Le système éducatif congolais : Structure et Financement

Le système éducatif congolais : Structure et Financement

II.3. Système éducatif congolais

Le système éducatif de la République Démocratique du Congo (RDC) est géré par trois ministères à savoir : le ministère de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP); le ministère de l’enseignement supérieur et universitaire(ESU) et le ministère des affaires sociales (MAS).
Les deux premiers ministères s’occupent de l’enseignement formel; tandis que le dernier assure une éducation dite informelle.
Cette dernière consiste à apprendre la lecture, l’écriture et le calcul aux jeunes et adultes qui n’ont pas bénéficié de l’enseignement dispensé dans le cycle primaire et secondaire, en vue de les rattraper.

II.3.1. Administration du système éducatif congolais

En République Démocratique du Congo (RDC), l’enseignement national est composé de deux catégories d’écoles : les écoles publiques et les écoles privées agréées.
Dans les écoles publiques on retrouve les écoles non conventionnées gérées directement par l’Etat, et les écoles conventionnées dont la gestion est assurée par les confessions religieuses signataires de la convention de gestion scolaire avec le Gouvernement.
Ainsi, dans ce dernier groupe on a (1) les écoles conventionnées catholiques; (2) les écoles conventionnées protestantes; (3) les écoles conventionnées kimbanguistes; (4) les écoles conventionnées islamiques; et (5) les écoles conventionnées de l’Armée du Salut.
Les écoles publiques sont financièrement prises en charge par l’Etat, surtout en ce qui concerne les salaires des enseignants. Compte tenu des difficultés que connaît le pays depuis des années, les ménages interviennent financièrement et de façon significative dans le fonctionnement de ces écoles.
Les écoles privées agréées sont celles créées par des particuliers (personnes physiques ou morales), et qui sont soumises à la réglementation officielle en matière d’agrément, de programmes d’études, de contrôle et d’évaluation pédagogiques.
Elles ne bénéficient d’aucun subside de la part de l’Etat. Toutes leurs charges financières reviennent aux parents.
Un grand nombre d’écoles privées sont représentées par l’Association Nationale des Ecoles privées Agréées (ASSONEPA). D’autres sont plutôt affiliées au Collectif des Ecoles Privées Agréées du Congo (CEPACO).
Le secteur de l’enseignement privé connaît un développement rapide en termes de nombre d’écoles. En 2001 – 2002 on a dénombré, au niveau de l’enseignement privé, 2.195 écoles primaires, et 1.205 écoles secondaires, alors qu’en 1986 – 1987 ces nombres étaient respectivement de 378 et 109.
Les parents sont le quatrième acteur majeur de l’administration du système scolaire congolais. Ils sont représentés, de la base au sommet, par des comités de parents dans les écoles, les communes et les provinces. Il existe plusieurs organisations de parents d’élèves dont la plus ancienne et la plus importante est l’Association Nationale des Parents d’Elèves du Congo (ANAPECO).
Ces associations ont pour rôle d’inciter les parents à scolariser leurs enfants et à participer à la gestion des écoles. Les écoles sont gérées par un Chef d’établissement (Directeur au niveau des écoles primaires, Préfet au niveau secondaire), assisté par un Conseil de gestion.
Le chef d’établissement assure la gestion pédagogique, administrative et financière de l’école, y compris la gestion du personnel ainsi que le versement des salaires de ces derniers. Sur proposition du Chef de Division Provincial ou du Coordinateur Provincial, le Gouverneur nomme ou relève de leurs fonctions, les chefs d’établissement respectivement des écoles non conventionnées et conventionnées.
Le Conseil de gestion est l’organe délibérant de l’établissement scolaire. Ses membres sont le Chef d’établissement, le Conseiller pédagogique, le Directeur de discipline, le représentant des enseignants et le représentant des parents.
Pour gérer le personnel enseignant de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel, le Gouvernement a créé depuis 1985 le Service de Contrôle et de la Paie des Enseignants (SECOPE), placé sous le contrôle du Secrétaire général qui a ce secteur dans ses attributions [Ministère de l’EPSP, 2005].

II.3.2. Structure du système éducatif congolais

La durée de l’enseignement obligatoire est de 6 ans pour les enfants entre 6 et 12 ans. Bien qu’une scolarité pré-primaire de 3 ans soit prévue, elle n’est offerte en pratique que dans quelques zones urbaines.
La scolarité primaire de 6 ans est divisée en trois cycles de deux ans chacun. Le certificat de fin d’études primaires est accordé sur la base d’une évaluation des résultats en classe et des notes de l’élève à un test national (TENAFEP), pondérés respectivement par 60 % et 40 %.
L’enseignement secondaire consiste en un cycle long et un cycle court.
Le cycle long comprend trois filières : général, normale et technique. Ce cycle consiste en une première étape de deux ans, commune aux trois filières, et une seconde étape de quatre ans qui introduit la différenciation entre les trois filières.
Au sein de chaque filière, diverses options sont offertes, jusqu’à trente options dans la filière technique. Les élèves qui réussissent au concours national, appelé Examen d’Etat, obtiennent le Diplôme d’Etat sanctionnant la fin de leurs études secondaires.
Le cycle court concerne l’enseignement professionnel et consiste en une formation de 4 ans, commençant immédiatement après l’enseignement primaire, ou une formation de 3 ans après le tronc commun du secondaire. Il existe également des écoles des arts et métiers qui offrent une formation à l’artisanat en trois ou quatre ans.
Les élèves de ce cycle obtiennent en cas de satisfaction aux concours de fin de cycle, un Certificat.
L’enseignement supérieur comporte un premier cycle de trois ans et un second de deux à trois ans selon les filières. Trois types d’enseignement supérieur sont organisés en République Démocratique du Congo : l’enseignement supérieur universitaire, l’enseignement supérieur pédagogique et l’enseignement supérieur technique.
Un diplôme est décerné aux étudiants ayant réussi aux examens de fin de cycle, respectivement le Diplôme de Graduat pour ceux du premier cycle, de Licence pour ceux de deuxième cycle. Pour les études de médecine, le deuxième cycle, qui dure trois ans, est sanctionné par un diplôme de doctorat en médecine.
Le troisième cycle propose le diplôme d’études supérieures (DES) et le doctorat.
Tableau 2.7. Structure du système éducatif en RDC

Niveau d’étudesType d’établissementAge théorique (années)Niveau minimum d’entrée
requis
Durée (années)Certificat/diplôme délivré
Primaire6-11Aucun6Certificat d’études
primaires
Secondaire
GénéralGénéral12-17Certificat6Diplôme d’Etat
Formation desInstitutd’études
maîtresPédagogiqueprimaires
TechniqueTechnique
ProfessionnelProfessionnel12-165Certificat /Brevet
Etudes supérieures
UniversitéUniversité18-20/22Diplôme1er Cycle – 3ansGraduat
d’Etat2ème Cycle- 2ans/3Licence
3ème Cycle- 2ansDoctorat/médecine
D.E.S
Post UniversitéNon définiDiplôme4-7 ansDoctorat
de 2èmeAgrégation
cycle
Hors UniversitéI.S.P18-20/221er Cycle-3ansGradué en PA
2ème Cycle-2ansLicence en PA
I.S.TDiplôme1er Cycle-3ansGraduat
d’Etat2ème Cycle-2ansLicence

Source : Rapport d’Etat du système éducatif de la RDC, Banque Mondiale, 2004

II.3.3. Financement du système éducatif en RDC

L’aspect original des finances de l’éducation en RDC réside dans le niveau élevé des financements privés à tous les niveaux de l’enseignement, y compris dans le primaire.
La situation actuelle représente un changement marqué par rapport à des décennies précédentes, lorsque l’éducation était hautement prioritaire dans les dépenses de l’Etat.
Néanmoins, bien que le montant total des financements privés ait largement dépassé celui des financements publics, il n’en demeure pas moins utile d’analyser les dépenses éducatives de l’Etat, car accroitre ces dernières pour améliorer la qualité de l’éducation est une action primordiale recommandée par un des objectifs millénaires pour le développement [OMD], qui est celui d’améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation et garantir son excellence de façon à obtenir les compétences indispensables dans la vie courante.
Graphique 2.7. Evolution des dépenses courantes et en capital de l’éducation en % des dépenses publiques totales : 1980-1989
système éducatif congolais - Evolution des dépenses courantes et en capital de l’éducation en % des dépenses publiques totales : 1980-1989
Source : Par l’auteur sur base des données de la BCC et du Ministère des Finances
Il ressort à la lecture de cette figure que les dépenses publiques en capital de l’éducation n’ont pas occupée une place de choix dans le budget de l’Etat. Pendant la période 1980- 1989, ces dépenses ont été exécutées en moyenne de 0.14% du PIB et n’ont pas réussi à atteindre 1% des dépenses publiques.
Son niveau le plus élevé est de 0.73% des dépenses publiques en 1982.
Il convient de signaler par ailleurs que la discipline imposée par la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel [PAS] de première génération en 1980, avec la promotion des politiques budgétaires et monétaires restrictives (la politique d’austérité) a certes permis d’assainir les finances publiques, mais au prix d’une compression des dépenses publiques en capital de manière générale et particulièrement celles de l’éducation.
En effet, les investissements publics se sont contractés successivement en 1983, 1984 et 1985; soit, 834 millions, 759 millions et 682 millions de zaïre [BCC, 1986] respectivement.
Ce qui a également occasionné par la même, une baisse des dépenses publiques en capital de l’éducation, jusqu’à se situer à 0.09% des dépenses publiques en 1986 [voir figure ci-dessus].
Graphique 2.8. Evolution des dépenses courantes et en capital de l’éducation en % des dépenses publiques totales : 1990-2001
système éducatif congolais - Evolution des dépenses courantes et en capital de l’éducation en % des dépenses publiques totales : 1990-2001
Source : Par l’auteur sur base des données de la BCC et du Ministère des Finances
La situation ne semble sans doute pas changer, c’est-à-dire, les dépenses publiques en capital de l’éducation n’excédent toujours pas 1% des dépenses publiques durant la période sous analyse; et elles ont été exécutées en moyenne de 0.03% du PIB.
Les événements marquants cette sous période à savoir : les troubles sociales (1990), les pillages (1991 et 1993) et les guerres (1996 et 1998), ont donc constitué un frein à l’accumulation du capital physique d’une part, et à l’accumulation du humain d’autre part; étant donné que ce sont les privés qui financent régulièrement l’éducation en RDC et garantissent donc la survie du système éducatif congolais .
On observe une chute brutale des dépenses publiques en capital de l’éducation à partir de 1990, et ces dernières ont représentées 0% des dépenses publiques respectivement pour les années 1994, 1998, 1999, 2000 et 2001.
En 1998, les dépenses d’investissement ont représentées 1 % du total des dépenses contre une prévision de 13,5%. On note également une crise des finances publiques et une chute des recettes publiques durant cette période et, la part importante des dépenses était destinée à l’achat des équipements militaires et au fonctionnement des ministères, au détriment des dépenses en capital.
Les dépenses courantes de l’éducation sont restées inferieures à 2% des dépenses publiques totales.
Graphique 2.9. Evolution des dépenses courantes et en capital de l’éducation en % des dépenses publiques totales : 2002-2009
Evolution des dépenses courantes et en capital de l’éducation en % des dépenses publiques totales : 2002-2009
Source : Par l’auteur sur base des données de la BCC et du Ministère des Finances
Malgré la reprise des taux de croissance positifs amorcée depuis 2002, la part des dépenses publiques en éducation dans le budget de l’Etat reste marginale pendant la période 2002-2009. La moyenne des dépensés en capital de l’éducation en % des dépensés publiques est de 0.19%.
Des fluctuations s’observent de 2005 à 2008 : 0.17%, 0.15%, 0.19% et 0.16% respectivement.
En 2009, ces dépenses ont atteint un sommet record, soit 0.86% des dépenses publiques dans l’ensemble de la période examinée. Toutefois, ce niveau n’est pas du tout significatif pour stimuler une forte accumulation du capital humain et déclencher une croissance économique autoentretenue, stable et durable.
Les investissements publics en 2009 ont représentés 5,3% du PIB et 23,3% des dépenses totales, soit une augmentation de 10.8% par rapport à son niveau de 2008 qui se situait à 12.5% des dépenses totales; et les dépenses courantes ont représentées 76,7% des dépenses publiques.
Il convient de signaler à ce stade que les dépenses courantes et en capital de l’éducation sous analyse sont celles relatives à l’exécution du budget de l’Etat et non celles relatives aux prévisions budgétaires. De plus, ces dépenses se rapportent à tous les niveaux d’enseignement en RDC : Primaire, Secondaire et Supérieur.

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