2.1.4 Responsabilité sociale versus performances sociales
Un peu comme le mouvement général qui s’est manifesté pour responsabiliser les entreprises sur leur impact social et environnemental, le monde de la microfinance commence à élargir le cadre d’analyse des performances de ses institutions. En effet, de plus en plus de travaux cherchent à mesurer, au-delà des performances financières, les performances sociales des institutions de microfinance IMF. Ce cadre d’analyse nous rapproche, plus que le simple fait de se fixer un objectif de lutte contre la pauvreté, de la responsabilité sociale des institutions de microfinance. Selon la « Social Performance Task Force » (SPTF), l’organisation qui a en charge de coordonner les efforts de recherche sur la performance sociale dans le secteur de la microfinance, « la performance sociale est la traduction effective dans la pratique de la mission sociale d’une institution de microfinance en lien avec des valeurs sociales communément acceptées qui fixent de servir un nombre croissant de personnes pauvres et exclues, d’améliorer la qualité et l’adaptation des services financiers, de créer des bénéfices pour les clients et d’améliorer la responsabilité sociale d’une IMF »95. Dans cette perspective, deux grandes catégories d’approches se complètent sur la mesure des performances sociales des institutions de microfinance IMF : les outils d’évaluation qui s’intéressent aux moyens que l’IMF se donne pour réaliser sa mission, ses intentions (on peut citer notamment l’outil SPI- CERISE96), et, les outils d’évaluation d’impact97 (enquêtes de satisfaction, études de marché, études d’impacts, etc.) qui cherchent à mesurer les effets sur les clients et sur la communauté en générale. A côté de ces deux types d’outils se positionnent les agences de notation sociale qui empruntent à l’une ou l’autre mais s’appuient très largement sur les premiers.

95 Social Performance Task Force (SPTF), http://www.lamicrofinance.org/resource_centers/impactperf/impactperf1., consulté le 10-07-2008.
96 SPI : Social Performance Indicator ; CERISE : Comité d’Echanges, de Réflexions et d’Information sur les Systèmes d’Epargne-crédit.
97 Dont notamment les outils du CGAP, USAID, SEEP/AIMS, etc.

Chacune de ces deux approches s’intéresse à un questionnement base traduit par la SPTF en un cadre de référence qui se présente comme suit :
Schéma 3 : Cadre de référence de l’étude de la performance sociale des IMF
Cadre de référence de l’étude de la performance sociale des IMF
Cadre de référence de l’étude de la performance sociale des IMF
Source : SPTF, http://www.lamicrofinance.org/resource_centers/impactperf/impactperf1, consulté le 10-07-2008.
L’avancée réelle apportée par ce cadre de référence est qu’il offre un canevas commun à tous les acteurs intervenants dans l’évaluation des performances sociales en microfinance (ce cadre détaillé est joint en annexe). Sur la base de ce cadre on peut mieux comprendre ce que la SPTF entend par la notion de performance sociale d’une IMF. Ainsi, les caractéristiques d’une IMF socialement responsable seraient une IMF qui :
– intègre et gère la performance sociale, à travers une mission claire, des stratégies cohérentes qui traduisent sa mission dans la pratique et un système de gestion transparent ;
– sert un grand nombre de pauvres et d’exclus, par une méthodologie de proximité ou de ciblage bien défini ;
– offre des services financiers appropriés et de qualité, qui répondent aux besoins financiers de ses clients en fonction de leurs capacités et à un coût supportable. Ceci implique également d’offrir des produits et services diversifiés (divers produits de crédit, d’épargne, d’assurance et de transfert d’argent, etc.) ;
– agit de façon socialement responsable vis-à-vis de ses clients, qui adopte des comportements éthiques vis-à-vis des clients. Elle exige par ailleurs un suivi permanent des clients afin de contrôler et éviter les risques de surendettement. Elle couvre également une dimension plus large celle de l’empowerment ou l’autonomisation des clients dans leur milieu social ;
– agit de façon socialement responsable vis-à-vis des communautés, du personnel et de l’environnement, c’est-à-dire répondre à leurs attentes et tenir compte des conséquences de ses activités.
Ces points mettent en évidence les différentes dimensions de la responsabilité sociale d’une IMF que sont la responsabilité vis-à-vis des clients, des communautés, du personnel et de l’environnement. La mise en évidence de ces dimensions constitue une avancée pour la gestion des institutions de microfinance IMF et la définition d’une responsabilité propre à la microfinance. Mais, cela n’éloigne pas selon certains auteurs98 du risque de confusion entre la responsabilité sociale propre à une institution financière qui est l’inclusion financière et un engagement citoyen. Pour pallier ce risque ces auteurs insistent sur la nécessité de définir la responsabilité sociale en dehors du champ même de la pauvreté et de la rattacher au concept qui est la leur à savoir l’exclusion financière. D’autre part et toujours dans cette perspective il conviendrait de clarifier la responsabilité des différents acteurs parties prenantes de la microfinance.
Lire le mémoire complet ==> (La responsabilité sociale des organisations de microfinance) :
Quels critères pour une meilleure contribution de la microfinance à l’inclusion financière ? L’exemple du Burkina Faso.
Mémoire de Master en études du développement
Université de Genève – Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top