Analyse des modalités d’implantation des multinationales en Algérie

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Les modalités d’implantation des multinationales sont cruciales pour comprendre l’impact des Investissements Directs Étrangers en Algérie. Cet article met en lumière les défis liés au climat des affaires et propose des stratégies d’amélioration inspirées de modèles internationaux, notamment asiatiques.


Section 02 : Les modalités d’implantation des multinationales à l’étranger

Quoi que, du point de vue des entreprises contemporaines « se multi-nationaliser » soit plus qu’une solution stratégique, en raison du changement de l’environnement économique international et de monde des affaires, les entreprises se trouvent dans l’obligation de choisir entre deux logiques de déploiement international1 et ce, une fois que la décision de s’internationaliser est prise.

Les premières impliquent un investissement souvent aux transferts de capitaux du pays d’origine(PO) de la firme vers les PA par création de filiales ou fusion et acquisition (F&A) et les accords de joint-venture(JV). Les secondes se traduisent par un déploiement international qui n’implique pas un investissement international aux transferts de capitaux, qui sont qualifiés le plus souvent des nouvelles formes d’investissement(NFI), selon la terminologie de Charles OMAN).

Ces différentes modalités d’implantation sont présentées comme suit (figure 01)

La figure01 : Formes et logiques de présence des firmes à l’étranger

F&A

JV

Accès au marché, aux compétences et ressources

IDE

Réimportation de produit final

Assemblage final

Minimisation de couts salariaux

Sous-traitance internationale, importations directs

Accords licence

Avec transfert capitaux

Mondialisation des entreprises et délocalisations de processus productif

Sans transfert de capitaux

Stratégies mixtes, accès au marché, baisse couts

Formes

Motifs

Sources : MOUHOUD. M. E, « Mondialisation et délocalisation des entreprises », nouvelle édition, la découverte, 2008, p11.

1. La création de filiale (Green Field Investment)

La création ex-nihilo d’une filiale de production est possédée à 100% par la maison-mère. C’est la forme la plus répandue aussi bien dans les PD que dans les PED. Jusqu’aux années 1990, la création de filiale constitue la forme principale et exclusive dans le monde. La création de filiale présente beaucoup d’avantages.

Du coté de l’investisseur, il ya l’avantage de garder le contrôle maximal sur les opérations de production, et le conserve de la maitrise technologique au sein de la filiale limitant tout éventuel transfert technologique non voulu. De cote de pays investi, la création de nouveau implantation signifie la création d’emploi, de transfert technologique, une formation de capital.

Le joint-venture(JV)2 (co-entreprise)

Jolly.D3 définit une JV ou une filiale commune comme « une entité organisationnelle légale et distincte crée par des firmes indépendantes les unes des autres par transfert d’un lot de leurs ressources (humaines, technologiques, commerciales) dans l’intention de mener une action conjointe (recherche et développements, approvisionnement, commercialisation, fabrication) ». L’auteur confirme également qu’en mettant en commun les ressources, les partenaires d’une JV auront la possibilité d’accéder à des avantages auxquels ne peuvent pas y parvenir individuellement4.

Les JV ont le mérite d’offrir aux entreprises une certaine souplesse stratégique qui leurs permettraient de répondre efficacement et rapidement aux variations de l’environnement. Elles font doter les entreprises des moyens supplémentaires pour assurer leur développement international, faisant ainsi face la férocité de la concurrence au même titre que les fusions acquisitions.

2. Les fusions et acquisitions (F&A) (Brown Field Investment)

Ce terme résume les opérations à travers lesquelles une entreprise prend le contrôle d’une entreprise par l’acquisition d’au moins de 50% de son capital. On assiste à une vague sans précédent de la restructuration économique au niveau mondial et régional sous formes de F&A internationales qui sont le résultat de l’interaction dynamique de divers facteurs fondamentaux, incitant les entreprises à procéder à ce type d’opérations et de mutation de l’environnement économique mondial au service d’objectifs stratégiques5. Ces facteurs fondamentaux sont: la quête de nouveaux marchés, le renforcement de la puissance commerciale et de la prépondérance sur le marché, l’accès aux ressources et actifs d’autres entreprises, les grains en productivité liés à la synergie, l’augmentation de la taille, la diversification et la répartition des risques, et les motivations financières personnelles.

Dans plusieurs pays, aussi bien des pays développés (PD) que des pays en développement (PED), la reprise des F&A sont à l’origine des entrées des IDE.

Les nouvelles formes d’investissement(NFI)

L’origine de NFI6, remontait à la décennie 1965-1975 lorsque des firmes appartenant généralement au secteur primaire ont été forcées, lors de la grande vague de nationalisation dans le tiers monde, de partager la propriété et le pouvoir des entreprises avec les PA. A la suite de la première forte récession de 1974-1975, le recours à ces NFI s’est encore accru en raison des nombreux avantages qu’elles offraient aux FMN, dans certains cas de figure.

La sous-traitance

La sous-traitance suppose de faire fabriquer par une société tierce sous la marque de la société donneuse d’ordre. La sous-traitance est limitée à certaines activités intensives en travail. La donneuse d’ordre conserve la responsabilité de conception et de la commercialisation (recherche, marketing). A l’international, un groupe peut répartir les risques de production entre les fournisseurs et leurs usines entre les différents pays.

La licence

L’accord de licence concède à une entreprise étrangère le droit de fabrication d’un produit (en usant la technologie et la marque) en contrepartie d’un paiement (royalties).Le montant de ces dernières dépend de la valeur marchande de la propriété intellectuelle et de l’estimation future des profits que le bénéficiaire de la licence espère générer. L’intérêt de l’accord de licence est de permettre une présence sur un marché protégé ou trop petit.

Le franchising7

L’accord de franchise est un type de concession de licence où le franchisé (entreprise locale bénéficiaire) achète le droit d’utilisation de propriété intellectuelle (marque de fabrique, technique de marketing, know-how) qui est la seule la propriété de franchiseur (entreprise étrangère détentrice de la propriété industrielle), dans l’intention d’entreprendre une activité d’une manière spécifique à celle de franchiseur. En contrepartie, le franchisé doit soumettre aux règles dictées par le franchiseur et en lui fournissant un revenu forfaitaire ou régulier.

Un contrat de management (gestion)

Un contrat de management est une sorte de concession de licence entre une entreprise et un autre organisme (privé ou détenu par l’Etat), où l’entreprise contractante met son expertise managériale, une partie de son personnel management à la disposition pour former des managers locaux à la gestion efficace d’un projet moyennant paiement d’un honoraire.

La clé en main

Un projet clé en main est un terme utilisé pour décrire un accord selon lequel une entreprise, soit indépendamment ou au sein d’un consortium avec d’autres entreprises, entreprend de réaliser le design, la construction, l’équipement ou la formation de personnel pour gérer entièrement l’unité de production ou de service avant de le remettre au propriétaire qui peut être une société privé ou le gouvernement du pays d’accueil(PA)8.

Les alliances

Garrette et Dussauge9 soulignent les spécificités des alliances, en les distinguant des autres formes de rapprochement entre firmes. Ils les définissent ainsi :« les alliances sont des associations entre plusieurs entreprises indépendantes qui choisissent de mener à bien un projet ou une activité spécifique en coordonnant les compétences, moyens et ressources nécessaires plutôt que de mettre en œuvre ce projet ou activité de manière autonome, en supportant seules les risques, et en affrontant seules la concurrence ; de fusionner entre elles ou de procéder à des cessions ou acquisitions d’activités ». Certains arrivent même à qualifier ces accords à être le reflet de la stratégie oligopolistique des FMN qui tentaient d’opérer une « régulation mondiale privée »10. Ces oligopoles restent toutefois circonscrits à des projets bien identifiés et à certaines phases de la vie de produit telles : l’élaboration, la fabrication et la commercialisation.

Pour conclure, il convient d’admettre qu’en sus de transfert du capital à l’étranger, ces nouvelles formes d’investissement(NFI) ne répondraient que d’une manière réduite aux termes de FMI en l’occurrence, l’intérêt durable dans une entreprise étrangère et un contrôle de gestion. La relation est durable mais pourrait être limitée dans le temps ou révocable à tout moment. Le contrôle portait moins sur la gestion de la firme affiliée que sur l’orientation générale et la qualité de sa production. Mais le lien de dépendance entre les entreprises demeurait un critère déterminant de l’appartenance.

Conclusion

Le processus de multinationalisation des entreprises a pris son ampleur et évolue d’une manière rapide surtout avec l’émergence de la globalisation financière comme une configuration prédominante de l’économie mondiale. Il en résulte, la course des firmes de par la planète à renforcer leur compétitivité et améliorer leur productivité en vue d’ajuster leurs choix stratégique et tactiques en fonction des logiques mondiales et ce, en investissant au delà leurs pays d’origine(PO), par le recours à de nouveaux modes d’organisation et l’adoption de plusieurs modes de présence à l’étranger qui seraient adaptés progressivement à leurs motivations et objectifs fixés.

Dans ce présent chapitre, nous avons présenté, les différentes définitions qui ont été donné à l’IDE et la FMN par de nombreux auteurs et organismes internationaux, ça dans un premier temps. Dans un deuxieme temps, nous avons distingué entre les différentes formes et modes de présence sur lesquels la firme pourrait opter en s’implantant à l’étranger.

Cependant, parler de la FMN n’est pas sans s’interroger ce qui la pousserait à investir en dehors de leurs pays d’origine(PO). Par ailleurs, connaitre et analyser les effets potentiels desactivités de la FMN sur les pays d’accueil(PA) ne serait pas dénué d’intérêt.

L’Analyse de lacontribution l’IDE à l’économie algérienne, doit être notre cas d’étude.

________________________

1 MOUHOUD.E « Mondialisation et délocalisation des entreprises », nouvelle édition, la découverte, 2008, p10.

2 Au sens plus large, les JV sont une des formes les plus répandues des alliances stratégiques internationales. La détention de capital est à des proportions voisines de 50/50 à 60/40.

3 JOLLY.D, « France et chine : Joint venture et transfert technologique », Revue Française de Gestion, N°133, p32 ;

4 JOLLY.D, op.cit, p48 ;

5 CNUCED (2000), www.unctad.org,consulté le 23/ 02/2014.

6Terme lancé la première fois par C. Oman, « Les NFI dans les industries des pays PED : industries extractives », Paris : OCDE, 1989.

7 L’accord de licence et de franchise sont généralement considérés comme un test préalable à une prétendue implantation future, ou le risque financier est atténué.

8 Le modèle le plus répandu est le « build,operate and transfert(BOT) », particulièrement approprié pour les projets de développement dans les PED. Tels les projets incluant des aéroports, barrages etc., financés le plus souvent par des programmes d’Aides au développement ou par les institutions internationales (BM, FMI..).

9GARRETTE.B, et DUSSAUGE.P, « Les stratégies d’alliances », Paris, éd, Organisation, 1996, p 25.

10MICHALET.C.A cité par BOYEURE.M, « l’investissement international », Paris, QSJ ? 1993, p42.

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