Analyse de la prévalence de l’asthme à Goma

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🏫 Université catholique La Sapientia de Goma (UCS-Goma) - Faculté de médecine
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de graduat - 2020-2021
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La prévalence de l’asthme à Goma est de 1,2% parmi les consultations aux urgences de l’Hôpital Général Maternelle de la Charité. Cette étude rétrospective identifie également les facteurs de risque et les caractéristiques démographiques des patients asthmatiques.


EPIDEMIOLOGIE DE L’ASTHME BRONCIQUE

Connu depuis l’antiquité, l’asthme fut longtemps considéré comme une affection relativement bénigne. Il n’est devenu préoccupant qu’après la seconde guerre mondiale, particulièrement au début des années 1960 où a été enregistré une épidémie de décès dans les pays anglo-saxons1.

Dans le monde : Selon le « Global Initiative for Asthma » (GINA), environ 300 millions de personnes seraient asthmatiques dans le monde2, L’asthme est la maladie non transmissible chronique la plus répandue chez les enfants. La plupart des décès surviennent chez les personnes âgées3

Ce nombre devra être revu à la hausse dans les années à venir, car tous les signes épidémiologiques, nous alertent d’une forte augmentation de la proportion asthmatique.

L’asthme reste toujours un fléau, autant plus observé dans les pays industrialisés que ceux en voie de développement.

Sa mortalité à l’échelle mondiale est de 250.000 décès par an et représente à lui seul 1 à 12% des motifs de consultation aux urgences. L’OMS a estimé à 15 millions les années de vie perdues ajustées sur l’incapacité [Disability-Ajusted Life Years (DALYs)] dues annuellement à la maladie asthmatique4.

L’asthme a également des répercussions sur le plan économique, les hospitalisations sont les plus grandes pourvoyeuses de ce coût. Au niveau mondial, on estime que les coûts associés à l’asthme dépassent ceux de la tuberculose et de l’infection à VIH/SIDA réunis5.

Au cours des dernières années, la prévalence des maladies allergiques respiratoires comme l’asthme augmente dans les pays industrialisés67.

En RDC, dans la ville de Kinshasa, une prévalence de l’asthme déclaré de 6,9%, chez les adultes de plus de 18ans8.

D’après ce données épidémiologiques de 2017, nous remarquons que réellement l’asthme est rependu au niveau mondiale, et que l’Océanie est le continent le plus touché avec un taux de prévalence comprise entre 12-14%. L’Afrique n’est pas épargnée car elle est entièrement touchée et sa prévalence tourne au tour de 2-8% ; pour le Sahara Occidental il y a manque de données « No data.»

Image 1

Source : https://ourworldindata.org/grapher/asthma-prevalence

Figure 2. Prévalence mondiale de l’asthme en 2017, D’après Global Burden of Disease Study 20179.

4,1

4

3,9

3,8

Prevalence en %

3,7

3,6

3,5

3,4

3,3

1995 2000 2005 2010 2015 2020

Années: 1997-2017

Figure 3. Prévalence de l’asthme en Republique Démocratique du Congo 1997-2017 (Sexe: M & F, Age standardisé) d’après Global Burden of Disease Study 201710.

D’après le graphique ci-haut, on voit que le taux de prévalence de l’asthme dans notre pays compris entre 1997-2017 forme une parabole à concavité supérieure, ce qui fait que le sommet correspond à l’an 2005 où la prévalence était de 3,38%, et là, la maladie était donc améliorée par rapport à l’an 1997 où elle était de 3,71 d’où une différence de 0,33%, extrêmement importante. Tandis que l’an 2017 correspond au point culminant de la parabole avec une prévalence de 3,99%, c.-à-d. l’année avec une forte prévalence jamais enregistrée les 20 dernières années, d’où nous remarquons qu’en RDC l’incidence de l’asthme est dans croissante évolution ces 3 derniers lustres.

DIAGNOSTIC CLINIQUE DE L’ASTHME

Le diagnostic positif de l’asthme est essentiellement clinique aidé par les explorations fonctionnelles respiratoires.

L’asthme peut souvent être diagnostiqué sur la base des symptômes du patient et de ses antécédents médicaux.

On doit envisager un diagnostic d’asthme en présence de l’un des symptômes épisodiques suivants:

Respiration sifflante: Sifflement aigu lors de l’expiration.

Antécédent de l’un des éléments suivants:
  • Une toux chronique
  • Respiration sifflante récidivante
  • Respiration difficile récidivante
  • Oppression thoracique récidivante

Les symptômes suggérant fortement un diagnostic d’asthme sont les suivants:

  • Variabilité des symptômes et de la fonction respiratoire dans le temps et en réponse à des facteurs déclenchant
  • Déclenchement par des irritants non spécifiques (fumée, émanations, odeurs fortes ou exercice)
  • Symptômes apparaissant ou s’aggravant la nuit, notamment toux, réveillant le patient
  • Patients répondant au traitement approprié de l’asthme.

1.8 TRAITEMENT DE L’ASTHME BRONCHIQUE

Objectifs du traitement de l’asthme :

  1. Obtenir et maintenir le contrôle de l’asthme
  2. Eviter les effets indésirables des médicaments
  3. Traiter la crise et éviter les complications
  4. Prévenir le risque de décès par asthme

Principes du traitement : Les princes du traitement de l’asthme sont basés sur : L’oxygénothérapie

L’inhibition de la composante inflammatoire (anti-inflammatoires majeurs: glucocorticoïdes)

La levée du bronchospasme (stimulation bêta-adrénergique, inhibition du parasympathique, relaxation musculaire directe)

L’inhibition de la dégranulation des mastocytes : limiter la libération des médiateurs (pour prévenir l’apparition des crises).

Eliminer les hypersensibilités vis-à-vis des stimuli exogènes par la désensibilisation ou une immunothérapie

Il est bon de noter que parfois on associe des opiacés, des sédatifs et des tranquillisants dans le traitement de l’asthme bronchique (stress émotionnel)

Moyens de traitement :

Traitement pharmacologique:

Les anti-inflammatoires :
Glucocorticoïdes :

Ont une action anti-inflammatoire et anti-œdémateuse.

  • Corticostéroïdes Inhalées (CSI) : Ils représentent le traitement de fond de référence dans l’asthme.
  • Corticostéroïdes systémique (CSS) : Ils sont indiqués en traitement de fond dans l’asthme sévère non contrôlé par un traitement optimal ou en traitement de crise d’asthme modérée à sévère.

Anti-leucotriènes: (Montelukast : Singulair, Astair, onceair) :

Ils ont une action anti-inflammatoire et bronchodilatatrice, Ils sont prescrits en traitement de fond de l’asthme, administrés sous forme de comprimés par voie orale.

Ils ont deux mécanismes d’action :

  • L’inhibition de la 5-lipooxygènase donc la prévention de la synthèse des leucotriènes.
  • L’inhibition de la liaison du leucotriène à son récepteur sur les tissus cibles, donc la prévention de son action.
Immuno-modulateurs :
  • Anti-IgE (Omalizumab : Xolair) : Ils inhibent la liaison de l’IgE à son récepteur. Ils sont préconisés dans l’asthme allergique sévère non contrôlé par l’association de corticoïdes inhalés à forte dose et B2 mimétique.
  • Anti-IL5 (mépolizumab) : Ils sont préconisés dans l’asthme éosinophilique sévère non contrôlé par l’association de corticoïdes inhalés à forte dose et B2 mimétique longue durée d’action.
Les Bronchodilatateurs :
Béta 2 stimulants :

Ils entraînent une broncho-dilatation jusqu’aux voies aériennes distales, en stimulant les récepteurs Bêta2 prédominants au niveau du muscle lisse bronchique (70%).

Certains effets indésirables, liés aux Β2 mimétiques, peuvent être observés tel que la tachycardie et les palpitations, le tremblement des extrémités, l’hypokaliémie et l’hypoglycémie.

On distingue :

β2 mimétiques de courte durée d’action (Terbutaline: Bricanyl®, Salbutamol: Ventoline®, Aerol ®) : Ils ont une action rapide ; ils agissent dans les 10 à 15 mn suivant la prise.

β2 mimétiques de longue durée d’action (Salmeterol : serevent®, Formoterol : Foradil®, Raforex®) : Ils ont une action prolongée qui dure 12 heures. Ils sont indiqués en traitement de fond de l’asthme mal contrôlé sous CSI seuls. Ils Doivent être toujours associés aux CSI.

Anti-cholinérgiques (parasympatholytiques) :

La stimulation par l’acétylcholine, médiateur du système parasympathique, des récepteurs muscariniques bronchiques, entraîne une bronchoconstriction. L’utilisation d’anticholinergiques entraîne une broncho dilatation en bloquant les récepteurs muscariniques (M1 et M3) de l’acétylcholine situés dans le muscle lisse bronchique.

Ces Substances atropiniques agissent en Bloquant les récepteurs muscariniques (M1 et M3) de l’acétylcholine situés dans le muscle lisse bronchique.

Les Anti-cholinergiques sont des bronchodilatateurs moins puissants et plus lents que les B2 stimulants. Ils ont en plus une action anti-sécrétoire.

Toutefois, il faut rester attentif pour détecter les effets indésirables de type atropinique tels que la sécheresse de la bouche, la rétention urinaire et les troubles de l’accommodation (mydriase). On distingue :

Les Anti-cholinergiques de courte durée d’action (Bromure d’ipratropium : Atrovent*) Ils sont indiqués dans le traitement de la crise d’asthme

Les Anti-cholinergiques de longue durée d’action (Tiotropium : Spiriva Respimat*)

Ils agissent pendant 24 h. Ils sont recommandés dans le traitement de fond de l’asthme sévère non contrôlé sous une forte dose de corticoïdes inhalés en association avec les B2 mimétiques de longue durée d’action

Théophylline (Base Xanthique) :

C’est un Bronchodilatateur à libération prolongée (12h). Elle améliore la contractilité du diaphragme. A fortes doses, la théophylline stimule les centres respiratoires bulbaires et augmente le rythme et l’amplitude de la respiration. Elle a, en plus, une action antiinflammatoire en inhibant la dégranulation des mastocytes.

La théophylline a un catabolisme hépatique qui est accentué par les inducteurs enzymatiques (rifampicine…) et ralenti par les inhibiteurs enzymatiques (macrolides…).

Immunothérapie anti-allergénique ou spécifique (ITA ou ITS):

C’est le seul traitement étiologique de l’asthme allergique. ITA consiste à administrer des doses croissantes d’allergènes afin d’induire un état de tolérance de l’organisme vis-à-vis l’allergène. Elle est indiquée dans l’asthme mono-sensibilisé lorsque les mesures d’éviction sont inefficaces ou impossibles à appliquer. Elle est contre indiquée en cas d’asthme sévère.

Education thérapeutique :

L’éducation thérapeutique fait partie intégrante de la prise en charge du patient asthmatique. Elle doit être réalisée conjointement par le médecin traitant et l’équipe soignante. Elle vise à une meilleure compréhension de l’asthme et des médicaments (bénéfices, effets secondaires, dispositifs…), à l’obtention d’une observance optimale du traitement. Un plan d’action écrit doit être fourni au patient pour assurer l’autogestion des situations d’urgence. L’éducation comporte également l’éviction des facteurs aggravants notamment le tabagisme, le RGO, l’obésité…, l’auto-surveillance clinique et l’utilisation du DEP, le contrôle médical régulier, la vaccination antigrippale pour l’asthme modéré et sévère et le maintien d’une activité physique régulière11.

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