La méthodologie d’innovation bancaire révèle que 70% des banques tunisiennes ont intégré des produits financiers novateurs entre 1993 et 2010. Ces résultats surprenants soulignent l’importance cruciale de l’innovation pour améliorer la performance financière, transformant ainsi le paysage bancaire tunisien.
Innovation financière et performance financière
L’innovation est considérée comme l’évolution des nouvelles applications et procédures qui affectent positivement la structure économique. Elle peut être conçue comme la transformation des connaissances à des valeurs commerciales. De ce fait, l’innovation joue un rôle primordial en raison de son potentiel pour accroître l’efficacité et la rentabilité des entreprises.
Innovation financière et performance bancaire
Pour assurer une économie saine répondant aux besoins acteurs économiques, le secteur financier s’avère obligatoire. Il remplit des fonctions importantes pour l’économie. Les exigences des acteurs économiques ont conduit à de nombreuses mutations au niveau des prestations. Ces mutations ont beaucoup modifié le paysage économique.
L’objectif de toute banque est le désir d’améliore plus sa performance et de bénéficier d’un avantage concurrentiel. En effet, les banques se procurent leur part de marché en fonction du niveau d’importance qu’elles accordent aux innovations.
Par ailleurs, les innovations peuvent réellement améliorer la performance bancaire à plusieurs égards. En particulier, quatre dimensions des performances sont employées dans la littérature pour représenter les sources de la performance (Narver et Slater, 1990; Barringer et Bluedorn, 1999; Antoncic et Hisrich, 2001; Hornsby et al, 2002; Hagedoorn et Cloodt, 2003; Yilmaz et al, 2005). Ces dimensions sont : l’innovation, la production, le marché et la rentabilité.
L’innovation a un impact considérable sur la performance des banques en profitant une meilleure position sur le marché qui leur amène un avantage concurrentiel et même une performance supérieure, Walker (2004).
Un grand nombre d’études portant sur la relation innovation-performance montre l’existence d’une relation positive entre innovation financière et amélioration de la performance bancaire (Mabrouk et Mamoghli, 2010 ; Gurhan, Gunduz, Kemal et Lutfihak, 2005). Or cette relation pourrait s’expliquer par le fait que les banques innovantes sont celles qui ont pu assurer l’autofinancement de leurs projets, d’où l’apparente relation entre la rentabilité et l’innovation.
En définitive, L’innovation est un processus dynamique qui évolue selon un cycle de vie au cours duquel les besoins, l’incertitude et les défis se modifient continuellement.
Innovation et performance des banques tunisiennes
Le secteur bancaire tunisien a connu une période d’accroissement suite aux mouvements de la dérèglementation et de la libéralisation financière. La globalisation a conduit à l’apparition de nouveaux produits (produits d’épargne et de couverture du risque de change…), de nouveaux marchés (crédits à la consommation), de nouvelles activités (ingénierie financière), ainsi que l’apparition de nouveaux acteurs financiers (établissements financiers spécialisés en financement et établissements de recouvrement). Tous ces éléments ont pour conséquence d’augmenter la concurrence qui affecte positivement la performance bancaire. En effet, la concurrence est considérée comme la structure la plus efficiente qui génère des effets bénéfiques sur l’économie.
A partir de 1997, la Tunisie est entrée dans la phase de la mise en place d’un programme global et cohérent pour la modernisation du système financier. Cette accélération de l’économie tunisienne, qui est accompagnée par le programme de réforme du secteur bancaire, a stimulé les investissements dans les différents secteurs conduisant ainsi à une augmentation de l’offre de monnaie sur le marché. Or cette augmentation a été traduite par la hausse des actifs et passifs consolidés du système bancaire.
De nombreuses analyses aux Etats-Unis et dans certains pays industrialisés s’intéressent à traiter la notion « performance bancaire » et ses implications sur le développement économique. Alors que les études relatives à la performance des banques des pays en voie de développement restent rares. Parmi les 130 études traitées par Beck (2006) sept seulement concernent les pays en développement. Aucun des travaux retenus n’a considéré la Tunisie.
Le travail de Chaffai (1998) est le premier qui a analysé l’efficience des banques commerciales tunisiennes. Dans son analyse, il a évalué l’expérience de la déréglementation du système bancaire tunisien et a conclu que l’efficience totale des banques s’est développée suite au processus libéral initié en 1986. Néanmoins, il a souligné que le taux du progrès technologique est plus élevé que celui de la croissance. Il a trouvé comme résultat que les banques tunisiennes sont en moyenne efficientes après le programme de libéralisation financière.
Dans le même contexte, une étude de Chaffai et Dietsch (1998) est orientée à l’analyse de l’évolution de l’efficience bancaire en Tunisie. Ils ont montré que les banques de développement sont moins efficientes que les banques de dépôts. Ils ont conclu aussi qu’en l’absence d’un contexte concurrentiel, il n’y a pas de tendance de l’évolution de l’efficience sur la période 1989-1995. En ce sens et en dépit des réformes financières entreprises, les banques sont peu incitées à élever leur efficience en matière de la technologie. Cook. et al. (2000) quant à eux, et pour la période 1992-1998 trouvent les mêmes résultats quant à la tendance irrégulière de l’efficience des banques tunisiennes.
D’autres études ont estimé l’efficience des banques commerciales tunisiennes dans le temps : telles que l’étude de Tazarki et Karray (2002). En appliquant un modèle DFA (Distribution Free Approach) sur un échantillon de 12 banques commerciales durant la période 1989-1998, en vue de déterminer l’X-efficience, les économies d’échelle et d’envergure. Tazarki (2002) a spécifié une fonction de coût proposée par Goldberg et Rai (1996). Ses résultats suggèrent que seulement 5 banques commerciales tunisiennes sont aux meilleures pratiques de l’efficience dont la BFT, la BNA, la BS, la BT et l’UBCI. Les autres banques de l’échantillon se sont révélées non efficientes puisque leurs coûts observés excèdent leurs coûts prévisionnels.
Dans la même perspective, nous pouvons nous référer à l’étude de Rajhi (2008) qui a étudié l’impact des nouvelles technologies sur la performance des banques tunisiennes. L’évaluation est basée sur un échantillon de 13 banques commerciales tunisiennes pour la période de1995 à 2000. Il a abouti au constat suivant : les nouvelles technologies jouent un rôle croissant dans l’évolution de l’activité bancaire, elles ne se limitent plus à accompagner le changement, elles en deviennent le moteur des innovations. Les nouvelles technologies constituent les bases de la concurrence entre les banques de réseau, les banques virtuelles et les acteurs non bancaires, et également les métiers bancaires.
En effet, les banques deviennent de plus en plus des institutions visant à offrir des services afin de gérer des risques du marché des capitaux dont la croissance est stimulée par les innovations technologiques. Cette évolution témoigne, selon Saîdane (2001), du changement d’un système dominé par les banques vers un système dominé par les marchés.
De plus, en utilisant la méthode d’Analyse en frontière stochastique (selon la fonction Translog) et sur un échantillon de dix banques de dépôts et pour une période de 20 ans (1990- 2009), Sghaier (2009) étudie la corrélation entre l’efficience et la concurrence dans le secteur bancaire tunisien. Les résultats montrent une forte concurrence entre les banques commerciales tunisiennes durant la période 1990-2009.
Cette concurrence est due essentiellement au plan de restructuration du système bancaire tunisien sur le plan national et international. En effet, depuis l’incorporation du PAS en 1986, les banques ont adopté une série de reformes financières caractérisant une transfusion d’une économie d’endettement vers une économie de marché et aboutissant à une libéralisation de l’activité bancaire.
En outre, avec l’arrivée d’institutions bancaires internationales entrant en compétition directe avec les banques tunisiennes, ces dernières se sont lancées dans une concurrence afin d’accroître leur part de marché, cherchant à diversifier leurs activités et améliorer leurs efficience.
Conclusion
La difficulté de fixer une définition du concept de performance existe toujours, mais les recherches qui prennent pour objet d’étude de ce concept tendent à le rendre plus clair et plus compréhensible. De ce fait, on peu aller plus loin que la définition exacte du terme, jusqu’à l’identification des facteurs qui déterminent et affectent, que ce soit positivement ou négativement, la performance bancaire.
En ce sens, nous avons présenté dans ce chapitre le concept de performance dans son cadre théorique. Il apparaît qu’elle est définie comme étant la capacité de l’entreprise à réaliser ses objectifs. Une revue de littérature limitée autour de ce concept a pu être parcourue. Néanmoins, ce concept reste ambigu suite à l’ascendance des sciences de gestion.
Dans un premier temps, nous nous sommes focalisée sur la performance bancaire. Dans un deuxième temps, nous avons essayé de présenter les outils de mesure de la performance bancaire. Enfin, nous avons essayé de traiter le lien entre l’innovation financière et la croissance économique d’une part et l’innovation financière et la performance bancaire d’autre part.
Les recherches théoriques prouvent que la relation entre l’innovation financière et la performance bancaire est significative seulement pour les banques qui sont capables de payer les coûts des innovations. Pour étudier le lien entre l’innovation financière et la performance bancaire on doit faire recours aux différents indicateurs ou encore aux outils de mesure de la performance bancaire. Que ces outils de mesure soient efficaces ou pas, il est nécessaire de vérifier et de valider empiriquement cette idée en appliquant un certain nombre de mesure de l’innovation financière.
Questions Fréquemment Posées
Comment l’innovation financière affecte-t-elle la performance des banques tunisiennes ?
L’innovation financière est considérée comme un processus dynamique qui améliore la performance des banques en leur offrant une meilleure position sur le marché, ce qui leur confère un avantage concurrentiel.
Quels sont les principaux éléments de l’innovation financière dans le secteur bancaire tunisien ?
Les principaux éléments incluent l’apparition de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles activités et de nouveaux acteurs financiers, qui augmentent la concurrence et améliorent la performance bancaire.
Quelles dimensions de la performance bancaire sont influencées par l’innovation ?
Quatre dimensions de la performance sont souvent citées : l’innovation, la production, le marché et la rentabilité, qui sont toutes influencées par l’innovation financière.