Organisation du secteur floral marocain et le commerce extérieur
Section 2
Organisation du secteur
Les floriculteurs marocains assurent eux-mêmes la commercialisation de leur production. 80% d’entre eux sont regroupés au sein d’une association : Ampex fleurs(1), créée en 1982 et régie par le dahir n°1-58-376 en date du 3 Joumada 1378 correspondant au 15 novembre 1950.
Ampex fleurs est l’association représentative des intérêts de la profession auprès :
- du gouvernement
- des organisations représentatives du commerce international : Ampex est membre d’Union Fleur dont le siège est à Casablanca.
- des obtenteurs (producteurs des variétés culturales)
- des transporteurs
Enfin Ampex s’est donné un certain nombre d’objectifs fondamentaux parmi lesquels figure celui de permettre à tous les professionnels d’avoir accès aux informations concernant l’évolution de la recherche et des techniques afin de promouvoir une floriculture professionnelle moderne.
2.1 Types d’entreprise dans le secteur
On peut distinguer quatre types d’entreprise :
La première catégorie est constituée d’hommes d’affaires qui opèrent dans d’autres branches d’activité ou d’investisseurs étrangers qui ont investi au milieu des années 80 dans ce secteur.
La deuxième catégorie regroupe un ensemble d’entrepreneurs dans les domaines des agrumes et primeurs pour qui la culture des fleurs coupées est un gain supplémentaire. Le troisième type comprend les entreprises dont la surface cultivée, comprise entre 5 et 10 ha, est gérée par les propriétaires eux-mêmes.
(1) Association marocaine des exportateurs des fleurs coupées
Enfin, dans la quatrième catégorie on trouve des entreprises horticoles traditionnelles dont les produits sont écoulés surtout sur le marché local et pour une faible quantité à l’export. Il y a aussi des entreprises qui ne produisent que des roses ou que des œillets.
Un autre critère de distinction ne concerne que les entreprises qui produisent des roses : il s’agit de quatre entreprises sous licence pour l’un des grands sélectionneurs de roses européens Meiland, Kodres, Tantar ou Nirp.
2.2 Transport et logistique
Des liaisons existent par les voies aériennes internationales mais souvent non régulières et les vols charters au départ de Casablanca et d’Agadir vers les marchés les plus importants en France, en Allemagne, en Suisse, en Hollande etc…La compagnie nationale RAM et AIR France accordent des tarifs préférentiels aux fleurs coupées mais sont loin de satisfaire les exportateurs marocains. Les tarifs de ces compagnies varient, selon qu’il s’agira de la basse ou haute saison, entre 9 à 10dh le Kg
Pour la période comprise entre mars et juin, Le ministère de l’agriculture intervient pour une subvention de 1dh/kg, accordée à la compagnie aérienne RAM et ce, pour permettre aux exportateurs de fleurs coupées de prolonger la saison d’exportation.
L’acheminement des fleurs en provenance des régions éloignées comme Marrakech, Beni Mellal ou Taroudant vers les aéroports internationaux de Casablanca et d’Agadir se réalise par vol intérieur ou par camions frigorifiques commodes de la RAM ou des producteurs eux-mêmes.
Le lancement des camions frigorifiques eut lieu en 1992.En effet, les premiers camions ont transporté des oeillets vers l’Allemagne et l’Angleterre.
Les expériences faites avec ce genre de transport se sont avérées concluantes. Les frais de transport par camion sont de 18% du coût de production seulement alors que par transport aérien ils sont de 30%.
Un autre avantage décelé par les promoteurs de ce secteur est que les frais de transport par camions frigorifiques sont relativement indépendants du poids variant au cours de la saison des œillets, variation qui augmente de façon substantielle les frais de transport aérien au cours de la saison.
Section 3 : Le Commerce Extérieur
3.1 Les Exportations
Les exportations marocaines de fleurs coupées ont connu une évolution remarquable au cours des années 80 puisqu’elles ont atteint en 1999 le chiffre de 2553 tonnes soit 78 millions de dirhams.
Les exportations marocaines sont passées de 23 millions de dirhams en 1986 à 108 millions de dirhams en 1996. Soit une progression de 369% en dirhams courants en dix ans.
Le tonnage exporté représente 60% de la production des œillets et les roses constituent l’essentiel des exportations du Maroc en fleurs coupées, représentant ainsi respectivement 88% et 11%. Les autres espèces florales exportées sont représentées par le sterelitzia et le glaïeul.
Les exportations de fleurs coupées vers L’U.E sont de l’ordre de 77% des exportations totales.
Par ailleurs, les exportations marocaines concentrées au cours des années 80 essentiellement sur la France (plus de 80%) connaissent actuellement une diversification des destinations.
En effet les exportations à destination de la France ne représentent plus que 16% en 1999 des exportations totales contre 37% pour l’Allemagne, (4%) pour la Grande- Bretagne et (9%) pour l’Italie.
Le reliquat est destiné essentiellement aux pays de l’Est, Suisse 9% et la Scandinavie comme le montre le tableau suivant :
Destinations | Exportations | % VAR | |||
1998 | 1999 | ||||
Tonne | % | Tonne | % | ||
UEGrande- Bretagne
France Allemagne Italie Scandinavie |
165996
207 1007 275 31 |
835
10 51 14 1,5 |
2035109
424 968 255 63 |
774
16 37 9 2 |
-18-12
-51 +4 +8 -50 |
Suisse | 196 | 10 | 250 | 9 | -21 |
USA+Canada | 87 | 4,5 | 189 | 7 | -53 |
Moyen Orient | – | 2 | 15 | 0,5 | -100 |
Grand Maghreb | 6 | 0,5 | 7 | 0,2 | -14 |
Pays de l’Est | 30 | 1,2 | 1,5 | – | -79 |
Autres | 10 | 0,5 | – | – | – |
Total | 1988 | 100 | 2644 | 100 | -25 |
Source : Ministère de l’agriculture Direction de la production végétale
Les résultats positifs des exportations marocaines au cours des années 90, vers le marché de l’Union Européenne, confirment la reconnaissance par les importateurs de la qualité de la fleur marocaine, et ce malgré une concurrence internationale aiguë.
Par ailleurs, il convient de noter que les contraintes tarifaires et contingentaires imposées par l’Union Européenne, principale destination des exportations marocaines des fleurs coupées, annoncées à l’occasion de l’abondance de l’offre aussi bien communautaire qu’extra-communautaire freinent le développement de ce secteur.
En effet l’instauration pour les roses et les œillets de prix minima fixés à 85% du prix communautaire à la production a été à l’origine de rétentions à l’exportation pendant les périodes de cotations négatives qui se traduisent par la suppression des concessions tarifaires. Ainsi, les exportations florales vers l’Union Européenne ont accusé en 1999 une réduction de 18% par rapport aux réalisations de l’année 1998 et une réduction de 27% par rapport à 1997.
Nous notons également l’enregistrement d’une baisse concernant le prix unitaire à l’exportation qui passe de 61,8dh/kg en 1990 à 36,00dh/Kg en 1999.
Tableau illustrant l’évolution des prix à l’exportation (dh/kg)
Années | Prix unitaire dh/kg | % variation |
1990 | 61,8 | +3 |
1991 | 70,3 | +14 |
1992 | 55,9 | -25 |
1993 | 55,5 | -1 |
1994 | 55,6 | +0,1 |
1995 | 42,8 | -22 |
1996 | 41,8 | -2 |
1997 | 42,3 | +1 |
1998 | 41,1 | – |
1999 | 36 | -12 |
Source : Ministère de l’agriculture
A raison de 30 tiges/kg, le prix unitaire de la tige est passé de 2,34 dh/tige en 1991 à 1,85 dh/tige en 1994, à 1,40 dh en 1997 et 1,37 dh en 1999. Ceci est dû en partie à l’augmentation des exportations d’œillets qui sont plus légères que les roses et moins coûteuses.
Après avoir brossé un tableau exhaustif du secteur des fleurs coupées, nous pouvons dire que l’environnement national offre des opportunités certaines pour notre produit comme il lui constitue des contraintes d’ordre structurelles. Néanmoins, ces obstacles et ces contraintes peuvent être maîtriser par le soutien de l’Etat et la bonne volonté des floriculteurs eux-mêmes. Ceci étant qu’en est-il de l’environnement international des fleurs coupées ?