Quelles stratégies d’implémentation pour l’éducation en Haïti ?

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🏫 Université d'État d'Haïti - Faculté des Sciences Humaines
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licence
🎓 Auteur·trice·s
Chéry, Jeanne-Elsa
Chéry, Jeanne-Elsa

Les stratégies d’implémentation éducative en Haïti révèlent une réalité troublante : la mixité scolaire n’assure pas l’égalité de genre. Cette étude met en lumière comment les constructions sociales influencent les rapports pédagogiques, désavantageant ainsi les filles au sein des établissements scolaires.


6.3.3- Mixité scolaire et égalité de genre

En fait, on peut déduire que la mixité scolaire ne garantit pas l’égalité de genre. Car, le processus de socialisation débute avant même la scolarisation. En effet, depuis la famille comme institution de prise en charge des enfants, les filles et les garçons sont socialisés de manière différente. Et, ce processus débute même avant la naissance de l’enfant qui se voit attribuer des comportements, des qualités qui sont le plus souvent le fruit d’une représentation sexuée du monde.

Cette représentation est assimilée dans le processus de construction de l’identité chez l’enfant dès son jeune âge. Lewis et Feiring (1979) identifient que l’âge et le sexe sont les deux catégories sociales qu’utilisent les enfants pour comprendre le monde qui les entoure. Ces indicateurs constituent leurs premiers éléments pour identifier et différencier les humains.

Maccoby d’après les études de Fagan et Shepherd (1982) et Fagan et Singer, (1979) avance que dès leurs premiers mois, les enfants sont déjà en mesure de distinguer les individus en fonction de leur sexe.

De plus, les enfants se font, à tous leurs stades de leur développement, des représentations du masculin et du féminin. Kholberg identifie quant à lui, trois étapes de la construction de l’identité chez l’enfant : le premier stade qui est « l’identité de genre », se situant à l’âge de 2 ans environ ; les enfants reconnaissent que le sexe des individus qu’ils côtoient est une donnée stable.

Cette représentation qu’ils se font se base sur des caractéristiques socioculturelles comme la coiffure et les vêtements. Le deuxième stade, se situe entre 3 et 4 ans, c’est la « stabilité de genre » ; les enfants appréhendent alors le sexe comme une donnée stable au cours du temps, que les filles seront des femmes et les garçons deviendront des hommes.

Cette différence n’était pourtant pas claire durant le premier stade où ils n’avaient pas assimilé le sexe comme une donnée stable en dépit des situations. Entre 5 et 7 ans, Kholberg, cité par Anne Daffon Novelle, identifie le stade qu’il appelle « constance de genre », et il l’explique ainsi : « On est un garçon ou une fille en fonction d’un critère biologique stable, l’appareil génital, et le sexe est une donnée immuable à la fois au cours du temps et indépendamment des situations » (Novelle, 2006 :119).

Ce dernier stade, qui est atteint progressivement, signifie qu’en dépit des comportements sociaux dévolus à l’autre sexe, ils restent toutefois des enfants du sexe opposé. Ceci met en lumière la prépondérance des attributs sociaux et culturels à chaque sexe dans la construction de l’identité sexuée chez l’enfant dès les premières années de sa vie.

De même que la construction de l’identité sexuée chez l’enfant passe également par plusieurs étapes, Anne Daffon Novelle reconnait une certaine progression dans la flexibilité et la rigidité face au respect des rôles dévolus à chaque sexe. En effet, vers l’âge de 5 et 7 ans, l’enfant respecte scrupuleusement les rôles qui sont attribués à chaque sexe.

Dans la tête des enfants, il n’y a pas de changement possible ; chacun doit rester dans son rôle, car ils ne sont pas interchangeables pour eux. Mais, au fait, cette intransigeance sur les rôles est due au fait qu’ils n’ont pas encore atteint le stade « Constance de genre » où les frontières sont nettement établies.

Anne Daffon Novelle l’explique ainsi : « Comme ils pensent que leur sexe et celui d’autrui sont déterminés par le contexte social (apparences, jouets, activités, etc.), ils sont très attentifs au respect des conventions sociales des sexes, tant pour eux-mêmes que pour autrui, afin de ne pas tricher et de se représenter aux autres comme des enfants de leur groupe de sexe » (Novelle, 2004 :14).

Mais entre 7 et 12 ans nous dit l’auteure, les enfants feront intervenir « la variabilité individuelle » quant aux rôles sexuels et seront à même d’accepter des « chevauchements » dans les rôles, les attitudes et les comportements. Mais à l’adolescence, il va s’opérer un retour vers la rigidité des rôles dévolus à chaque sexe, car c’est le moment de construction de l’identité sexuelle.

Cette rigidité se trouve renforcée d’autant plus que c’est un moment propice pour le choix du partenaire sexuel. À ce moment précis de leur développement, il y a généralement une tendance parmi eux de rallier les adolescent-e-s qui empiètent sur les rôles attribués au sexe opposé. Ceci est bien vrai qu’un adolescent déjà cité nous a fait comprendre : « C’est préférable d’être dans une école mixte ; car dans chez les sœurs ou chez les pères quand l’élève n’est pas en contact avec l’autre sexe, il peut développer des mœurs et devenir homosexuel » (Extrait d’entretien, enquête de terrain de l’auteure).


Questions Fréquemment Posées

Pourquoi la mixité scolaire ne garantit-elle pas l’égalité de genre en Haïti ?

La mixité scolaire ne garantit pas l’égalité de genre car le processus de socialisation débute avant même la scolarisation, avec des filles et des garçons socialisés de manière différente dès leur jeune âge.

Comment les enfants construisent-ils leur identité de genre ?

Les enfants construisent leur identité de genre à travers plusieurs stades, en reconnaissant d’abord le sexe des individus qu’ils côtoient, puis en appréhendant le sexe comme une donnée stable au cours du temps.

Quel impact les constructions sociales du féminin et du masculin ont-elles sur l’éducation ?

Les constructions sociales du féminin et du masculin impactent les rapports pédagogiques et désavantagent les filles par rapport aux garçons, en renforçant des rôles de genre rigides dès le plus jeune âge.

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