Le comportement des banques dans l’allocation des crédits aux entreprises – Section II :
L’objectif essentiel d’une banque est la maximisation de ses profits. Le préalable à l’octroi d’un prêt sera donc l’évaluation à priori des coûts et des gains espérés du prêt, le résultat de cette évaluation sera contingent au taux d’intérêt choisi.
Pour être profitable, la banque doit éviter les problèmes de sélection contraire et d’aléa moral.
Ces problèmes entraînés par l’existence d’asymétries d’informations permettent de comprendre le comportement des banques dans l’octroi du crédit, en particulier leurs stratégies de sélection (filtrage, screening) et de contrôle (supervision, monitoring)

II.1. La sélection des emprunteurs (screening)

En présence de sélection contraire, il est important d’identifier quels sont les emprunteurs qui ont le plus de chance de rembourser.
La banque doit donc collecter des informations sur les emprunteurs potentiels. Ces informations peuvent être d’ordre comptable à partir par exemple du bilan, des comptes de résultats et des ratios financiers construits à partir de ces états.
La banque peut aussi s’intéresser à savoir la nature de l’activité de l’entreprise et l’environnement dans lequel elle évolue. La banque sera également attentive au montant des autres dettes déjà contractées par l’entreprise.
En effet, une entreprise trop endettée, aura moins de chances de rembourser tous ses crédits.
De même, quand l’entreprise dispose d’un montant important de fonds propres, cela constitue un bon indicateur pour la banque. En fait, dans ce cas, l’endettement relatif au capital est faible et présente par conséquent moins de risque (Bernanke et Gertler (1989), cité par Joumady (2001)).
Ces fonds propres donnent également aux entreprises la possibilité d’éviter le rationnement de crédit grâce à la forte garantie hypothécaire qu’ils permettent de mettre en place (Gale (1990)).
L’analyse de l’impact de certains de ces facteurs et bien d’autres facteurs dans la décision de la banque de prêter aux entreprises, sera présentée par la suite dans le chapitre consacré à l’étude empirique (Chapitre II).

II.2. La supervision des emprunteurs (monitoring)

Une fois le crédit accordé, l’entreprise peut s’engager dans des activités plus risquées que celles pour lesquelles le crédit a été contracté.
Pour éviter cet aléa moral, la banque devra inscrire dans le contrat du prêt des clauses obligeant l’entreprise à ne pas s’engager dans des activités plus risquées.
Dans ce cadre d’étude, plusieurs travaux sont réalisés par les caisses de garanties ou sociétés de capital risque. A signaler aussi que c’est une méthode qui est appliquée par les institutions de micro finance.

II.3. Les relations de clientèle de long terme

Un autre moyen pour la banque d’avoir des informations sur ses emprunteurs est de créer des relations de clientèle de long terme.
En effet, si un emprunteur potentiel a déjà un compte bancaire depuis un certain temps dans la banque auprès de laquelle il demande le crédit, celle-ci pourrait dégager des informations intéressantes sur la situation financière de ce futur client.
La banque pourrait aussi avoir des informations sur le comportement de remboursement de l’emprunteur, si ce dernier a déjà eu à emprunter auprès de cette banque.

II.4. Les garanties

Ces garanties permettent aux banques de réduire les risques de non remboursement. En effet, si l’emprunteur ne rembourse pas, la banque peut vendre les actifs mis en garantie et récupérer une partie ou la totalité de l’emprunt non remboursé.
Bester((1985), cité par Joumady (2001)) introduit les garanties dans un modèle à la Stiglitz- Weiss (1981), et montre que les banques peuvent alors distinguer les différents emprunteurs et ainsi le crédit n’est plus rationné.
Mais, selon Bhattacharya et Thakor ((1993), cité par Henri wamba (1999)), les types d’emprunteurs varient et donc la banque aura des coûts supplémentaires pour mettre en place de nouvelles variables de contrat et ainsi un classement complet n’est pas toujours possible.

II.5. Le scoring

Le crédit scoring est une méthode d’évaluation du risque dans les demandes de crédit, en appliquant des techniques statistiques sur une base de données déjà existante.
Le but de cette méthode est d’évaluer le pronostic de remboursement des entreprises candidates aux prêts et la probabilité que les emprunteurs déjà existants seront solvables.
Cette technique permet aux organismes de crédit d’évaluer plus finement le risque, grâce à une utilisation performante des ressources telles que : le classement plus rapide des bons et des mauvais payeurs, l’identification des demandeurs de crédit situés en ‘‘zone grise’’.
Cette évaluation plus rapide des demandes va aboutir à un service clientèle de meilleure qualité et à un portefeuille plus étoffé.

II.6. Le rationnement du crédit

Parmi les moyens que la banque utilise pour faire face aux problèmes d’aléa moral et de sélection adverse figure le rationnement du crédit.
Dans ce cas, la banque refusera d’accorder des crédits à certains emprunteurs même s’ils sont prêts à emprunter à des taux d’intérêt élevés.
Pour développer d’avantage ce point (puisqu’il répond plus précisément à l’objectif de notre mémoire), on se propose de consacrer la section qui suit à la revue des études antérieures sur le sujet et à une analyse empirique des déterminants du rationnement du crédit.
Notre analyse se basera par la suite, dans un deuxième chapitre sur l’exploitation de l’enquête du Ministère de l’Industrie et du Commerce (2000) en collaboration avec la Banque Mondiale sur « Le secteur manufacturier marocain» et l’enquête de la Direction de la Statistique 1999-2000 sur le secteur informel non agricole.
Le but étant de comparer les difficultés que rencontrent les micro entreprises exerçant dans l’informel dans leur accès au crédit bancaire par rapport aux entreprises formelles.
Lire le mémoire complet ==> (Risque, incertitude et financement des micro entreprises au Maroc
Etude comparatiste avec les entreprises formelles du secteur manufacturier marocain
)

Mémoire pour l’obtention du DESA – UFR « Econométrie Appliquée à la Modélisation Macro et Microéconomique »
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et sociales – Université Hassan II

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