Les critiques de l’économie du partage, agrandir les communautés

2.5. Critiques de l’économie du partage
De plus en plus nombreux sont les sites internet axés sur l’économie du partage. Les entrepreneurs sont confrontés à plusieurs difficultés qu’ils convient de citer afin de mieux comprendre les enjeux de son évolution. Les deux grands enjeux sont donc de faciliter l’accessibilité puis l’usage.
2.5.1 Difficultés pour agrandir les communautés
L’obstacle principal de l’évolution de l’économie du partage figure dans la difficulté de fédérer de nouveaux consommateurs afin d’agrandir ses communautés.
Outre le fait de devoir communiquer sur la naissance ou l’existence d’un site internet, il convient de convaincre les internautes de s’y inscrire et non de simplement visiter et prendre connaissance de son activité. Le site internet et notamment sa page d’accueil doit donc être créé et pensé avec soin afin de fédérer un maximum de personnes à son utilisation.
De plus, l’inscription d’une personne sur un de ces sites ne signifie pas systématiquement qu’il deviendra un utilisateur régulier ; en effet, le site doit satisfaire les intérêts personnels et susciter l’envie par la facilitation de son usage.
Pour cela, il est important d’accompagner la formation des communautés en les regroupant par intérêt communs ou géographiques.
Après la création de plusieurs communautés, le second enjeu et le plus important est de la faire fonctionner et évoluer sans cesse afin de fidéliser le consommateur. Par exemple, sur le site La Ruche qui dit Oui, le créateur d’une ruche se porte responsable de son évolution en recherchant des fournisseurs de viandes, fruits, légumes etc. géographiquement proches. La difficulté pour le créateur est donc de réussir à maintenir une activité croissance et régulière s’il souhaite que son entreprise devienne une référence sur internet.
La principale motivation que les entrepreneurs mettent en avant auprès des utilisateurs est « l’appât du gain ». En effet, chaque partie mise en relation dans les communautés de l’économie du partage on dans la plupart des cas un gain à l’échange.
Pour le covoiturage, cela se traduit par le fait que le conducteur et les passagers puissent voyager à moindres frais. La location de voitures entre particuliers permet pour la première fois aux propriétaires de véhicule de gagner de l’argent grâce à leur bien et de permettre aux personnes n’ayant pas les moyens financiers ou la place de s’offrir une voiture de le rendre accessible.
Enfin, la dernière menace concerne les changements stratégiques des grandes surfaces alimentaires telles que System U ou Auchan. Avec l’expansion de La Ruche qui dit Oui, elles ont remarqué que les consommateurs recherchaient de plus en plus à faire fonctionner les économies locales plutôt que nationales ou internationales, coûteuses et néfastes pour l’environnement. Elles cherchent de plus en plus à réduire leurs circuits de distribution en recentrant leur marketing sur la valorisation du « co » ; comme dans la collaboration avec des petits producteurs de région par exemple. Le but étant de limiter les coûts liés à l’acheminement des produits et de freiner l’élargissement des réseaux communautaires ayant un objet défini.
2.5.2 L’accès aux nouvelles technologies
L’enjeu principal du développement de l’économie du partage passe par l’évolution de l’accessibilité des particuliers aux nouvelles technologies. On remarque qu’il reste beaucoup d’inégalités au sein des catégories sociales professionnelles les plus défavorisées et les plus à l’écart des innovations technologiques comme les personnes âgées.
En mai 2011, la France comptait 42.3 millions d’internautes et 22 millions d’abonnés à un fournisseur internet. Malgré cela, on peut voir dans le tableau ci-dessous que l’accès à internet en fonction des catégories socioprofessionnelles reste inégal et que les retraités et les personnes n’ayant pas de diplôme n’ont en majorité ni les moyens de s’offrir un ordinateur, ni les moyens de payer tous les mois un abonnement à internet.

Accès des ménages à internet en 2010Ménage disposant d’un micro- ordinateur à la maisonMénages disposant d’internet à la maison
Actifs ayant un emploi86.883.4
Agriculteurs78.170.4
Artisans et commerçants89.184.0
Cadres et prof. Libérales97.396.1
Professions intermédiaires92.989.5
Employés84.181.4
Ouvriers78.973.3
Chômeurs72.973.9
Etudiants97.195.2
Retraités33.430.7
Sans diplôme ou certificat d’étude32.229.1
BEP, CAP, BEPC75.773.0
BAC90.687.4
Diplôme d’études supérieures92.891.1
Champ: population de 15 ans et plus résidant en France

Shéma 6 : L’accès des ménages à internet en 2010
Source: Insee, enquête Technologies de l’information et de la communication d’avril 2010
Malgré ces inégalités, on remarque que l’accessibilité à internet continu sa progression. Entre 2008 et 2010, les ménages français qui déclaraient posséder un accès à internet à augmenter de huit points. On remarque également que les personnes les mieux équipées sont les étudiants et cela nous permet d’être optimiste sur l’évolution du nombre d’internautes au fur et à mesure des années.
Au niveau de la fréquence, on sait aujourd’hui que 80 % des ménages utilisent internet quotidiennement pour consulter leur messagerie électronique, rechercher des informations ou gérer des comptes bancaires.
Enfin, on observait en 2010 que 30,3 % des ménages en France ne possédaient pas internet pour des raisons financières.

20082010
A un accès dans d’autres endroits15.39.7
Ne veut pas internet37.710.8
Internet est inutile49.229.3
Le coût de l’ordinateur est trop élevé37.330.3
Le coût de l’abonnement est trop élevé33.729.3
Pas assez compétent43.443.9
Pr souci de sécurité ou de protection de la vie privée12.914
Se déclare inapte7.75.9
Autre raison17.826.8

Plusieurs réponses possibles; la somme peut donc être supérieure à 100%
Lecture: 43.9% des ménages n’ayant pas internet en 2010 ne l’ont pas car ses membres ne sont pas compétents
Champs: ménages n’ayant pas internet à domicile (44% en 2008 et 35.6% en 2010)
Shéma 7 : Les raisons pour ne pas avoir internet
Source: Insee, enquête Technologies de l’information et de la communication d’avril 2010
Parmi les supports utilisés pour accéder à un internet, on remarque une forte progression des accès mobile grâce aux smartphones ou aux tablettes utilisées majoritairement par la population de moins de 30 ans. Ce nouveau moyen d’accès à internet permet le développement des applications mobiles dont des milliers sont créés chaque jour notamment au travers de la géolocalisation (2009), qui permet de « situer une personne sur un plan) (… à l’aide d’un terminal capable d’être localisé et de publier en temps réel ses coordonnées géographiques. »
Il paraît donc judicieux pour les entreprises de l’économie du partage de développer des applications pratiques pouvant par exemple permettre de trouver un repas vendu par un particulier à l’instant T et à l’endroit le plus proche, une voiture à louer ou même de trouver des toilettes !
L’analyse de ces données nous montre que l’enjeu de l’évolution de l’économie du partage dans les prochaines années réside dans la facilitation de l’accès aux nouvelles technologies pour les personnes les plus défavorisées. N’ayant pas assez de ressources pour utiliser ces outils, elles sont donc exclus naturellement du mouvement qui pourrait pourtant les aider à vivre plus aisément en acquérant des objets d’occasion, en louant à des particuliers ou à être bénéficiaire de dons.
Lire le mémoire complet ==> (Le rôle de la confiance dans l’économie du partage)
Thème du Mémoire de recherche appliquée: La confiance
Groupe Sup de Co Amiens Picardie – ESC 3

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