Les différents types d’interventions télévisées

Les différents types d’interventions télévisées

D. Les différents types d’interventions télévisées

Plus qu’une simple apparition au JT de 20h, l’homme politique a une palette d’émissions à sa disposition pour s’adresser au grand public.

1) Les débats

Décisifs ou pas, ils restent un moment fort en politique où deux protagonistes s’affrontent sur leurs idées mais aussi à coup de ficelles marketing. Un combat de gladiateurs des temps modernes. Mais le débat est un jeu à quitte ou double où tout peut se perdre sur une petite erreur.

On se souviendra des débats « Kennedy-Nixon » ou « Chirac-Fabius ». Peut-être est-ce d’ailleurs la raison du refus de Jacques Chirac de débattre contre Jean-Marie Le Pen avant le 2ème tour des présidentielles de 2002 ?

  • Conditions préalables

Avant tout débat (en période électorale), les adversaires politiques se mettent souvent d’accord sur un certain nombre de points qui s’ajoutent aux contraintes légales : le temps de parole (régi par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), les décors, la réalisation… jusqu’aux modalités de prise de parole et au droit d’interrompre son adversaire.

C’est ainsi que Mitterrand, en 1981, reprend le débat décisif à son avantage en convenant avec VGE d’un temps de parole imparti équitable, avec interdiction de se couper la parole et de filmer les réactions de l’adversaire. Une manière froide et distancée, mais qui permettra un débat de fond.

Autre point : le décor. Lorsque François Mitterrand débat en 1977 face à Raymond Barre, il n’a pas conscience d’apparaître encore plus petit qu’il n’est, assis à une immense table.

Le cadrage, également, peut aussi vite tourner au désavantage. On se souvient du gros plan sur la barbe de Nixon en 1960. A l’inverse, on aurait pu voir les jambes de F. Mitterrand s’agiter lors de ses débats décisifs face à VGE si la caméra avait fait un plan large. Précaution prise par son conseiller Serge Moatti.

On le voit, les hommes politiques, sous l’influence de leurs conseillers, ont un regard important sur la réalisation d’un débat.

2) Les émissions politiques

Leur nombre s’est réduit avec le temps. Révolue l’époque de 7 sur 7 et de L’heure de vérité. Aujourd’hui, les rares émissions politiques sont soit à des heures d’écoute faibles, soit délocalisées sur des chaînes à péage telle que LCI. Elles deviennent de fait destinées à un public plus intéressé au fond qu’à la forme.

3) Le journal télévisé

S’il est invité sur un plateau, l’homme politique n’a guère de marge de manœuvre. Encore moins lorsqu’il est simplement montré ou énoncé dans un reportage.

Une exception existe tout de même : Ronald Reagan, lors de la présidentielle américaine de 1980, mit ainsi un matériel complet à disposition des cameramen des chaînes de télévision.

Ceux-ci ne se rendirent pas compte que l’angle des caméras laissait paraître une foule dense. Elle ne pointait en effet que vers les premiers rangs.

4) Les spots publicitaires

Autorisés aux Etats-Unis, interdits en France. Principal moyen de communication chez l’un. Regret chez l’autre ? Aux USA, le marketing politique emploie strictement les mêmes techniques que le marketing commercial : spots courts et agressifs aux heures de forte audience.

Programmés à certaines heures et customisés, ces spots se permettent même une segmentation très précise. Kennedy fut ainsi le premier homme politique américain à s’adresser aux hispanophones avec des spots en espagnol.

Fait intéressant par ailleurs : il a été démontré que les spots ne convainquent pas fondamentalement les électeurs mais les renforcent dans leurs convictions.

Pour des raisons officielles de limitation des coûts, les spots sont prohibés en France, sauf dans un cadre bien précis : Lors d’une campagne électorale, dans les tranches officielles autorisées et contrôlées par le CSA.

Ces tranches sont le moyen pour l’homme politique de présenter son programme pendant quelques minutes, mais aussi justement d’insérer des spots publicitaires. Ceux-ci pouvant atteindre la moitié du temps total d’allocution, strictement identique pour chaque candidat.

Dans un souci d’économie, ces mêmes spots sont souvent réutilisés pour les meetings et les réunions. Certains finissant même en vidéos distribuées aux cercles de militants.

Les différents types d’interventions télévisées

5) Les émissions non politiques

A force de vouloir se montrer à tout prix, les politiques ont fini par apparaître dans des émissions télévisées « classiques ». Tout a commencé avec les grands événements sportifs.

Nos dirigeants, guidés par leurs conseillers en communication, aiment se montrer lors de rencontres populaires, dont l’issue est facilement exploitable en cas de victoire.

Les matchs de l’équipe de France de football sont un must pour tout Président qui se respecte. Et quand le Premier Ministre s’en mêle, nous arrivons à une surenchère médiatique telle que pratiquée en 1997 entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, respectivement Président et Premier Ministre.

Où les deux hommes faisaient la tournée des événements sportifs, à la recherche de la meilleure couverture médiatique.

Depuis les années 1990, les hommes politiques ont élu domicile dans trois types d’émissions :

  • Les émissions de société
  • Les reportages sur le quotidien de l’homme politique
  • Les émissions de divertissement

 

  • Les émissions de société

Que ce soit dans les émissions littéraires (Bernard Pivot & Co), psychologiques (Mireille Dumas), ou encore chez Jean Luc Delarue, il n’est plus rare de voir des hommes politiques invités à donner leur avis d’homme ou de citoyen.

Souvent, cela leur permet de montrer qu’ils s’intéressent à autre chose qu’à leur métier. Si le sujet a trait à leurs fonctions, cela montre même une certaine sincérité dans l’exercice de leur profession.

Et quand l’émission est à la croisée de l’information et du divertissement, comme Le vrai journal de Karl Zéro, on obtient un politique se faisant tutoyer par le journaliste qui alterne questions politiques et sujets plus personnels.

  • Les reportages sur le quotidien de l’homme politique

VGE jouant de l’accordéon, peu avant l’élection de 1974. Mitterrand filmé dans son intimité et interviewé par Yves Mourousi en 1985… jusqu’à l’émission Questions à domicile, dans les années 1990, où Anne Sinclair s’invitait au domicile du politique avec, en bonus, une rapide visite des lieux : tout cela contribue à rendre une image positive du politique.

  • Les émissions de divertissement

Débridés, nos hommes politiques font tomber le masque et osent le divertissement complet. Si les indécis ne viennent pas aux politiques, les politiques viennent à eux.

On a ainsi pu voir Jacques Toubon parler à un ventriloque dans l’émission Sébastien, c’est fou de Patrick Sébastien sur TF1 ou encore Roselyne Bachelot avouer avoir fréquenté un camp de naturistes dans l’émission La route sur Canal Jimmy.

Mais l’émission « in » depuis 1999, c’est Vivement Dimanche de Michel Drucker sur France 2. De VGE à Bernard Kouchner, de Bernadette Chirac à Lionel Jospin, tout le gratin de la politique française s’y bouscule.

Comme pour le marketing commercial, la télévision a révolutionné le marketing politique. Dans une société où l’image importe plus que le discours, elle est devenue le média parfait pour tout homme politique d’envergure nationale ou internationale.

Cette importance doit cependant être relativisée en France où la quasi-interdiction des spots publicitaires comparée à l’utilisation systématique de ce format aux Etats-Unis laisse songeur quant aux possibilités manquées.

C’est ce vide qui a poussé le marketing politique français à exploiter d’autres méthodes basées entre autre sur le marketing direct et les nouvelles technologies.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Le marketing crée-t-il l'homme politique ?
Université 🏫: Université Robert Schuman Strasbourg
Auteur·trice·s 🎓:
Cédric PUISNEY

Cédric PUISNEY
Année de soutenance 📅: Diplôme de Formation Internationale à la Gestion - 2004-2005
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