Cet article examine comment minimiser les biais dans la recherche tout en garantissant la validité des résultats, en se basant sur des méthodes rigoureuses et des analyses approfondies.
Cadre d’observation et stage en Guinée-Bissau : Découvrez comment l’observation participative et un stage en Guinée-Bissau révèlent des pratiques clés en matière d’analytique des données pour le développement durable en Afrique.
Cadre de l’observation en situation et du stage de fin d’étude
La réalisation de cette étude s’est accompagnée d’une mise en stage au cours de laquelle certains concepts et pratiques clés étudiés ont été mis en œuvre dans un contexte réel. Ce stage a aussi servi de terrain pour une observation participante, technique qui nous a permis d’obtenir des informations utiles sur les bonnes pratiques en matière d’analytique des données dans les projets de développement en Afrique.
Pour une meilleure compréhension du cadre de cet exercice d’observation, il s’avère important de présenter le contexte de développement en Guinée-Bissau ainsi que le rôle des agences des NU dans ce processus, condition dans laquelle le stage a été réalisé.
Les Nations Unies et le développement en Guinée-Bissau
La Guinée-Bissau est un pays de l’Afrique de l’Ouest partageant sa frontière terrestre avec le Sénégal et la Gambie. Faisant partie des pays à faible revenu, le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est estimé à plus de deux-tiers, selon la Banque mondiale. Son profil de pays pauvre et sa grande vulnérabilité aux inondations, à la sécheresse et à l’élévation du niveau de la mer lui confère le statut de Petits États Insulaires en Développement (SIDS). Ce pays est confronté à plusieurs problèmes d’ordre économique, politique, social et sanitaire, entre autres, qui entravent son processus de développement.
Voir annexe 1 pour plus de détails sur les démarches et les motivations du choix de la taille de l’échantillon, et sur les fondements du choix et de l’utilisation des techniques d’échantillonnage mentionnées.
En août 2021, le gouvernement de Guinée-Bissau et le système des Nations Unies pour le développement (UNSDG) ont conclu un accord de coopération pour la période 2022-2025, en s’engageant à collaborer pour le bien-être de la population du pays. Leur objectif est de mettre en œuvre conjointement l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) en se concentrant sur les priorités définies dans le Cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable (UNSDCF)42.
Afin de mener à bien la mise en œuvre de ce cadre de développement durable, le Bureau du Coordonnateur Résident du Système des NU (RCO) a été installé en Guinée-Bissau. Ce dernier, dirigé par le Coordonnateur Résident, est la principale structure d’appui aux interventions conjointes de l’UNSDG dans le cadre de l’UNSDCF, en conformité avec les ODD.
Le RCO coordonne également les activités de l’équipe pays des NU (UNCT). Ce dernier travaille en étroite collaboration avec le gouvernement de la Guinée-Bissau dans le but de promouvoir les mandats des NU et de contribuer efficacement au développement du pays (voir le tableau 1).
Présentation du projet qui a conduit au stage de fin d’étude
En Guinée-Bissau, moins de 5 % des travailleurs bénéficient actuellement d’une couverture sociale, excluant ainsi la grande majorité de la population. De plus, la vulnérabilité croissante du pays sur les plans climatique, politique, social et économique aggrave la précarité des populations démunies, les plongeant davantage dans la pauvreté. Il est par conséquent essentiel de mettre en place un système de protection sociale efficace en Guinée-Bissau pour renforcer sa capacité à faire face à ces chocs.
Dans un tel contexte, le projet Protection Sociale pour la Résilience en Guinée-Bissau, de son nom générique « Building Resilience in Guinea-Bissau through a Shock-Responsive Social Protection System » financé par le volet SIDS du Fonds conjoint des NU pour les ODD (Joint SDG Fund) vise à renforcer les capacités nationales pour créer un système de protection sociale réactif aux crises.
Le but est de soutenir le gouvernement dans l’élaboration d’une politique de protection sociale, la conception d’un cadre de financement et la mise en œuvre d’un système de registre pour les personnes vulnérables. Ces mécanismes seront testés via un programme pilote de protection sociale d’urgence non contributif de distribution de cash dans trois régions vulnérables cibles.
Ce projet s’aligne sur l’objectif de l’UNSDCF visant à renforcer les capacités nationales pour un système de protection sociale résilient. En collaboration avec le ministère de la Femme, de la Famille et de la Solidarité sociale, ce projet est implémenté par trois agences des NU, à savoir le Programme Alimentaire Mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), sous la coordination du RCO.
United Nations Sustainable Development Group. (s. d.). United Nations Sustainable Development Cooperation Framework Guidance. Consulté en juillet 2023, à l’adresse https://unsdg.un.org/resources/united-nations- sustainable-development-cooperation-framework-guidance
Déroulement du stage et de l’observation participante
Dans le cadre de ce projet conjoint et pour des besoins en matière d’analytique des données, notre stage a été effectué comme Volontaire des Nations Unies (VNU) en Guinée-Bissau, recruté par le l’UNFPA pour le compte du RCO.
Ce poste s’est inscrit dans le cadre d’une mission internationale de six mois dans le domaine du Suivi et Évaluation et de la gestion de données dont les activités réalisées pouvaient être résumées comme suit :
- assurer le suivi et l’évaluation des activités du projet conjoint ;
- rédiger et publier mensuellement des bulletins d’informations pour informer les décideurs sur l’avancement du projet conjoint (voir le projet décrit en 3.4.2) ;
- collecter, traiter et analyser les données provenant de toutes les agences des NU en Guinée-Bissau pour supporter la prise de décision au niveau du RCO et de l’UNCT ;
- participer à la préparation des rapports de leçons apprises et promouvoir la prise de décision fondées sur les preuves au sein du RCO ;
- coordonner et planifier les enquêtes régulières sur la connaissance et la perception publique de l’action des Nations Unies en Guinée-Bissau ;
- gérer et mettre à jour le portail de données UN Info de l’UNSDG en Guinée-Bissau43.
Tout au long de la réalisation de ces activités, nous avons joué le rôle de participant complet (Martineau, 2005) afin de collecter les informations nécessaires pour notre recherche. L’outil de collecte utilisé a été un cahier de note, lequel nous a permis de rendre compte des situations observées via des notes descriptives. Il est à noter que pour des raisons d’exhaustivité, aucune grille de collecte n’a été utilisée.
Cette dernière, comme indiqué par Philip et De Battista (2012), aurait pu entraîner la mise à l’écart de certaines situations et de certains faits pertinents à cause de son aspect sélectif dans le processus d’observation.
Cadre du traitement et de l’analyse des données
Nos données qualitatives, une fois collectées, ont été soumises à un processus de traitement dans le but de les préparer pour une analyse approfondie qui a été effectuée par la suite. La validité des résultats obtenus après les analyses a été garantie par la rigueur systématique utilisée pour considérer et minimiser les biais.
Analyse des données issues des entretiens
En ce qui concerne les entretiens semi-directifs, les informations ont été synthétisées et sauvegardées dans un classeur Google Sheets à chaque reprise. Cette démarche nous a permis d’éliminer les sections non pertinentes des conversations de sorte que nous puissions comparer les informations plus objectivement entre elles.
Ensuite, les réponses ont été analysées question par question, puis en groupe afin d’en faire ressortir les tendances et de détecter les caractéristiques particulières qui ont été évoquées. Les analyses effectuées sur les questions ont été reportées dans un tableau conçu à cet effet.
Voir le site https://uninfo.org/location/160/unct-overview pour plus de détails.
Nous avons ainsi identifié les thématiques puis transformé les données recueillies en information. Ces informations ont donné lieu à des insights qui ont été capturées sous la forme de défis, de bonnes pratiques et de points d’ombre. Le tableau récapitulatif des analyses est présenté à l’annexe 5.
En complément à ce premier niveau d’analyse, les résultats susmentionnés ont été confrontés aux informations issues de l’observation participante. Cela nous a permis d’effectuer des interprétations plus contextuelles et de mieux comprendre la problématique étudiée.
Ces interprétations ont également été placées dans le contexte de notre revue de littérature afin de générer des insights plus profonds et de construire une compréhension riche relative à l’utilisation faite de l’analytique des données dans les projets de développement.
Minimisation des biais et validité des résultats de l’étude
La prise en compte des biais et la mise en place de stratégies pour les minimiser ont occupé une place importante au niveau de notre méthodologie. En ce sens, plusieurs mesures ont été adoptées afin de garantir la validité et la crédibilité des résultats de l’étude.
Tout d’abord, nous avons fait l’effort, dans le cadre de la recherche documentaire, de sélectionner des documents provenant de sources diverses. Cela nous a permis de considérer une variété de perspectives et d’institutions, réduisant ainsi les biais potentiellement présents dans une seule source d’information.
Ensuite, une approche de recherche ouverte a été privilégiée, tenant compte du caractère exploratoire de notre étude, permettant ainsi aux participants aux entretiens de s’exprimer librement sans être influencés par des idées préétablies. De même, la sélection des unités a été effectuée avec rigueur et objectivité, minimisant ainsi les biais de préjugé du chercheur.
De plus, pour réduire les biais de l’intervieweur pendant les entretiens, les questions posées ont été formulées de manière neutre et ouverte, évitant de diriger les réponses des participants. Cette neutralité a été maintenue tout au long du processus de collecte pour éviter d’influencer la perception de l’interviewé. En dernier lieu, pour l’analyse des données, les points forts et les points faibles ont été clairement identifiés et objectivement relevés, évitant ainsi le favoritisme et les biais de confirmation.
Enfin, la transparence et la documentation minutieuse de toutes les étapes de la recherche, y compris la collecte, l’analyse et l’interprétation des données témoignent de la rigourosité méthodologique de l’étude. De même, la traçabilité des sources et la vérifiabilité des informations présentées ont contribué à rendre le travail de recherche reproductible.