Les 4 petites phrases de François Hollande

B) Présentation des petites phrases et de leur contexte

Le moment est venu de présenter les quatre « petites phrases » sur lesquelles porte plus précisément cette étude. Le premier critère de sélection a été la reprise et la circulation importante dans les médias.

Mais ça n’a pas été le seul. Nous avons sélectionné des « petites phrases » toutes différentes les unes des autres pour étudier ensuite quels aspects particuliers pouvaient avoir favorisé leur reprise.

Chacune va maintenant être présentée ainsi que le contexte dans lequel elle a été prononcée.

1) « Cet adversaire, c’est le monde de la finance »

La première « petite phrase » sélectionnée est sans doute l’une de celles qui a fait couler le plus d’encre pendant la campagne de présidentielles 2012.

« Cet adversaire, c’est le monde de la finance » a été prononcée par François Hollande le 22 janvier 2012, pendant le discours dit « du Bourget », le premier grand meeting de campagne du candidat socialiste.

Il faut d’emblée préciser plusieurs points. Tout d’abord, il a été décidé de retenir ces quelques mots mais ceux-ci sont extraits d’un paragraphe plus long, que voici:

« Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire.

Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne.

Cet adversaire, c’est le monde de  la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies.

Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de menacer des Etats ».35

Il ne s’agit donc pas d’une « petite phrase » isolée, mais d’un extrait situé dans un paragraphe qui traite du même thème que cet extrait.

34 Site de l’OJD, www.ojd.com/chiffres/section/PPGP?submitted=1&section=PPGP&famille=1&thema=&search=&go=Lancer+la+recherche, consulté le 10 mai 2012.

35 Site internet du Parti Socialiste :www.parti-socialiste.fr/articles/retrouvez-le-discours-de-francois-hollande-au-bourget, consulté le 07/07/2012.

Ensuite, précisément, c’est une phrase, certes prononcée à l’oral et donc non extraite d’une interview écrite, mais qui s’inscrit dans un discours. On peut donc penser qu’il s’agit d’une phrase très « écrite », préparée, réfléchie.

Le candidat François Hollande : démarche vers la candidature

Nous ne sommes pas dans le contexte d’une phrase prononcée en réponse à une question d’un journaliste par exemple, ou lors d’un débat télévisé avec une autre personnalité politique.

Enfin, si nous avons décidé de sélectionner cet extrait, c’est justement parce que c’est celui qui a été principalement repris par les médias et les adversaires politiques de François Hollande.

Les phrases qui le précèdent ou qui le suivent n’ont pas eu le même écho.

On peut donc considérer que cet extrait semble être le « marqueur », non seulement de ce paragraphe, mais également du thème de la finance dans ce discours.

De plus, les médias lui ont effectivement attribué ce statut de « petite phrase », à l’image de cet article sur franceinfo.fr du 24 janvier 2012, où l’on peut lire « Une petite phrase sur le monde de la finance décidément très commentée (…))36.

Si l’on va plus loin, on peut même ajouter que cet extrait, cette « petite phrase » a été au coeur de ce discours du Bourget.

La petite phrase : déf., détachabilité, memoria et ses effets

En effet, on se rend compte qu’elle est souvent utilisée dans le titre des articles qui résume l’intervention du candidat socialiste au Bourget : on le constate sur internet avec, par exemple,

  1. le site leparisien.fr, dont le titre d’un article daté du 22/01/2012 est : « Hollande au Bourget : « mon véritable adversaire, c’est la finance » »37 ou encore
  2. latribune.fr, qui, le même jour, titrait « Hollande : « mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance » »38 : le fait que ces médias aient choisi de titrer de cette manière pour résumer le discours tout entier indique l’importance de cette « petite phrase » prononcée.

Même s’il n’est pas encore le moment de « disséquer » cet extrait afin d’en étudier l’éventuelle portée stratégique, nous pouvons d’ores et déjà noter que sa caractéristique principale semble être le fait qu’elle concerne un thème de fond.

Mais le thème n’est pas anodin, puisqu’il s’agit de la « finance » avec tout ce que l’on peut mettre derrière cette notion.

Choisir ainsi de mettre en exergue, à travers quelques mots, la thématique de l’argent, puisqu’il s’agit bien de cela, permet d’ouvrir de très nombreux thèmes de débats, surtout en période de crise économique.

Et finalement, on peut comprendre que les observateurs, immédiatement après le discours, aient souvent relevé cette petite phrase comme en étant un des axes principaux, puisque les mots utilisés semblent donner à cet extrait l’allure, en quelque sorte, d’une « déclaration de guerre ».

36 franceinfo.fr, article : « Retour vers le futur pour Hervé Morin, le pionnier du voyage dans le temps », 24/01/2012, disponible sur  www.franceinfo.fr/high-tech/hyper-revue-de-presse/retour-vers-le-futur-pour-herve-morin-le-pionnier-du-voyage-dans-le-temps-507441-2012-01, consulté le 07/07/2012.

37leparisien.fr, article : «Hollande au Bourget : ‘Mon véritable adversaire, c’est la finance’», le 22/01/2012, disponible sur www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/hollande-au-bourget-mon-veritable-adversaire-c-est-la-finance-22-01-2012-1823639.php, consulté le 07/07/2012.

38 latribune.fr, article : « Hollande : ‘mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance’ », disponible sur  www.latribune.fr/actualites/economie/france/20120122trib000679586/hollande-mon-veritable-adversaire-c-est-le-monde-de-la-finance.html, consulté le 07/07/2012.

2) « C’est le rêve français que je veux réenchanter »

La deuxième « petite phrase » sélectionnée est une autre déclaration « emblématique » de la campagne des présidentielles 2012 mais surtout de François Hollande et c’est la suivante : « C’est le rêve français que je veux réenchanter ».

Elle a été prononcée sous cette forme le 16 octobre 2011, le soir de la victoire de François Hollande aux Primaires Socialistes. Néanmoins, il faut préciser que ce thème avait déjà été abordé par le candidat quelque temps auparavant.

Ainsi, lors d’un discours à Clichy La Garenne, le 27 avril 2011, François Hollande parlait déjà de :

« … rêve des fondateurs de la République (…) des résistants qui ont combattu la barbarie nazie (…) le rêve de ceux qui ont attendu pendant 23 ans l’alternance et qui l’ont vécue en 1981, le rêve du Front populaire (…) le rêve de Lionel Jospin », comme le rappelait Liberation.fr dans un de ses articles39.

Sans oublier son livre40, sorti en août 2011.

A nouveau pour cette « petite phrase », il s’agit d’un extrait d’une déclaration un peu plus longue que voici dans son intégralité :

« C’est le rêve français que je veux réenchanter, celui qui a permis à des générations, durant toute la République, de croire à l’égalité et au progrès. Et c’est pourquoi j’ai fait de l’école de la République la grande priorité de ce qui pourra être demain mon prochain quinquennat »41.

Par rapport à la petite phrase précédente qui portait sur le monde de la finance, nous sommes ici dans un autre registre.

La petite phrase : généralités, 2 définitions et historiques

En effet, nous n’abordons pas directement une thématique, mais nous positionnons sur un registre qui tient plutôt de la « symbolique ».

Les mots prononcés « transportent » d’emblée celui qui les entend dans une réflexion beaucoup plus large, et le choix des mots n’y est évidemment pas étranger.

Mais il faut également s’arrêter quelques instants sur le contexte.

Le 16 octobre 2011, sur le perron du siège du parti socialiste, rue de Solférino, à Paris, nous sortons de plusieurs mois d’une bataille âpre, celle des Primaires Socialistes, dites « Citoyennes », les premières du genre organisées en France.

Donc, le moment est très important, mais il est également inédit.

Les mots prononcés lors d’un tel moment ne peuvent que s’inscrire dans l’histoire, puisqu’aucun autre candidat à des élections présidentielles n’a été désigné de cette façon auparavant en France : l’instant est forcément solennel.

On peut également se poser une autre question assez similaire à celle posée pour la « petite phrase » précédente : pourquoi n’avoir retenu dans cette étude que ces quelques mots alors que la déclaration est beaucoup plus longue ?

Tout d’abord, parce que c’est cette séquence qui a été principalement reprise par les médias.

Sur internet, par exemple, et à l’image de l’article de lepoint.fr auquel il est fait référence un peu plus haut, les journalistes n’hésitent pas à titrer sur cet extrait précis dans leurs articles traitant de la victoire de François Hollande aux Primaires.

39 liberation.fr, article : « Hollande fait un ‘rêve’», le 27/04/2011, disponible sur http://www.liberation.fr/politiques/01012334218-hollande-fait-un-reve, consulté le 18/07/2012.

40 Le rêve français, Hollande F., août 2011, Privat.

41 lepoint.fr, « François Hollande dit vouloir ‘réenchanter’ le rêve français », le 16/10/2011, disponible sur http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/francois-hollande-dit-vouloir-reenchanter-le-reve-francais-16-10-2011-1385306_240.php, consulté le 18/07/2012.

C’est le cas, par exemple, de letelegramme.com, qui, le soir même du 16 octobre 2011, titre : « François Hollande. C’est le rêve français que je veux réenchanter »42 pour commenter la victoire du candidat socialiste.

Ensuite, on constate que la reprise de cette petite phrase, dans les semaines et les mois qui suivront, se concentrera également sur ces quelques mots précis, voire sur un seul de ces mots qui constituaient cet extrait déjà court.

Ainsi, les mots « rêve » et « réenchanter » feront l’objet d’une reprise et d’une circulation significatives, comme on le verra plus loin.

Enfin, comme pour la « petite phrase » précédente, ces mots offrent de nombreuses possibilités de commentaires.

Même si la « finance » était un thème bien identifié tout en permettant de nombreuses ouvertures en terme de réflexion, le « réenchantement du rêve français » permet encore plus d’interprétations et l’on verra que les partisans de François Hollande, tout comme ses adversaires, ne manqueront pas d’inspiration.

A noter cependant que les médias ont beaucoup de difficultés à « nommer » cet extrait « petite phrase », c’est en tout cas ce que nous ont montré nos recherches.

Nous avons néanmoins trouvé, sur le site internet publicsenat.fr, une allusion à cet extrait par Jean-François Coppé : « « Tout est résumé dans une phrase prononcée par François Hollande : je veux réenchanter le rêve français.

Ce que vend le candidat socialiste, c’est de l’utopie » »43, il qualifie cet extrait de phrase, « seulement ».

Ceci nous montre que les acteurs du monde politico-médiatique, ne qualifient pas aussi naturellement de « petite phrase » une déclaration porteuse d’une thématique et non « polémique ».

Les 4 petites phrases de François Hollande
Crédit: france24.com

3) « Président normal »

S’il est vrai que les deux « petites phrases » qui viennent d’être présentées ont marqué la campagne des présidentielles 2012, c’est tout aussi vrai pour la troisième que nous avons choisi d’étudier : « président normal ».

Bien sûr, il était assez peu imaginable de ne pas s’arrêter à ces deux mots tant ils ont été largement présents avant, pendant, et même après la campagne.

Comme pour les deux précédentes, il convient de préciser qu’il s’agit d’un extrait, mais celui-ci comporte d’autres particularités.

Ainsi, il est plus difficile de dater précisément à quel moment l’expression a été prononcée pour la première fois, et ce, parce que la petite phrase a pris différentes formes selon les circonstances.

C’est le mot normal qui semble être le point commun des différentes associations qui ont circulé.

Contexte de la campagne électorale : définition et interactions

Mais, si nous avons décidé de retenir ces deux mots, président normal, c’est parce que cette association est celle qui a été utilisée le plus souvent et par le candidat et ses adversaires, et par les différents acteurs de la vie médiatique.

Pour autant, on verra plus loin que différents mots-clés ont été utilisés pour rechercher les articles qui reprennent ce que l’on pourrait appeler le thème de la « normalité ».

42 letelegramme.com, article : « François Hollande. ‘C’est le rêve français que je veux réenchanter’ », le 16/10/2011, http://www.letelegramme.com/primaire-socialiste-2011/francois-hollande-c-est-le-reve-francais-que-je-veux-reenchanter-16-10-2011-1466784.php, consulté le 18/07/2012.

43publicsenat.fr, article : « Festival de petites phrases à l’UMP contre le projet PS, ‘de l’utopie’ à 255 milliards », le 18/10/2011, http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/festival-petites-phrases-l-ump-contre-projet-ps-l-utopie-255-milliards-163448, consulté le 18/07/2012

Certaines sources, notamment cet article sur internet44, affirme que le mot normal a été « lancé en janvier 2010 (…) » mais nos recherches ne permettent pas d’affirmer ce point.

Néanmoins, il est, dans ce cas, peut-être fait référence à une déclaration de Manuel Valls qui, au sujet de François Hollande, déclarait en janvier 2010 justement :

« Au fond, c’est assez normal que ceux qui ont du talent, qui pensent qu’ils ont la capacité d’être président de la République, qui veulent incarner une alternative crédible, soient candidats »45.

44 Elysee.blog.lemonde.fr, article : « Les sarcasmes de Sarkozy sur la ‘présidence normale’ de François Hollande », le 21/05/2011, http://elysee.blog.lemonde.fr/2011/05/21/les-sarcasmes-de-sarkozy-sur-la-presidence-normale-de-francois-hollande/, consulté le 18/07/2012.

45 Le Figaro, le 12/01/2010, P.S. : François Hollande tente d’imposer son calendrier aux autres présidentiables, p. 4.

Peut-être est-ce en référence à cette affirmation du futur responsable de Communication du candidat Hollande qu’il y était fait allusion, mais cela n’est pas avéré.

En revanche, nos recherches nous permettent de situer l’utilisation de ce mot par François Hollande d’une manière claire et équivoque à la fin de l’année 2010.

C’est lors d’un voyage en Algérie, le 09 décembre 2010, que le futur candidat socialiste tient les propos suivants : « Est-ce que je suis normal ? Oui, je pense que le temps d’un président normal est venu ».

Dans cet article de presse écrite46, on précise même qu’il « …dérape un peu face à une caméra de Canal + » lorsqu’il tient ces propos.

Cet autre article, sur le site RFI.fr, affirme que la première utilisation du mot par le candidat a bien eu lieu lors de ce fameux voyage : «

C’est là, face à la mer, au pied de la basilique Notre-Dame d’Afrique, qu’il évoque pour la première fois le « président normal » qu’il entend incarner.

Ni Sarkozy ni Strauss-Kahn – alors au firmament dans les sondages »47.

46 leparisien.fr, article : « François Hollande se rit des querelles de dame », le 10/12, disponible sur http://www.leparisien.fr/politique/francois-hollande-se-rit-des-querelles-de-dames-10-12-2010-1185037.php, consulté le 18/07/2012.

47 rfi.fr, article : « Présidentielle 2012 : François Hollande trace sa ‘voix’, le 13/04/2012, disponible sur http://www.rfi.fr/france/20120413-presidentielle-2012-francois-hollande-trace-voix, , consulté le 18/07/2012.

La tonalité quelque peu « polémique » ou plutôt intentionnelle de l’utilisation de ces mots précis semble se confirmer ici.

En tout cas, on peut considérer que l’apparition du mot normal a vraiment eu lieu pour la première fois à ce moment-là.

La confirmation viendra quelques mois plus tard. Nous sommes le 31 mars 2011, et François Hollande vient d’être réélu Président du Conseil Général de Corrèze.

C’est aussi cette date qu’il choisit, nous l’avons évoqué, pour se déclarer officiellement candidat à l’élection présidentielle via les primaires socialistes.

Parmi les différentes sollicitations médiatiques auxquelles il répond ce jour-là, François Hollande déclare:

« J’ai dit qu’il fallait un président « normal », car Nicolas Sarkozy n’est pas normal.

La personnalité, ça compte dans une campagne, ça fait l’appoint nécessaire, la confiance et la crédibilité. Les Français ne veulent pas mettre un socialiste [à l’Elysée], ils veulent choisir.

L’empathie, c’est un élément important, car on voit aujourd’hui l’antipathie au pouvoir. Sarkozy, il ne crée pas la bonne ambiance »48.

On remarque qu’il cite cette fois clairement son concurrent, positionnant ainsi et à nouveau cette expression dans l’adversité.

Il semble donc que ces deux dates (09 décembre 2010 et 31 mars 2011) soient les véritables marqueurs de la première utilisation de cette expression de « président normal ».

Cette expression prend aussi le statut de « petite phrase » dans les médias, à l’exemple de cet article du Figaro du 07 février 2012, où l’on lit :

« Le candidat a bâti une partie de sa popularité sur une petite phrase : il veut être « ‘un président normal’»49.

48 Libération, « A Tulle, Hollande s’est élancé », le 01/04/2010, p. 10.

49 Le Figaro, « Hollande, faux candidat « normal » et vrai idéologue », le 07/02/2012, p. 15.

Tout au long de la campagne et même au-delà, l’expression sera déclinée de différentes façons puisque l’on parlera également de candidat normal, de normalité…

Et il sera intéressant d’étudier de quelle façon ces mots précis vont, à un moment donné, en quelque sorte « échapper » à son auteur puisque les différentes utilisations ou transformations de l’expression, on le verra, seront le plus souvent l’œuvre, soit de ses adversaires, soit des acteurs du monde médiatique.

Ces questions seront abordées pendant la troisième partie de cette étude, lorsque nous étudierons l’éventuelle portée stratégique des petites phrases de François Hollande.

4) « Sale mec »

Cette expression a priori quelque peu injurieuse, fait partie des évènements médiatiques de cette campagne des présidentielles 2012, et c’est pourquoi elle constituera la quatrième « petite phrase » que nous étudierons ici.

D’emblée, on pourrait penser qu’un tel énoncé dans la bouche d’un candidat s’apparente à une injure, mais il faut d’abord replacer le contexte.

La petite phrase « sale mec » : étude sémantique

Nous sommes le mardi 03 janvier 2012, et François Hollande, au cours d’un déjeuner avec des journalistes, tient les propos suivants à propos de son rival Nicolas Sarkozy:

« Il va se présenter devant les Français et leur dire : je suis un président en échec depuis cinq ans, je suis un sale mec, mais réélisez-moi parce que, dans cette période difficile, je suis le seul capable »50.

Parmi les journalistes présents se trouve un représentant du journal Le Parisien-Aujourd’hui en France qui, le lendemain, dans un article intitulé Le nouvel appétit de Hollande, cite le candidat socialiste de la manière suivante :

« Pour Hollande, il n’y a pas de mystère, c’est bien le chef de l’Etat, « un président en échec », « un sale mec », qui se cache derrière les formules de l’UMP.»51

50 Europe1.fr, article : « ‘Sale mec’, ce qu’a vraiment dit Hollande », le 04/01/2012, disponible sur http://www.europe1.fr/Politique/Sale-mec-ce-qu-a-vraiment-dit-Hollande-890299/, consulté le 18/07/2012.

51 le Parisien-Aujourd’hui en France, « Le nouvel appétit de Hollande », le 04 janvier 2012, archivé sur http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/presidentielle-le-nouvel-appetit-de-hollande-04-01-2012-1796102.php, consulté le 18/07/2012.

C’est cet article précis qui met le feu aux poudres.

Aussitôt, les partisans du Président sortant fustigent le candidat socialiste, le sommant de s’excuser, quand les partisans de François Hollande rétorquent qu’en matière de « mots déplacés », Nicolas Sarkozy n’a pas de leçons à donner.

En tout cas, une précision est apportée par le journal qui a « sorti » l’affaire, dans un article de son édition du 05 janvier52 et duquel est extraite la citation intégrale.

Dans cet article, son auteur précise que tous les journalistes prenaient des notes sur leur carnet pendant le déjeuner, et que personne, dans l’entourage de François Hollande, ni lui-même, n’avaient précisé que la discussion était « off ».

En d’autres termes, le journaliste n’avait fait que son travail.

A partir de là, toute la discussion tournera autour du fait de savoir si les propos étaient vraiment « off » ou non, et si Hollande « imitait » Sarkozy ou non, et donc s’il avait tenu des propos qu’il n’avait pas vraiment tenus tout en les tenant quand même…

Outre l’imbroglio médiatique déclenché par cette « affaire », il y a plusieurs points intéressants à noter dès à présent.

Tout d’abord, les mots utilisés ne semblent pas être dans les habitudes de François Hollande et nous essayerons d’analyser l’utilisation de cette expression « à contre-courant ».

Ensuite, il faudra regarder pourquoi l’entourage du Président sortant réagit aussi rapidement et avec autant de vigueur, prenant le risque de rappeler les déviances verbales de son propre candidat.

Enfin, il faut noter que parmi les quatre « petites phrases » sélectionnées, elle est la seule (à part peut-être le « président normal ») dont la forme est plus caractéristique que le fond, et nous nous arrêterons également sur ce point.

Ce qui est certain, c’est que les médias l’ont qualifié ainsi, comme dans cet article du Figaro du 09 janvier 2012 :

« Car de l’avis général, les attaques contre François Hollande après la petite phrase mal comprise sur Sarkozy ‘sale mec’, ont été parfois trop fortes »53.

52 le Parisien-Aujourd’hui en France, « Hollande, Sarkozy et le ‘sale mec’ », le 05/01/2012.

53 Le Figaro, « La cellule ‘riposte’ de Brice Hortefeux passe à la vitesse supérieure », le 09/01/2012, p. 3.

Cet évènement nous ramènera également à la définition d’une « petite phrase » en elle-même.

En effet, le côté « polémique » habituellement attribué à la petite phrase et que nous avons évoqué dans la première partie de cette étude, semble être particulièrement présent ici.

Ainsi, plus que les mots prononcés, même s’il faudra s’arrêter sur ces derniers, le scénario qui s’est joué ici est particulièrement instructif car il est un des éléments clés : ce sont autant, voire plus les circonstances, les conditions dans lesquelles a été prononcée cette petite phrase qui sont l’objet des reprises, que la petite phrase elle-même.

Il faudra bien sûr revenir sur ce point précis.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Européenne de Bretagne – Rennes 2 - Unité de formation et de recherche d'arts, lettres, communication UFR ALC
Auteur·trice·s 🎓:
Perrault Frédéric

Perrault Frédéric
Année de soutenance 📅: Mémoire de MASTER 2 Communication - Parcours : Métiers de l’information et de la communication organisationnelle - Septembre 2026
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