Analyse des données et interprétation des résultats – Chapitre 3 :
Pour l’analyse thématique, nous allons effectuer une relecture des entretiens menés avec les candidats et avec les annonceurs, et en sélectionner des morceaux choisis.
L’analyse est ainsi découpée selon trois thèmes d’étude, communs aux candidats et aux recruteurs, et définis précédemment :
Thème 1 : Web 2.0 et marché du travail
Thème 2 : Stratégies d’usages du Web 2.0
Thème 3 : Représentations / Perceptions sur l’évolution du marché du travail et de ses acteurs
Dans une première partie, il s’agira pour chaque thème, d’exposer le point de vue des candidats ou chercheurs d’emploi puis dans une seconde partie, de présenter celui des recruteurs.
Ensuite, nous confronterons ces points de vue en essayant de confirmer ou d’infirmer les hypothèses présentées à la fin du chapitre 2.

I- Point de vue des candidats / chercheurs d’emploi

A) Thème 1 : Le Web 2.0 et le marché du travail

Sous thème A) et B) Origine et type de sites connus

D’une manière générale, c’est dans le cadre d’une première recherche d’emploi que les candidats interrogés ont commencé à exploiter les supports du Web 2.0. En revanche, ils avaient déjà utilisé Internet lors de recherche de stages de fin d’études notamment.
A.L a commencé à utiliser Internet car il travaille dans le secteur du Web 2.0 : il est référenceur. Il était évident qu’il devait « être présent sur le Net ». En complément de son blog, il s’est abonné à des « newsletters d’emploi telles que le site Ouest France », et à mis en ligne son CV « sur Monster » et sur des « sites spécialisés » dans son secteur d’activité tels que « Innoveum ou 1000CV ».
Il procède à la « lecture d’annonces, envoi de mails, création de mon blog CV, dépôt de CV sur sites emplois et sites corporate. En revanche, [il] n’a pas cherché par le biais de l’ANPE, qui considère [son] emploi de « référenceur » comme « développeur web ».
L’ANPE n’est pas adapté à [son] secteur ». « [Il] reste persuadé que le Web, lorsque l’on veut travailler dedans, est sûrement le canal principal.
Mais le traditionnel envoi de mail ou de lettres avec son CV joint [lui] semble obligatoire tout de même, les forums emplois sont très intéressants et les associations d’anciens sont à exploiter ».
En ce qui concerne G.B, c’est d’abord parce qu’elle a évolué dans un secteur d’activité concerné par la révolution Internet qu’elle s’est tournée vers le Web 2.0. «Je voulais travailler dans le recrutement », « j’ai fait mon stage en agence d’Intérim et suite à une reprise d’études en RH, j’ai touché à la communication interne et externe… ».
« On ne peut pas se passer d’Internet […] et on ne peut pas ne pas se créer d’identité numérique ». Concrètement, elle a utilisé les « plate-formes de mise en relation » telles que « Viadeo et LinkedIn sur lesquelles [elle est] inscrite […]».
Néanmoins, elle considère qu’il ne faut pas « négliger la partie classique de la recherche d’emploi comme les candidatures spontanées, les réponses à annonces presse… ».
S.L quant à elle, a bénéficié des conseils de ses collègues recruteurs, bien qu’elle travaille elle-même dans le marketing. C’est « un secteur qui nécessite qu’on soit au courant des nouvelles technologies ».
Le Web 2.0 et le marché du travail Origine et type de sites
Elle considère qu’Internet et le Web 2.0 est indispensable pour la « recherche d’informations sur les entreprises et les candidats » et « la prise de contacts ». Elle n’utilise pas d’autres supports qu’Internet pour rechercher un emploi.
Elle est inscrite sur « Viadeo », utilise « les jobboards », «google pour essayer de trouver des annonces éventuellement diffusées sur les sites des entreprises », « des moteurs de recherche spécialisés tels que « moovement », « les forums de discussion systématiquement avant un entretien » et « les sites de notation des entreprises ».
Enfin, M.B, diplômée de communication et « sans expériences valables », c’est parce qu’elle travaille dans le secteur de la publicité qu’elle a pensé a réaliser un CV vidéo.
Néanmoins, elle considère qu’ « on ne peut pas l’utiliser dans tous les secteurs et dans tous les métiers ». Pour elle, c’était facile, car elle « fait un métier créatif ».
Par ailleurs, elle a utilisé les sites emploi traditionnels tels que « Cadremploi.fr, Stratégies.fr, Cadresonline, Monster et Ball, dans mon secteur ». « J’ai aussi pensé à utiliser Google » ; « tout de suite il y a les premiers sites (avec offres d’emploi) qui tombent selon leur référencement sur Internet ».
En résumé, ces chercheurs d’emploi sont venus aux supports du Web 2.0, parce que les nouvelles technologies sont incontournables dans leur secteur d’activité.
Ils ne les ont ainsi exploités presque exclusivement dans le cadre de leur recherche d’emploi. Néanmoins, si l’utilisation d’Internet est quasiment la seule source exploitée par les candidats, les supports du Web 2.0, eux, ne sont utilisés que comme des sources complémentaires à leur démarche de recherche d’emploi.
En ce qui concerne les sites et supports exploités, chacun recherche de la même manière, (excepté G.B qui passe encore par les annonces presse et ignore les sites emploi « classiques » à cause de son parcours atypique) : utilisation des jobboards généralistes (type Monster, Cadremploi…) et spécialisés selon leur secteur d’activité (ou leurs souhaits de mobilité géographique).
A l’exception de S.L et A. L qui consultent aussi les sites corporate et participent à des forums de discussion, les candidats passent tous par « google » pour trouver les sites emplois qui leur correspondent.
A noter qu’aucun des candidats rencontré n’utilise les sites de cabinets de recrutement, et que seule S.L consulte les sites tels que moovment.fr (qui recensent l’ensemble des offres du secteur d’activité recherché).

Sous thème C) Choix du support Web 2.0 utilisé dans la recherche d’emploi

Différentes raisons peuvent inciter les utilisateurs du Web à choisir tel ou tel support pour assurer leur recherche d’emploi. Les quatre supports sélectionnés en ce sens par nos internautes sont le blog emploi, l’e- portfolio, les réseaux sociaux et professionnels (viadéo notamment) et enfin, le CV vidéo.
Ayant une formation en informatique, A.L a crée son blog CV dans le but de « se présenter » ainsi que de présenter son métier : « Un blog est un journal personnel dans lequel on aborde une thématique précise (…) Un blog tel que le mien parle d’actualités Web (…) afin de faire en sorte qu’il ne soit qu’un complément de mon CV dans lequel les futurs employeurs [peuvent] apprendre à me connaître et à me juger ».
La réalisation de son blog lui a « permis de mettre en pratique [ses] compétences en référencement » qui sont importantes pour son travail, puisqu’il recherchait un poste de référenceur. C’est un « support pour présenter [son] savoir faire technique ».
Enfin, il précise que par rapport à d’autres outils Web 2.0, le « blog [lui] a permis d’apporter des pages fixes pour les traditionnelles informations d’un CV mais aussi d’apporter du concret » tel que « la mise en place d’un site, [l’]achat [d’]un nom de domaine ainsi qu’un hébergement » (…) et montrer qu’[il] peu[t] tenir un blog précis, clair, accessible, facile d’utilisation, avec quelques widgets mais pas surchargé ».
En ce qui concerne G.B, elle s’est d’abord inscrite sur Viadéo et LinkedIn pour « trouver du travail par des relations ». « C’est une façon de faire connaître son besoin : peut-être il y aura-t-il un employeur potentiel qui sera intéressé par ton profil (…) et qu’il va te proposer quelque chose? ».
En parallèle, elle a souhaité trouver le « meilleur support possible » pour son « e-portfolio » qu’elle qualifie de « portefeuille de compétences numérique », qui est « un outil qui permet à l’individu de bien se vendre vis à vis d’employeurs » et « un moyen de mettre en valeur [ses] acquis » dans différents secteurs d’activité.
Il est selon elle, « très utile pour éveiller la curiosité des recruteurs qui peut choisir de développer des points particuliers de ton profil ».
D’un point de vue technique, elle a comparé pendant deux jours les plate-formes pour trouver ce qu’elle voulait d’un « point de vue visuel, et de par sa simplicité d’utilisation ».
Les « open source ne [lui] convenaient pas » car « quitte à vendre son identité numérique, autant le faire avec un bon outil, sinon ça démérite un peu ton image ». C’est une plate-forme du Minnesota qui a retenu son attention : « elle présente un système très facile (…) la personne peut elle-même concevoir toute sa présentation ».
Déjà, il lui a fallu « tout traduire en français », « choisir l’image la plus adaptée à la partie présentée dans l’e-portfolio, de façon à mettre en valeur le discours derrière ». Elle a ainsi pu « choisir et insérer les images et les couleurs ».
S.L s’est inscrite sur Viadéo dans le cadre de sa recherche d’emploi au Maroc notamment. Elle considère que ce site « permet de créer une fiche de présentation de soi pour entrer en contact avec d’autres personnes », recruteurs ou non.
« C’est un guide professionnel »,« pour identifier des contacts avec des coordonnées ».
« Il faut faire la démarche de se positionner sur le site (…), de créer son profil ». (« c’est pas vraiment un CV parce que tu n’es pas obligé de détailler tout ton parcours » mais « tu peux seulement donner des indications sur ton poste actuel »).
L’intérêt majeur de cette « formule » réside dans le fait que l’internaute peut insister sur certains points de son parcours : « la présentation Viadéo laisse plus de liberté » au candidat qui peut « orienter [sa] présentation » et sélectionner ses contacts (il faut des autorisation d’accès au profil).
Elle précise que la « mise en relation est moins formelle » et qu’elle lui laisse « plus de liberté qu’un jobboard dans la manière de se présenter ».
De même, elle « laisse la liberté [au recruteur] d’avoir ou non plus d’informations sur toi ». « Tu as la possibilité de te présenter et de te mettre en avant comme sur une mini-lettre de motivation ou une lettre de présentation (…) tu donnes tout de suite les informations qui te semblent essentielles ».
Pour sa part, M.B a réalisé son CV vidéo pour « se démarquer » dans un « secteur très concurrentiel » dans lequel « on [lui] demande de la créativité ». En quête de crédibilité, elle tente de « faire [ses] preuves en [se] mettant [elle] même en campagne » : « l’idée est de montrer par ce film l’éventuel potentiel créatif susceptible d’intéresser les recruteurs ».
Elle précise qu’elle souhaitait avant tout dire « voilà ce que je suis capable de faire, donnez moi une chance ». Elle l’exprime ainsi « il me fallait pallier à mon inexpérience ».
Elle insiste aussi sur le fait que le CV vidéo rend plus libre dans sa manière de se présenter : « t’es pas enfermé dans un cadre, [le CV vidéo] est libre et volatile (…) il peut être partout sur le Net et sous n’importe quelle forme, on peut tomber dessus n’importe quand et n’importe comment ».
« D’autant plus que Dailymotion, site sur lequel [elle a] diffusé [son] CV vidéo, permet plus de liberté dans la conception que les CV vidéo proposés aujourd’hui par L’APEC dans lesquels le recruteur est présent et le candidat filmé en plan fixe ».
Avec le recul, elle qualifie son CV vidéo de « belle vitrine » qui lui a permis de mettre en avant « des qualités et des compétences telles que la créativité, la mise en scène d’idées, la conceptualisation, la rigueur et la synthèse », indispensables dans le « milieu de la pub ».
D’un point de vue technique, elle a crée son CV vidéo avec un ami : « c’est lui qui m’a filmée ». Elle qualifie son CV d’ « artisanal, car la qualité d’image est nécessairement compressée pour aller sur Internet et le son n’est pas très homogène ».
En résumé, l’atout majeur des supports Web 2.0 choisis par les internautes en recherche d’emploi est la liberté de conception comme d’utilisation qu’ils offrent.
Ces supports sont utilisés comme des compléments au CV, et perçus comme des vitrines personnelles : les candidats parlent de profil ou de supports leur permettant de mettre en avant et de manière personnelle, leurs compétences, qu’elles soient techniques ou personnelles (qualités), ou leur potentiel.
Lire le mémoire complet ==> (Dans quelle mesure les supports Web 2.0 participent-ils à la promotion de soi lors de la situation de e-recrutement ?)
Master 2 – Mémoire de recherche – Spécialité : Psychologie Sociale
Université Catholique de l’Ouest – Institut de Psychologie et de Sociologie Appliquées
 

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