L’entrepreneuriat féminin : Etats-Unis, Canada et la France

L’entrepreneuriat féminin : Etats-Unis, Canada et la France

II. La diversité de l’entrepreneuriat féminin

La culture peut agir de manière contingente pour favoriser ou inhiber l’événement entrepreneurial. Berger (1993, p 9)73 note à ce titre que «c’est le lien inextricable» (qui existe) « entre une activité entrepreneuriale et culture qui nous oblige à les associer sur le plan théorique».

De plus, pour jouer leur rôle social, la société identifie des représentations pour donner des rôles prédéterminés aux hommes et aux femmes.

Ce sont donc des valeurs traditionnelles qui déterminent la position de l’homme et de la femme au sein de la société (Diakité, 2004). Dans leurs analyses, Giacomin et al (2010) montrent qu’il existe selon le pays, des différences en termes d’intention.

Ces résultats nous ont incitées à présenter l’entrepreneuriat féminin de plusieurs pays, pour passer au Liban, sujet de notre recherche.

II.1 L’entrepreneuriat féminin à travers le monde

Nous allons dresser, dans cette section, la spécificité de l’entrepreneuriat féminin selon chaque pays. En fait, les recherches effectuées sur l’entrepreneuriat féminin proviennent des Etats-Unis et du Canada, (Stevenson, 1990; Lerner, Brush et Hisrich, 1997) et dans une période plus récente, de la France (Ducheneaut et Orhan, 2000).

Nous commençons par les pays occidentaux (la France, la Belgique, l’Etats-Unis, le Canada) pour présenter à la fin l’aspect musulman de l’entrepreneuriat féminin.

II.1.1. L’aspect occidental

La France figure parmi les pays au monde dans lesquels la création d’entreprise est le moins souvent envisagée comme choix professionnel.

C’est notamment confirmé par des enquêtes comme le GEM (Global Entrepreneurship Monitor, 2005), réalisée au sein de 35 pays : devenir créateur d’entreprise reste en France un parcours atypique (Boissin et al., 2009).

Les femmes représentent 30% des créateurs et 27% des dirigeants de TPE /PME, ce qui place la France dans la moyenne des pays occidentaux (Paillot et al., 2010).

Bel (2009) constatait qu’en 2006 « la part des femmes créatrices s’établissait à 59% dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’action sociale, 51% dans les services aux particuliers.

En France, les statistiques pour l’année 1998 rapportent que 48,9% des créatrices d’entreprises ont un diplôme. Le greffe s’est interrogé sur les caractéristiques et les performances des entreprises dirigées par des femmes françaises, qu’il a comparées aux entreprises dirigées par des hommes, grâce au recueil de données chiffrées auprès des entreprises immatriculées au Registre du commerce parisien en 2003.

Les résultats de l’étude soulignent que les femmes entrepreneures françaises choisissent généralement de diriger des entreprises de petite ou de moyenne dimension.

En 2003, 80% des femmes entrepreneures dirigent des SARL (contre 76% pour les hommes), et 14,5% sont des entrepreneures individuelles. Leur place au sein de structures plus importantes, de type SA ou SAS n’a que peu progressé depuis 1998, et s’établit à 4% (contre 10,5% pour les hommes).

En 2003, les entreprises dirigées par des femmes sont généralement de taille moyenne ou assez modeste : 48% d’entre elles sont constituées avec un capital social inférieur à 8 000 € (contre 42% pour les hommes).

Les femmes préféreraient démarrer leur entreprise avec peu de moyens et développer leur activité au fur et à mesure des résultats obtenus. Bien que les femmes soient moins présentes que les hommes au sein d’entreprises plus importantes, elles sont aussi bien représentées que ces derniers dans la direction d’entreprises moyennes.

Les femmes sont très présentes dans les activités de services : 26% fournissent des prestations de conseil aux entreprises (conseil en gestion, informatique, etc.), (soit + 2% par rapport à 1998), 8% proposent leurs services aux particuliers. 29,5% sont engagées dans le commerce (4% pour les hommes).

Une étude de l’Institut national de statistique (2000) a exposé que le nombre de femmes Belges sur le marché de l’emploi a doublé alors que celui des hommes a diminué de près de 4%.

Toutefois, la même étude a également constaté que la création d’entreprises à l’initiative des femmes en Belgique ne suit pas une évolution aussi favorable.

En fait, le taux d’activité entrepreneuriale des femmes en Belgique est un des plus faibles des pays de l’Union européenne et de l’OCDE (Global entrepreneurship monitor, 2003).

Un rapport (Lambrecht et Pirnay, 2003) a été dressé afin de mesurer le degré d’implication des femmes belges dans l’activité entrepreneuriale et de dresser les ressemblances et les différences entre l’entrepreneuriat féminin et l’entrepreneuriat masculin. Il ressort de la recherche que le financement ne consiste pas en un obstacle.

Le rapport montre qu’« aussi bien les entrepreneurs féminins que les entrepreneurs masculins utilisent avant tout leurs moyens personnels lors du démarrage (54 % des femmes et 59 % des hommes).

Un prêt bancaire lors du démarrage est demandé par 45 % des femmes et des hommes. Trois quarts des entrepreneurs féminins et des entrepreneurs masculins pensent que les femmes n’éprouvent pas plus de problèmes concernant l’accès au financement.

Parmi les 200 femmes interrogées, moins de 5% estiment que la conciliation de leur vie professionnelle avec leur vie familiale leur était apparue comme un problème, tant au démarrage de l’entreprise qu’aujourd’hui ».

Ces deux constats sont très importants car ils écartent certains préjugés comme par exemple que le fait d’avoir un enfant retarde l’entrée de la femme dans l’entrepreneuriat et donc la concrétisation de son projet entrepreneurial, alors que l’étude montre clairement le contraire.

L’entrepreneuriat féminin est un phénomène important dans les sociétés où la réussite tient une grande place, aux États-Unis comme et dans la plupart des pays occidentaux.

Un sondage national aux Etats-Unis, effectué par Hisrich et Brush (1983) auprès de 468 femmes entrepreneuses, montre que 68 % d’entre elles possèdent au moins un diplôme de premier cycle universitaire.

Aux États-Unis, d’après les dernières analyses émanant de l’US Census Bureau, (2002) les entreprises ayant pour propriétaire/dirigeant une femme représentent 28 % sur un total de 23 millions d’entités (n = 6,4 millions) et emploient 9,2 millions de personnes, soit 9 % de l’effectif salarié du secteur privé.

Le rapport OCDE (2004) constate que « les femmes entrepreneuses aux Etats-Unis jouent un rôle économique important par leur capacité à créer des emplois pour elles-mêmes et pour d’autres.

Elles seraient 6.4 millions, employant 9,2 millions de personnes et réalisant un chiffre d’affaires significatif ». Aux Etats-Unis, le désir d’entreprendre et de prendre des risques est en soi considéré comme une qualité, quelle que soit l’issue du projet (OCDE, 2000).

Beaucoup d’entreprises qui réussissent ont en fait été créées par des entrepreneuses ayant auparavant essayé un ou plusieurs échec(s).

Actuellement, les femmes entrepreneuses constituent environ un tiers de l’ensemble des entrepreneurs au Canada. Au cours des 15 dernières années, le nombre de travailleuses autonomes a augmenté de 50 %.

De plus, le nombre d’entreprises canadiennes dirigées par des femmes affiche un taux de croissance annuel moyen de 3,3 % depuis 1989, ce qui représente une croissance de 60 % plus importante que celle des hommes (CIBC World Markets, 2005).

Les entrepreneuses canadiennes sont plus résolument proactives. Les femmes interrogées se reconnaissent dans les traits de l’attitude entreprenante. Or la très grande majorité des femmes questionnées se reconnaît dans la proactivité et le goût pour le changement.

La recherche précitée observe cependant une affirmation beaucoup plus importante au Canada qu’en France. 87% des canadiennes répondent « absolument oui » à l’item « j’aime les défis , les nouvelles opportunités me poussent à agir » contre seulement 57 % des françaises, et la même différence apparaît à l’item « j’essaie de faire des choses nouvelles et différentes de celles que j’ai déjà réalisées dans le passé » auquel les canadiennes répondent « absolument oui » dans 73% des cas, contre 57% en France .

En accord avec le Programme d’action 1997-2000 qui interpelle le MICST, un groupe de travail réalise une étude sur l’entrepreneuriat féminin couvrant plusieurs aspects de la problématique des femmes entrepreneuses au Québec, notamment l’accès au financement, aux réseaux d’influence et à l’information.

Une étude constate en effet que les entreprises dirigées par des femmes québécoises font moins appel aux institutions financières pour le financement de leurs activités que celles dirigées par des hommes.

Dans le but de faire apparaître le rôle essentiel de la culture et révéler les différences entre l’entrepreneuriat corporatiste et libéral, Mione (2005) propose d’exposer les résultats d’une étude comparative des femmes entrepreneuses canadiennes et françaises.

Les femmes entrepreneuses interrogées adoptent des positions très comparables et sont proches dans leurs attitudes, mais les canadiennes sont plus tranchées dans leurs affirmations, plus proactives, plus agressives au niveau concurrentiel et dans leur objectif de développement et les performances en terme de chiffre d’affaires et de résultats semblent plus spectaculaires.

En ce qui concerne les représentations que les femmes entrepreneures ont d’elles-mêmes, Vier Machado et Rouleau (2002) remarquent que les canadiennes identifiées sont très positives vis-à-vis leurs activités et, pour elles, être entrepreneure, c’est socialement satisfaisant.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’intention entrepreneuriale des étudiantes : cas du Liban
Université 🏫: Université NANCY 2 - Institut d’administration des entreprises IAE
Auteur·trice·s 🎓:
Léna SALEH

Léna SALEH
Année de soutenance 📅: Thèse de Doctorat ès Nouveau Régime Sciences de Gestion - 2027
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