L’égalitarisme célinien : le redressement national

L’égalitarisme célinien : le redressement national

Chapitre III

L’égalitarisme célinien

« Le peuple il a pas d’idéal, il a que des besoins1. »

Ce chapitre est consacré au pamphlet intitulé Les Beaux Draps, le dernier publié par Louis-Ferdinand Céline en 1941. Un pamphlet souvent occulté par les outrances des précédents pamphlets et se trouve de ce fait rapidement étiqueté d’antisémitisme. Toutefois, ce dernier se démarque nettement des deux premiers écrits polémiques, car l’auteur y propose un programme politique novateur.

C’est la raison pour laquelle nous avons préféré lui consacrer tout un chapitre, afin d’étudier minutieusement ce programme politique et d’en souligner l’aspect prophétique pour enfin démontrer combien il est aux antipodes des précédents pamphlets, mais surtout voir quels sont les remèdes proposés par notre auteur contre les maux de la société du XXe et par extension, celle du XXIe siècle.

En effet, Les Beaux Draps est prophétique sur plusieurs points, étant donné qu’il propose une alternative politique aux dirigeants français, durant l’occupation. Cette alternative constituera le premier point de notre analyse que nous intitulons « le redressement national », quant au deuxième point de notre analyse s’attardera sur la question de la spiritualité, plus précisément sur la dualité entre l’égalitarisme célinien et le matérialisme que nous intitulerons « la révolution spirituelle »

1. Le redressement national

L’auteur ne se fait plus aucune illusion sur la situation dramatique dans laquelle se trouvent la France et le peuple français. Tout ce qu’il a prédit s’est produit avec précision et le pays a subi de lourdes conséquences. La France est divisée en deux : la zone occupée par les nazis au nord, et la zone libre, dirigée par le gouvernement de Vichy, au sud.

Cependant, le régime de Vichy malgré la collaboration avec Hitler n’est pas parvenu à redresser l’économie du pays qui croule dans la misère, depuis la défaite de 1940. C’est pour cette raison que Céline entame la rédaction de son dernier pamphlet Les Beaux Draps en élaborant un programme politique s’inspirant fortement du communisme et du fascisme.

Dans ce pamphlet, l’auteur abandonne ses haines et ses outrances pour se consacrer pleinement au redressement national, puisque ni Pétain et encore moins Hitler n’ont pu améliorer la situation de la France, Céline décide de faire cavalier seul.

La question du Juif est mise au second plan, par rapport aux précédents pamphlets, certes il y’a d’innombrables passages où le pamphlétaire s’attaque ouvertement aux Juifs et particulièrement aux banques en réaffirmant que la révolution russe était un complot manigancé par les huit grandes familles. Il s’agit pour rappel : Sachs, Rockefellers, Lehmans, Loebs, Rothschild, Warburgs, Lazards et Israel Moses Seifs.

Une accusation portée pour la première fois dans Bagatelle pour un massacre, après son retour de l’URSS, mais cette fois-ci Céline fait part d’une nouvelle révélation aux lecteurs en affirmant que peu de temps après le début de la révolution russe, Trotsky a eu une réunion avec les grands banquiers à New York et qu’« ils se sont entendus illico, Warburg, la Banque et Trotsky.

Tout ça c’était dans les présages… un chèque présenté par le Temps, New York faisait la couverture, 200 millions de dollars-or pour foutre en l’air l’entreprise du Tzar1 », puis Trotsky a « plut tout de suite par ses idées à Messieurs Schiff, Warburg et Loeb… mais pas trop par sa personne… Ils le trouvèrent un peu remuant, un peu trop bouillant, hystérique2…». C’est pour cette raison qu’ils ont fait appel à Lénine, afin de l’épauler dans cette révolution.

À la suite de cette réunion, « le menu parti bolchévique qu’était huit jours auparavant qu’une pénible petite roustissure, une cocasserie à peine en l’air, un quarteron d’énergumènes3… » se développe rapidement et finit par faire tomber le Tsar.

1 Louis-Ferdinand CÉLINE, op.cit., 1998, p.59.

1 Ibid., 1941, p.26.

1 Ibid. ; 1941.p.21.

2 Ibid.,

3 Ibid.,

Ces accusations se sont confirmées durant le XXIe siècle, grâce aux recherches des historiens tels que : Laurent Joly et Léonard Leshuk qui affirment que « Schiff rencontra bien Trotski à New York peu avant la révolution d’octobre 1 » et que « Schiff a financé Trotsky pendant la révolution bolchévique 2».

Ceci démontre que la théorie du complot avancée par l’auteur n’est pas sans fondement et que son antisémitisme avait pour cible directe les huit grandes familles.

Toutefois, la question des Juifs n’est pas traitée longuement par l’auteur, car il sait que la France se trouve dans de beaux draps et que si la guerre se prolonge encore plus, le pays s’écroulera sous les dettes, ainsi que la misère.

Les Beaux draps se différencie aussi des deux autres pamphlets, dans la mesure où Céline utilise dans son pamphlet les dialogues avec des personnages fictifs et revient aux monologues internes (similaire à Bagatelles pour un massacre), mais aussi par le nombre de pages, car il ne compte que 72 pages et de ce fait, il est le plus court des trois pamphlets écrits entre 1937-1941.

Ensuite, là où la différence est plus présente c’est dans le sujet central du pamphlet, car dans celui-ci, Céline propose un programme, afin de redresser la nation qu’il intitule un communisme « Labiche », c’est-à-dire « un communisme petit bourgeois, […] adapté à l’homme et à ses aspirations fondamentales 3» grâce auquel, il tente de remédier aux maux qui touchent la société française. Des maux qui ne permettent plus au citoyen français d’aspirer au bonheur, car pour l’écrivain ce que le peuple désir :

C’est que ses prisonniers reviennent, qui aye plus de chômage, qu’on trouve des boulots soisois, qu’on aye la sécurité, qu’on se trouve assuré contre tout, le froid, la faim, l’incendie, qu’on aye les vacances payées, la retraite, la considération, la belote et le pousse-café, plus le cinéma et le bois de rose, un vache smoking tempérament et la pétrolette d’occasion pour les virées en famille4.

L'égalitarisme célinien : le redressement national - l'égalité salariale

Pour garantir tout cela au peuple, Céline suggère en premier lieu l’égalité salariale pour tout le peuple français sans exception, afin d’assurer une stabilité économique au pays et éradiquer la dépendance néfaste du peuple à la matière.

Il annonce le salaire nationale à : 100 francs par jour maximum et les revenus tout pareillement pour les bourgeois qui restent encore, bribes de rentes, ainsi je n’affame personne en attendant l’ordre nouveau.. Personne ne peut gagner plus de 100 balles, dictateur compris, salaire national, la livre nationale.

Tout le surplus passe à l’État. Cure radicale des jaloux. 100 francs pour le célibataire, 150 pour les ménages, 200 francs avec trois enfants, 25 francs en sus à partir du troisième môme. Le grand salaire maxima : 300 francs par jour pour le Père Gigogne.

Ça sera une extrême exception, la moyenne 70-100 balles. Forcément y en a qui fument, qui trouvent que c’est pas juste du tout, les ceusses qui gagnent pas leurs cent francs… Pardon ! Pardon ! Tout est prévu ! 50 francs salaire minimum, 75 marié, 100 francs les pères de famille avec trois enfants au moins. J’ai pensé à eux1.

Le mot d’ordre de son programme est l’égalitarisme. Céline sait que pour unifier le peuple, il faut lui imposer un salaire national identique. Cette initiative a pour but d’éviter au peuple de succomber à la matière, ainsi qu’au gaspillage, car le surplus passe directement à l’État.

Il propose aussi un aménagement familial pour compléter son système qui promulgue l’accroissement progressif des salaires, en fonction du nombre d’enfants. Pour les familles nombreuses, le maximum est de 300 francs par jour.

Cette revalorisation des allocations familiales par l’auteur est une réponse à la crise de natalité qui sévissait en France durant l’entre-deux-guerres.

Mais là où le programme politique de Céline soulève des protestations de la part des bourgeois et hommes politiques, c’est que son communisme Labiche bouleverse radicalement l’ordre établi des classes, car dorénavant, il y’a plus d’un côté le bourgeois et de l’autre le prolétaire.

Cette haine que Céline voue aux bourgeois l’a toujours rongée de l’intérieur, car il les accuse d’être la cause principale des inégalités sociales qui sévissent en France et de la dépossession de sa jeunesse.

À travers son programme, il essaye en quelques sortes de se venger d’eux en les faisant descendre de leur piédestal. Dans son projet politique, tout le peuple français constitue une seule masse homogène et aucune personne n’a le droit de bénéficier à plus de gain qu’une autre. De cette manière, Céline met au même niveau le Directeur d’une usine et l’ouvrier qui reçoivent à présent la même rémunération.

Cependant, le caractère prophétique qui réside dans le programme politique de Céline est dans l’égalité salariale entre homme et femme.

En effet, nous avons vu que l’auteur préconisait en 1941, l’égalité salariale pour toutes les classes et dans tous les secteurs de la nation. Cette égalité ne touche pas seulement les classes ou les secteurs de productions, mais aussi les deux sexes qui sont rémunérés par la même somme, à savoir de 100 francs par jour. Une première dans la politique française, puisque jusqu’à présent en France :

Le salaire mensuel net moyen des hommes en équivalent temps plein est de 2 438 euros en 2015, celui des femmes de 1 986 euros, soit un écart de 452 euros. Les femmes perçoivent donc, en moyenne, 81,5 % du salaire des hommes (1 986 divisé par 2 438), ou ont un salaire inférieur de 18,5 %1.

Les détracteurs de Céline ont toujours affirmé qu’il était un farouche misogyne, en particulier, à cause de ses descriptions par moments sexistes dans ses romans, par exemple dans Voyage au bout de la nuit avec Molly et Musin.

Toutefois, Céline démontre dans son pamphlet qu’il est pour une égalité entre les deux sexes sur la question salariale en imposant le même salaire à tout le monde. Par cette mesure, il est le premier écrivain et intellectuel français à avoir réclamé l’égalité salariale. De ce fait, l’auteur a été prophétique dans sa démarche pour combattre les inégalités sociales, grâce à l’égalité salariale pour tous.

1 Laurent JOLY, « L’Ami du Peuple contre les « financiers qui mènent le monde ». La première campagne antisémite des années 1930 », In ; Archives juives, Les Belles lettres, 2006/2, p.100.

2 Leonard LESHUK, US Intelligence Perceptions of Soviet Power, 1921-1946, Routledge, Abingdon-on- Thames, 2016, p.24. [ Notre traduction ].

3 Jacqueline MORAND, Les idées politiques de Céline, Écriture, Paris, 1972. P.90.

4 Louis-Ferdinand CÉLINE, op.cit., 1941, p.26.

1 Ibid, p.41.

1 « Les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes : état des lieux » 25 mars 2019, In : Observatoire des inégalités, Consulté le 16/03/2020, URL : https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux?id_mot=104#nb1

La question salariale traitée, le pamphlétaire dans son ambition de redresser la nation française, ainsi que les secteurs de productions, s’attelle à la question du chômage et à la sécurité de l’emploi. Cette fois-ci, il s’inspire ouvertement du communisme soviétique pour combattre le chômage, en annonçant la nationalisation des :

Banques, les mines, les chemins de fer, les assurances, l’Industrie, les grands magasins… C’est tout ? Je kolkozifie l’agriculture à partir de tant d’hectares, les lignes de navigation, je ramasse le blé, les froments, l’élevage des génisses, et les cocottes avec leurs œufs, je trouve du boulot pour tout le monde. Et ceux qui veulent pas travailler ? je les fous en prison, si ils sont malades je les soigne1

Sans la nationalisation des entreprises de l’État, la France reste sous l’égide des élites et des Bourgeois, Céline veut couper le cordon ombilical avec ces derniers. En nationalisant les entreprises de productions, le pays aura la souveraineté totale sur l’économie nationale et ne subira aucune pression du secteur privé. Cette idée de nationaliser les secteurs de productions nationaux a été proposée par Céline au régime de Vichy qui a refusé de considérer sérieusement son programme politique, jugé utopique.

C’est le gouvernement provisoire de France dirigé par Charles de Gaule qui va entreprendre la première vague de nationalisation des entreprises de production en 1945, et indique que « tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité2».

Cette vague de nationalisation s’étendra jusqu’à aux années 1990 avec pour principales industries nationalisées : SNCF, Renault, EDF… etc. Une démarche politique ayant permis au pays de reprendre le contrôle sur l’économie nationale, tout en consolidant le secteur public.

Donc, quatre années avant le premier décret de nationalisation en France, Céline appelait les politiciens à appliquer cette démarche qui permet de redresser l’économie du pays et lui garantir une indépendance face aux banques, pour ainsi dire les « élites ».

Certes, le concept de nationalisation n’est nullement la création de Céline, mais le fait qu’il ait mis l’accent sur ce point avant les politiciens, dont le devoir est justement de trouver des solutions, afin d’hisser l’économie du pays, démontre à quel point il était en avance sur son temps.

Outre la nationalisation des secteurs de productions, Céline évoque la question des usines dans son programme politique. Nous avons vu que l’auteur a toujours été frileux sur la question des usines et des ouvriers.

Depuis sa visite des usines de Ford, il tient la machine pour le tourment des races humaines. Cette haine envers la machine ne s’est jamais affaiblie, puisque dans Les Beaux Draps, il qualifie les usines : [D’] un mal comme les chiots, c’est pas plus beau, pas moins utile, c’est une triste nécessité de la condition matérielle.

Entendu, ne chichitons pas, acceptons vaillamment l’usine, mais pour dire que c’est rigolo, que c’est des hautes heures qu’on y passe, que c’est le bonheur d’être ouvrier, alors pardon ! l’abject abus ! l’imposture ! l’outrant culot ! l’assassinat désinvolte ! Ça vaut d’appeler les chiots un trône, c’est le 44 même genre d’esprit, de l’abus sale1.

Le pamphlétaire estime qu’« on ne peut pas supprimer l’usine 2», car son rôle pour préserver l’économie de l’État est indéniable, mais en contrepartie,

Céline propose que « 35 heures c’est maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique 3». Or, réduire le temps de travail est un objectif traditionnel chez la Gauche et cela depuis 1880 en France. Par contre, Céline est le premier à préconiser les 35 heures de travail dans le pays pour tous les travailleurs.

Il aura fallu attendre un demi-siècle pour que cette réforme voie le jour, plus exactement le 1er février 2000, lorsque le gouvernement français décrète que « la durée de travail a été baissée en France à 35 heures pour les entreprises4 » une réforme dénommée : la loi Aubry.

Aujourd’hui, le temps de travail en France est décrété à 35 heures pour tous les secteurs. Une réforme qui n’a pas seulement pour but de réduire le temps de travail des ouvriers, mais aussi de leur permettre de tisser des liens avec leur famille, en passant plus de temps avec leurs proches.

En effet, la réduction du temps de travail « apparaît comme une possibilité concrète d’organiser pour les hommes et les femmes une harmonisation des temps sociaux, notamment ceux du travail et de la famille 1» puisqu’en réduisant le temps de travail on augmentera automatiquement le temps que passe un ouvrier avec sa famille.

Cette mesure aura un impact positif sur la vie sociale du prolétaire et c’est une des préoccupations de Céline, car la réduction des 35 heures proposées dans son programme politique vise, aussi bien à sauvegarder l’état de santé des ouvriers, mais aussi à leur permettre d’avoir une vie sociale assez heureuse et pour cela :

Il faudrait rapprendre à danser […] On dansera jamais en usine, on chantera plus jamais non plus. Si on chante plus on trépasse, on cesse de faire des enfants, on s’enferme au cinéma pour oublier qu’on existe, on se met en caveau d’illusions, tout noir, qu’est déjà de la mort, avec des fantômes plein l’écran, on est déjà bien sages crounis, ratatinés dans les fauteuils, on achète son petit permis avant de pénétrer, son permis de renoncer à tout, à la porte, décédés sournois, de s’avachir en fosse commune, capitonnée, féerique, moite2.

Par reprendre à danser, Céline insinue vivre hors du travail, s’abreuver d’art et tout ce qui permet à l’homme d’être heureux en éveillant ses émotions. Sans le bonheur aucun peuple n’arrivera à redresser son pays de la crise et finit par ne plus produire assez d’enfants, ce qui représente un danger pour le futur du pays, comme le souligne l’auteur « plus d’enfant, plus de France…

Au taux actuel c’est des plus simples, dans 20 ans y aura plus de jeunesse3… » et sans jeunesse aucun avenir n’est envisageable.

En plus de la RTT, le pamphlétaire suggère dans son communisme  » Labiche  » de s’occuper des poètes, en d’autres termes ; des artistes. Il préconise de leur faire regarder « des films amusants, des jolis dessins animés, que ça relèvera le niveau des âmes, il en a besoin. Une fois qu’on est sorti de la tripe, de l’obsession de la boyasse, tous les petits espoirs sont permis 4».

Ainsi relever le niveau des âmes artistiques est un point sensible pour l’auteur, car comme souligné dans les chapitres précédents, les artistes jouent un rôle majeur dans la transmission des idéaux, ainsi que dans la propagande.

1 Louis-Ferdinand CÉLINE, op.cit., 1941, p.42.

2 La Constitution de la IVe république (27 octobre 1946), citée dans : « 2 décembre 1945 Nationalisations d’entreprises en France », In : Perspective monde, Consulté le 17/03/20, URL : http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=969

1 Ibid, p.44.

2 Ibid.p.44.

3 Ibid., p.45.

4 Eric HEYER, Xavier TIMBEAU. 35 heures : réduction réduite. In: Revue de l’OFCE, N° 74, 2000. pp. 53.

1 Hervé DEFALVARD, Dominique MÉDA. Les mondes vécus des 35 heures. In: Recherches et Prévisions, N° 74, 2003. Les dirigeants de la branche Famille de la Sécurité sociale. Pp. 83.

2 Louis-Ferdinand CÉLINE, op.cit., 1941, p.45.

3 Ibid., p.46.

4 Ibid., p.50.

Cette obsession de la matière chez l’artiste, Céline veut la combattre en éveillant son âme artistique et émotive. C’est une riposte au programme politique de sa génération qui a depuis toujours « tuer l’artiste chez l’enfant 1 » et l’auteur est confiant que tous les membres de la société peuvent devenir un jour des artistes, mais ni le milieu dans lequel ils vivent ni le système scolaire ne leur donnent l’occasion de l’exprimer.

C’est pour cette raison que l’écrivain veut revaloriser les artistes en élevant leurs âmes, à travers des films et des dessins animés pour qu’ils puissent revenir à leur âme d’enfant.

Un tel programme peut être considéré comme « une coupure nette et brutale avec le système social en vigueur, un bouleversement de l’organisation économique, une mutation profonde des rapports sociaux 2», une coupure qui aurait radicalement changé la France.

Quant au communisme Labiche, il « se rapprocherait plus de la révolution permanente chinoise que du communisme soviétique. Mais il s’accompagne de recherches spiritualistes, assorties de propositions qui le transforment très sensiblement 3».

Ses recherches spiritualistes sont profondément inspirées des humanistes et à leur tête François Rabelais, le père spirituel de Céline qui a influencé la plume de l’auteur, ainsi que ses idéologies.

Dans son programme spiritualiste qui vise à faire renoncer le peuple au matérialisme, l’auteur est animé par des aspirations idéalistes qui « font de lui à la fois un homme du passé et un visionnaire 4» dont la vision est celle « [d]’un douloureux prophète de la faillite du matérialisme et de l’homme-robot, qui tente de leur opposer la renaissance spiritualiste des assoiffés d’idéal 5».

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