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L’impact de la migration sur l’économie et la population

La migration : l’impact sur l’économie et la population

Les chercheurs en sciences sociales et les économistes ont considéré pendant trop longtemps la migration comme étant une conséquence d’un mal fonctionnement du système économique et social ; pourtant la migration peut représenter un processus nécessaire pour réaliser l’équilibre économique international, pendant trop longtemps le migrant a été vu comme un marginal et comme le reflet d’un déséquilibre ; de suite nous montrerons l’impact de la migration sur l’économie et la population.1

La migration :

Pour réaliser l’équilibre économique spatial, il y a deux façons, soit par la localisation des facteurs de production, soit par l’échange des biens (matériels et immatériels) produits par ces facteurs. Ainsi, la migration est un processus nécessaire à cet équilibre ; les économistes s’intéressent essentiellement au second processus.

Ils ont tenté de dégager les flux optimaux de biens et services entre des localisations données de facteurs de production, mais ils n’ont que rarement étudié le problème de la localisation optimale des facteurs de production. En d’autres termes, en développant la théorie du commerce, les chercheurs ont postulé que le seul échange des biens pouvait réaliser l’optimum économique spatial (international), sans évoquer la nécessité de délocaliser la migration de ces facteurs.

En effet, la théorie du commerce international nous fournit la démonstration de l’invalidité de ce postulat, et l’importance d’une migration des facteurs de production.2

En réalité, pour que le seul échange des biens entraîne l’égalisation des rémunérations de ces facteurs de production, et donc supprime l’importance de toute migration de ces facteurs, il faut que les hypothèses du théorème de Heckscher-Ohlin, telles qu’elles ont été expliquées par Samuelson, soient opérationnelles. Ces hypothèses3 sont les suivantes :

  1. Il faut que les fonctions de demande soient homogènes et identiques pour chaque pays, c’est-à-dire que les consommateurs aient les mêmes goûts et préférences quel que soit leur pays de résidence, et qu’ils réagissent de la même façon au prix des produits.
  2. Il faut que la mobilité (tant spatiale que sectorielle, professionnelle, etc.) des facteurs de production à l’intérieur de chaque pays soit parfaite, sans aucun coût.
  3. Il faut qu’à l’intérieur de chaque pays règnent la concurrence parfaite et le plein emploi.
  4. Il faut que pour un bien donné, la fonction de production soit linéaire, homogène et identique dans chaque pays, c’est-à-dire que les conditions de production d’un bien donné soient partout les mêmes et qu’il n’y ait pas de rendements d’échelle (absence d’économies de la grande dimension).
  5. Il faut qu’il n’existe qu’une seule solution d’équilibre au système, ce qui implique que les productivités marginales des facteurs soient toujours positives et décroissantes, et que ces facteurs ne soient pas utilisés dans les mêmes proportions dans chaque activité de production.
  6. Il faut qu’aucun pays ne soit « excessivement » spécialisé, le degré excessif de la spécialisation étant fonction du nombre de facteurs présents et du nombre de biens produits dans le pays.
  7. Il faut que l’échange des biens entre les pays soit totalement libre, ce qui implique qu’il n’y ait aucune forme de protectionnisme et que le coût de transport (au sens large, c’est-à-dire comprenant le coût temps aussi bien que le coût monétaire) des biens soit nul.

Il faudra alors respecter simultanément toutes ces hypothèses, il ne faut pas se soucier de la localisation des facteurs de production, car le simple fait d’échanger les biens produits suffira à réaliser l’équilibre économique spatial et l’égalisation internationale des rémunérations des facteurs, et donc à supprimer l’importance d’une migration de ces facteurs en réponse aux disparités de rémunérations.

Le théorème de Heckscher-Ohlin-Samuelson nous permet donc de conclure que dès qu’il y a espace, dès que la friction spatiale implique un coût, il y aura nécessairement des inégalités spatiales (internationales, interrégionales, etc.) dans la rémunération des facteurs de production, donc dans les taux de salaire et les taux d’intérêts (sauf si l’on envisage le cas utopique où tous les facteurs de production seraient distribués naturellement de façon uniforme à travers l’espace) …

Le transfert du facteur capital ne suffit pas pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’il faut distinguer plusieurs types de capital : le capital « liquide » et le capital financier. On peut le transporter d’un coin du globe à un autre pratiquement de façon instantanée et à très faible coût, mais comme tout facteur de production, il s’installe là où sa rémunération est la plus élevée.

Cette localisation « optimale » est rarement dans un pays pauvre, même si le taux d’intérêt peut y être élevé, le rendement réel y est le plus souvent très bas, voire négatif, à cause de l’incertitude, des risques de dévaluations, etc. Elle peut varier très rapidement, de telle sorte que ce capital sera rarement « investi » pour devenir un facteur réel de production.

Quant au capital « immobilisé », il est soit sous forme d’équipement, et alors plus difficile à déplacer, et lorsqu’il est exporté dans un pays « pauvre », son utilisation requiert le plus souvent le déplacement concomitant de travailleurs qualifiés ; soit sous forme de « capital humain » : dans les deux cas on se retrouve avec la nécessité d’une migration du facteur travail.

Ce capital humain recouvre le progrès scientifique et technologique, le progrès des connaissances, le « savoir-faire », etc. Il nous conduit à une deuxième raison, qui tient au caractère dynamique du processus économique. Ce type de facteur de production prend une importance croissante, et ce n’est pas le transfert international du capital au sens traditionnel qui peut le remplacer, sauf éventuellement au long terme.

Enfin, une troisième raison tient à l’existence de facteurs de production immobiles ou qui ne peuvent être déplacés que moyennant des coûts de transport élevés. Plus précisément, il faut tenir compte du rapport entre le facteur travail et le facteur terre, et d’une manière générale, entre le facteur travail et les ressources naturelles. La migration du capital ne pourra jamais se substituer parfaitement à une faible dotation en ressources naturelles, sauf cas très particuliers.4

Après avoir montré l’importance de la migration dans le monde, il est nécessaire de démontrer la situation migratoire au Niger, selon l’Enquête Nationale sur la Migration au Niger (ENAMI) 2011, réalisé par l’Institut National de la Statistique (INS), de la part des Nations Unies (UN), une enquête portée sur un échantillon de 21 000 ménages réparti en 9 000 ménages en milieu urbain et 12 000 en milieu rural, à travers un questionnaire ménage et d’autres questionnaires spécifiques « non migrant », « migrant » et « migrant de retour », l’évaluation de la qualité des données a concerné les variables clés du questionnaire permettant d’analyser le phénomène migratoire et de caractériser les individus en lien avec la migration. Pour ce faire, les variables d’intérêt suivants sont retenues :

  • Le lieu de naissance ;
  • Le lieu de résidence actuelle ;
  • Le lieu de résidence antérieure ;
  • La durée de résidence.

Pour toutes ces variables, la pertinence de l’information a été examinée à travers les taux de non-réponse pour chacune d’elle.

Enfin, la majorité de la population nigérienne est non-migrante (93,5%), les migrants internes représentent 5,9% de la population ; tandis les émigrants, représentent 1,1% de la population totale. Dans l’ensemble du pays, la population des émigrés est estimée à 582 583 personnes en 2011.

Il ressort qu’il y a une nette prédominance des hommes dans cette population des émigrés. En effet, dans l’ensemble neuf sur dix émigrés soit 93,1% sont de sexe masculin, la population des émigrés est composée en grande partie des jeunes et adultes âgés de 20 à 35 ans, plus de six sur dix des émigrés soit 61,4% sont dans cette tranche d’âge.

Les pays de destination sont notamment : le Nigéria (37,8%), la zone UEMOA (30,5%), la Libye (12,6%), la Côte d’Ivoire (12,4%), le Bénin (8,3%), le Ghana (7,7%), le Togo (5,2%), le Cameroun (3,5%).

________________________

1 Termote, M. (1993). Causes et conséquences économiques de la migration internationale – théorie et réalité. Études internationales, 24(1), 51–61.

3 Paul A. SAMUELSON, «Summary on Factor-Price Equalization». International Economic Review, 1967, pp. 286-295.

Pour citer ce mémoire et trouver toutes ses pages
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’IMMIGRATION ET L’EMIGRATION AUX PAYS AFRICAINS : LE NIGER COMME EXEMPLE
Université 🏫: Université HASSAN II de CASABLANCA
Auteur·trice·s 🎓:
AIT EL MAJOUB YOUSSEF

AIT EL MAJOUB YOUSSEF
Année de soutenance 📅: 2020-2021
Étudiant: AIT EL MAJOUB YOUSSEF. Spécialité: Economie et Gestion. Type de diplôme: Licence d’études fondamentales. Encadrant: Mr. CHAABITA RACHID. Faculté: Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Aïn CHOCK. Département: Département Economie et Gestion .
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