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Analyse de l’intervention de la BCC dans la maîtrise de la base monétaire en RDC

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION - DEPARTEMENT D’ECONOMIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d’études approfondies en sciences économiques - 2018-2019
🎓 Auteur·trice·s
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco

La maîtrise de la base monétaire RDC est cruciale pour éviter l’inflation, comme l’illustre l’intervention de la Banque Centrale du Congo (BCC) dans la régulation de la circulation fiduciaire et des dépôts. Cette étude met en lumière l’impact limité des canaux monétaires sur l’économie réelle.


SECTION II : INTERVENTION DE LA BCC DANS LA MAITRISE DE LA BASE MONETAIRE

« Pour éviter l‟inflation, la BCC doit veiller à la base monétaire qui est composée de la circulation fiduciaire (principale composante environ 65% de la masse monétaire) »1, des dépôts en banques commerciales et des autres dépôts (les dépôts dans les institutions financière non bancaire). Elle surveille aussi l‟évolution de l‟offre de la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères. Elle agit en injectant ou en ponctionnant la liquidité des devises sur le marché de change.

Ainsi l‟étude de l‟action de la BCC en rapport avec les instruments relatifs à la maîtrise de l‟inflation sera basée sur l‟adjudication des billets de trésorerie (BTR) et la sauvegarde du pouvoir d‟achat (1) d‟une part, et la gestion de la liquidité et perspectives d‟autres parts (2). L‟examen couvre la période allant de 2007 à 2010. En outre, une évaluation des interventions de la BCC démontre le taux et le niveau de l‟inflation, et du niveau des ponctions faites sur la liquidité au moyen de la vente des billets de trésorerie pour une meilleure issue, et envisager les solutions durables à la sauvegarde du pouvoir d‟achat de la monnaie nationale.

1. L’ADJUDICATION DES BTR ET LA SAUVEGARDE DU POUVOIR D’ACHET : REGULATION DE LA LIQUIDITE

Parmi les trois instruments en la disposition de la BCC, le billet de trésorerie (BTR) permet de réguler la liquidité à très court terme et de répondre particulièrement à des chocs permanents sur la liquidité bancaire. C‟est pour cette raison qu‟il intéresse cette étude. C‟est un instrument que la BCC utilise souvent par rapport aux autres parce qu‟il a l‟avantage de s‟effectuer à court et à long terme. Il facilite la lutte contre les chocs ponctuels. C‟est durant ces années que la BCC a fortement reconnu à cet instrument. Une comparaison est faite entre l‟évolution de la base monétaire et le volume de l‟encours des BTR.

Ce qui conduit à examiner les fluctuations du taux d‟inflation pour ressortir les effets de la politique monétaire menée par la BCC par l‟adjudication des BTR qui est la vente des billets de trésorerie aux banques commerciales pour augmenter ou diminuer le volume de la base monétaire. La base monétaire, formée essentiellement de la monnaie fiduciaire, ne doit pas être insuffisante à la consommation. C’est-à-dire que le consommateur de la monnaie doit en avoir suffisamment pour se procurer les biens et services dont il a besoin. En cas de diminution de la base monétaire, les prix intérieurs auront tendance à augmenter. Ce qui serait une source d‟inflation. Dans ce cas, le consommateur perdra confiance en la monnaie fiduciaire (monnaie nationale).

La politique de change que la BCC s‟est assigné a deux objectifs principaux : lisser les variations des cours de change et améliorer le niveau des réserves internationales. Il s‟agit de sauvegarder le pouvoir d‟achat de la monnaie nationale, encadrer son comportement face aux monnaies étrangères en injectant ou en ponctionnant sur la liquidité.

« En 2007, la politique monétaire mise en œuvre se voulait prudente et restrictive en raison du maintien des taux d‟intérêt réels (taux directeur). »2Ces taux sont créditeurs lorsqu‟ils servent à rémunérer les BTR. La BCC a modifié ces taux quatre fois au cours de cette année.

« Ce taux est passé de 40 à 50% au mois de février ; il est revenu à 40% au mois d‟avril en passant à 30% au mois de mai pour enfin se stabiliser à 22,5% au mois de juillet. Ce taux est resté inchangé jusqu‟à la fin de l‟année. Les souscriptions au BTR se sont élevées à 461 milliards de CDF au 31 décembre. »3 La ponction en liquidité de cet instrument a été de 151,1%. Il est allé de 388,4 milliard de CDF en janvier pour atteindre 461,1 en décembre. Le taux d‟inflation annuel étant de 9,9%, il a connu cinq phase d‟inflation dont les plus fortes au mois de janvier et février (respectivement de 23,6 et 25,5), et d‟août (10,0), qui d‟ailleurs est resté ainsi jusqu‟à la fin de l‟année.

« Les périodes inflationnistes résultent de l‟augmentation du prix du carburant et les produits alimentaires ce qui a entraîné une augmentation des prix du transport. »4 La monnaie nationale ce verra fortement déprécié au début de l‟année. Une situation qui tire ses sources à la préférence des agents économiques à détenir les devises par rapport à la monnaie nationale.

La stratégie de la BCC a consisté à étendre et à approfondir les marchés de change par l‟acceptation des CDF au titre de paiement par les opérateurs miniers, d‟impôts et de taxe. L‟intervention de la BCC sur le marché est de 5,6% suite aux achats de devises, effectués par elle, pour un montant de 66,9 millions d‟USD.

C‟était d‟ailleurs la seule intervention de l‟année.

L‟année suivante, 2008, la BCC n‟a pas changé les objectifs et les instruments de sa politique monétaire. Cette année a connu quatre phases d‟inflation de janvier à mars est allé croissant. Cette poussée trouve son origine dans le financement monétaire du défit budgétaire de la fin de 2007 et à la reprise des hostilités à l‟Est du pays. La BCC étant caissier de l‟Etat est chargé de la mise en œuvre de la politique monétaire, devait agir pour éviter une hausse dans la formation des prix intérieurs. La crise alimentaire et énergétique a causé une surchauffe des prix des produits finis au cours des mois de mars jusque juillet.

Sur le marché international, le prix du baril est passé de 147 USD en juillet pour 65,3 USD en octobre, induisant ainsi une réduction à la baisse des produits pétroliers. D‟octobre à décembre, un relâchement dans la politique monétaire et budgétaire causé par les dépenses sécuritaires suite à la reprise des conflits armés à l‟Ets du pays, a resurgit les pressions inflationnistes d‟où la dépréciation monétaire marquée par forte dollarisation du marché en 2008. Le taux directeur subira ainsi 3 ajustements ; en janvier (24,6%), en juin (30%) et en décembre (40%). Le taux d‟inflation annuel s‟est soldé à 27,5%. L‟adjudication des BTR s‟est élevée 1.444,0 milliards de CDF.

« Soit une augmentation de 16% parce qu‟il fallait faire face aux effets décalés des chocs budgétaires et à l‟inflation par les coûts » (5) « tenant à la hausse des prix sur le plan international. »(6) Suite à la reprise des conflits armés à l‟Est du pays, situation nécessitant une disponibilité des moyens financiers, la BCC n‟a pas pu intervenir sur les fluctuations des taux de change pour essayer d‟influer sur la liquidité. Le marché de change a été animé seulement par les banques et les bureaux de change.

Les dépassements des objectifs budgétaires de 2008 a conduit à une situation monétaire marquée par les tensions en rapport avec la liquidité en 2009. La politique monétaire a été restrictive en vue de faire face aux pressions sur la liquidité et le niveau général des prix. Le taux directeur a été révélé passant de 40 à 55 et 56% au mois de janvier, pour une dernière réforme au mois d‟octobre.

La régulation de la liquidité effectuée au mois de février, principalement par les opérations d‟adjudication de BTR (2.395,7 milliards de CDF) a maintenu les taux stables jusque juillet. En réaction à l‟expansion de la liquidité bancaire, aux tensions inflationnistes, induites par la détérioration de la situation financière du secteur public, et aussi et surtout à la crise financière internationale, la BCC a procédé à un nouveau resserrement de sa politique pour fixer le taux d‟inflation à 53,4% et le taux directeur à 70% vers la fin de l‟année. Pour renforcer l‟action de la politique monétaire, la BCC a recouru à la politique de change via les cessions des devises. Les effets décalés du déficit budgétaire et la crise financière ont causé une forte dépréciation de la monnaie nationale au premier trimestre. La BCC est intervenue par les ventes des devises pour améliorer le taux de change sur le marché.

Environ 48 millions d‟USD vendus au deuxième trimestre. Une autre vente par adjudication est intervenue au mois de juin sans empêcher une dépréciation due à la réapparition des déficits budgétaires. Les dépassements budgétaires de 2008 causé par les dépenses excessives du gouvernement pour essayer de lutter contre les conflits à l‟Est du pays, ont influencé l‟économie.

La BCC n‟a pas pu maîtriser les chocs inflationnistes malgré toutes ses interventions.

« La formation des prix intérieurs est allée croissante durant toute l‟année. Une dernière ponction au mois de décembre va entraîner un ralentissement du rythme de l‟expansion de la liquidité. » (7) « L‟année 2010 est restée caractérisée par une tendance déflationniste. Le taux directeur a été graduellement réajusté pour se situer à 22% à fin décembre. Le taux de l‟inflation s‟est situé à 9,8% sur une base monétaire croissant de 29%. Le volume de BTR a atteint 3.512,1 milliards de CDF. Sur les achats de 1.159,8 millions de USD et les ventes de 1.053 millions de USD, la BCC est intervenue par une cession de 10,0 million de USD en janvier et des achats de 157,0 millions de USD entre mars et août pour lutter contre les tensions observées sur le marché après les festivités de fin d‟année.

Le début et la fin e l‟année ont connu des dépréciations tandis que le cours de l‟année était stable. » (8) Il se pose alors la question de savoir pourquoi la BCC n‟arrive-t-elle pas à faire face aux chocs, endogènes et exogènes qui sont la source d‟inflation.

La banque centrale du Congo réalise des enchères des billets de trésorerie dans le cadre de la régulation à très court terme de la liquidité bancaire. Le billet de trésorerie est un titre de créance négociable émis par l‟Institut d‟Emission. Les opérations sur titre ce sont régies par l‟institution n°20 de la BCC.

Les BTR sont dématérialisé. Les opérations se déroulent à une fréquence hebdomadaire et les titres ad hoc sont émis pour deux maturités : 7 et 28 jours. Les adjudications des BTR ont été remises en place au début du mois d‟août 2015 en vue de conférer une plus grande souplesse à la politique monétaire et de donner davantage l‟initiative à la banque centrale. Elles ont permis de renforcer la régulation de la liquidité.

Dans sa régulation à très court terme de la liquidité des banques, la BCC recourt à l‟adjudication des BTR, c’est-à-dire la cession des billets de trésorerie dans des conditions concurrentielles. Les billets de trésorerie dont des titres de créance négociables sur le marché monétaire et émis par la Banque Centrale. Les billets de trésorerie sont des titres décentralisés et sont tenus en compte titres BTR dans les livres de la Banques Centrale du Congo.

Les billets de trésorerie sont sensibles à l‟attraction monétaire. Leurs détenteurs peuvent les revendre à d‟autres, formant ainsi un marché secondaire des BTR.

2. GESTION DE LA LIQUIDITE ET PERSPECTIVES POUR L’EFFICACITE DE LA POLITIQUE MONETAIRE

« La BCC a un cadre de pilotage qui lui permet de disposer à temps utiles des indications sur l‟évolution de ses repères essentiels quant à la conduite de la politique monétaire et au suivi régulier de la conjoncture » (9). Il vise à mieux faire connaître les canaux de transmission de la politique monétaire, la nature des chocs et leur répercussion sur les différents objectifs ainsi que les ajustements à opérer dans la manipulation des instruments appropriés pour rechercher et préserver la stabilité des prix.

« Il existe une relation indéniable entre la monnaie, le prix et l‟intérêt. L‟offre et la demande de la monnaie déterminent conjointement le niveau des prix dont les variations de traduisent par le taux d‟inflation, lequel à son tour influence le taux d‟intérêt normal. »(10)

Au cours de la période sous examen, les réalisations de la base monétaire ont été évolutives, de même que le comportement des instruments de politique monétaire et budgétaire. Les taux d‟inflation sont très variables trouvant leurs sources aux chocs endogènes et exogènes. Les fluctuations connues sont remarquables au mois de janvier et septembre. Les causes majeures ont été les effets décalés du déficit budgétaire, les conflits armés, la crise financière et économique internationale, la hausse de prix à l‟échelle internationale. Comme pour dire les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

« L‟intervention de la BCC au travers ses instruments est jugée faibles et parfois inexistante (2008). Avec son cadre de pilotage, la BCC peut bien étudier les causes des chocs perçus sur la liquidité et agir en prévention, au lieu de subir les effets des causes connues et qui sont susceptibles de correction pour une meilleure efficacité des politiques monétaires menées par elle.

Le rôle des facteurs de la politique monétaire notamment l‟encours du BTR a été négligé au début de son lancement (2007), mais après l‟expérimentation des avantages qu‟il offre sur la régulation de la liquidité, la BCC à sensibiliser les agents économiques, particulièrement les banques, dans l‟utilisation de cet instrument. Les interventions sur les achats et les ventes des devises doivent agir en prévention et non en correction.

La prévention agit mieux. Il s‟agit d‟intervenir avant de ressentir les effets de l‟augmentation de la demande. »(11)

« La politique économique congolaise a dû faire face à des chocs permanents de liquidité liés au déficit du secteur public. Cette situation est revenue durant toute la période en étude, et dans les écarts entre septembre et novembre, pour se joindre aux festivités de fin d‟année qui causent une inflation constante. Les déficits budgétaires occasionnés par les dépenses du gouvernement causent une diminution sur la quantité de monnaies en circulation. La BCC, exerçant les fonctions de caissier de l‟Etat, dépense plus que ce qu‟elle encaisse. »(12)

Cette situation crée des chocs qui se sont traduits par l‟excès des moyens de paiement dans l‟économie et des perturbations sur les principaux marchés. Dans ce contexte, la BCC durcit sa politique monétaire avec la hausse du taux directeur et le maintien du coefficient des réserves obligatoires en vue d‟atténuer l‟expansion de la base monétaire.

La politique de change s‟assouplit de plus en plus sans avoir l‟effet de sauvegarder le pouvoir d‟achat de la monnaie nationale. Les agents économiques et les résidents préfèrent de lier leurs transactions en devises qu‟en monnaie locale qui se déprécie à perte de vue. Les épargnes et encaisses se dénouent en monnaie étrangères malgré les stratégies de la BCC pour inciter l‟utilisation de la monnaie nationale et son intervention ponctuelle sur le marché des changes, intervention jugée par ailleurs comme inefficace

________________________

1 La masse monétaire est composée de la base monétaire plus les provisions pour importations et les dépôts en devise.

2 Les taux directeurs sont les taux d‟intérêt au jour le jour fixé par la banque centrale, et qui permettent de réguler l‟activité économique. Ils déterminent le coût pour les banques commerciales à se refinancer auprès de la banque centrale.

3 Rapport annuel de la BCC 2007

4 Rapport annuel de la BCC 2007

5 L‟inflation par les coûts se caractérise par l‟augmentation d‟un produit entraînant les autres. Exemple : le prix du carburant qui agit sur le prix de transport.

6 Rapport de la BCC 2008.

7 Rapport annuel 2009

8 Rapport annuel 2010

9 Rapport annuel 2009, pg19

10 BAYARDJ., le pouvoir de la banque centrale sur l’émission monétaire, BCE, janvier 2006, pg 32

11 Rapport annuel 2009, pg19

12 BAYARDJ., le pouvoir de la banque centrale sur l’émission monétaire, BCE, janvier 2006, pg 32

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