Palm Pilot vs Newton d’Apple sur le marché des PDA

Palm Pilot vs Newton d’Apple sur le marché des PDA

2.2.10 Palm Pilot vs Newton d’Apple

Les premiers assistants numériques personnels (PDA) sont apparus au début des années 90. La société Palm Computing fut créée en 1992 afin de commercialiser des logiciels pour PDA.

Mais les machines tardèrent à sortir et rencontrèrent peu de succès à cause de leur lenteur ou de leurs fonctionnalités inadaptées. Le réel pionnier fut Apple qui en 1993 lança le Newton.

Cette machine devait être révolutionnaire, puisqu’elle devait être capable de reconnaître non pas des lettres mais des mots entiers. Mais le Newton ne fut pas à la hauteur de ce qu’Apple avait annoncé, et ce fut donc un échec. D’autres acteurs essayèrent ensuite de se lancer, mais tous connurent également des échecs.

Le marché des PDA était à l’époque organisé comme celui des PC, à savoir que les fabricants de logiciels et de matériel étaient séparés. Mais en 1994, Jeff Hawkins, patron de Palm Computing, eut l’intuition que ce modèle calqué sur l’industrie du PC n’était peut-être pas forcément le bon. Du coup, Palm Computing prit la décision de fabriquer son propre organiseur, le Touchdown, et d’y implanter ses propres programmes.

L’idée révolutionnaire de Palm Computing fut de changer totalement le positionnement du PDA par rapport à l’ordinateur. En effet, jusqu’à présent, les PDA avaient tenté de remplacer les machines de bureau. Palm Computing s’orienta plutôt vers une extension mobile de l’ordinateur de bureau. Cette idée fut la conséquence d’une étude réalisée auprès des utilisateurs de PDA, qui montra que plus de 90% d’entre eux possédaient déjà un PC, et que plus de la moitié d’entre eux avaient acheté un PDA pour le programme chargé de la synchronisation avec le PC47.

Ainsi, pour Palm Computing, le PDA ne devrait plus être un rival de l’ordinateur mais du papier. Le projet de PDA de Palm Computing présentait 3 caractéristiques principales :

  •  Simplicité d’utilisation
  • – Reconnaissance d’écriture par lettre (création du programme Graffiti, qui reconnaît des lettres simplifiées, d’une caligraphie assez proche de l’écriture manuscrite), et non plus par mots comme le Newton, ce qui permit de réduire fortement le poids de la machine et sa consommation.
  •  Taille et encombrement réduit. Pour Jeff Hawkins, le PDA devait pouvoir tenir dans une poche de chemise.

Palm Pilot vs Newton d’Apple sur le marché des PDAC’est donc à partir de ces trois principes que le Palm fut inventé : alimenté par deux piles, la taille et le poids du Palm étaient réduits au strict minimum. Les fonctions d’agenda, de gestionnaire de contacts, de tâches et de notes constituaient le coeur de la machine. Et bien évidemment, il était possible de synchroniser son PDA dans les deux sens avec son ordinateur (logiciel Palm Desktop).

Enfin, son prix serait inférieur à 300$. Toutes ces nouvelles caractéristiques étaient une nouvelle façon de penser le PDA. Après une recherche de budget pour assurer le lancement commercial de son PDA, Palm Computing fut racheté par le fabricant de modems US Robotics, et en avril 1996, le PDA fut lancé sous le nom de Pilot.

Le succès fut immédiat, puisque 350 000 exemplaires furent vendus avant la fin de l’année, et un million d’exemplaires 18 mois plus tard. Cette rapidité d’adoption par le public est impressionnante, plus rapide encore que pour la télévision couleur. Dans les années qui suivirent, le Pilot fut renommé PalmPilot, suite à la plainte posée par la société française de stylos Pilot.

En février 1997, US Robotics est racheté par 3Com, le géant américain de la communication en réseau. Le PalmPilot continua à se développer, en particulier grâce à une augmentation de sa mémoire. Mais en 2000, les PDA utilisant Windows CE furent introduits sur le marché, et les analystes ne donnèrent pas cher du PalmPilot. Pourtant, le PalmPilot est aujourd’hui toujours présent et se vend bien.

Cela est du à plusieurs facteurs. Tout d’abord, il existe de nombreux programmes freeware ou shareware distribués sur Internet. Mais la survie du Palm est également due à la création du Handspring Visor.

En effet, en 1998, Jeff Hawkins démissionna et créa la société Handspring, afin de développer un nouveau PDA sous licence Palm OS. L’avantage de ce produit est la possibilité d’extension permettant d’augmenter la mémoire ou d’intégrer des périphériques (appareil photo, GPS, lecteur mp3…). Le Handspring Visor fut donc lancé en septembre 1999 et connut un fort succès.

Mais 3Com réagit très bien et sortit de nouveaux modèles, les Palm V et Palm IIIx, qui résolvaient enfin l’éternel problème d’encombrement des PDA, et intégraient des écrans couleurs sans perdre de leur capacité d’autonomie.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer le succès du Palm.

Tout d’abord, les fondateurs de Palm Consulting, Jeff Hawkins et Donna Dubinsky, ont su comprendre avant tout le monde que le PDA n’était pas un concurrent de l’ordinateur de bureau, mais plutôt son extension mobile.

L’intelligence et l’esprit innovant de ces deux personnes s’est une nouvelle fois illustré lorsqu’ils ont quitté 3Com et qu’ils ont créé le Handspring Visor, disposant d’un emplacement pour insérer des extensions.

Ce changement total de positionnement par rapport à l’ordinateur de bureau a été, on ne peut en douter, le facteur clé de succès du Palm. En effet, en partant de ce principe, Palm Computing a pu développer un modèle de PDA moins « lourd » que le Newton, puisqu’il n’avait pas besoin de réaliser les mêmes tâches qu’un ordinateur.

Cette stratégie de différenciation s’illustre par les applications principales du Palm : le carnet d’adresses et le bloc notes, et non les tableurs ou traitements de textes. Ce contenu minimaliste correspondait exactement à ce que les gens attendaient d’un PDA. Les autres applications du Palm ont été développées à posteriori, et ne sont pour la plupart pas incluses dans le système Palm OS d’origine, car elles ne correspondent pas à des besoins primordiaux pour les consommateurs.

Une autre raison du succès du Palm est qu’il a été lancé au bon moment. En réalité, il serait meilleur de dire que le Newton d’Apple est apparu trop tôt. Il représentait une innovation radicale, et le marché n’était probablement pas encore prêt à accueillir cette innovation.

Trois ans après le lancement du Newton, Palm a lancé à son tour son Pilot avec succès, le marché étant cette fois demandeur, et Palm ayant bénéficié des leçons tirées de l’échec d’Apple et des premiers suiveurs.

De plus, on peut remarquer que le capital de marque n’est pas un élément crucial dans le marché des PDA, et que Palm a su en profiter, en créant avec succès un produit correspondant mieux aux attentes des consommateurs.

En effet, malgré la plus grande notoriété d’Apple, il lui manquait un élément crucial qui aurait peut-être assuré le succès du Newton, à savoir un logiciel de reconnaissance d’écriture de haute qualité. La qualité du logiciel développé par Palm Computing puis US Robotics, leur a permis de surmonter leur handicap sur le capital de marque.

Enfin, il est important de remarquer que le lancement du Handspring Visor a probablement permis au Palm de survivre, au moment où les PDA utilisant Windows CE entraient sur le marché.

En effet, le lancement du Visor a forcé 3Com à perfectionner ses PDA (lancements du Palm V et des Palm couleur), et ainsi à rester à la pointe de la technologie et conforter sa place de leader malgré l’apparition de nouvelles technologies.

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