Analyse des stratégies de développement au Gabon

Analyse des stratégies de développement au Gabon

B. Analyse des stratégies de développement

1. Le Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE)

Le Plans Stratégique Gabon Emergent est le document qui présente la stratégie de développement du pays. Celui-ci s’articule autour de trois piliers : le Gabon vert, le Gabon industriel et le Gabon des services.

Au sein de ces différents piliers sont regroupés des programmes à exécuter afin d’amener le pays à être émergent en 2025.

  • Le Gabon Vert

Par ce pilier, le Gabon entend valoriser sa forêt équatoriale qui couvre le pays à plus de 80%. Considérée comme le « pétrole vert » à cause de sa contribution au PIB du pays après le secteur pétrolier, le pays entend augmenter la part du secteur forestier dans le PIB du pays par la transformation et la gestion durable de ses ressources forestières.

Le pilier « Gabon vert » est décliné en trois programme : le programme sectoriel bois et économie forestière dont l’objectif est de gérer durablement la forêt du Gabon et améliorer la position du Gabon dans la production de bois tropicaux certifiés; le Programme sectoriel agriculture et élevage dont l’objectif est de valoriser le secteur agricole au Gabon et garantir la sécurité alimentaire.

Enfin, le Programme sectoriel pêche qui vise la valorisation et la gestion durable des ressources halieutiques.

  • Le Gabon industriel

Ce pilier vise principalement la mutation de l’économie gabonaise passant d’une économie de rente reposant sur l’extraction et l’exportation de la matière première en une économie à forte valeur ajoutée.

Cette valeur ajoutée passe par la transformation de la matière première à une échelle locale.

L’objectif de pilier est de relancer la production pétrolière et optimiser les revenus des hydrocarbures et des industries connexes, ensuite développer le potentiel minier et ériger une filière de métallurgie propre, enfin promouvoir le développement d’industries. Ce pilier est celui permettra de soutenir les deux autres.

  • Le Gabon des services

Le pilier « Gabon vert » repose sur la fourniture des services dans différents domaines à savoir le tourisme, la formation technique supérieure, les services numériques, les nouveaux services de l’économie verte, les services financiers, la santé et enfin l’immobilier. A travers ce pilier, le gouvernement s’est donné plusieurs objectifs matérialisés en plans sectoriels.

Le premier objectif est de positionner le Gabon comme une destination de référence en matière de tourisme durable.

Cet objectif se matérialise par la mise en place d’un programme sectoriel du tourisme dans lequel on retrouve l’élaboration d’un plan opérationnel du tourisme et la formation aux métiers du tourisme. Le second objectif est de faire du Gabon un pôle régional de l’économie numérique et de la communication.

Celui-ci se matérialise à travers le programme sectoriel économie numérique et communication.

La réalisation des objectifs du plan stratégique Gabon émergent vise principalement une croissance inclusive et durable. La prospérité partagée passe donc par une amélioration des services sociaux de base, ce qui permettra une amélioration des conditions de vie des populations gabonaises.

Figure 11: La pyramide du Gabon Emergent

La pyramide du Gabon Emergent

Source : (République gabonaise, 2012)

2. Diversification de l’économie, un impératif majeur

Comme nous pouvons le constater à travers le diagnostic effectué, la forte dépendance du pays à l’exportation des matières première rend le pays vulnérable aux risques macroéconomiques.

La diversification de l’économie est donc un moyen permettant de rendre le pays plus résilient. En effet, pour accompagner rapidement le processus de diversification de l’économie, le pays a opté pour la mise en place des partenariats publics-privés.

Ces partenariats, souvent assortis des avantages fiscaux, favoriseraient la réalisation de projets dans les domaines que le pays aurait jugé stratégiques. C’est dans ce contexte que la multinationale Olam palm s’est installé au Gabon dans les domaines agricoles.

Par la suite, l’entreprise a étendu ses activités dans d’autres domaines. Pour mieux illustrer le plan de diversification de l’économie du gouvernement, nous allons présenter le cas particulier d’Olam palm Gabon.

3. Partenariats publics privés : cas d’Olam Gabon

La stratégie de de développement du Gabon passe par la diversification de son économie à travers la mise en place des partenariats publics-privés assortis des allégements fiscaux. Olam Gabon reste à ce jour le premier partenaire privé de l’Etat gabonais. Les investissements d’Olam au Gabon ont considérablement augmenté pour atteindre en 2015 148 milliards de Fcfa (Figure 12).

La part du budget du gouvernement consacré à l’agriculture est 6.5 milliards de Fcfa. Soit un écart de 141 milliards de Fcfa.

Ce qui fait d’Olam Palm l’un des plus grands investisseurs privés au Gabon. La part du budget de l’Etat gabonais consacré à l’agriculture est en moyenne très faible comparée à celle d’Olam. En 2017, quand Olam investit 63 milliards, le gouvernement ne consacre que 4.3 milliards.

La baisse de la tendance de l’investissement d’Olam est liée au fait que la phase d’investissement soit en partie terminée.

Figure 12: Budget de l’Etat et investissement d’Olam dans le secteur agricole en milliards de Fcfa

Budget de l'Etat et investissement d'Olam dans le secteur agricole en milliards de Fcfa

Source : (MOUISSI, 2018)

Les activités d’Olam dans le domaine agricole au Gabon sont reparties comme suit :

Olam Gabon : Détenue à 30% par l’Etat gabonais et 70% par le Olam, cette « filiale » est spécialisée dans les plantations de palmiers à huile. Pour sa production d’huile, elle détient des usines de transformation d’huile à Kango et à Mouila.

Les superficies d’utilisation des terres sont reparties comme suit : 58 000 ha à Mouila dans la Ngounié, 20 000 ha à Awala dans l’Estuaire, ainsi que des anciennes plantations à Makouké dans le Moyen Ogooué.

Olam Rubber Gabon : Détenue à 20% par l’Etat Gabonais et à 80% par Olam. Cette « filiale » est spécialisée dans la plantation d’hévéa et la production de latex. Elle détient une usine de transformation et 28 000 ha de plantation d’hévéa à Okok dans le Woleu-Ntem.

Programme GRAINE (SOTRADER) : Qui accompagne les coopératives agricoles et apporte un soutien aux agriculteurs. Elle utilise 20 000 ha pour la culture de rente et les cultures vivrières.

En dehors du secteur agricole, le groupe Olam a plusieurs autres filiales au Gabon dans le but d’accompagner l’Etat gabonais dans la réalisation de son projet de diversification de l’économie. Ainsi, on retrouve :

  • Gabon Fertilizer company : Pour la construction des usines d’engrais;
  • GSEZ Bulk Terminal : Pour la Gestion portuaire;
  • GSEZ Multi-purpose Terminal : Gestion portuaire;
  • GSEZ infra-Electrical lines : Pour la connexion des zones rurales au réseau électrique national;
  • Zone économique spéciale de NKOK : Pour le développement de ZES industrielle.
  • GSEZ Airports : Pour la construction, l’aménagement et la Gestion aéroportuaire.

Dans la suite de notre étude, nous allons nous focaliser uniquement sur les activités d’Olam dans le secteur agricole et/ou forestier, lesquels sont capables d’affecter durablement la vie des populations autochtones.

Olam, avec l’accord du gouvernement gabonais dispose de 300 000 ha pour la culture de rente et 200 000 ha pour la culture vivrière, soit 500 000 ha de forêt qui seront utilisés d’ici 2020 (NDJIMBI, 2018). Selon (MOUISSI, 2018), la valeur ajoutée créée par Olam serait de 3.6% du PIB nominal du Gabon et les activités d’Olam auraient contribuées à la création de 50% de la valeur ajoutée dans le secteur agricole.

Figure 13: Répartition des surfaces utilisées par Olam en ha

Répartition des surfaces utilisées par Olam en ha

Source : (NDJIMBI, 2018)

Souvent proche des populations rurale, l’activité d’Olam a un impact important sur la disponibilité des terres agricole, mais aussi sur le mode de fonctionnement des communautés rurales. Dans un cadre macroéconomique, l’installation d’Olam au Gabon vise principalement le soutien à la politique de diversification de l’économie du pays.

Les bénéfices tirés de l’implantation d’Olam, selon le gouvernement gabonais, concerneraient les recettes fiscales mais aussi les emplois créés.

Bien que les activités d’Olam ont eu un impact positif sur le PIB du Gabon, la contribution fiscale de la multinationale demeure encore faible. Bénéficiant des avantages fiscaux, sa contribution fiscale dans les recettes publiques de l’Etat est de 0.08% (MOUISSI, 2018) entre 2012 et 2017.

Ce qui constitut une très faible contribution compte tenu de la place de que l’opérateur occupe dans l’économie nationale. Comme nous le montre la figure ci-contre, les deux premiers contribuables du groupe sont Olam Ruber Gabon avec 21% et Olam palm Gabon avec 20%.

Figure 14 : Répartition des Payement effectué par Olam à la DGFP en milliards de Fcfa (2012-2017)

Répartition des Payement effectué par Olam à la DGFP en milliards de Fcfa (2012-2017)

Source : (MOUISSI, 2018)

Concernant l’emploi, la contribution d’Olam reste positive. La part des emplois créés par Olam dans les emplois au Gabon s’est accrue passant de 0.7% en 2011 à 9.2% en 2016, faisant d’Olam le premier pourvoyeur d’emplois du secteur privé au Gabon.

Nous pouvons observer une décroissance du chômage au Gabon induit par un accroissement de l’emploi au sein d’Olam.

Figure 15 : Evolution du chômage et emplois créés par Olam au Gabon

Evolution du chômage et emplois créés par Olam au Gabon

Source : (MOUISSI, 2018)

Sur le plan quantitatif, on observe une forte corrélation négative entre les emplois créés par Olam et le chômage au Gabon. Cependant, la question de la qualité de l’emploi créé par Olam soulève quelques questions pour lesquelles des recommandations ont été émises à l’issu de l’Etude effectuée par (MOUISSI, 2018).

En effet, plusieurs emplois au sein du groupe sont des emplois précaires souvent à durée déterminée.

La responsabilité sociale ainsi que les conditions de travail des employés du groupe ont fait l’objet d’une enquête dont une partie des résultats vous est présentée dans le graphique ci-après.

Figure 16 : Enquête de satisfaction auprès des employés d’Olam Palm à Mouila

Enquête de satisfaction auprès des employés d'Olam Palm à Mouila

Source : (MOUISSI, 2018)

De cette enquête il en ressort que les emplois créés par Olam ne permettent pas de couvrir les besoins de première nécessité.

Ainsi, l’enquête a pu par exemple montrer que les employés ont du mal à satisfaire leurs besoins en matière de santé, d’éducation et de logement.

Ces réponses ont pu clairement apporter une nuance sur l’impact des emplois créés par Olam sur la réduction du chômage au Gabon et par conséquent l’amélioration des conditions de vie des populations locales.

4. Le Plan de Relance de l’Economie (PRE)

Le bilan à mi-parcours du plan stratégique Gabon émergent a montré quelques limites qui découlent principalement des chocs budgétaires auxquels le pays a été confronté. Pour faire face à ce problème, certaines décisions ont été prises.

Les nouvelles politiques d’ajustement du plan stratégique Gabon émergent ont été proposées dans le Plan de Relance de l’Economie (PRE). En accord avec les recommandations du FMI, ce document regroupe cinq principaux objectifs :

1) L’optimisation des recettes et financements de l’économie;

2) La maitrise des dépenses;

3) La compétitivité des filières;

L’amélioration du cadre des affaires;

5) La qualité des services aux citoyens.

Les différents sous objectifs sont représenté dans la figure ci-après.

Figure 17: Plan de relance de l’économie

Plan de relance de l'économie

Source : (République gabonaise, 2017)

En somme, le PSGE a permis au pays d’avoir une ligne directrice à suivre pour son développement.

Cependant, l’absence de ressource financières a affecté sa mise en place. Les partenaires tels que Olam joue un rôle efficace dans la diversification de l’économie, mais sa contribution fiscale reste marginale.

L’exécution des différents programmes issus du PER permettra à long terme de retrouver une situation d’équilibre budgétaire.

Le pays pourra de nouveau retrouver une croissance soutenue, faire face à ses engagements et attirer des investisseurs. Il est nous apparait important de montrer la place qu’occupe l’ONG Brainforest dans le processus de développement du pays.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: École d’Économie – Université Clermont Auvergne - Le Centre d’études et de recherches sur le développement international
Auteur·trice·s 🎓:
BROLIN MBADINGA

BROLIN MBADINGA
Année de soutenance 📅: 2018-2019 - Master 2ème Année : « Analyse de Projet de Développement »
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top