Statistiques descriptives des exploitations agricoles familiales

III.4- Les statistiques descriptives de la sous-population étudiée

Le Tableau 50 présente les évolutions qu’ont connues les exploitations des sous-populations étudiées entre 1988 et 2005 en termes de main-d’œuvre211.

Tableau 50- Situation comparée des exploitations de la sous-population étudiée en 1988, 2000 et 2005

198820002005
Nombre d’exploitations

(% de l’ensemble des exploitations produisant des FL)

23 100

22%

16 181

26%

10 479

22%

UTA chef d’exploitation (dont co-exploitants)

(% des UTA totales) (% co-exploitants)

22 134 (nd)

32% (nd)

16 452 (1 352)

28% (2%)

10 534 (884)

24% (2%)

UTA familiales autres que chef d’exploitation et co-exploitants

(% des UTA totales)

18 499

27%

8 898

15%

5 148

12%

UTA familiales totales

(% des UTA totales)

40 633

60%

25 350

44%

15 682

37%

UTA salariées permanentes

(% des UTA totales)

11 800

17%

11 174

19%

8 882

21%

UTA salariées saisonnières

(% des UTA totales)

15 670

23%

21 211

37%

17 424

41%

UTA ETA ou CUMA

(% des UTA totales)

132

0%

215

0%

215

1%

UTA totales

(% des UTA totales)

68 234

100%

57 950

100%

42 203

100%

Sources : Agreste Recensement agricole 1988, 2000, et Enquête Structure 2005 (données extrapolées), traitements de l’auteur

La part de la main-d’œuvre familiale s’est fortement réduite passant de 60% à 37% de la main-d’œuvre totale entre 1988 et 2005.

Cette diminution est liée une baisse importante de la part du travail familial autre que celui du chef d’exploitation et des co-exploitants (de 27% à 12% entre 1988 et 2005). La prise en compte de cette main-d’œuvre nous paraît donc importante pour comprendre les évolutions du collectif de travail des exploitations.

La part de la main-d’œuvre familiale s’est réduite au profit de la main-d’œuvre salariée permanente (qui est passée de 17% à 21% du travail total entre 1988 et 2005) et surtout au profit de la main- d’œuvre salariée saisonnière (qui est passée de 23% à 41% entre 1988 et 2005).

Entre 1988 et 2000, la quantité de travail saisonnier a augmenté en valeur absolue (+35%) dans un contexte de réduction du travail agricole global (-15%).

Les exploitations de notre sous-population ont donc connu les mêmes évolutions que le secteur des fruits et légumes dans son ensemble (voir Partie 1 Chapitre 2 II). Aussi, l’analyse de la demande de travail salarié dans ces exploitations familiales garde-t-elle toute sa pertinence.

De plus, les fortes évolutions qu’ont connues conjointement la main-d’œuvre familiale autre que le chef d’exploitation, la main-d’œuvre salariée permanente et la main- d’œuvre salariée saisonnière justifie de prendre en compte ces trois types de main-d’œuvre dans notre analyse empirique.

Les exploitations de notre sous-population se répartissent dans les différents régimes selon les proportions présentées dans le Tableau 51.

Tableau 51- Les régimes de travail dans la sous-population étudiée

RégimeFréquence dans la sous-

population

Pourcentage dans la sous-

population

0001 1307.0%
0012 09112.9%
0102691.7%
0111 3798.5%
100 (Référence)3 90324.1%
1014 72429.2%
1105013.1%
1112 18413.5%
Total16 181100.0%

Le régime purement familial (100), que nous prenons comme régime de référence, représente 24,1% de la sous-population étudiée. Ce régime est le régime le plus fréquent après le régime avec la famille et des travailleurs saisonniers (101).

Même si certains régimes sont moins représentés que d’autres, notamment les régimes avec une main-d’œuvre salariée uniquement permanente (010 et 110) et le régime où le chef d’exploitation travaille seul (000), le nombre minimal d’observations par régime (269 observations au minimum) est suffisant pour permettre une estimation correcte.

Près d’un tiers des exploitations de notre sous-population n’ont recours à aucun travailleur salarié (régimes 000 et 100). À l’inverse, 22% des exploitations de notre sous-population ont recours aux deux types de travailleurs salariés (régimes 011 et 111).

Nous présentons dans le Tableau 52 quelques statistiques descriptives de notre sous- population. Nous présentons ces statistiques pour l’ensemble des huit régimes ainsi que pour deux groupes de régimes particuliers qui nous semblent symptomatiques : les régimes sans aucun travailleur salarié (100 et 000) et les régimes avec les deux types de travailleurs salariés (111 et 011). Les définitions des variables explicatives sont présentées dans le Tableau 53

Tableau 52- Statistiques descriptives de la sous-population étudiée selon deux grands groupes de régimes

VariablesRégimes sans salariés (100, 000)Régimes avec deux salariats (111, 011)Tous régimes
Chef

d’exploitation

Age du chef (en années)(agecex)494547
Expérience du chef (en années depuis l’installation)(exp)171817
% de chef avec une formation agricole supérieure au secondaire court(fa3)9%26%15%
% de chef avec une formation générale supérieure au secondaire(fg3)4%11%7%
Famille% d’exploitations avec co-exploitant(coex)3%13%8%
Nombre d’enfants en bas âge(nbe012)0,50,70,6
Nombre de membres de la famille en âge de travailler(nbfa1570)1,671,721,68
% d’exploitation où il existe au moins un membre de la famille avec une formation agricole(eduagrf)19%24%21%
% d’exploitation où il existe au moins un membre de la famille avec une formation générale supérieure(edugsupf)19%35%26%
Exploitation% d’exploitation individuelle94%52%78%
% UTA familiale100%31%70%
Taille de l’exploitation (en 10^4 euros)(mbstot)3,819,79,1
Nombre de tracteurs(tract)1,73,92,5
% d’exploitations avec une structure de commercialisation(comm)0%4%2%
% d’exploitations avec un signe de qualité(qual)11%31%19%
% d’exploitations avec une assurance grêle(assugre)15%45%29%
% d’exploitations dans l’OTEX Plein champ(OtexPC)21%13%16%
% d’exploitations dans l’OTEX Plein air(OtexPA)19%8%12%
% d’exploitations dans l’OTEX Serre(OtexS)8%18%11%
% d’exploitations dans l’OTEX Plein air et serre(OtexPaS)8%6%6%
% d’exploitations dans l’OTEX Fruits(OtexF)23%42%38%
% d’exploitations dans l’OTEX mixtes (Fruits et légumes)(OtexM)20%13%17%
Degré de saisonnalité(H)0,520,630,58
Degré de périssabilité(P)0,760,650,72
Locali-

sation

% d’exploitations localisées dans un bassin de vie rural avec une spécialisation fruits et légumes(speFL)21%27%26%
% d’exploitations localisées dans un bassin de vie de pôle d’emploi urbain(urbain)70%68%67%

L’âge moyen des chefs d’exploitation de notre sous-population est de 47 ans. Ils sont installés en tant qu’agriculteur depuis en moyenne 17 ans.

Les chefs des exploitations avec les deux types de salariés sont légèrement plus jeunes que les chefs des exploitations sans salariés. Leur expérience en agriculture n’est cependant pas différente.

85% des chefs d’exploitation travaille à temps plein sur son exploitation et n’a aucune d’activité à l’extérieur, ce qui justifie de ne pas étudier l’offre de travail de l’exploitant en lui- même.

En moyenne, la formation agricole des exploitants est plus élevée que leur formation générale. Les chefs d’exploitation avec les deux types de salariés sont beaucoup mieux formés, aussi bien d’un point de vue technique et général, que les chefs des exploitations sans aucun salarié suggérant que, comme nous l’avons expliqué précédemment, le capital humain de l’exploitant agricole est susceptible d’influencer positivement la probabilité de recours au travail salarié.

Le réservoir de main-d’œuvre familiale est constitué, en moyenne, d’un peu moins de deux personnes en âge de travailler et autres que les co-exploitants. Il ne semble pas y avoir de grande variabilité entre les régimes.

L’ensemble des exploitations que nous étudions dispose donc d’un réservoir de main-d’œuvre familiale suffisant pour justifier l’étude du travail de la famille.

Statistiques descriptives des exploitations agricoles familiales

La formation générale de cette main-d’œuvre familiale est en moyenne plus élevée que sa formation agricole. La famille dans les exploitations sans salarié est beaucoup moins formée que celle des exploitations avec les deux types de salariés.

Le différentiel est très marqué pour la formation générale : alors que dans 25% des exploitations avec les deux types de salariés il existe au moins un membre de la famille avec une formation générale supérieure, ce chiffre tombe à 19% dans les exploitations sans salarié.

L’important niveau de formation générale pourrait donc accroître les opportunités d’emploi à l’extérieur de l’exploitation et augmenter la probabilité de recours au travail salarié sur les exploitations.

Les familles comptent en moyenne moins d’un enfant en bas âge. Il ne semble pas y avoir de différence notoire entre les deux groupes de régime.

Les exploitations avec co-exploitants ne représentent que 8% de notre sous-population et seuls 2,9% des conjoints sont des co-exploitants.

Les conjoints sont donc généralement compris dans le réservoir de main-d’œuvre familiale que nous considérons. En étudiant le travail des membres de la famille, nous tenons donc compte aussi le travail de l’épouse.

Les exploitations avec co-exploitants sont beaucoup plus nombreuses parmi les exploitations avec les deux types de salariés (13% des exploitations). À l’inverse, elles sont beaucoup plus rares parmi les exploitations sans salariés (3%).

Ceci est à relier au fait que les exploitations sans salarié sont plus souvent des exploitations individuelles (94% d’entre elles) alors que seuls 52% des exploitations avec les deux types de salariés sont des exploitations individuelles.

Les structures partenariales (de type GAEC par exemple) sont souvent plus salariales que les exploitations [Benjamin et Kimhi, 2006]

La dimension économique moyenne des exploitations de notre sous-population est de 91 000€. Elle est très légèrement inférieure à la dimension économique de l’ensemble des exploitations du secteur des fruits et légumes (95 000€ en 2000 voirsupra Partie 1 Chapitre 2 II).

Ceci s’explique par le fait que nous nous concentrons sur des structures familiales et que certaines des exploitations de très grande taille ne sont pas comprises dans notre sous- population.

Les exploitations sans aucun salarié sont beaucoup plus petites que les exploitations avec les deux types de salariés : leur marge brute est de 38 000€ contre 197 000€ pour les exploitations avec salariés. La taille semble donc corrélée avec une plus grande probabilité de recours au travail salarié.

Le nombre moyen de tracteurs par exploitation est de 2,5. Ce chiffre n’est que très légèrement inférieur au nombre moyen de tracteurs dans l’ensemble des exploitations agricoles (2,7).

Ceci suggère que cette variable peut fournir un indicateur correct du niveau de capitalisation des exploitations de fruits et légumes bien que celles–ci soient généralement moins mécanisées que la plupart des autres exploitations agricoles.

Les exploitations avec les deux types de salariés sont plus fortement mécanisées que les exploitations sans salarié suggérant une certaine complémentarité entre le capital et le travail salarié.

L’activité de conditionnement et de commercialisation par le biais d’une structure indépendante est relativement peu fréquente (2% des exploitations de la sous-population étudiée)212.

La présence de signe de qualité est, quant-à elle, plus courante (19% des exploitations de la sous-population étudiée) et près d’1/3 des exploitants agricoles sont assurés contre la grêle.

L’activité de commercialisation, les signes de qualité et l’assurance contre la grêle sont plus développés dans les exploitations avec les deux types de salariés que dans les exploitations sans salarié.

38% des exploitations de notre sous-population sont des exploitations de l’OTEX fruit, 45% sont des exploitations d’OTEX légumières (plein champ, maraîchage et serre) et 17% sont des exploitations mixtes fruits et légumes.

Les exploitations serristes sont beaucoup plus représentées dans les exploitations avec salariés. Le caractère très intensif en travail des cultures sous serres est susceptible de favoriser le recours au salariat.

À l’inverse, les exploitations fruitières sont beaucoup moins représentées dans les exploitations sans salarié. L’importance du travail de récolte dans les cultures fruitières suggère que ces exploitations ont au moins recours à du travail salarié saisonnier.

Le degré de spécialisation ou de saisonnalité des exploitations de notre sous-population est en moyenne de 0,59 (1 correspondant à la spécialisation sur un seul et unique produit) et les produits très périssables représentent en moyenne 45% de la production de ces exploitations. L’écart type de chacune de ces deux variables paraît suffisant pour discriminer les exploitations entre elles213.

211 Les exploitations ne pouvant être suivies entre 1988 et 2005, les évolutions mises en exergue ici sont issues de comparaisons en statique des exploitations appartenant à la sous-population en 1988, en 2000 et en 2005. La sous-population que nous utilisons représente cependant une part relativement constante des exploitations professionnelles produisant des fruits et légumes entre 1988 et 2005 (entre 20 et 25%).

212 Afin de nous assurer de la validité de nos résultats, nous avons vérifié qu’il existe dans chacun des régimes un nombre suffisant d’exploitations commercialisant leur production par le biais d’une structure indépendante. Elles sont au nombre de 12 dans le régime où elles sont le plus faiblement représentées (régime 100).

213 Le calcul du degré de périssabilité à partir des groupes 3 et 4 du Tableau 21 ne permettait pas une discrimination suffisante des exploitations.

Les exploitations avec les deux types de salariés sont plus spécialisées et donc plus saisonnières que les exploitations sans salarié. Cette statistique semble confirmer les résultats empiriques précédents qui suggéraient que la saisonnalité de l’activité accroît la probabilité de travail à l’extérieur de l’exploitation de la famille.

Près de 70% des exploitations de notre sous-population sont localisées dans le bassin de vie d’un pôle d’emploi urbain.

Ce chiffre relativement élevé s’explique par le fait que les exploitations de fruits et légumes sont souvent situées dans des zones périurbaines. La différence ne semble pas significative entre les exploitations sans salarié et les exploitations avec.

Un quart des exploitations de notre sous-population sont situées dans un bassin de vie spécialisé dans la production de fruits et légumes.

Dans les départements qui introduisent le plus de travailleurs saisonniers étrangers (OMI) (comme par exemple le département des Bouches-du-Rhône), cette proportion est plus élevée (35%).

Ceci conforte notre idée selon laquelle la spécialisation en fruits et légumes représente un proxy de la taille du réservoir de main-d’œuvre temporaire. Les exploitations sans salariés sont moins souvent localisées dans des bassins de vie spécialisés dans la production de fruits et légumes que les autres exploitations.

Tableau 53- Définition et statistiques descriptives des différentes variables explicatives

VariableDéfinitionMoy.Ecart typeMinMax
ExploitantAgecexAge (en années)47101988
ExpExpérience (en années depuis l’installation)1710063
Formation agricoleFa11 si la formation agricole de l’exploitant est

inférieure au secondaire court, 0 sinon

0,5801
Fa21 si la formation agricole de l’exploitant est égale

au secondaire court, 0 sinon

0,2701
Fa31 si la formation agricole de l’exploitant est

supérieure au secondaire court, 0 sinon

0,1501
Formation généraleFg11 si la formation générale de l’exploitant est

inférieure au secondaire, 0 sinon

0,4101
Fg21 si la formation générale de l’exploitant est égale

au secondaire, 0 sinon

0,5201
Fg31 si la formation générale de l’exploitant est

supérieure au secondaire, 0 sinon

0,0701
FamilleNbfa1570Nombre de membres de la famille non co-

exploitants ayant entre 15 et 70 ans

21115
Nbe012Nombre d’enfants de moins de 12 ans1107
Edugsupf1 s’il existe au moins un membre de la famille avec

une formation générale supérieure, 0 sinon

0,2601
Eduagrf1 s’il existe au moins un membre de la famille avec

une formation agricole, 0 sinon

0,2101
ExploitationMbstotTaille de l’exploitation MBS totale (en 104 euros)9,10171986
TractNombre total de tracteurs2,492039
Coex1 s’il existe des co-exploitants 0 sinon0,0801
Comm1 s’il existe une structure juridique indépendante

pour la commercialisation des produits, 0 sinon

0,0201
Qual1 si la production est labellisée (bio, aoc, label…),

0 sinon

0,1901
Assugre1 s’il existe une assurance contre la grêle, 0 sinon0,2901
ProductionOTEXOtexPC1 si l’exploitation appartient à l’OTEX légumes

plein champ, 0 sinon

0,1601
OtexPA1 si l’exploitation appartient à l’OTEX légumes

plein air, 0 sinon

0,1201
OtexS1 si l’exploitation appartient à l’OTEX légumes

sous serre, 0 sinon

0,1101
OtexPaS1 si l’exploitation appartient à l’OTEX légumes

plein air et sous serre, 0 sinon

0,0601
OtexM1 si l’exploitation appartient à l’OTEX fruits et

légumes mixtes , 0 sinon

0,1701
OtexF1 si l’exploitation appartient à l’OTEX fruit, 0

sinon

0,3801
HDegré de concentration de la production0,590,30,01,0
PPoids des produits périssables dans la production0,450,40,01,0
LocalisationSpefl1 si l’exploitation est dans un bassin de vie

spécialisé dans la production de fruits et légumes, 0 sinon

0,2601
Type de pôle d’emploiUrbain1 si l’exploitation est dans un pôle urbain ou dans

le bassin de vie d’un pôle d’emploi urbain, 0 sinon

0,6701
Rural1 si l’exploitation est dans le bassin de vie d’un

pôle d’emploi rural, 0 sinon

0,2101
Autrerural1 si l’exploitation est dans le bassin de vie d’un

espace à dominante rural (autre que pôle d’emploi rural) , 0 sinon

0,1201

 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Institut national d'enseignement supérieur pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement - Centre International d’Études Supérieures en Sciences Agronomiques (Montpellier SupAgro)
Auteur·trice·s 🎓:
Aurélie DARPEIX

Aurélie DARPEIX
Année de soutenance 📅: École Doctorale d’Économie et Gestion de Montpellier - Thèse présentée et soutenue publiquement pour obtenir le titre de Docteur en Sciences Économiques - le 27 mai 2010
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