Les réformes de la politique monétaire RDC sont essentielles pour améliorer l’efficacité des canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit. Cette étude met en lumière leur faible impact sur l’économie réelle, soulignant la nécessité d’adapter les politiques monétaires au contexte économique actuel.
RECOMMANDATIONS POUR LA MISE EN ŒUVRE D’UN REGIME DE POLITIQUE MONETAIRE EFFICACE A MOYEN ET LONG TERMES
1. Recommandations des politiques
La politique monétaire congolaise s‟avère impérieuse à réformer ou à adapter en tenant compte de l‟environnement économique tant national qu‟international.
Aussi, d‟autres mutations sont observées au niveau de la structure de liquidité bancaire et certaines réformes en cours ainsi que les élections présidentielles et législatives à l‟horizon 2016 sont nécessaires pour intégrer dans les cadres analytique et opérationnel de la politique. Car, depuis 2012, le pays a amorcé le processus de la dé-dollarisation de l‟économie, fixant dans sa matrice de surveillance les paiements des obligations fiscales et non fiscales en franc congolais quelle que soit la nature des matières imposables. D‟autres perspectives doivent être pris en compte, telles que la mise en place des marchés financiers et des guichets de refinancement à moyen et long termes ainsi que la vision de l‟émergence à l‟horizon 203085.
i. Des objectifs, instruments et stratégies
Le cadre analytique de politique monétaire actuel s‟avère nécessaire à adapter dans la mesure où les effets de la crise financière internationale survenue au début du deuxième semestre de l‟exercice 2008, ainsi que les changements importants que connaît le pays sur les plans monétaire ont révélés d‟autres informations pertinentes pour se prémunir aux éventuels déséquilibres. Cela est de même avec le cadre opérationnel en vigueur qui s‟avère la révision.
Les recommandations principales qui suivent sont nécessaires à livrer pour améliorer la conduite de la politique monétaire à moyen et long termes.
S‟agissant du cadre analytique de la politique monétaire, il y a lieu de formuler certaines recommandations ci-après :
- L‟autorité monétaire devait se proposer un autre objectif prudentiel, en plus de la stabilité du niveau général des prix moyens des biens et services. Autrement dit, la politique monétaire menée par la BCC devait se donner les objectifs finaux tels que la stabilité des prix et la stabilité financière. Les raisons sont nettement établies sur les
85 Au fait, il est indiqué que les réformes envisagées ou mises en place en RDC requièrent des nouvelles perspectives des politiques macroéconomiques, plus particulièrement la politique monétaire et la politique budgétaire. Par exemple, la dé-dollarisation de l‟économie entrevoit notamment une nouvelle structure de liquidité et un changement des comportements des détenteurs et utilisateurs de la monnaie nationale.
effets de la crise financière internationale récente. Malgré l‟inflation américaine à un chiffre enregistrée en 2008, la crise financière n‟a pas attendue pour se déclencher. Depuis cet événement, les économistes aujourd‟hui se sont rendus compte de la pertinence des couples politique monétaire-politique macro prudentielle ;
- Il conviendrait de maintenir le cadre du ciblage monétaire en renforçant les mesures de la dé-dollarisation de l‟économie nationale dans le souci notamment de réduire les coûts de transaction de la monnaie locale par rapport à la devise étrangère, le dollar, et d‟améliorer l‟efficacité des canaux de transmission des impulsions monétaires;
- Pour plus d‟efficacité de la politique monétaire, la Banque Centrale doit élaborer un cadre de pilotage à moyen terme, lequel permettra de surveiller l‟évolution de la situation monétaire et prendra des mesures d‟ajustement monétaire le cas échéant, ayant mesuré la nature des chocs sur la liquidité et d‟autres chocs conjoncturels et adopter par la suite un cadre de ciblage de l‟inflation ;
- La réalisation d‟une inflation compatible à la croissance économique dans l‟optique de rester dans la programmation monétaire86. En effet, les récentes réalisations d‟inflation faible ne sont pas de nature à favoriser un accroissement des investissements ;
- L‟émission des titres publics par l‟Etat. En effet, cela lui permettra de recourir de réaliser ses dépenses sans songer recourir au financement monétaire de son déficit. Par ailleurs, la Banque Centrale pourra améliorer sa gestion de liquidité au moyen des opérations d‟Open Market.
86Cette idée voudrait seulement renseigner la détermination des cibles de la politique monétaire après la projection des paramètres tels que : (i) la croissance économique réelle attendue, (ii) le niveau des recettes publiques et les soldes totaux attendus du Trésor et de la Banque et (iii) les flux extérieurs attendus. ↑
ANALYSE DE LA VOLONTE DE MISE EN ŒUVRE DU REGIME DE POLITIQUE MONETAIRE RECOMMANDEE
La Banque Centrale du Congo a certes la volonté de mettre en œuvre le régime de politique monétaire proposé ci-haut, en dépit de certaines pesanteurs du pouvoir politique, notamment, en matière de la coordination des politiques.
Cette affirmation de la ferme volonté de l‟autorité monétaire de mettre en application les politiques proposées, s‟appuie sur les raisons suivantes :
- L‟intégration d‟une Direction de la Recherche et des Statistiques dans la structure fonctionnelle et organique de la Banque en vue notamment de vérifier et renforcer les canaux et les délais de transmission monétaire ;
- L‟option de lancer le projet de la création d‟un marché financier afin de parvenir à un meilleur financement de l‟économie, ainsi que l‟amorce du processus de la dédollarisation;
- Les perspectives d‟optimisation du cadre opérationnel de la politique monétaire, à travers la création du guichet de refinancement à moyen et long termes.
Néanmoins, dans le cadre de cette étude nous avons proposé l‟intégration de l‟objectif de la stabilité financière dans la conduite de la politique monétaire, l‟adoption d‟un système de ciblage de taux d‟inflation, l‟élaboration d‟un cadre de pilotage de la politique monétaire à moyen terme, la réalisation d‟un niveau inflation compatible avec les perspectives de croissance, le recours aux opérations d‟Open Market.
De l’objectif de la stabilité financière
Le cadre légal régissant la politique monétaire au pays est en cours de modification de façon à intégrer la contribution de la banque centrale et du ministère des finances à l‟objectif de la stabilité financière. Toutefois, le texte n‟est pas encore promulgué et la Banque Centrale a intégré en son sein une unité chargée d‟analyser les questions liées à la stabilité financière. Pour ce faire, il sera nécessaire à ce que les autorités s‟activent dans la promulgation de ce nouveau texte de loi. C‟est dans ce cadre que le Comité National de Stabilité financière pourra être établi et la conduite de la politique monétaire s‟insérera dans cette nouvelle perspective.
L’élaboration d’un cadre de politique monétaire à moyen terme
La réalisation de cette recommandation suppose préalablement un cadrage macroéconomique à moyen terme. Or, ce travail suppose premièrement un système statistique très développé avec des données à haute fréquence notamment du secteur réel. D‟autre part, il suppose des liens établis de différentes statistiques, y compris, ceux du secteur extérieur, avec celles du secteur monétaire. Ceci permettra d‟anticiper les chocs et d‟analyser leur impact sur l‟atteinte de l‟objectif final. Ce qui suppose un cadre de politique monétaire proactif.
A l‟heure actuelle, la Banque Centrale détermine des objectifs intermédiaire et opératoire annuels, sans donner l‟orientation à moyen terme des instruments. Ceci constitue donc un handicap pour orienter les anticipations des agents économiques.
Une telle mesure serait volontiers mise en application par le pays, mais il implique des statistiques disponibles et détaillées.
La réalisation d’un niveau d’inflation compatible avec l’objectif de croissance
Face à la crainte d‟une résurgence de fortes inflations, la Banque Centrale du Congo a commencé à se montrer trop prudente. En effet, l‟inflation réalisée aux cours de deux dernières années a été largement en deçà du niveau programmé et même celui projeté en 2014. Il faudra, dans ce cas, craindre le spectre de la déflation, laquelle aura des effets néfastes sur la croissance.
La réalisation d‟une telle mesure suppose des injections de la liquidité tant que l‟écart entre l‟objectif et la réalisation projetée de l‟inflation demeure important. Cette prise de risque est souvent évitée par l‟autorité monétaire.
Le recours aux opérations d’Open Market
Ces opérations sont nécessaires pour une bonne régulation de la liquidité. Cela suppose dans une large mesure l‟émission des titres par l‟Etat dans un pays où les marchés financiers ne sont pas développés. Or, il subsiste à ce jour un niveau d‟arriérés sur les titres passés émis par l‟Etat. Ce dernier peut volontiers le mettre en application, mais cela suppose un apurement de ces arriérés ou l‟actualisation des dettes au moyen du remplacement par les nouveaux titres. A ce jour, mon avis est que l‟Etat ne jugerait pas encore prioritaire une telle option.
CONCLUSION GENERALE
L‟analyse de l‟efficacité de la politique monétaire menée a révélé qu‟en dépit des résultats engrangés au cours de la dernière décennie dans la mise en œuvre de la politique monétaire, le cadre général de la politique monétaire doit poursuivre son amélioration.
En effet, d‟une part, l‟analyse empirique révèle que l‟effet du taux directeur sur l‟inflation est réduit. Cette situation s‟explique par la forte dollarisation qui caractérise l‟économie nationale obligeant ainsi les opérateurs économiques à exprimer leurs besoins en devises.
Toutefois, il a été relevé que la variation de la base monétaire au sens strict et la masse monétaire hors provisions avait un effet sur les prix intérieurs lequel effet s‟estompait avec le temps.
Aussi, a-t-on observé que la demande de monnaie nationale était fonction du revenu réel, de la dépréciation du taux de change, du taux d‟intérêt débiteur domestique et qu‟à court terme, la demande de monnaie était essentiellement fonction du taux d‟intérêt. Il a également été noté que cette demande est structurellement stable, en dépit de quelques instabilités ponctuelles observées. Par ailleurs, il a été relevé une très forte causalité unidirectionnelle entre le taux de change et le taux d‟inflation.
Eu égard à ce qui précède, nous aurions voulu proposer à ce que le pays adopte un régime de ciblage de taux de change. Cependant, compte des contraintes liées à la faiblesse des réserves de change nécessaires pour soutenir la parité en cas de choc, nous pensons que le cadre actuel peut être maintenu. En revanche, le pays devrait poursuivre les mesures visant la dédollarisation, éradiquer durablement la dominance budgétaire, développer les marchés des capitaux en vue d‟adopter à moyen terme un cadre de ciblage d‟inflation qui un cadre propice à une analyse prospective de la politique monétaire.
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85 Au fait, il est indiqué que les réformes envisagées ou mises en place en RDC requièrent des nouvelles perspectives des politiques macroéconomiques, plus particulièrement la politique monétaire et la politique budgétaire. Par exemple, la dé-dollarisation de l‟économie entrevoit notamment une nouvelle structure de liquidité et un changement des comportements des détenteurs et utilisateurs de la monnaie nationale. ↑