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Analyse du ciblage de la masse monétaire en République Démocratique du Congo

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION - DEPARTEMENT D’ECONOMIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d’études approfondies en sciences économiques - 2018-2019
🎓 Auteur·trice·s
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco

Le ciblage de la masse monétaire est crucial pour évaluer l’efficacité de la politique monétaire en République Démocratique du Congo. Cette étude révèle que les canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit exercent un impact limité sur l’économie réelle, questionnant ainsi leur efficacité.


    1. Le débat des instruments

Pratiquement toutes les banques centrales utilisent comme instrument le taux d’intérêt à court terme. Suivant les pays, ce sont des taux qui vont d’une maturité de 24 heures à 15 jours. La raison de ce choix est simple : c’est le seul taux qu’une banque centrale peut effectivement contrôler de manière précise.

En effet les actifs de très court terme sont très proches de la monnaie (liquidité), et la banque centrale a un monopole pour l’émission de monnaie. En contrôlant l’offre de liquidité, la banque centrale exerce une influence décisive sur les taux courts, et par ce biais les taux longs.

Le débat ciblage de la masse monétaire contre le taux d‟intérêt : deux stratégies

Taux à CT => objectifs (inflation et stabilisation)

Taux à CT => objectif intermédiaire (M) => objectifs (inflation et stabilisation)

La distinction entre une règle d’évolution monétaire et une règle de taux d’intérêt peut sembler fine dans la mesure où dans les deux cas, la banque centrale contrôle le taux d’intérêt interbancaire. Si toutefois la banque centrale ajuste le taux interbancaire de façon à maintenir la masse monétaire le plus près possible d’un sentier cible de croissance, il sera préférable de parler d’une règle de masse monétaire.

Quel est l‟instrument le plus adapté ? Tout dépend nous dit Poole de la nature des chocs qui affectent l‟économie.

LM : M = L(i,Y) + ε => M – ε = L(i,Y). Deux possibilités pour la Banque Centrale: fixer M ou fixer i.

*Si M est fixe => ciblage de la masse monétaire, i et Y sont constants si ε = 0. Si ε > 0, la demande de monnaie augmente => i augmente ou Y baisse => a les mêmes effets qu‟une restriction monétaire.

*Si i est fixe => ciblage du taux d‟intérêt => l‟offre de monnaie se déplace continuellement pour stabiliser le taux d‟intérêt.

Quel ciblage préférer ? Graphiquement « M – ε » peut se déplacer sans que la masse monétaire ne change. La Banque Centrale peut alors choisir de neutraliser ou non les mouvements de M – ε sur i :

Graphique N°4 : fixer le taux d‟intérêt quand la monnaie varie

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Source : Catherine Mills « économie monétaire » 2ème édition, Montchrestien, Paris 2014, page 214.

IS : i = a – bY + θ. Une augmentation de θ signifie qu‟une composante de la demande globale s‟accroît sans que cette variation ne soit attribuable à une baisse du taux d‟intérêt. Cela peut être une variation exogène de la consommation ou des dépenses publiques par exemple. Dans ce cas, cibler la masse monétaire est préférable au ciblage du taux d‟intérêt:

Graphique N°5 : fixer le taux d‟intérêt en cas de chocs sur le marché des biens

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Source : Catherine Mills « économie monétaire » 2ème édition, Montchrestien, Paris 2014, page 217.

En effet se déplacer le long de LM fixe revient à conduire une politique de taux d‟intérêt contra-cyclique alors que dans le cas inverse le taux d‟intérêt reste constant quel que soit l‟état du cycle conjoncturel.

Conclusion : Fixer le taux d’intérêt est préférable à fixer M si les chocs de demande de monnaie dominent les chocs de dépenses. Intuition: les chocs de demande de monnaie devraient être parfaitement accommodés pour isoler le marché des biens et services, alors que les chocs de demande provenant d‟IS devraient être combattus. Une bonne manière d’accommoder les chocs de demande de monnaie est de maintenir un taux d’intérêt constant. En pratique, les chocs sur la demande de monnaie sont les plus fréquents. Cela permet de comprendre pourquoi les taux sont fixes à basse fréquence.

    1. La trappe à liquidité
      1. Description

Une trappe à liquidité (liquiditytrap) apparaît quand la politique monétaire devient inopérante. C’est une situation dans laquelle le taux d‟intérêt nominal devient très faible voire nul, sans que cela ne relance l‟activité économique.

Keynes (1936) soutient que les principaux pays développés étaient enlisés dans une trappe à liquidité dans les années 30.

« A l’origine de la trappe à liquidité se trouve la borne inférieure sur le taux d’intérêt nominal. Le taux d’intérêt nominal ne peut pas être négatif car dans ce cas, la monnaie

dominerait les autres formes d’épargne (ruée vers la monnaie). La vente de titres contre de la monnaie augmenterait le taux d’intérêt. »1 Cela représente une limite à l‟action de la politique monétaire.

Une déflation peut devenir permanente en cas d’anticipations de déflation future car en réalité le taux réel aujourd’hui dépend de l’inflation anticipée dans les années à venir. Avec un taux nominal à zéro, le taux d’intérêt réel est égal au taux de déflation anticipé. Il peut alors apparaître un cycle auto-entretenu déflationniste dans lequel un taux d’intérêt réel élevé entrave la demande et l’activité qui ne peut être relancé en raison de la contrainte de positivité du taux nominal.

Le relâchement quantitatif

Une fois que le taux d‟intérêt est à 0, la Banque Centrale devient normalement impuissante puisqu‟elle bute sur la borne inférieure. Ce n‟est pas tout à fait vrai. En 1999, la BOJ atteint le plancher. En 2002, elle décide de se lancer dans des opérations dites de relâchement quantitatif (quantitative easing).

Un premier moyen consiste à rémunérer les réserves. Les réserves sont comme des dépôts que les banques détiennent auprès de la Banque Centrale. Ces dépôts ne sont normalement pas rémunérés. Dans ces conditions, les banques ont intérêt à ne laisser que le strict minimum et à prêter aux autres institutions financières les excédents de liquidité au taux du marché monétaire. Aujourd‟hui, la Fed rémunère les réserves au taux du marché monétaire. Les banques peuvent donc détenir des montants croissants de réserves sans les remettre sur le marché monétaire et donc sans affecter le taux directeur.

De plus, le gonflement des réserves est une condition nécessaire mais non suffisante à la reprise de l’activité de crédits.

Le relâchement quantitatif inclut également toutes les politiques visant à relancer la création monétaire et indirectement l’inflation (voir les propositions de Bernanke dans la partie sur la trappe à liquidité).

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1 Si le taux nominal est proche de 0, le rendement de la monnaie, les agents acceptent n’importe quelle combinaison de monnaie et de titres dans leur portefeuille. LM est donc verticale quand i tend vers 0. Si i est proche de zéro, le rendement des bons est le même que celui de la monnaie. Une hausse de M se fait sans douleur pour les agents qui substituent leurs bons par de la monnaie sans baisse du taux d’intérêt.

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