L’approche neuropsychologique de l’émotion

4) L’approche neuropsychologique

On sait sans nul doute que la libération hormonale lors d’une situation émotionnelle et les mouvements musculaires mis en jeu dans l’expression des émotions sont commandés par le cerveau. Les progrès de l’imagerie fonctionnelle ont permis de mettre en avant la recherche sur les bases neurales de l’émotion.

Papez, dans les années 30, se demande si «l’émotion est un produit magique ou un processus physiologique qui dépend d’un mécanisme anatomique» (In Lotstra,2002). Il propose alors le premier modèle de circuit nerveux comme siège anatomique des émotions. Ce circuit neural est composé de plusieurs structures cérébrales où le message émotionnel serait stocké. C’est la boucle hippocampo-mamillo-thalamo-cingulo-hippocampique.

Klüver et Bucy démontrent le lien entre une structure cérébrale spécifique et le comportement émotionnel. En effet, ils montrent qu’il existe une relation entre l’ablation bilatérale des lobes temporaux et une cécité psychique, caractérisée par la perte de la peur et des émotions en général, la perte des interactions sociales, une agnosie visuelle et une hypersexualité.

Mac Lean découvre qu’au cours de l’évolution trois cerveaux se sont superposés chez les mammifères : au plus profond, le cerveau reptilien qui est le siège des régulations physiologiques et des conduites primitives, au dessus, le cerveau paléo mammalien avec le système limbique, habituellement pris pour le centre des émotions, recouvert enfin du cortex néomammalien qui est le siège des fonctions plus complexes de la cognition. Ainsi il affirme que le développement du système limbique permet de ressentir et d’exprimer des émotions ; tandis que celui du néocortex donne la possibilité de réfléchir et de raisonner sur l’émotion ressentie (In Patrick, 2003).

Les travaux de Ledoux (In Lotstra, 2002) sur l’identification des circuits fonctionnels dans le traitement des informations émotionnelles, montre l’existence de projections sensorielles du thalamus à l’amygdale.

Il décrit le Circuit de la Peur, d’une part par une voie courte thalamo-amygdalienne qui permet d’assurer la survie par les réactions de fuite, ceci avant la perception consciente du danger, et d’autre part par une voie longue thalamo-cortico-amygdalienne qui assure la perception du stimulus en augmentant le temps de réaction et permettant aussi le contrôle émotionnel.

A la même époque, dans les années 90, Damasio affirme que toutes nos pensées, nos décisions, nos choix sont orientés par nos émotions. Il propose la Théorie des «marqueurs somatiques» : le cortex préfrontal associe nos sensations émotionnelles à un stimulus sous la forme de réseaux de neurones, via l’amygdale et les centres hypothalamiques.

Ce marquage permet alors au cerveau de réactiver les états corporels lors d’une rencontre ultérieure avec le stimulus conditionnant. Le sujet fait alors un choix de manière quasi instantanée. Ce marquage résulterait soit d’un précâblage innée, soit d’un conditionnement social ou d’un apprentissage culturel (In Patrick, 2003).

Par ailleurs, la redécouverte du cas de Phinéas Gage permit à Damasio de montrer l’importance du cortex orbito-frontal. En effet la lésion entraîne une série de modifications comportementales (impulsivité, irresponsabilité, manque d’empathie), des expressions émotionnelles inadaptées et des émotions perturbées (euphorie, irritabilité, sensibilité excessive, incapacité à exprimer les émotions).

Ainsi lorsque le traitement des émotions est déficitaire, on voit que les raisonnements et les prises de décision contextualisés sont aberrants.

Plusieurs recherches ont également montré le rôle de l’hypothalamus. Celui-ci serait l’effecteur de l’émotion en générant des manifestations émotionnelles au niveau viscéral (Serratrice, 2005).

Par ailleurs une latéralisation hémisphérique de l’émotion a été mise en évidence (Serratrice, 2005). Il semble que l’hémisphère droit ait un rôle dans le contrôle des émotions négatives et dans la régulation de l’humeur, alors que l’hémisphère gauche ait un rôle dans la génération d’émotions positives.

Néanmoins pour certains auteurs, les deux hémisphères participeraient ensemble au traitement des informations affectives : le droit traiterait l’organisation non verbale complexe et le gauche gèrerait les affects exigeants des processus analytiques ou linguistiques.

L’émotion constitue un système dynamique entre des réponses physiologiques, comportementales, et des états mentaux.

Elle associe un état viscéral à des manifestations comportementales plus ou moins spécifiques. L’événement déclencheur s’inscrit dans la mémoire et la cognition lui confère une signification plaisante ou déplaisante, anodine ou dangereuse.

L’émotion a une fonction adaptative, elle permet la survie de l’espèce et la communication, et une fonction informative, elle est un signal de l’état émotionnel d’autrui.

Il en ressort donc une définition multipolaire et interdisciplinaire.

Les termes affect, humeur ou sentiment sont liés à l’émotion mais en diffèrent dans la mesure où ils concernent des états durables : alors qu’une émotion est une réaction rapide et très brève, l’humeur, au contraire dure plusieurs heures. Le sentiment lui est plus interne et privé, on exprime d’abord une émotion avant de ressentir un sentiment associé et l’affect est à l’origine des émotions, il est agréable ou non, précis ou vague.

 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Capacités de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles
Université 🏫: Université Paul Sabatier - Faculté de Médecine Toulouse Rangueil - Institut de Formation en Psychomotricité
Auteur·trice·s 🎓:
LAPIERRE Lauréline

LAPIERRE Lauréline
Année de soutenance 📅: Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricien - Juin 2007
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