Découvrez les systèmes colonialistes et d’acculturation au Canada et au Mexique, et leur impact sur les peuples autochtones:
I- Des premiers contacts à la mise en place de systèmes colonialistes aculturationnistes : comparaison historique et législative
A – Premiers contacts et mise en place du système colonialiste
Depuis leur arrivée sur le continent américain, les nations européennes colonisatrices, la France et l’Angleterre dans le cas canadien, et l’Espagne dans le cas mexicain, ont imposéaux peuples autochtones une forme de domination. Par le biais d’instruments législatifs et politiques coercitifs, les conditions de vie des peuples autochtones ont été contrôlées et soumises, souvent par la force, à des systèmes de droit étrangers, distincts de leurs propres systèmes juridiques et politiques.
L’académicien mexicain Héctor Díaz Polanco explique que dans le cas du Mexique, les lois qui encadraient juridiquement les populations autochtonesétaient complètements exogènes aux populations concernées : « Les indigénismes [Lorsque nous nous référons au terme “d’indigénisme”, nous nous référons aux politiques créées par les non-autochtones ayant pour cibles les populations autochtones] impliquent des politiques conçues et élaborées par des “non-Indiens”, pour être appliquées aux “autres”; ils n’impliquent pas une prise en compte du point de vue de ces derniers »16.
Le chercheur John Leslie relate des faits similaires dans le cas canadien : « Sur le plan historique, la politique indienne et les mesures législatives correspondantes ont été largement conçues sans le consentement ni la participation des Indiens »17.
1- Vue d’ensemble des politiques indigénistes au Canada et au Mexique
Les relations entre les peuples colonisateurs européens et les populations autochtones présentes sur le continent américain ont subi de grands changements au cours du temps. Selon Kelly Fazilleau, docteure spécialiste des civilisations nord-américaines, les politiques centrées sur les questions autochtones au Canada ont connu trois phases : une phase pacifiste et passive de 1791 à 1830, puis des politiques de mobilité forcée et la création du système des
réserves (1830-1861) et enfin des politiques d’assimilation “agressives” (1865-1901)18. Même si les relations entre populations autochtones et européens ont existé depuis le XVIIe siècle, l’auteure se focalise sur le XIXème siècle. Au Mexique, selon Héctor Díaz Polanco, trois phases de politiques indigénistes ont été appliquées. La première correspond aux trois siècles d’époque coloniale (du XVIème au XIXème siècle), basée sur la différence ethnique et une législation indigéniste, outils du système colonial mis en place par la Couronne Espagnole.
L’objectif était d’asseoir le système d’exploitation des peuples autochtones. La seconde phase correspond à la phase post indépendance au XIXème siècle, qui montre une continuité avec la première phase, avec un approfondissement des politiques indigénistes. Et enfin la troisième phase représente la phase développée par les États modernes latinoamericains à partir de la seconde moitié du XXème siècle19. Dans le cas mexicain, les étapes décrites sont axées sur une plus large période et sont donc plus générales. Fazilleau se centre globalement sur le XIXème siècle car c´est à cette période que les politiques indigénistes sont amplifiées et consolidées.
Les différentes phases se sont développées de différente manière entre le Canada et le Mexique, voire au sein même des pays (partie francophone et partie anglo-saxonne du Canada).
Les différentes phases des politiques indigénistes au Mexique et au Canada selon K. Fazilleau et H. Diaz Polanco
16Héctor DÍAZ POLANCO, « Derechos indígenas y autonomía », in Crítica Jurídica Nueva Época, México, n°11, Instituto de Investigaciones Jurídicas, UNAM, 1992, p. 44
17 John LESLIE, « La Loi sur les Indiens: perspective historique », in Revue Parlementaire canadienne, 2002, p.2318 Kelly FAZILLEAU, « Résoudre le « problème indien » : représentations de l’Indien et politiques indiennes assimilationnistes aux États‐Unis (1865‐1901) » in Revue de l’Institut des langues et cultures d’Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie, vol. 43, 2021, p.8.
19 Héctor DÍAZ POLANCO, ibidem, p. 45
2-Les premières relations au Canada
a- Les premiers contact entre européens et populations autochtones
Si nous nous concentrons sur les premières relations entre les européens et les sociétés autochtones de l’Est du Canada (nations algonquines, innus et iroquoises) au début du XVIème siècle, nous pouvons constater qu´elles étaient purement commerciales et non conflictuelles, voire “amicales”. Les européens, notamment les Français, profitaient du commerce de la pêche mais également de la traite des fourrures et les relations avaient l’apparence d’échanges commerciaux pacifiques, les européens n’étant pas installés définitivement dans l’actuel Canada20.
Le commerce des fourrures peut expliquer en partie la non domination physique et territoriale des européens au XVIème siècle : « Le commerce des fourrures se différencie des autres systèmes d’exploitation coloniale. Contrairement àl’agriculture et à l’industrie qui nécessitent un bouleversement de l’environnement, la propriété du sol, la servitude, la fourrure exige le maintien du milieu et la coopération des populations locales »21.
Les notions d’appropriation des terres par les européens et d’exploitation n’étaient donc pas encore entrées en vigueur, ou du moins rendues possibles au XVIème siècle car les européens n’étaient pas encore installés sur le sol canadien. Cela va évoluer au moment de l’installation des colons Français de manière définitive, au début du XVIIème siècle et non plus ponctuelle comme au XVIème siècle22.
En effet, la Couronne française va inciter les Français à développer des colonies de peuplement sur le sol canadien à la fin du XVIème siècle. Cette phase va également marquer l’avènement de grandes épidémies véhiculées par les Européens, qui vont décimer une grande partie des populations déjà présentes sur le territoire. Comme au Mexique, nous le verrons par la suite, ces épidémies ont aidé les Européens à asseoir leurs colonies et leur domination sur les territoires autochtones : « Les Autochtones n’étaient plus assez nombreux et trop faibles pour empêcher les Européens de s’établir sur leurs terres »23.
20 Peter, COOK, ibidem
21 JACQUIN, Philippe, « Les Indiens blancs, Français et Indiens en Amérique du Nord » in Revue française d’histoire d’outre-mer, vol. 75, no281, 1988, p.13.22 Peter, COOK, ibidem, p.67
23 Sarah PASHAGUMSKUM, et Emily Jane FARIES. Une histoire du Québec et du Canada, HQC, 2002, p.144-145, dans BORIES-SAWALA, Helga Elisabeth. « Dommage collatéral ou condition nécessaire à la colonisation ? Les épidémies et leur impact sur les Premières Nations dans les manuels d’histoire du Québec », in Revue des sciences de l’éducation, vol. 46, no2, 2020, p. 221.
b- L’imaginaire développé par les européens autour de la figure de l’ « indien »
Malgré l’apparence de relations pérennes et égalitaires, dès l’arrivée et l’implantation des colons sur le territoire américain, nous retrouvons des témoignages dépréciatifs, infantilisants et dégradants vis-à-vis des populations autochtones. Dans l’imaginaire commun, les représentations de l’ “Indien”, des autochtones, étaient assez homogènes selon le professeur d’anthropologie William Y. Adams24. Ils étaient décrits comme des êtres inférieurs, de par, notamment, leur non-pratique de la religion chrétienne.
Pendant la période coloniale, l’idée de l’autochtone décrit comme un “sauvage” était largement partagée dans l’imaginaire commun, un “sauvage” vivant à l’État de nature, innocent et inoffensif (comme peut en témoigner le mythe du “Bon Sauvage” développé par Montesquieu, Voltaire ou Rousseau) ou, tout au contraire, violent et dangereux : « Les premières représentations de l’Indien furent produites par les conquistadors, les explorateurs et les missionnaires. De ce fait, elles oscillaient entre l’image de l’ “ignoble Sauvage”, qui pouvait être exploité ou tué, et du “bon Indien”, un être innocent qui devait être converti »25.
Nous retrouvons ces concepts dépréciatifs également au Mexique, ou comme au Canada, la chrétienté a joué un grand rôle dans la dépréciation et l’infériorisation des autochtones. Les populations autochtones n’étant pas chrétiennes, et ayant développé un système politique différent de celui connu par les colons, elles étaient d’office considérées comme inférieures : « Champlain [Samuel de Champlain, colonisateur français, 1567-1635]26 fait, […]un récit de voyage qui démontre son incompréhension de l’organisation politique des Wendats[peuple appartenant aux Premières Nations iroquoises du Québec]27, qu’il décrit comme un peuple « sans aucune religion, ny loy, soit divine, politique, ou civille, establie parmy eux ».28
c- Les politiques de médiation et de francisation mises en place par les Français
Le début du XVIIème siècle marque donc un tournant dans les relations entre la France et les nations autochtones sur le territoire canadien, avec l’implantation définitive des colons. La France met en place une politique dite de “médiation” en souhaitant s’imposer comme puissance pacificatrice auprès des nations autochtones29. Les Français souhaitaient en effet asseoir leur domination en jouant un rôle de médiateur entre les différentes nations présentes dans l’actuel Québec ; et ainsi profiter des différends et conflits pour s’imposer comme force supérieure (conflits qui opposaient notamment les Algonquins, Innus et Wendats aux Iroquois).
24 William Y. ADAMS, « Indian Policies in the Americas : From Columbus to Collier and Beyond » in SAR Press, vol. 118, no4, 2011, p.1
25 Kelly FAZILLEAU, ibidem, p.2
26 « Samuel de Champlain » in Encyclopédie Larousse,27 Encyclopædia Universalis. (s. d.). HURONS ou WENDAT. Universalis.
28 Peter, COOK, ibidem, p.67
Un des points culminants de cette politique fut l’évènement de la Grande Paix de Montréal en 1701, plus d’un siècle après le début des politiques de médiation, durant lequel plus d’une quarantaine de nations autochtones conclurent un acte de paix et laissèrent entre les mains du gouverneur français la gestion de leurs différends30. Dans une logique de domination, les Français ont, en parallèle, développé une politique de“francisation”.
Cette politique va au-delà de l’apprentissage forcé du français, elle se réfère surtout à des changements des normes et habitudes imposés aux populations autochtones : «la notion de francisation ne touchait pas uniquement la question linguistique, mais visait de façon générale à inculquer aux Amérindiens la religion catholique ainsi que l’ensemble des mœurs françaises “policées” »31, notamment la sédentarisation. Nous verrons par la suite que la sédentarisation forcée des peuples autochtones, notamment des Inuit, a eu un impact dévastateur sur leur mode de fonctionnement.
Les Français, dès le XVIIème siècle, commencent donc à asseoir une longue politique d´assimilation qui durera des siècles, à travers la médiation et la francisation. En 1763, suite àla victoire des Britanniques sur les Français lors de la guerre de sept ans (1756-1763), la Grande Bretagne s’impose comme puissance coloniale sur le territoire, et récupère les dynamiques relationnelles existantes et ancrées des Français avec les peuples autochtones.
d- Différence entre politiques britanniques et françaises
Selon le sociologue québécois Denys Delâge, une des grandes différences des modèles coloniaux français et anglais est l’intensité des relations entre colonisateurs et peuples autochtones, plus forte chez les Français avant la guerre de sept ans : « La colonisation française en Amérique du Nord s’est distinguée de la colonisation anglaise par une proximité plus grande des Français et des Amérindiens, par un métissage nettement plus répandu et plus intense, tant au plan des intermariages qu’à celui des transferts culturels »32.
29 Maxime GOHIER, «Les politiques coloniales françaises et anglaises à l’égard des Autochtones» dans GOHIER, Maxime, « Les Autochtones Et Le Québec», in Presses De l’Université De Montréal, 2013.
30 Ibidem, p.116
31 Ibidem, p.118
Il faut cependant prendre du recul avec les notions d’ “intermariage” et de mixité, et voir jusqu’à quel point elles étaient consenties et acceptées par les populations autochtones. De plus, le régime français avait consacré une série de politiques, centralisées par la Couronne française, afin d’encadrer les relations avec les peuples autochtones (politiques de médiation et de francisation). Au contraire, le régime anglais avait laissé aux différentes colonies le choix de ces politiques, qui étaient donc particulièrement hétérogènes d’une colonie à une autre, jusqu’en 175533. A partir de 1755, le gouvernement britannique nomma des “officiers impériaux” qui avaient pour mission d’uniformiser sur les territoires britanniques les politiques liées aux relations avec les peuples autochtones.
En 1763, à la fin de la guerre de sept ans, et après la victoire des Britanniques sur les Français, la Couronne britannique affirme, dans la Proclamation royale, qu’elle a une “responsabilité” à l’égard des “nations ou tribus sauvages” : « il est juste, raisonnable et essentiel pour notre intérêt et la sécurité de nos colonies de prendre des mesures pour [les] nations ou tribus sauvages qui sont en relation avec nous et qui vivent sous notre protection »34. Des traités d’amitié et de paix seront signés entre les colons britanniques et les peuples autochtones, comme le traité de paix et d’amitiésigné à Niagara le 18 juillet 1764 entre les Hurons de Détroit et le représentant de la Couronne britannique, William Johnson.
Cependant, ces politiques nationales et officielles dites de “protection” ne seront jamais vraiment appliquées. Ces traités seront, par la suite, qualifiés d’ “erreur” et d’ “anomalies” par les dirigeants canadiens au moment de la mise en place des politiques d’acculturation. Les politiques indigénistes relevaient, selon Gohier, plus des différentes dynamiques implantées par des différents groupes d’intérêts qu’une politique homogénéisée : « La politique indienne qui s’est développée au Québec […] jusqu’à la fin du Régime britannique fut en grande partie le résultat de luttes de pouvoir entre différents groupes d’intérêts (marchands, missionnaires, militaires, agents des Affaires indiennes, Assemblée) qui cherchaient à asseoir leur autorité au sein de la société coloniale »35.
Les politiques indigénistes étaient donc relativement hétérogènes et relevaient plus de luttes de pouvoirs, mais traduisaient néanmoins une volonté de mise sous tutelle généralisée des populations autochtones. Jusqu’à l’indépendance du Canada en 1867, les politiques indigénistes étaient donc régies par plusieurs groupes sociaux et, malgré la “responsabilité”assumée de la Couronne britannique, les politiques étaient difficilement homogènes.
32 Denys DELÂGE, « Modèles coloniaux, métaphores familiales et changements de régime en Amérique du Nord aux XVIIe et XVIIIe siècles », in Cahiers de Dix, no60, 2006, p.2.
33 Maxime GOHIER, ibidem, p.121
34 Pierre LEPAGE, Mythes et réalités sur les peuples autochtones 3, Institut Tshakapesh, 2019, p.18.35 Maxime GOHIER, ibidem, p.130
3- Le cas mexicain
a- Premiers contacts
Le cas du Mexique, malgré quelques similarités, reste assez différent. Les premiers contacts entre populations autochtones et colons espagnols au Mexique sont également marqués par l’arrivée de nouvelles épidémies qui vont décimer les populations autochtones et aider la Couronne espagnole à asseoir son autorité. Le sociologue Denis Delâge estime qu’entre 1500 et 1650, la population autochtone sur le territoire mexicain serait passé de 20 millions à 1,5 millions d’individus36.
Des nations entières ont été décimées par la variole, la rougeole, le typhus et bien d’autres maladies, ce qui peut expliquer l’implantation et la consolidation des colons espagnols sur l’actuel sol mexicain : « La supériorité militaire et technologique n’aurait pas suffi à consolider l’entreprise coloniale, si elle ne s’était pas accompagnée du développement massif de maladies épidémiques contre lesquelles les autochtones n’avaient aucune défense »37[Traduction libre]. Cependant, à la différence du cas canadien, les premiers contacts entre autochtones et non autochtones au Mexique n’étaient
immédiatement traduite par une volonté d’installer des colonies espagnoles et ainsi dominer les populations présentes afin d’extraire les richesses souhaitées : « le système colonial extractif s’est instauré, basé sur le travail autochtone massif, […]et l’accumulation de métaux précieux »38[Traduction libre].
Cet objectif était sûrement partagé par les colons français et britanniques au Canada, cependant la traite des fourrures à ralenti le processus d’installation et de coercition. À la différence du cas du Canada, où les colons n’avaient pas d’autres choix que de commercer avec les populations autochtones dans le cadre du marché des fourrures, les colons au Mexique ont directement imposé leur domination à travers l’exploitation des populations autochtones. Il va sans dire que, comme développé plus haut, les épidémies dévastatrices ont été un facteur extrêmement important dans l’explication des relations entre européens et peuples autochtones.
36Denys DELÂGE, « Microbes, animaux et eau en Nouvelle-France », in Globe, vol. 9, no 1, 2006, p. 114. 37 Miguel Alberto BARTOLOMÉ, « Etnicidad, historicidad y complejidad Del Colonialismo al Indigenismo y al Estado pluricultural en México » in Pueblos indígenas, estados nacionales y fronteras : tensiones y paradojas de los procesos de transición contemporáneos en América Latina, 1reéd., Clasco, 2014, p. 98.
38 Miguel Alberto BARTOLOMÉ, ibidem
Au Mexique, les épidémies ont par la suite été couplées à des massacres perpétrés par les colons afin d’asseoir leur autorité. Nous pouvons citer l’exemple du massacre de Tóxcatl en 1520, où la noblesse mexica (aztèque) qui célébrait les dieux Huitzilopochtli et Tezcatlipoca a été massacrée par l’armée de Pedro de Alvarado, conquistador espagnol39. Ces massacres ont été dénoncés par les frères Dominicains, notamment Dominico Bartolomé de Las Casas, témoins des atrocités menées par les colons.
Dans son ouvrage Histoire des Indes, de Las Casas témoigne des comportements des colons envers les peuples autochtones et des actes de violences commis40. Ces grands massacres n’ont pas eu lieu au XVIème siècle dans le cas canadien, mais arriveront plus tard notamment au XXème siècle avec les internats réservés aux enfants autochtones.
De la même manière que sur le sol canadien, la non-chrétienté des populations autochtones était vu par les espagnols comme un signe d’infériorité important : « Le point de départ a toujours été une idée claire : l’Indien n’était pas chrétien et, en tant que tel, n’était pas civilisé, il était donc sauvage »41[Traduction libre].
b- Statut juridique des populations autochtones au Mexique
Les Dominicains ont participé, dans une démarche de protection des populations autochtones et de dénonciation des atrocités commises, mais également dans une logique d´évangélisation des autochtones, à la mise en place d’un statut assurant un minimum de protection juridique aux populations autochtones. Le statut juridique de personae miserabiles a donc été appliqué aux peuples autochtones par les conquistadores : « La catégorie de misérable [a été ] appliquée aux habitants des terres conquises.[…] Étaient considérées comme misérables les personnes bénéficiant d’une moindre insertion sociale au sein de la citéet dont la fragilité venait principalement de leur manque de « ressources relationnelles » ».42
39 Federico NAVARRETE, La masacre de Tóxcatl como acto de terrorismo religioso, México, Noticonquista, . Visto el 25/05/2023
40Bartolomé DE LAS CASAS, Histoire des Indes I, Média Diffusion, 2015.41 Oscar MUÑOZ MORÁN, « Salvajes, bárbaros y brutos. De la Grecia Clásica al México Contemporáneo », in LiminaR, vol. 6, no2, 2008, p. 158.
42 Caroline CUNILL, « L’Indien, personne misérable. Considérations historiographiques sur le statut des peuples indigènes dans l’empire hispanique », in Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2017/2 (n° 64-2), p. 24.
La reconnaissance de ce statut en 1527 marque un tournant car cela permet auxévêques, avec l’accord de la couronne espagnole, d’appliquer des lois de protection sur les groupes concernés43. Ce statut souligne donc l’inégalité entre les colons, détenteurs de savoirs liés à la portée des politiques de l’Espagne appliquée sur le sol mexicain, et aux peuples autochtones, en situation d’infériorité quant à ces savoirs exogènes. Il concède cependant un certain nombre de droits, notamment le droit de jouir d’un accès facilité à la justice à travers l’aide de défenseurs des droits.
Cependant, malgré un accès favorisé à la justice, les autochtones étaient sous tutelle d’un système paternaliste : « La métaphore de la paternité fut fréquemment utilisée pour caractériser l’attitude que devaient avoir les juges vis-à-vis des Indiens. Ainsi, les Conciles de Lima de 1567 et 1583 leur recommandaient d’agir avec“amour paternel” au moment d’appliquer les peines »44. Ce système paternaliste relevait plus d’un moyen de conversion que d’un accès revendiqué au droit : « La modération de la peineétait conçue comme une stratégie visant à faciliter la conversion des Indiens ; le juge ecclésiastique agissait plus en évangélisateur qu’en censeur »45.
Ce système va durer jusqu’en 1821, date de l´indépendance du Mexique. Sous le Virreinato d’Espagne (ou Nouvelle Espagne: « Les Indes ne constituent pas une colonie de l’Espagne mais un ensemble de « nouveaux royaumes », égaux en principe aux royaumes péninsulaires. Le même souverain est roi des Indes, comme il est roi des Espagnes (rexHispaniarum, rexIndiarum) et les habitants des Indes sont ses libres « vassaux »(vasallos de los reinos de las Indias)»)46, au Mexique, les populations autochtones étaient considérées comme inférieures et détentrices de droits précaires. L´objectif d’intégrer les populations autochtones dans la société colonisatrice implantée sur le sol mexicain n’était pas encore d’actualité.
La période du Virreinato d’Espagne au Mexique est donc marquée par des violences perpétrées par les colons sur les populations autochtones, qui, malgré une tentative de statut juridique protecteur, ont dû faire face à de nombreux abus.
Cependant, les populations autochtones, malgré une domination physique des colons, notamment à travers la possession d´armes à feu et l´arrivée de nombreuses épidémies, ne sont pas restées passives face à ces abus. Nous pouvons citer par exemple le cas de Pop´ay, leader tewa du peuple Ohkay Owingeh, dans l’actuel nouveau Mexique, qui a dirigé une rébellion en 1680 contre les colons qui a coûté la vie a plus de 400 espagnols, afin de reconquérir le Nouveau-Mexique47.
43 Caroline CUNILL, Ibidem.
44 Caroline CUNILL, Ibidem, p.31
45 Caroline CUNILL, Ibidem, p.31
46 « AMÉRIQUE (Histoire) : Amérique espagnole » . Universalis,
. Consulté le 9 avril 2023.
La période de domination des empires britannique dans le cas Canadien, et espagnol dans le cas mexicain sera abolie lors des indépendances. L´indépendance des nations mexicaines et canadiennes va entraîner de nouveaux paradigmes dans les politiques et actions menées envers les peuples autochtones.