuriat au sein de l’université dépend fortement de la place que les gouvernements veulent accorder à celui-ci (Schmitt, 2008).

Au Liban, il n’existe aucun plan, ni de stratégie précise pour assurer la sensibilisation, l’enseignement et le développement de l’entrepreneuriat, ni de politiques d’accompagnement ou de financement de la création d’entreprise.

Aucun budget spécifique n’a été alloué à plusieurs ministères et organisations publiques afin de développer l’esprit d’entreprise.

« La qualité de l’enseignement dispensé par les grandes universités du Liban, le dynamisme des diplômés libanais (…) pourraient être un atout majeur, si l’Etat et le secteur privé décidaient ensemble d’adopter l’un ou l’autre des modèles qu’offrent de petits pays comme l’Irlande, Singapour ou Taïwan qui ont connu des transformations majeures en l’espace de quelques décennies et acquis une importance régionale significative » (Corm, 2003).

Il reste à souhaiter que les signes encourageants enregistrés au Liban pendant la période récente (création de Berytech, Bader, compétition, etc) « débouchent sur la mise en place rapide d’un véritable statut correspondant aux attentes croissantes de l’environnement vis-à- vis de l’entrepreneuriat et de sa diffusion par le canal de l’enseignement universitaire » (Saporta et Verstraete, 2000).

Doter des politiques et des moyens appropriés est la meilleure voie pour permettre au système éducatif de jouer un rôle primordiale dans la socialisation entrepreneurial.

Les neuf recommandations proposées par le rapport de l’INSEE(2003) au gouvernement mettent l’accent sur des actions à entreprendre pour développer la formation à l’entrepreneuriat :

  • créer un environnement favorable à l’initiative de l’enseignement primaire et secondaire (contacts avec les entreprises, bande dessinée spécialisé) ;
  • généraliser les actions de sensibilisation dans l’enseignement supérieure (témoignages d’entrepreneurs, visites de start-up, création de réseaux spécialisés) ;
  • promouvoir le thème entrepreneurial dans la presse (journaux et revues) ;
  • susciter et sélectionner les projets (présence d’incubateurs) ;
  • une pédagogie adaptée aux besoins du porteur de projets ;
  • favoriser le passage des entrepreneurs par la formation continue ;
  • assurer le développement des organismes de promotion de l’entrepreneuriat (académie de l’entrepreneuriat, observatoire des pratiques pédagogiques) ;
  • assurer le recrutement d’un corps d’enseignants-chercheurs de qualité (professeurs et maitres de conférences en droit, en économie et en gestion) ;
  • développer la recherche sur l’entrepreneuriat (laboratoires à l’université, création de revues scientifiques et de réseaux de recherche).

Nous proposons, maintenant de souligner quelques éléments pour jeter un regard plus actuel sur la situation de l’enseignement de l’entrepreneuriat au Liban.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’intention entrepreneuriale des étudiantes : cas du Liban
Université 🏫: Université NANCY 2 - Institut d’administration des entreprises IAE
Auteur·trice·s 🎓:
Léna SALEH

Léna SALEH
Année de soutenance 📅: Thèse de Doctorat ès Nouveau Régime Sciences de Gestion - 2020
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