Comment l’analyse de cas dévoile les mécanismes de défense en communication interculturelle ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

L’analyse de cas en communication interculturelle révèle des mécanismes de défense insoupçonnés dans le contexte congolais. Cette recherche, alliant psychologie et méthodologie innovante, transforme notre compréhension des dynamiques socioculturelles, offrant des perspectives essentielles pour naviguer dans la complexité des échanges interculturels.


    1. Dimension interculturelle (interculturalité)

Depuis sa naissance jusqu’à sa disparition, l’être humain baigne dans plusieurs environnements socioculturels (famille, école, église, rue, ville, …) qui font de lui une réalité interculturelle et, lorsqu’il communique, toutes ses cultures sont convoquées. C’est ainsi que pour être efficace, Edward Twitchel Hall171 suggère qu’il soit nécessaire à l’homme de s’impliquer de manière active et consciente dans les aspects de son existence qui lui semblent

les plus naturels. Cependant, cette exploration exige donc la compréhension des concepts de culture, de multiculturel, d’interculturel et d’interculturalité. Dans certaines mesures, ces cultures peuvent constituer des barrières à la communication.

      1. Culture, une grille d’analyse de l’acteur social

La culture est la grille d’analyse ou de perception qui détermine le comportement de l’acteur social lorsqu’il est en communication avec les autres.

Ainsi, le concept de « culture » est polysémique et il parfois entraîne des contradictions selon les domaines. En 1952, Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn172 ont écrit une liste de plus de 200 définitions différentes du mot culture dans leur livre intitulé Culture : A critical review of concepts and definitions.

Pour les uns, la culture est une affaire de patrimoine et d’intellect avec cette idée un peu élitiste de l’homme cultivé. Pour d’autres, elle est une affaire d’habitudes acquises, la notion de culture étant alors assimilée à celle de civilisation. Mais ce qui nous intéresserait particulièrement, c’est la deuxième acception qui évoque déjà l’idée des processus psychiques qui sont impliqués dans l’acquisition des habitudes.

Cette considération a donc orienté le choix de différentes définitions élucidant ce concept.

Depuis 1871, la définition d’Edward Burnett Tylor173 a fait autorité : « la culture, c’est un ensemble complexe composé par la connaissance, la croyance, l’art, la morale, la loi, les coutumes et toutes les autres compétences et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société ».

En 1990, la théorie de Vygotzky174 était déjà devenue une référence, car pour elle le sujet n’est pas un reflet passif du milieu mais au contraire, le fruit d’une relation. C’est la culture qui fournit à l’individu les outils nécessaires à son développement et ils sont fournis par les autres. Les fonctions supérieures n’ont pas une origine naturelle mais elles ont une histoire sociale. L’intériorisation de l’apprentissage est conditionnée par une réorganisation et une incorporation de la culture en même temps que le sujet se constitue et effectue la restructuration.

En 2004, Du Ru Qing et Tian De Xin175 définissent les cultures comme des réceptacles de savoirs, d’expériences, de croyances, de valeurs, d’attitudes, de significations, de hiérarchies, de religions, de notions temporelles, de rôles, de relations spatiales, de conceptions de l’univers et

d’objets matériels et de possessions acquises par un groupe de personnes à travers les générations grâce aux efforts des individus et du groupe. Dès sa plus tendre enfance le jeune enfant est confronté à tous les aspects de la culture familiale mentionnés ci-dessus. On lui enseigne de façon formelle ou informelle à se comporter de quelque manière et ses parents sont ses premiers professeurs. Ce qu’il apprend d’eux s’enracine profondément en lui. Comme le remarque le proverbe : « l’enfant est le père de l’homme ».

Lorsque l’enfant grandit, il entre dans un cercle plus large d’influences qui comprennent celles de ses pairs, de l’école, du lieu de travail et dans la même mesure de celles de son environnement social. Tout cet apprentissage produit un conditionnement conscient ou inconscient qui amène à une compétence dans une culture particulière. On parle d’« inculturation ». C’est un processus qui débute à la naissance et ne prend fin qu’à la mort. Cette théorie de l’inculturation montre comment la culture s’acquiert et comment la culture d’une nation passe de génération en génération. La famille et l’environnement social immédiat sont les sphères d’acquisition de cette culture.

Alex Mucchielli176 voit dans la culture un ensemble construit des principes auxquels on peut ramener l’ensemble des conduites typiques d’un groupe ou d’un individu. Ces principes ou composantes sont des croyances, des normes et des valeurs qui sont les bases de la logique propre du groupe ou de l’individu.

A propos de la croyance

Pour Milton Rokeach177, la croyance comporte une composante affective, cognitive et conative. La composante affective est définie comme l’aspect positif ou négatif à l’égard d’un objet ou d’une situation. Les expressions « être favorable » ou «défavorable », « être pour » ou « être contre » révèlent cette dimension affective. La composante cognitive représente les divers niveaux de la connaissance par rapport à ce qui est vrai ou faux, bon ou mauvais et les divers niveaux de certitude qui caractérisent les connaissances.

Ainsi, en raison de ses aspects cognitif et affectif, la croyance est essentiellement une prédisposition à répondre. Toutefois, cette dernière n’est pas nécessairement activée. Elle le devient lorsqu’elle est confrontée à un objet ou à une situation. À ce moment-là, elle déclenche une attitude, ou plus précisément, elle devient une attitude. L’objet et la situation font ainsi partie de la dimension conative ou comportementale de la croyance et contribuent à déterminer la nature des attitudes. Celles-ci seraient incomplètes sans la référence à un objet et à une situation. L’importance de ces deux éléments a amené l’auteur à en préciser le sens et

l’interdépendance. L’objet peut être abstrait ou concret, telle une institution ou une personne. La situation fait référence à un contexte spécifique comme un événement ou une activité.

  • Pour ce qui est de la norme, cet aspect est déjà évoqué parmi les éléments de la contextualité situationnelle (voir le paragraphe 1.3.1.4.2).
  • En ce qui concerne la « Valeur »

Nancy Julia Adler178 appelle « valeur », ce qui est explicitement ou implicitement désirable pour un individu ou pour un groupe et qui influence le choix qu’on fait parmi les modes, les moyens et les objectifs d’action. L’importance que le sujet accorde à ses valeurs est tantôt consciente et tantôt inconsciente. Il s’agit des croyances d’ordre assez global, qui définissent le bien et le mal ou qui dictent des préférences générales.

Les valeurs sont mutuellement reliées entre elles et forment des systèmes ou hiérarchies de valeurs. Elles ont à la fois une intensité (importance) et une direction (sens). Cependant, elles se caractérisent par les faits suivants. D’abord, elles sont partagées par une pluralité de personnes qui s’accordent à leur sujet. Ensuite, elles sont prises en considération dans ce que les membres d’un groupe ou d’une société se représentent comme bien commun et comme élément capable de satisfaire les besoins sociaux. Enfin, elles impliquent des émotions, en ce sens que les membres d’un groupe ou d’une société peuvent lutter ou mourir pour ce qu’ils considèrent comme les plus hautes valeurs.

Marcel Robert et Jacques Tondreau179 proposent les visions de la culture fonctionnaliste, conflictualiste et utilitaire. Par rapport à la vision fonctionnaliste, la société est perçue comme un système unitaire où les individus partagent une culture, des valeurs, des institutions, des rôles et des statuts. La culture, qui est un «ensemble plus ou moins lié de significations acquises», est constituée de « significations les plus persistantes et les plus partagées » à l’intérieur d’un groupe.

Elle est aussi un construit qui engendre « des attitudes, des représentations et des comportements communs valorisés »180. D’après cette vision, la manière d’être des humains (culture anthropologique) et la culture promotionnelle (culture cultivée) se rapproche des valeurs universelles dominantes. Respectivement, la culture anthropologique se réfère à la culture d’origine à la manière de penser, de croire, de se loger, de se vêtir, etc.

; tandis que la culture promotionnelle est l’ensemble des connaissances acquises dans différents domaines.

La vision conflictualiste, quant à elle, oppose les classes sociales aisées aux classes sociales modestes. Par conséquent, la culture n’est pas un patrimoine partagé, mais plutôt la matérialisation d’un modèle culturel dominant, porteur de hiérarchisation, de discrimination et d’exclusion. D’après les tenants de cette vision, la société ne repose pas sur un système unitaire où les individus partagent en commun une culture universelle promue par une école pour tous. Sous les apparences d’une culture commune à partager, « la grande culture scolaire n’est qu’une construction légitimant une perspective culturelle particulière, soit celle de la classe dominante.

Du point de vue utilitariste, les valeurs sociétales et culturelles ne sont pas des absolus ni des finalités mais plutôt des ressources utilisables de manière stratégique. Par exemple, vue sous l’angle « utilitaire », la culture apparaît comme une sorte de « boîte à outils » à l’intérieur de laquelle l’humain trouve tous les outils dont il a besoin pour communiquer, pour vivre, pour s’intégrer à la vie en société.

Eu égard à ce qui précède, l’on peut considérer qu’on pourrait penser avec la mondialisation que les cultures de toutes les nations vont se modifier avec l’augmentation de la circulation de l’information grâce à Internet qui réduit les distances physiques. La culture ne peut plus tenir les peuples du monde à distance les uns des autres.

Mais ces changements n’ont lieu qu’en surface, la structure profonde des choses résiste aux grands changements. Nous ne devrions pas nous laisser impressionner par des changements superficiels tels que ceux liés à l’accoutrement ou à la modernisation des villes. Bien que ces aspects se soient unifiés, il ne faut pas en conclure que les problèmes de la planète pourront être résolus par une sorte de convergence spontanée.

La différence dans les structures fondatrices des différentes cultures est toujours présente pour influencer et compliquer la communication interculturelle.

C’est ce constat qui va amener Anthea Bull, Séverine Loinard et Maguy-Myriam Sulmona181 en 2005 à lever l’option qu’une culture ne soit jamais neutre et nous ne puissions jamais nous en délivrer complètement. Par ailleurs, la totale intégration d’une culture, même pour des enfants issus de couples de cultures nationales différentes, reste difficile.

Le biculturalisme est rarement équilibré, souvent une culture qui prend le dessus sur l’autre (il existe des degrés d’intégration). Intégrer une culture, sortie de ce contexte particulier, rend la démarche encore plus laborieuse. Au-delà de cette évidence, il semble réellement vrai que le fait de dépasser la simple mise en contact des cultures nationales différentes rend la démarche encore plus délicate.

Cette problématique est souvent observée dans les sociétés métissées et nous amène à examiner les concepts d’interculturel et multiculturel.

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171 Hall, E.T., The Silent Language, New York, Doubleday, 1959.

172 KROEBER, A.L. et KLUCKHOHN, C., Culture: A Critical Review of Concepts and Definitions, Cambridge, Peabody Museum, 1952.

173 TYLOR, E.B., Primitive Culture : Researches into the Development of Mythology, Philosophy, Religion, Language, Art and Custom, Vol. 1, London, H. Murray, 1871, p. 1.

174 RIVIERE, A., La psychologie de Vygotzky, Bruxelles, Pierre Mardaga, 1990.

175 QING, D.R. et XIN, T.D. cités par MUHAMMAD, R., « Encourager la Communication Interculturelle », in Higher Education Policy, 18, 4, Beijing, 2005, pp. 19-22.

176 MUCCHIELLI, A., Les mentalités : compréhension et analyse, Paris, E.S.F, 1984, p. 8.

177 ROKEACH, M. cité par RICHARD, M. et alii, « Le climat psychosocial de l’école et l’évaluation du personnel enseignant », in Revue des sciences de l’éducation, Vol. 15, n° 1, 1989, p. 25.

178 ADLER, N.J., Comportement organisationnel : Une approche multiculturelle, Ottawa, Nouveaux horizons, 1994, p. 18.

179 ROBERT, M. et TONDREAU, J., L’école québécoise : Débats, enjeux et pratiques sociales, Québec, C.E.C Inc., 1997, pp. 297-301.

180 CAMILLERI, C. et COHEN-EMERIQUE, M., Chocs des Cultures : concepts et enjeux pratiques de l’interculturel, Paris, L’Harmattan, 1989, p. 27.

181 BULL, A. et alii, Communication interculturelle : Gestion nécessaire ou préoccupation superflue ?, Paris, Université Paris Dauphine, 2005, pp. 46-47.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que la communication interculturelle dans le contexte congolais?

La communication interculturelle dans le contexte congolais examine les mécanismes de défense socioculturelle et nécessite une compréhension des concepts de culture, de multiculturel, d’interculturel et d’interculturalité.

Comment la culture influence-t-elle la communication des acteurs sociaux?

La culture est la grille d’analyse ou de perception qui détermine le comportement de l’acteur social lorsqu’il est en communication avec les autres.

Qu’est-ce que l’inculturation et comment se déroule-t-elle?

L’inculturation est un processus qui débute à la naissance et ne prend fin qu’à la mort, où l’individu acquiert des compétences dans une culture particulière à travers l’apprentissage formel et informel.

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