La méthodologie d’enseignement en comptabilité révèle des enjeux cruciaux pour le jugement professionnel des comptables. En Tunisie, cette recherche met en lumière des facteurs déterminants, transformant ainsi notre compréhension de la formation académique et pratique dans ce domaine essentiel.
Université de Sfax
Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de Sfax – (F.S.E.G)
Mémoire de mastère en comptabilité
Project presentation
La Formation au Jugement Professionnel dans l’Enseignement de la Comptabilité : Approche Théorique et Application au Cas Tunisien
Khalil Ammous
Supervised by: M. Hédi Turki Maître Assistant
Année universitaire 2003 – 2004
Aujourd’hui, l’exercice d’un jugement crédible traduit à la fois la complexité et l’expression des compétences du professionnel comptable. Les paramètres qui influencent le jugement professionnel sont divers et variés et n’ont pas la même ampleur. L’habileté à travers l’exercice du jugement professionnel est une caractéristique fondamentale du professionnalisme. Mais « les erreurs de jugements n’équivalent pas nécessairement à un manque d’habiletés » (P.Falcone et al, 1999). Ainsi, se pose une première interrogation à savoir quelle est la motivation essentielle interne lors du jugement professionnel ?
Dans la pratique professionnelle, le jugement exercé correctement est un processus de pensée réflexif, auto correcteur et significatif exigeant la prise en considération du contexte, du contenu, du contenant, de l’évidence, des méthodes, des conceptualisations et d’une variété de critères et de normes de compétences (P.Falcone et al, 1999). Peut-on alors qualifier le jugement professionnel de pensée critique exercée dans un cadre pratique et professionnel ? (American philosophical Association 1990).
En se basant sur le concept de base qu’est la pensée critique, nous allons établir les différents paramètres du jugement professionnel. Celui-ci est solidement dépendant et relatif à la pertinence de l’information, aux critères, aux méthodes, à l’environnement, aux principes, ainsi qu’aux politiques et aux ressources applicables et à l’espace socioculturel et économique observé.
Analyser le concept du jugement professionnel c’est l’appréhender à travers l’encadrement de la problématique qu’il pose et les solutions qu’il exige quant à sa résolution. Par conséquent, notre principale préoccupation dans la présente recherche consiste à identifier les problèmes concernant le jugement professionnel pendant le déroulement de la carrière universitaire des enseignants, des chercheurs dans les sciences comptables ; et durant la vie active des experts-comptables issus de l’université. Ceci posera plusieurs interrogations relatives à la nature, à la genèse, aux particularités et à la place du jugement dans la formation académique et pratique, la recherche comptable et également lors de l’entrée des diplômés sur le marché du travail.
Pour répondre à ces interrogations qui reflètent l’appréhension analytique et empirique du jugement professionnel, il importe de faire respectivement une analyse conceptuelle traditionnelle et moderne du jugement professionnel à partir de l’inventaire des diverses études relatives à ce concept tant au niveau de son identification, de sa définition, de son importance comptable que de sa cohérence interne, sa pertinence externe dans l’enseignement et la recherche théorique et appliquée pour la formation comptable. Ce sera ainsi l’analyse théorique du jugement professionnel l’objet de la première partie du mémoire.
La seconde partie s’intéressera essentiellement à une étude empirique, basée sur une recherche documentaire auprès des diplômés en sciences comptables, universitaires, chercheurs et professionnels. Elle tentera de répondre positivement et/ou négativement de l’adéquation formation – recherche – emploi des sortants de l’enseignement supérieur, tout en dégageant leur aptitude et leur capacité à exercer un bon jugement professionnel ou non, compte tenu de la formation théorique et empirique qu’ils ont pu acquérir dans leurs cycles de formation. Les enseignements dispensés pour la préparation du Certificat des Études Supérieures de Révision Comptable constituent la toile de fonds de nos recherches et investigations empiriques.
Analyse théorique du jugement professionnel
De nos jours, nous nous attendons à ce que les universitaires, formateurs, chercheurs et les professionnels dans le domaine de la comptabilité soient en mesure d’exercer un jugement solide, rigoureux et transparent dans plusieurs situations. À titre d’exemple, le professionnel issu de l’université est appelé à étudier, à interpréter l’information, à déterminer la nature des problèmes, à évaluer de nouvelles lignes d’action, à prendre les décisions qui s’imposent.
Il est appelé par conséquent à contrôler le processus et les répercussions de ses activités de résolution des problèmes afin de mieux amender, réviser, corriger ou modifier ses décisions pour les rendre plus appropriées sur les deux plans analytiques et pratiques.
Les formateurs qualifient le jugement professionnel de pensée critique non-conformiste exercée dans un cadre pratique et opérationnel. Lequel jugement qui se veut solide et acceptable, nécessite à la fois, la volonté, l’habilité à penser différemment d’une manière continuelle en se référant toujours et dans la mesure du possible à une base conceptuelle analytique.
Chapitre 1 : Approche conceptuelle traditionnelle du jugement professionnel
La variété des paramètres ayant des effets directs et indirects sur le jugement professionnel exige que nous leur accordions une importante considération dans la formation des comptables et dans la mise à niveau de ceux qui sont les plus expérimentés dans la profession comptable.
Or, avant d’étudier la relation entre le jugement professionnel et la disposition envers la pensée non-conformiste, il y a lieu d’appréhender tout d’abord le concept fondamental largement admis d’un tel jugement.
Section 1 : Essai de définition du jugement professionnel :
Le mot « jugement » est un terme qui est susceptible d’acceptations différentes. Dans son sens le plus large, il désigne en Droit, de façon générique, toutes les décisions rendues par une autorité judiciaire compétente, dans ses rapports avec le justiciable. L’action de juger est, plus précisément, un examen d’une affaire en vue de lui donner une solution, en général après une instruction et les débats les plus clairs possibles.
Selon les dictionnaires de la langue Française, un jugement se définit comme étant » une faculté de l’esprit de bien juger les choses qui ne font pas l’objet d’une connaissance immédiate, certaine, ni une démonstration rigoureuse » (Petit robert, Petit Larousse illustré, 1993).
Pour l’ICCA, le jugement est un » Processus pour lequel on fait un choix, ou on prend une décision débouchant sur une action » (M.Gibbins, A.K.Mason, 1989).
Le jugement peut être également perçu comme une méthode d’estimation des différentes lignes de conduite, des diverses prises de décision ou du moins de positions possibles et réfléchies servant pour l’évaluation des conséquences, des résultats afin d’arbitrer ou de choisir l’une de ces lignes de conduite ou bien l’une de ces prises de position rendues nécessaires.
Le jugement peut avoir une autre définition celle de le considérer comme : » une activité décisionnelle dirigée ou un processus de résolution de problèmes réalisé dans l’intérêt de l’individu, où une considération réfléchie a été apportée à l’information pertinente, aux critères, aux méthodes, au contexte, aux principes ainsi qu’aux politiques et aux ressources applicables » (P.A.Falcone, N.C.Factone, C.A.E.Glancarlo et N.Ferguson, 1999). Il s’agit bien ici du jugement professionnel.
Le jugement professionnel ne demande pas pour autant au départ, un niveau particulier et donné de connaissances ou d’expériences acquises. Toutefois, pour passer du jugement au sens strict à la notion de jugement professionnel au sens large du terme, nous sommes amenés à supposer que ce dernier, désigne expressément, une décision émise par un professionnel soit le praticien impliquant des exigences et des responsabilités afférentes à ses fonctions. (M.Gibbins, A.K.Mason, 1989).
Certains chercheurs pensent de leur côté que le jugement professionnel ne dépend pas seulement de la compétence technique, mais aussi de l’éthique et des vertus du vérificateur c’est à dire le praticien-comptable en la matière (T.Libby et L.Thorne 2003).
Au total et compte tenu de la diversité des définitions à propos du jugement professionnel, nous pouvons avancer l’acceptation suivante en disant que le jugement constitue à la fois, une connaissance acquise, une démonstration rigoureuse, une estimation de mesure et un processus de choix aidant à la prise de décision pour résoudre des problèmes divers et complexes dus à l’activité économique, sociale et culturelle humaine.
Une telle activité décisionnelle réfléchie nécessite une bonne compréhension de ses caractéristiques, de ses spécificités et de ses particularités qu’il importe d’abord d’identifier.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les paramètres influençant le jugement professionnel en comptabilité ?
Les paramètres qui influencent le jugement professionnel sont divers et variés, incluant la pertinence de l’information, les critères, les méthodes, l’environnement, les principes, ainsi que les politiques et les ressources applicables.
Comment la méthodologie d’enseignement impacte-t-elle le jugement professionnel des comptables ?
La méthodologie d’enseignement influence le jugement professionnel en tant que processus de pensée réflexif, auto correcteur et significatif, exigeant la prise en considération de divers critères et normes de compétences.
Quelle est l’importance du jugement professionnel dans la formation académique des comptables ?
Le jugement professionnel est fondamental dans la formation académique et pratique, car il traduit la complexité et l’expression des compétences du professionnel comptable.