Le secteur industrie-textile et la crise financière

Le secteur industrie-textile et la crise financière

Chapitre I – L e secteur industriel 

I. La crise financière plane sur le secteur industrie-textile

1) Budget réduit  provoque une commande restreinte des pays européens

Martyrisé. Le textile-habillement est un secteur auquel cet objectif correspondrait bien. A peine remis de la tornade liée à l’absolution des accords multifibres (AMF) en 2005 , la revoilà plongé dans un nouvelle tourmente , celle de la crise économique mondiale .

« Cela fait pratiquement deux mois que nous vivons une conjoncture difficile et délicate », affirme un opérateur lors de l’assemblée générale ordinaire (AGO) de l’Amith (association des taxtiliens) tenue mardi 8 juillet, à Casablanca. « Nous n’avons pas de visibilité pour la rentrée prochaine et la crise financière semble  se profiler sur le moyen terme », poursuit-il. Une chose est sûr : « les trois prochains mois vont être les plus difficiles », prédit un autre taxtiliens.

Tout a commencé aux Etat-Unis, il y a un an, avec la crise des subprimes. A tort, avait-on affirmé, haut et fort, que le Maroc serait épargné par les répercussions de ces dysfonctionnements d’économies développées étaient nos clients. Lorsque leur pouvoir d’achat est atteint, ce sont nos usines qui chôment.

Heureusement, ce n’est pas encore le cas. Mais, « il y a une baisse généralisée de la demande extérieure », indiquent les professionnels. Pis, certains donneurs d’ordre sont même devenus insolvables. « Sur le premier trimestre, des entreprises, notamment en France, en Italie et en Espagne, ont déclaré leur insolvabilité. Une  étude révèle que ce phénomène concerne 40% des entreprises françaises », souligne un professionnel de la place. C’est pour le moins alarmant, si l’on sait que deux de ces pays (l’Espagne et la France) sont les premiers acheteurs du textile marocain. Et pour ne rien arranger, le climat vient s’en mêler à son tour.

L’hiver 2008 a été plus chaud que d’habitude, en conséquence, « les enseignes n’ont pas eu le niveau de ventes escompté sur les articles « hiver » et ont du mal à  écouler les produits « été ». Cela signifie que leurs budget seront atteints ». Renchérit Mohamed tamer,  président de l’Amith.

Budget réduit veut dire aussi commandes restreintes ou du moins à des conditions de coûts drastiques. Mais cela fait des lustres que le Maroc ne se bat plus sue le terrain des coûts.

Face à la concurrence des autres pays, l’on assiste à une « vraie érosion » de la compétitivité du textile made in Morocco au point que la proximité de l’Europe reste le seul avantage compétitif encore vendable.

Mais pour combien de temps encore surtout que la logistique s’avère particulièrement pénalisante ? L’arrivée de nouveaux pays comme l’Egypte, sur le marché mondial, risque de remettre en cause cet ultime avantage. Le pays des pharaons jouit à la fois de la proximité des clients occidentaux et des coûts salariaux bas. Le Smig  y est de l’équivalant de 250 DH, quatre fois moins cher que la Maroc ! De plus, le secteur bénéfice d’un soutien affiché de l’Etat égyptien.

Tandis « qu’au Maroc, l’on assiste à une attitude non interventionniste de l’Etat », affirme Tamer. Ce dernier précise « que cette attitude change radicalement lorsqu’il s’agit de secteurs plus stratégiques pour la gouvernement ».

2) Entretien de l’Economiste avec Mohamed Tamer, président de l’Amith : une baisse de la demande espagnole et le chute du dollar ont un impact sérieux sur ce secteur

Comme tout président d’association sectoriel, Mohamed Tamer, président de l’Amith, défend la santé se son secteur. Il se montre confiant et préfère parler sur des notes positives.

« Le textiles marocain s’exporte encore bien et résiste mieux à la crise mondiale que les autres pays concurrents », affirme-t-il. Pourtant ; la contraction des commandes suite à la baisse significative de la demande espagnole, les impacts sérieux de la chute du dollar et de la livre … au moins deux éléments qui font dire à Tamer que 2008 va être une année difficile.

  • – L’Economiste : Comment se porte le secteur textile et habillement ?

  •  Mohamed Tamer : Tant que le Maroc sera à 14 Km de l’Europe et tant qu’il y aura des fashion victimes, le secteur se portera bien.
  •  Les chiffres officiels parlent pourtant de baisse de production
  • Globalement, la production a augmenté de plus de 2% sur le premier trimestre 2008. Mieux, les chiffres de l’Union européenne (UE) montrent une légère croissance de nos concurrents enregistrent des contre-performances : Turquie (-7.2%), Tunisie (-2 %). Seule l’Egypte réalise une croissance à deux chiffres (13.4%). C’est plus un effet de rattrapage puisque ce n’est que récemment que le pays exporte vers l’UE.

Le textile marocain résiste donc mieux que les autres pays aux contrecoups de la crise économique mondiale .Toutefois, nous prévoyons un tassement des exportations au titre de l’année 2008 comme conséquence directe de cette crise.

L’Espagne qui est aujourd’hui notre premier client vit une réelle crise, notamment immobilière, qui a ses répercussions sur le pouvoir d’achat des ménages et se propage en conséquence aux autres secteurs de l’économie. Nous assistons à une baisse de l’ordre de 10 à 20 % de la consommation dans ce pays.

Cela a néanmoins un côté positif puisque les enseignes seront plus acculées à fonctionner en flux tendus, ce qui réconforte le Maroc dans sa position d’arrière base de production proche et réactive.

  • – Pourquoi ne pas penser à autre chose que le faste fashion ?

– Nous n’avons pas beaucoup de choix. En termes de prix, nous sommes plus chers que l’Egypte par exemple. Comparée Turquie, l’industrie textile marocaine n’est pas aussi intégrée, ce qui nous empêche de présenter une offre globale. Donc, face à ces concurrents, nous devons capitaliser sur nos atouts que sont le savoir-faire, la flexibilité, la proximité et la réactivité.

le président de l'Amith Mohamed TamerPar ailleurs, nous avons lancé une étude pour définir les nouveaux segments porteurs à partir de 2015. La synthèse sera prochainement rendue publique.

  • – Pourrait-on assister à une vague de délocalisations en Egypte ?

– Les investissements opérés par certaines entreprises marocaines en Egypte ne sont pas des délocalisations mais des ouvertures de sites de production supplémentaires .Elles l’ont fait dans un souci de renforcement de leur compétitivité, notamment sur des segments où le facteur prix est déterminant.

  • – Quels sont les effets de la baisse du dollar et de la livre ?

– Le dollar a baissé de prés de 20% par rapport au dirham. Etant que nous approvisionnons en euro, notre coût de revient est plus cher que certains concurrents. Cela touche sensiblement la compétitivité du « made in Morocco » lorsqu’il s’agit de pénétrer le marché américain. Mais malgré cela, nous arrivons à vendre tout de même.

Le même  phénomène peut être relevé concernant le marché britannique.  La baisse de 13% de la livre par rapport au dirham a un impact sérieux sur nos exportations vers  ce pays.

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