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Comment le cadre théorique de l’audit révèle des solutions innovantes ?

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🏫 Université de Sfax pour le Sud - École Supérieure de Commerce
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maîtrise - 2001
🎓 Auteur·trice·s
Yosra MNIF
Yosra MNIF

Le cadre théorique de l’audit révèle des insights surprenants sur la perception de son utilité dans le marché financier. En explorant les enjeux d’agence et d’asymétrie d’information, cette recherche offre des solutions cruciales pour les décideurs, transformant ainsi notre compréhension des rapports d’audit.


Chapitre I : La demande d’audit comme solution aux problèmes d’agence

Introduction

La demande d’audit a été étudiée dans le cadre de la théorie d’agence et la théorie positive contractuelle qui repose sur deux théories économiques, à savoir la théorie de la firme et la théorie de la réglementation :

  • Selon la théorie de la firme, l’entreprise est un ensemble de contrats qui lient des intervenants à intérêts souvent divergents.
  • Selon la théorie de réglementation, le processus politique est vu comme une lutte entre des personnes qui veulent maximiser leurs utilités personnelles par des transferts de richesse.

La littérature comptable a souvent considéré l’audit comme un élément essentiel de l’équilibre contractuel de la firme, puisqu’il permet non seulement la résolution des conflits d’agence mais aussi de faire coïncider les intérêts des différents intervenants et de limiter les manipulations comptables.

Selon Jensen et Meckling (1976), la divergence d’intérêts qui peut apparaître entre dirigeants salariés (agents) et actionnaires (principal, propriétaire de l’entreprise) génère un certain nombre de coûts appelés « coûts d’agence ». Ces derniers sont soit internes soit externes.

Ils sont internes lorsqu’ils traitent des divergences entre les dirigeants et les salariés. Ils sont externes lorsqu’ils traitent des divergences entre le dirigeant et les autres actionnaires ou entre les actionnaires et les bailleurs de fonds. Ce coût d’agence se compose donc de coût de surveillance, de coût de signalisation et de coût résiduel.

    • Le coût de surveillance : représente l’ensemble des dépenses engagées par les actionnaires pour contrôler les actions des dirigeants et pour s’assurer du respect des clauses contractuelles (contrats d’intéressement ou autres) qui ont été établis. Il représente également l’ensemble des dépenses engagées par les dirigeants pour satisfaire les exigences des créanciers et notamment les banquiers.

En effet, ces derniers ont l’habitude d’exiger des sociétés qui sollicitent auprès d’eux des crédits bancaires de soumettre leurs états financiers au contrôle d’auditeurs indépendants afin de s’assurer que les dirigeants n’ont pas manipulé les chiffres comptables et qu’ils n’ont pas transféré la richesse des actionnaires à leur profit.

    • Le coût de signalisation : représente l’ensemble des frais engagés par les dirigeants pour émettre des signaux crédibles en ce qui concerne leurs performances de gestion concernant des caractéristiques véritables des entreprises qu’ils gèrent.
    • Les coûts résiduels, appelés encore pertes résiduelles, qui résultent de l’impossibilité d’exercer un contrôle total sur les actions des dirigeants et se traduisent par une perte de valeur de la société.

Dans le premier et le deuxième type de dépenses, on trouve les dépenses en audit. D’une part, l’audit est utilisé par le dirigeant pour signaler sa performance de gestion et son respect des clauses contractuelles établies dans le cadre d’un contrat d’intéressement basé sur les chiffres comptables ; d’autre part, l’audit est utilisé par les actionnaires pour s’assurer que le dirigeant agit dans l’intérêt de l’entreprise et pour faire savoir aux investisseurs potentiels ainsi qu’aux banquiers que les états financiers sont sincères et réguliers et qu’ils sont établis en respectant les principes et méthodes comptables généralement admis.

La théorie contractuelle et la théorie d’agence nous renseignent donc sur l’importance de l’audit en tant que mécanisme de contrôle permettant de résoudre les conflits d’intérêts entre d’une part actionnaires et dirigeants et d’autre part entre dirigeants et créanciers.

L’audit dans le cadre de la relation dirigeants et actionnaires

Problème d’agence entre dirigeant et actionnaires

Dans le cadre de la relation dirigeants–actionnaires, Jensen et Meckling (1976) étudient la valeur de la firme selon qu’elle est dirigée par un manager détenant la totalité du capital de son entreprise ou seulement une faible partie de ce capital.

En effet, si l’entrepreneur est l’unique propriétaire de l’entreprise, il prendra des décisions qui maximiseront son utilité. Il s’agira, non seulement de l’utilité de ses revenus pécuniaires mais aussi de l’utilité de tous les avantages non pécuniaires dont il profite.

Par contre, si l’entreprise n’est pas dirigée par son unique propriétaire mais par un propriétaire ne détenant qu’une partie du capital, des coûts d’agences surgissent à cause de la divergence entre les intérêts des dirigeants et actionnaires.

En effet, Jensen et Meckling (1976) ont montré que le dirigeant actionnaire minoritaire a intérêt à utiliser une partie de la richesse de la firme pour une satisfaction personnelle puisque le coût de celle-ci est partagé entre tous les actionnaires, il n’en supporte qu’une partie proportionnelle à sa part dans le capital. Un tel comportement invitera les actionnaires minoritaires à dépenser davantage pour contrôler les comportements opportunistes du dirigeant.

Selon Arrow (1985), deux problèmes doivent être résolus si l’on veut établir une relation contractuelle optimale entre les actionnaires et les dirigeants.

D’abord, il y a l’absence d’observation de la part des actionnaires des actions entreprises et des décisions prises par le dirigeant et ensuite, il y a le problème d’asymétrie informationnelle entre ces deux intervenants.

En effet, en premier lieu, les actions posées et les décisions prises par des dirigeants sont, dans la majorité des cas, non observables directement par les actionnaires. Étant donné que les résultats obtenus par une entreprise ne résultent pas uniquement des actions et décisions des dirigeants, ces derniers pourront alors expliquer une mauvaise performance de l’entreprise par le contexte économique. Leur manque de dynamisme ou leur paresse ne pouvant pas être observés, on ne pourra pas vérifier si son allégation est véridique ou non.

En second lieu, il pourra exister une importante asymétrie en ce qui concerne l’information détenue entre les actionnaires et les dirigeants. Pour l’évaluation de leur performance, les dirigeants pourront conserver à leurs fins personnelles certaines informations pertinentes portant sur l’exploitation de l’entreprise, même si ces informations permettraient aux actionnaires de mieux évaluer les actions et les décisions de leur dirigeant.

Résolution des problèmes d’agence entre dirigeants et actionnaires

D’une manière générale, deux solutions sont possibles pour faire coïncider les intérêts divergents des actionnaires et des dirigeants : l’élaboration d’un contrat d’intéressement et la désignation d’un auditeur.

Résolution des problèmes d’agence par des méthodes autres que l’audit

Les problèmes d’agence qui peuvent naître entre ces deux intervenants peuvent être résolus par l’élaboration d’un contrat de rémunération fondé sur des indicateurs de performance des dirigeants liés à la gestion des biens des propriétaires ou actionnaires. La solution est donc dans l’établissement d’un contrat d’intéressement qui puisse motiver les dirigeants de façon qu’ils agissent d’une manière compatible avec les intérêts des actionnaires.

En effet, selon Tremblay et al (1993), un régime de rémunération lié aux résultats amène le gestionnaire à communiquer de l’information aux actionnaires portant sur les conditions d’exploitation de l’entreprise susceptible de réduire le risque auquel il a à faire face.

Les actionnaires tiendront compte de cette information dans leurs évaluations de la performance de l’entreprise pour ne pas pénaliser le gestionnaire pour des éléments qui ne sont pas sous son contrôle. De la même manière, un contrat de rémunération fondé sur le partage des résultats sera plus sensible d’attirer des gestionnaires compétents et motivés qui cherchent à maximiser la valeur de la firme dont ils assurent la gestion pour maximiser leurs rémunérations.

L’audit comme solution aux problèmes d’agence

Les problèmes d’agence entre actionnaires et dirigeant peuvent également être résolus par l’engagement d’un troisième intervenant qui pourra faire un rapport aux actionnaires concernant les actions et les décisions des dirigeants. C’est l’embauche d’un auditeur qui pourra aussi faire état de la fiabilité des signaux émis par le gestionnaire quant à sa performance.

Dans ce contexte, l’audit apparaît comme une solution aux problèmes d’agence permettant de réduire les comportements opportunistes des dirigeants et de donner plus de crédibilité quant aux états financiers établis par ces derniers.

Ainsi, on voit que l’audit est d’une part utilisé par les dirigeants en tant que signal leur permettant de montrer leurs performances de gestion et leur respect des principes et méthodes comptables généralement admis lors de leur préparation des états financiers et d’autre part constitue pour les actionnaires un moyen pour contrôler les dirigeants et pallier à l’imparfaite observation de ses actions par les actionnaires.

Or, comme les contrats d’intéressement (pratiques américaines) utilisés pour résoudre les conflits d’agence entre actionnaires et dirigeants sont souvent basés sur les résultats comptables et comme ces résultats sont établis par les dirigeants eux-mêmes, il y aura un risque que ces derniers utilisent des méthodes comptables qui maximisent le résultat comptable et par suite leur rémunération.

D’où la nécessité de contrôler les dirigeants à travers un audit effectué par un expert indépendant afin d’éviter d’éventuelles manœuvres et manipulations qui peuvent affecter la valeur de la firme. Cet audit attestera la sincérité et la fiabilité des comptes et le respect des principes et méthodes comptables généralement admis.


Questions Fréquemment Posées

Quel est le rôle de l’audit dans la résolution des problèmes d’agence?

L’audit est considéré comme un élément essentiel de l’équilibre contractuel de la firme, puisqu’il permet non seulement la résolution des conflits d’agence mais aussi de faire coïncider les intérêts des différents intervenants et de limiter les manipulations comptables.

Comment l’audit aide-t-il à réduire les coûts d’agence?

L’audit est utilisé par le dirigeant pour signaler sa performance de gestion et son respect des clauses contractuelles, et par les actionnaires pour s’assurer que le dirigeant agit dans l’intérêt de l’entreprise.

Quelles sont les dépenses liées à l’audit dans le cadre des conflits d’agence?

Les dépenses en audit comprennent le coût de surveillance, qui représente les dépenses engagées par les actionnaires pour contrôler les actions des dirigeants, et le coût de signalisation, qui représente les frais engagés par les dirigeants pour émettre des signaux crédibles concernant leurs performances de gestion.

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