Les applications pratiques de la ZPD révèlent comment la dictée négociée transforme l’apprentissage orthographique des élèves. En mettant en avant l’importance des interactions entre pairs, cette recherche offre des solutions innovantes pour améliorer les compétences en français langue étrangère, avec des implications significatives pour l’éducation.
Chapitre 3 : La zone proximale de développement
(ZPD)
Introduction
La zone proximale de développement introduite par le psychologue russe Lev Vygotsky, désigne la différence entre ce qu’un enfant peut réaliser seul (son niveau actuel de développement) et ce qu’il peut réaliser avec l’aide.
Pour Henri Wallon (1946) : « il (l’individu) est génétiquement sociale », la même idée est exprimée par Vygotski qui dit que l’être humain se caractérise par une sociabilité primaire et la sociabilité de l’enfant est le point de départ de ses interactions sociales avec son entourage. Cette dernière est un élément essentiel du processus d’apprentissage parce que quand on parle d’apprentissage en générale on doit prendre en considération qu’il s’agit d’un processus dont la base réside dans l’interaction sociale.
Dans ce chapitre intitulé la zone proximale de développement, plusieurs éléments seront traités dont entre autres : la définition de la zone proximale de développement, les tâches développementales, le niveau actuel et le niveau potentiel et l’enseignement dans la zone de développement.
Définition et impact de la zone proximale de développement(ZPD) sur l’apprentissage de l’enfant
- Définition
La zone proximale de développement est un concept proposé par Lev Vygotski ; Selon BERNICOT (2006), il s’agit de mettre l’accent : « sur l’importance des interactions sociales pour l’acquisition comme pour le fonctionnement du langage ».
Elle est également définie comme la : « Zone où l’élève possède certaines ressources lui permettant d’effectuer des apprentissages (sociaux ou académiques) avec de l’aide. » (http://gestiondeclassecss.weebly.com/uploads/8/4/6/8/8468477/fiche_2.7_la_zone_proximale_de_d%C3%A9veloppement.pdf.)
VYGOTSKI, quant à lui, il avance la définition suivante :
« La zone proximale de développement est la distance entre le niveau de développement réel tel que déterminé par la résolution indépendante des problèmes et le niveau de développement potentiel tel que déterminé par la résolution de problème avec l’aide des adultes ou en collaboration avec des pairs plus compétents. »
Impacts sur l’élève
Enseigner dans La ZPD de l’élève l’aide à progresser dans ses enseignements mais pourrait lui poser également problème au début. L’enseignant doit savoir que des répercussions d’ordre psychologique peuvent se manifester chez l’apprenant. Ce dernier risque de sentir de l’anxiété une fois qu’il se retrouve dans la ZPD, mais celle-ci demeure gérable pour l’élève.
À moyen et à long terme, cette anxiété liée à l’activité réalisée va diminuer et cède la place au sentiment d’efficacité personnelle qu’éprouve l’apprenant ce qui lui permet de progresser et de réussir ses apprentissages.
L’apprentissage donne donc naissance, réveille et anime chez l’enfant toute une série de processus de développement internes qui, à un moment donné, ne lui sont accessibles que dans le cadre de la communication avec l’adulte et de la collaboration avec les camarades, mais qui, une fois intériorisés, deviendront une conquête propre de l’enfant.
Les tâches développementales
Pour enseigner dans la zone proximale de développement, l’enseignant doit choisir des activités qui contribuent au développement des fonctions psychiques de l’enfant ; en effet, l’apprentissage des tables de multiplication ou de l’orthographe des mots d’usage par cœur paraît difficilement constituer une tâche développementale à la façon dont Vygotski les conçoit, puisqu’il contribue uniquement à exercer la mémoire naturelle, contrairement à des activités qui permettent de réfléchir sur les régularités présentes dans les tables ou sur l’aspect morphologique des mots à orthographier, qui favorisent le développement du raisonnement.
Les fonctions psychiques originales du genre humain (langage oral et écrit, pensée conceptuelle …) se développent non à partir du dedans biologique, mais du monde socioculturel historiquement produit grâce aux médiateurs décisifs.
Niveau actuel et niveau potentiel
Selon Vygotsky, la distance entre le niveau de développement potentiel et actuel est établi par rapport à la capacité de l’enfant à résoudre les problèmes lorsqu’il est guidé par quelqu’un qui a un développement plus avancé.
Les tests de quotient intellectuel QI ne permettent pas d’évaluer le développement de l’enfant parce qu’on doit évaluer les fonctions en devenir, celles « qui ne sont pas encore arrivées à
maturité, mais qui sont en train de mûrir, les fonctions qui mûriront demain, qui aujourd’hui sont à l’état embryonnaire. » (Yvon et Zinchenko. 2011 : p.184).
Au fur et à mesure que l’apprenant progresse dans ses enseignements, l’enseignant doit lui enseigner ce qu’ils sont capables d’apprendre, c’est-à-dire l’enseignant doit partir des fonctions déjà développées pour passer à celles qui sont en maturation. Vygotski illustre ce propos à travers la lecture-écriture.
Vygotski exprime, dans ses travaux, la différence entre ce que l’enfant apprendra s’il est seul et ce qu’il peut en potentiel apprendre si on lui fournit une aide.
L’enseignement dans la zone de développement
L’enseignement selon la méthode vygotskienne requiert nécessairement l’aide d’un adulte ou d’un pair plus compétent où le pair ou bien l’adulte pose des questions suggestives pour montrer à l’apprenant comment résoudre le problème, le commencement de résolution puis laisser l’enfant le terminer.
On le dote de méthodes de résolution ou de démonstration différentes ou bien on lui donne la solution complète mais on doit demander à l’enfant de refaire le problème parce qu’il ne peut imiter que ce que son développement actuel lui permet de comprendre.
Reuter (2005 : p.219) décrit aussi le rôle de l’enseignent : « …en travaillant avec un élève sur un thème, le maître a expliqué, transmis des connaissances, questionné, corrigé, il a obligé l’élève à expliquer lui-même ».
Selon Vygotski, l’enseignant joue un rôle important qui réside dans : l’explication, la transmission des connaissances, le questionnement, la correction et l’obligation des élèves à refaire l’explication ; cette dernière méthode va contribuer au développement de la prise de conscience chez l’enfant.
L’importance de l’enseignement
L’enseignement joue un rôle important, il est considéré comme un facteur essentiel pour déterminer la zone proximale du développement qui peut être plus clairement mise en évidence en confrontant l’apprentissage de l’adulte avec celui de l’enfant.
Ce n’est que récemment qu’on a commencé à prêter attention à la différence fondamentale qui existe entre ces deux types d’apprentissage. Comme on le sait, les adultes ont à leur disposition de grandes capacités d’apprentissage.
L’idée de James selon laquelle après 25 ans il est impossible d’assimiler de nouvelles idées, a été complètement contredite pas les recherches expérimentales modernes. Pourtant, aujourd’hui encore, on n’a pas suffisamment mis en évidence ce qui distingue l’apprentissage des adultes de celui des enfants.
Des données qui dressent un portrait précis de l’élève pour l’amener à travailler dans sa zone proximale de développement
Le concept de la zone proximale de développement joue un rôle principal dans l’apprentissage de la lecture (Vygotski 1980). A travers la z.p.d., l’élève peut résoudre avec de l’aide un problème qu’il n’aurait pu résoudre seul.
Pour travailler dans la zone proximale de développement, l’enseignant doit choisir le niveau de difficulté des textes qu’il présente à l’élève lors de l’enseignement de la lecture mais l’identification de ce niveau ne doit pas être basée sur l’intuition mais sur des outils entre autres le sondage d’observation.
Ce dernier constitue un avantage et un moyen pour réussir à situer le niveau de lecture de chaque élève. En analysant les méprises dans une séance d’observation, l’enseignent est en mesure de comprendre les systèmes d’indices (stratégies) que l’élève utilise et ceux qu’il néglige et d’orienter son enseignement pour favoriser l’utilisation des systèmes qui sont peu employés.
Il utilise un système d’indices sémantiques et un système d’indices visuels pour évaluer la progression d’un élève.
Rôle des interactions langagières entre adulte et enfant : schèmes sémantico-syntaxiques créateurs et zone proximale de développement.
Les travaux de Bruner (1983/1987) présentent le rôle des interactions entre adulte et enfant (l’interaction de tutelle). À travers cette interaction, l’adulte essaie d’amener l’enfant à résoudre le problème qu’il ne sait pas résoudre seul ; cette dernière (l‘interaction) permet de développer la dimension pragmatique du langage.
Le développement langagier nécessite une intervention de l’adulte dans cette zone proximale de développement pour que l’enfant continue à faire des hypothèses et à progresser.
« Nous avons formulé l’hypothèse que la capacité de l’enfant à structurer son langage pour communiquer sa pensée à autrui de la façon la plus adéquate et la plus explicite ne pouvait être rendue possible que par l’exploitation autonome des schèmes créateurs que lui offrent « ses » adultes au moment voulu. Si une telle offre n’a pas lieu, ou si elle a lieu insuffisamment, ou trop tard, il peut se produire à un certain moment un décalage important entre le potentiel cognitif et le potentiel langagier de l’enfant ». (Lentin, 1973, p. 10).
A partir de cette citation, on peut comprendre que l’enfant peut construire son langage pour communiquer à l’aide de l’intervention de l’adulte.
Vygotski considère que l’enfant grandit en interaction étroite avec deux aspects de la culture : les outils qu’elle produit (langage écrit et oral) et les interactions sociales entre adulte et enfant et entre enfants.
Au cours de ces interactions, le locuteur offre des « schème sémantico-syntaxiques créateurs » que l’enfant peut réutiliser de façon autonome parce que l’interaction tutelle est une répétition de structure déjà entendue.
Le caractère de ces schèmes est « créateur » car pour l’énonciation de l’adulte, il y a virtualité de création d’une modification ou d’un enrichissement du système linguistique chez l’enfant. Wallon (1970) précise que le fonctionnement par intégration de schèmes syntaxiques dans une interaction langagière adaptée entre l’enfant et l’adulte nous semble pouvoir être transposée pour l’acquisition du langage.
Des apports théoriques aux implications didactiques et pédagogiques : mise en œuvre d’interactions langagières éducatives adaptées
La recherche fondamentale sur les processus interactionnels d’apprentissage amène à s’intéresser aux liens entre apprentissage et développement du langage. Elle invite également à réfléchir aux liens avec les apprentissages scolaires puisque c’est par la médiation de l’adulte que l’enfant apprend à parler.
Il parait donc raisonnable d’envisager que l’adulte qui peut être enseignant puisse amener l’enfant à progresser en repérant sa zone de développement actuelle et en l’emmenant vers une zone de développement potentielle, suivant en cela les propositions dites par Vygotski : « le seul bon enseignement est celui qui précède le développement » (1935/1985 p110).
Conclusion
Pour conclure, Vygotski accorde un degré d’importance majeur à cette interaction. Avec de l’aide, l’apprenant peut améliorer son niveau parce qu’il va aborder avec autrui des problèmes plus importants.
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que la zone proximale de développement selon Vygotski?
La zone proximale de développement est définie comme la distance entre le niveau de développement réel tel que déterminé par la résolution indépendante des problèmes et le niveau de développement potentiel tel que déterminé par la résolution de problème avec l’aide des adultes ou en collaboration avec des pairs plus compétents.
Comment la zone proximale de développement impacte-t-elle l’apprentissage des élèves?
Enseigner dans la ZPD de l’élève aide à progresser dans ses enseignements, mais peut également provoquer de l’anxiété au début. À moyen et long terme, cette anxiété diminue et laisse place à un sentiment d’efficacité personnelle, permettant à l’apprenant de progresser et de réussir ses apprentissages.
Pourquoi les interactions sociales sont-elles importantes dans la zone proximale de développement?
Les interactions sociales sont essentielles pour l’apprentissage car elles permettent à l’enfant de développer des processus internes qui, à un moment donné, ne lui sont accessibles que dans le cadre de la communication avec l’adulte et de la collaboration avec les camarades.