Comment les stratégies de mise en œuvre monétaire transforment la CEMAC ?

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🏫 UNIVERSITÉ DE DOUALA - ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES - Unité de Formation Doctorale en Sciences Économiques et de Management Appliquée (UFDSEMA)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master Recherche - 2021–2022
🎓 Auteur·trice·s
NGUINI Justin Jerzy
NGUINI Justin Jerzy

Les stratégies de mise en œuvre monétaire révèlent des effets contrastés sur la croissance économique des États de la CEMAC. Cette étude met en lumière des résultats surprenants, avec des impacts positifs pour le Cameroun et des défis pour le Congo et le Gabon, offrant des recommandations cruciales pour une gestion fiscale améliorée.


La méthode par des prêts directs et remboursables

La littérature d’économie monétaire renseigne qu’il existe une relation entre la base et la masse monétaire et suggèrent parfois une vision mécanique du processus de création monétaire dans lequel les Banques Centrales contrôlent indirectement la masse monétaire en déterminant la base monétaire. Ainsi, la Banque Centrale émettrait des réserves non rémunérées ou rémunérées à un taux plus bas que celui des crédits.

Les Banques Commerciales arbitreraient leur portefeuille d’actifs et se débarrasseraient des réserves en créant des nouveaux crédits qui auront pour contrepartie des billets et des dépôts et donc de la monnaie. La contribution des Banques Commerciales à la création monétaire serait essentielle et mécanique. Partant d’un FCFA de réserves excédentaires, il faudrait créer plus d’un FCFA de crédit puisqu’une partie du crédit revient vers la banque sous forme de dépôts dont une faible fraction seulement fera l’objet de réserves obligatoires ; l’autre constituera de nouvelles réserves excédentaires.

L’épuisement complet de ces réserves excédentaires suppose un mécanisme multiplicatif qui dépend de la part des billets dans la monnaie et du coefficient de réserves obligatoires. En pratique, le processus de création monétaire ne se fait pas selon cette approche dite exogène où la Banque Centrale contrôlerait parfaitement et indirectement la monnaie en circulation dans l’économie.

Même s’il n’y a pas création de monnaie au sens de M1, M2 ou M3, il y a une substitution de titres souverains par un actif créé par la Banque Centrale et dont la valeur faciale est garantie. Réserves et billets sont parfaitement substituables au sein du passif de la Banque Centrale. Une augmentation permanente du niveau des réserves ou des billets pourrait donc être équivalente du point de vue des finances publiques. Le QE à proprement parler ne modifie pas les obligations du gouvernement sauf si la Banque Centrale rachète systématiquement les titres arrivant à échéance.

Dans ce cas, l’opération devient permanente quelle que soit la contrepartie : réserves ou billets. Une autre nuance est liée à la finalité des achats d’actifs. Si ceux-ci ne traduisent pas un changement de mandat (soutenabilité des finances publiques plutôt que stabilité des prix et de la cible d’inflation), il n’y aurait pas monétisation selon Thornton (1984).

Le financement direct de l’État par la Banque Centrale, lorsqu’il est autorisé, constitue une deuxième possibilité. Il consiste pour la Banque Centrale, d’octroyer directement des prêts à l’État sans passer par le marché obligataire. En période de crise, c’est une façon de lui assurer un financement à bas coût sans l’exposer à la volatilité des marchés.

C’est notamment ce que la Banque d’Angleterre s’est engagée à faire en avril 2020, en réactivant une ligne de crédit pour le Trésor anglais. Là encore, dans la mesure où ces prêts doivent faire l’objet d’un remboursement, on ne peut pas a priori parler d’une véritable monétisation des dépenses publiques (J. Pinter, 2015). C’est néanmoins un mode de financement plus direct pour l’État que celui permis par les opérations de Quantitative Easing.

[4_strategies-de-mise-en-uvre-monetaire-pour-la-cemac_2]Graphique 02 : Multiplicateur monétaire aux USA, 2019

Source : Rapports Réserve Fédérale des USA

La méthode des prêts perpétuels

D’un point de vue plus strict, la monétisation devrait donc remplir quatre critères : réduire la charge d’intérêt sur la dette, avoir un caractère permanent ou durable, se traduire par l’augmentation de la masse monétaire et refléter un changement d’objectif ou de cible d’inflation. À cet égard, Des propositions récentes sont apparues pour inciter les Banques Centrales à s’engager plus directement en faveur de la monétisation.

Ces propositions se distinguent du QE en ce sens qu’elles prévoient explicitement la création permanente ou durable de monnaie au profit des agents financiers. Gürkaynak et Lucas (2020) proposent une stratégie qui repose sur la combinaison de la politique budgétaire et de la politique monétaire ayant pour contrepartie directe des transferts auprès des ménages.

Le gouvernement, en contrepartie d’un ensemble de mesures budgétaires, émettrait une obligation perpétuelle à coupon zéro, achetée par les Banques Commerciales qui créditeraient le compte des ménages, ciblés selon certaines règles définies par le programme. La dette n’aurait aucune obligation de remboursement ou de paiement d’intérêt.

La Banque Centrale achèterait ensuite la dette aux Banques Commerciales et serait conservée dans le bilan. Ainsi, à la différence du QE, la mesure est associée à une politique budgétaire par les dépenses ou les recettes qui se traduit par des transferts monétaires directs en faveur de certains agents. La dette émise n’est pas exigible et a pour contrepartie une création de monnaie directement utilisable par les agents non financiers.

Les effets distributifs du programme sont définis par le gouvernement. La Banque Centrale ne prend pas de décision ayant une incidence en termes de répartition mais détient une dette en contrepartie de l’émission de monnaie au sens de M1. Il y a donc monétisation. Une autre forme de monétisation formulée par Galì en 2020 repose sur la proposition de monnaie hélicoptère.

Cette fois, la Banque Centrale crédite directement le compte du gouvernement et inscrit à son actif une créance non remboursable. Ensuite, le gouvernement définit la répartition des sommes allouées.

Il s’agit ici d’une troisième possibilité qui, consisterait pour la Banque Centrale, en un financement direct et sans contrepartie des dépenses publiques, une sorte de monnaie hélicoptère pour l’État. En d’autres termes, la Banque Centrale financerait l’État par des transferts directs de monnaie centrale, sans en exiger le remboursement.

Dans ce cas, la Banque Centrale aurait une sorte de créance perpétuelle sur l’État, mais une créance fictive dans la mesure où celle-ci ne serait jamais remboursée. Il s’agirait ainsi, d’une véritable monétisation des dépenses publiques au sens strict du terme. Pour l’instant, c’est un mode d’intervention qui ne figure pas parmi les outils à la disposition des Banques Centrales mais qui fait l’objet de nombreuses discussions entre les économistes.

Cependant, la monétisation, une fois appliquée entraine de nombreuses conséquences d’ordre positif ou négatif.

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Questions Fréquemment Posées

Comment la monétisation de la dépense publique affecte-t-elle la croissance économique dans les États de la CEMAC?

Les résultats montrent des effets variés de la monétisation sur la croissance économique, avec des impacts positifs à court terme pour le Cameroun et négatifs pour le Congo et le Gabon.

Quelles sont les méthodes de financement direct de l’État par la Banque Centrale?

Le financement direct de l’État par la Banque Centrale consiste à octroyer directement des prêts à l’État sans passer par le marché obligataire, assurant un financement à bas coût en période de crise.

Quels critères définissent la monétisation selon l’article?

La monétisation devrait remplir quatre critères : réduire la charge d’intérêt sur la dette, avoir un caractère permanent ou durable, se traduire par l’augmentation de la masse monétaire et refléter un changement d’objectif ou de cible d’inflation.

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