Le conflit Corée du Nord États-Unis en 1994 a débouché sur un accord viable grâce à des facteurs historiques et diplomatiques spécifiques, tandis que le conflit de 2006 a échoué à atteindre un résultat similaire. L’article analyse ces dynamiques et leurs implications pour la sécurité régionale.
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Chaudun Morgane Master 1 science politique
Parcours politiques de prévention et de sécurité
Pour quelles raisons le conflit opposant la Corée du Nord et les Etats-Unis en 1994 s’est terminé avec un accord viable, tandis que le conflit de 2006 n’a pu culminer sur le même résultat
Chaudun Morgane
Dirigé par: Prof. Nom & Dr. Nom
2020
Sommaire
Introduction P4
Conflit 1994 P9
Conflit 2006 P15
Comparaison P20
Conclusion P22
Sources P24
Introduction
La Corée se trouvant sous le joug du Japon depuis 1910, devint euphorique à l’idée de retrouver leur indépendance lorsque le 15 août 1945, le Japon se rendit aux vainqueurs de la Second Guerre Mondiale sans condition. Consécutivement à cet événement, la Corée a pour ambition de former une seule et grande démocratie.
Or durant la Second Guerre Mondiale, lorsque l’Union Soviétique rentre dans la guerre opposant les alliés au Japon à la demande du Président Américain Franklin Roosevelt, ils conviennent du partage en deux de la péninsule.
Ce territoire fut déjà le fantasme de nombreuses puissances dans le passé : les Japonais pour avoir un pied sur le continent et se rapprocher de la Chine et de l’URSS, de même pour les Etats-Unis ; les Russes pour avoir plus d’accès à une mer chaude puis se rapprocher du Japon et des Etats-Unis ; enfin, la Chine pour se rapprocher de l’Océan sans avoir le Japon à contourner.
A la conférence du Caire de 1943 fut donc préconisé que la Corée redevienne libre et indépendante en tant voulu, souhait réaffirmé à la conférence de Yalta en 1945. Cette position a permis de recevoir plus facilement la reddition des troupes japonaises, auprès des Américains au Sud et des Soviétiques au Nord.
En 1946, une commission mixe soviético-américain fit appel à toutes les formations politiques de Corée afin de constituer un gouvernement provisoire. Parallèlement, à contre courant, des tensions entre les deux puissances furent naissantes. En conséquence, la commission mixte n’aboutit pas.
Les Etats-Unis portèrent la question devants les Nations Unis, dont la paternité est attribuée à Roosevelt, (32ème Président des Etats-Unis de 1933 à 1945), ce qui a motivé l’URSS à refuser d’admettre la commission dans leur zone d’occupation, en sus des tensions naissantes entre ces deux puissances. C’est ainsi que seul le Sud vota, aboutissant à l’élection de Syngman Rhee en juillet 1948 et que fut proclamer la République de Corée dont Séoul devient la capitale. Le Nord, soutenu par l’URSS suivit en organisant sa propre élection, non surveillée par l’ONU (Organisation des Nations unies), où Kim Il-sung, ancien résistant aux japonais, sorti vainqueur. Le 9 septembre 1948 fut proclamé dans la foulé la République Populaire Démocratique de Corée.
Les deux présidents coréens prétendent représenter légitimement l’ensemble de la péninsule, ils désirent tous deux réunifier la Corée mais selon leur propre idéologie politique et son prêt à recourir aux armes si la situation l’exigeait. Toutes les conditions furent ici réunies pour créer une guerre civile, seule la présence des deux puissances pouvaient les dissuader.
En 1949 les troupes américaines et soviétiques se retirèrent à six mois d’intervalle, laissant uniquement quelques militaires afin d’entraîner les jeunes armées coréennes.
On ignore toujours qui prit la décision d’attaquer en premier mais ce qui est certain, le 25 Juin 1950 à l’aube sans déclaration de guerre au préalable, la Corée du Nord envahi la Corée du Sud. Le prétexte du Nord est une attaque du Sud au 38ème parallèle, la frontière délimitant le Nord du Sud. Le Nord soutenu et équipé par les soviétiques gagne rapidement du terrain et espère achever leur conquête le 15 août.
L’ONU lance aussitôt un appel au cessez-le-feu qui restera sourd. Le 27 juin 1950 à la demande des États-Unis, le conseil de sécurité des Nations Unis vote pour apporter un soutient militaire à la Corée du Sud afin de repousser l’envahisseur à la frontière. Ce conseil de sécurité sera boycotté par l’URSS comme toutes les autres séances de l’organisation, depuis qu’ils réclament la reconnaissance de la Chine, et son entrée dans l’ONU.
Cela vient de 1945, lorsque le Japon est vaincu, les relations entre la Chine et les Etats-Unis se sont dégradées, la chine fut divisée en deux camps politiques, les communistes, et les nationalistes auxquels les Etats-Unis apportent leur soutien publiquement. Ils aideront les nationalistes à prendre le contrôle des grandes villes lors de la capitulation du Japon. (Il est rappelé qu’en droit international, la souveraineté d’un État est à la source de plusieurs principes : intégrité territoriale, inviolabilité des frontières, non-intervention, indépendance,
égalité juridique, immunité de juridiction et d’intervention, principes non respecté par les Etats-Unis). Cela se terminera par une guerre civile où les américains apporteront un soutient financier et matériel aux nationalistes or, le 1er octobre 1949 la victoire est communiste, ce qui s’accompagne de la création de la République Populaire de Chine reconnu uniquement par l’URSS ainsi que les pays du bloc soviétique.
Les Etats-Unis n’attendront pas la décision du conseil de sécurité des Nations Unis, dès qu’ils apprirent la nouvelle, ils fournirent immédiatement à la Corée du Sud les armes précédemment demandées qu’ils leur refusaient jusque là, à cause du caractère belliqueux de Syngman Rhee, Président de Corée du Sud.
Le 27 juin 1950 toujours avant le vote du conseil de sécurité de l’ONU, le Président américain, Harry S. Truman, fait part de ses intentions à l’URSS en les invitant à dégager leur responsabilité du conflit, et faire bon usage de leur influence auprès de la Corée du Nord afin qu’ils retirent leurs troupes. Les soviétiques s’en tiendront à la version officielle de la Corée du Nord à propos d’une attaque de la Corée du Sud, rappelant que l’URSS respecte la politique de non intervention.
Le 29 juin 1950 Truman envoie 33 000 hommes qui recevront l’aide du commandement des Nations Unis le 7 juillet avec à sa tête le général américain Douglas MacArthur. Même si chaque pays membre de l’Organisation des Nations Unis envoie des hommes, le plus gros des troupes étant composé de soldat américain, c’est donc le gouvernement américain et non les Nations Unis qui décident directement de la tactique des opérations.
Fin juillet la situation est catastrophique les troupes des Nations Unis ne sont qu’au coin du Sud-Est de la Corée. Cela est dû à la mousson, la méconnaissance du terrain, ainsi que le manque de préparation. Le 10 août la guerre commence à évoluer en faveur des Nations Unis, les lignes d’approvisionnement du Nord sont coupées puis le 14 août la principale base de ravitaillement du Nord est bombardé.
Le 28 août 1950 Séoul est reprise. Enfin début octobre les dernières unités Nord coréennes sont détruites à Uijeongbee. Alors qu’ils devaient uniquement repousser l’envahisseur à la frontière, les Etats-Unis poursuivent leur progression au Nord et franchissent le 38ème parallèle le 10 octobre. A peine 3 jours plus tard le commandant américain Douglas MacArthur fait bombarder Chongjin, un des centres industriels les plus important du Nord et à seulement 60km de la frontière Chinoise.
Puis la capital de la Corée du Nord, Pyongyang est prise le 20 octobre ainsi le 26 des troupes des Nations Unis atteignent la rivière du Yalou appelée aussi Amnok concrétisant la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. L’ONU qui n’avait donc pas prévu cela, fit passer une résolution soumise à l’assemblée des Nations Unis par huit pays alliés des américains, stipulant que la priorité est d’assurer une situation stable dans l’ensemble de la péninsule et par n’importe quel moyen.
Ce qui permit de légaliser les troupes parties au Nord ainsi que le souhait du général américain Douglas MacArthur d’avoir une victoire totale face à l’armée nord coréenne.
Mais déjà quelques jours après le franchissement de la ligne de démarcation entre les deux Corées, des soldats chinois arrivent discrètement, une invasion qui sera découverte qu’une dizaine de jours plus tard grâce à la capture des premiers prisonniers. Cette aide chinoise permis une recrudescence de guérillas, avec des groupes entre 10 et 1 000 hommes qui posent des mines et exécutent des raids sur les installations américaines.
Subséquemment le 24 octobre, la Chine déploie 200 000 hommes le long de leur rive du Yalu prêt à intervenir contre les Nations Unies. Très rapidement le 31 octobre a lieu le premier combat, le commandant Lin Piao attaque les troupes endormies de l’autre côté de la rive et massacre 500 soldats américains avant de se retirer.
Le 6 novembre le général MacArthur persuadé que jamais les Chinois attaqueraient, comprend qu’il s’est trompé. Sans aviser personne, il donne l’ordre d’attaquer les ponts du Yalu à l’aide de bombardiers. Le général et secrétaire à la défense américaine George Catlett Marshall vite avisé, annule l’opération 3h avant le décollage des avions.
Seule les rives coréennes du fleuve peuvent être bombardée à
l’exclusion des barrages électriques alimentant les chinois, averti Washington, le dialogue Chino-américain étant inexistant.
Puis s’en suivis une grande offensive chinoise avec 500 000 soldats soutenu par des forces aériennes, prétendu nord coréenne, mais dans les faits soviétiques ; une offensive qui déferle sur la Corée, écrasant les troupes occidentales. Le 4 décembre, la force chinoise reprend la capital nord coréenne et un mois plus tars Séoul. Les températures chutant à -35°C feront de nombreuses victimes dans les deux camps.
Devants l’urgence de la situation les Nations Unies hésitent à faire évacuer les troupes, ces dernières parvenant à stopper leurs avancés. Le 15 janvier 1951 les Etats-Unis sous le commandement du général Matthew Ridgway, lancent une contre offensive et reprennent la capitale de la Corée du Sud, Seoul le 14 mars, avant de stabiliser le front au 38ème parallèle à la fin du mois.
Durant le mois de mars 1951 la situation se stabilisant, le Président américain prépare alors un projet de déclaration de paix, qui fut transmis aux pays alliés. Parallèlement, le général Douglas MacArthur, opérant toujours sans en référer à son gouvernement, menace publiquement la Chine et lui pose un ultimatum. Cette fois, il est immédiatement relevé de son commandement et remplacé par Matthew Bunker Ridgway.
Le 22 avril les chinois lancent 34 divisions dont 8 divisions nord coréennes à l’assaut du 38ème parallèle, éparpillant les troupes sud coréennes. Pékin craignant des représailles des Etats-Unis, interdit au commandant de l’aviation Liu Yalou, d’attaquer les troupes et les installations des Nations Unis. Cette offensive terrestre du 22 avril sans appui aérien tourne court. Le 27 avril de nombreux soldats chinois commencèrent à se rendre. Puis le 20 mai le front communiste s’effondre.
Aux Nations Unis le secrétaire général Trygue Halvdan Lie (Norvégien) milite pour des pourparlers entre les deux camps. En juillet 1951 la Chine accepte de négocier un traité de paix à Kaesong en Corée du Nord, proche du 38ème parallèle. Ces négociations seront entrecoupées de batailles, interrompant de nombreuses fois les négociations. Le 20 janvier 1953 un nouveau président des Etats-Unis est élu, Dwight David Eisenhower. Les négociations aboutissent enfin à un armistice militaire le 27 juillet 1953.
Bilan de cette guerre :
Kim Il-sung est à la tête d’un pays ravagé, routes, chemins de fer détruits, usines à l’arrêt, environ 2 millions de nord coréens fuient vers le Sud, le camp communiste est à la dérive, 520 000 soldats nord coréens morts ou disparus, 900 000 dans le camp Chinois, ainsi que entre 2 et 4 millions de civils nord coréens touchés selon les sources. En ce qui concerne le camp adverse, le nombre de soldats morts ou disparus s’élève à environ 845 000 sud coréens et 136 000 américains, ainsi qu’environ 1 million de civils sud coréens tués.
Cette guerre se termine là où elle a commencé, à la frontière du 38ème parallèle. Les répercussions sont multiples. Les deux Corées qui n’étaient séparées uniquement que par une frontière, le furent par la suite par une zone démilitarisée. La Corée du Nord reconstruit son économie et son industrie dans les années cinquante. Durant cette décennie elle devint l’un des pays dont l’économie a progressé le plus rapidement. Persuadé que la Corée du Sud se soulèverait dès que possible, Kim Il-sung envoya régulièrement des espions et des guérillas qui furent vite démasqués.
En ce qui concerne la République de Corée du Sud, elle se remit plus difficilement, et, dépendit des aides américaines, la population resta pauvre. La gouvernance du Président Syngman Rhee, fût marquée par le clientélisme et la corruption jusqu’à son départ en 1968, suite à une violente manifestations étudiantes.
Les Nations Unis ont pu prouver exister en tant que force armée, à contrario de la Société des Nations (créée par le traité de Versailles en 1919, dissoute en 1946). Cela permit de légitimer son rôle d’organisme de paix.
Du côté américain, les Etats-Unis pleurent de nombreux disparus. Du côté de Washington un fort sentiment anti-chinois apparaît. Pendant vingt ans les américains refuseront de reconnaître le gouvernement Chinois et les empêcheront de siéger aux Nations Unis. Cette guerre leur aura permis d’asseoir leur autorité sur le bloc Ouest avec l’image forte, d’un pays puissant, prêt à tout pour défendre ses intérêts et ceux de leurs alliés. La puissance de feu qu’ils ont déployés lors de cette guerre rendit les Etats-Unis crédible militairement et montra sa capacité de réaction aux yeux du monde.
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Quels types de politiques conduiront à l’escalade et à la désescalade des deux conflits (1994 et 2006) opposant la Corée du Nord et les Etats-Unis ?
Hypothèses :
- En 1994, la Corée du Nord ne possédant pas encore la technologie nucléaires pouvait être perçue moins à risque que lors de ses essais de 2006.
- En 1994, en temps de crise, les politiques de dissuasions pouvaient être plus présente et persuasif.
- Les Etats-Unis n’avaient pas de problème d’image à l’International, rien à prouver lors du conflit de 1994, tandis qu’en 2006 les Etats-Unis pouvaient se trouver dans une position à l’international de devoir montrer une image forte et virile.
- La communauté internationale aurait eu une image plus crédible en 1994 qu’en 2006.
Dans un premier temps nous allons essayer de comprendre le contexte du conflit de 1994 via des livres et des revus de presse, ainsi que de l’analyse par le biais des différentes théories des Relations Internationales. Nous suivrons le même protocole en ce qui concerne le conflit de 2006, avant subséquemment d’en faire une comparaison. Nous essayerons à partir de cela d’apporter une réponse.