L’enseignement de l’entrepreneuriat : Modèle pédagogique
I.2.2 Méthodes pédagogiques de l’enseignement entrepreneurial
Pour répondre à la question du comment, il faut analyser la structure retenue pour développer le programme de formation et les méthodes pédagogiques.
Legendre(1993) définit le concept de méthode pédagogique comme un ensemble de techniques agencées en vue d’atteindre un ou des objectifs pédagogiques.
Dans ce sens, nous notons la diversité et la singularité de ces méthodes.
I.2.2.1 La diversité des méthodes pédagogiques de l’entrepreneuriat
La manière dont nous devons enseigner l’entrepreneuriat fait rage dans le domaine de l’entrepreneuriat et de l’éducation. A ce sens, il existe de nombreuses méthodes pédagogiques. Plusieurs critères ont aidé a classé et à décrire les méthodes pédagogiques.
Selon le critère de l’organisation spatiale de la classe, Béchard (2000) connaît les méthodes des grands groupes uniformes, les méthodes des groupes à géométrie variable et les méthodes individuelles.
En se référant aux deux axes, l’axe de l’organisation spatiale de l’enseignement et, d’autre part l’axe du degré de contrôle des apprentissages, l’auteur avance l’idée qu’il existe trois catégories de méthodes pédagogiques : les méthodes pédagogiques de reproduction, les méthodes pédagogiques de construction, et enfin, les méthodes pédagogiques de co-construction.
Tableau 6. Cadre d’analyse des méthodes pédagogiques (adaptée deBéchard, 2000).
Catégories de méthodes | Méthodes |
ReproductionOrganisation spatiale: classe ou individuelleContrôle de l’apprentissage : formateur | ExposésDocumentation Enseignement programmé Enseignement modulaire Exercice répétitifs |
ConstructionOrganisation spatiale : individuelContrôle de l’apprentissage : apprenant | Protocole Recherche guidée InterviewProjet individuel |
Co-constructionOrganisation spatiale : classe ou groupeContrôle de l’apprentissage : partagé entre le formateur et l’apprenant | JeuxJeux de rôle Simulation Tournoi Etude de casEnseignement par les pairs Travail d’équipe LaboratoireApprentissage coopératif Groupe de discussion Ressources du milieu |
A propos des méthodes pédagogiques, Kolb (1976) s’est intéressé au processus d’apprentissage qu’il le défini en quatre stades et Randolph et Posner(1979) identifie les méthodes pédagogiques à chaque stade
L’expérience concrète visionnements de documents audiovisuels, la lecture appliquée, le dialogue, la discussion limitée à un seul sujet, les cas, l’examen des problèmes et l’enseignement programmés d’habiletés.
L’observation réfléchie les lectures théoriques, les conférences, l’enseignement programmé des concepts et les travaux théoriques.
La conceptualisation groupes restreints d’apprentissage, discussion avec arguments, expériences -recherches
L’expérimentation jeux de rôle, des simulations, exercices structurés, des discussions par étape, l’utilisation de bord et les projets de terrain.
Ulrich et Cole(1987) constate la concentration de méthodes pédagogiques aux deux premiers stades.
Deux perspectives sont distinguées par Schied-Bienfait(2000). La première assimile l’acte d’enseigner à une activité de transmission de l’information et de connaissances, qui renvoie à une pédagogie de la « tête bien pleine ».
La deuxième considère qu’enseigner l’entrepreneuriat c’est organiser des situations d’apprentissage, innover en matière pédagogiques et de contexte d’apprentissage par des pédagogies actives (voire tableau ci- dessous).
A cet effet, l’interdisciplinarité de l’entrepreneuriat implique « la mise en place de méthodes de pédagogie active » (Janssen et EEchout, 2005).
Pour décrire la relation entre l’interdisciplinarité et la formation entrepreneuriale, Colet (2002) définit l’enseignement interdisciplinaire comme « la construction d’une situation pédagogique où des savoirs disciplinaires sont mobilisés pour résoudre une situation-problème qui est formulée de manière non-disciplinaire en vue de favoriser chez l’apprenant la construction d’un savoir intégré ».
Tableau 7. Distinction entre deux types de pédagogie (adapté de Schied-Bienfait, 2000)
Pédagogie « tête bien pleine » | Pédagogie active |
Transmission de l’information et deconnaissances | Organiser des situations d’apprentissage |
Dimension conceptuelle | Multidimensionnelle (affective, sociales, pédagogiques, pschychologique …) |
Valorise l’observation réflexive | Valorise l’enseignement-apprentissage |
L’apprenant est un spectateur | L’apprenant est un acteur |
conceptualisation (cours, conférences,témoignages, monographies) | Innovation en matière de modalitéspédagogiques et de contexte d’apprentissage |
L’enseignement à l’entrepreneuriat doit évoluer d’une pédagogie « tête bien pleine » à une pédagogie active suivant le chemin :
Information > formation > formation-action
Nous nous situons complètement dans la logique qui « s’éloigne nécessairement du paradigme de la bonne réponse pour en adopter un qui soit plutôt centré sur la recherche de nouvelles questions » (Carrier, 1998).
Le public42 varie selon le modèle d’enseignement pédagogique, du modèle que Béchard et Toulouse (1998) nomment « andragogique » (dépendance forte entre l’enseignant et l’apprenant bien impliqué dans la formation) au modèle nommé « pédagogique » (dépendance faible, l’enseignant joue le rôle principal).
42 Block et Stumpf (1992) identifient quatre types de publics : les entrepreneurs, les professionnels et sympathisants de la création d’entreprise, les intrapreneurs et les individus dotés (ou pour lesquels on veut développer) un esprit d’entreprendre. Les étudiants, dans leur grande majorité, appartiennent à ce dernier groupe. Le problème est d’autant plus complexe qu’une forte hétérogénéité règne au sein de ces différents publics. Vesper (1980) par exemple identifie pas moins de six catégories distinctes d’entrepreneurs.
Selon Santi (1994), la pédagogie de l’entrepreneuriat doit se nourrir d’un va-et vient constant entre le terrain et la recherche, et cela pour quatre raisons clés : Identifier et sélectionner des opportunités pertinentes, développer des stratégies entrepreneuriales novatrices, apprendre aux étudiants à manger des projets réels, essayer de leur faire manager des le départ une équipe performante en utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
L’auteur fait le point sur l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Alors que cet enseignement lui paraissait peu intégré et novateur, la FNEGE et les universités ont fait un réel effort en la matière.
Aujourd’hui une dizaine de masters en entrepreneuriat ont vu le jour en remplacement des anciens DESS du domaine.
Le projet de création et mise en situation sont susceptible de renouveler l’approche traditionnelle de l’enseignement de l’entrepreneuriat.