Comment surmonter les défis éducatifs en Haïti ?

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🏫 Université d'État d'Haïti - Faculté des Sciences Humaines
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licence
🎓 Auteur·trice·s
Chéry, Jeanne-Elsa
Chéry, Jeanne-Elsa

Les défis de l’éducation en Haïti révèlent un sexisme insidieux dans les écoles secondaires mixtes, impactant gravement les rapports pédagogiques. Cette recherche, fondée sur une enquête approfondie à Port-au-Prince, met en lumière comment les stéréotypes de genre désavantagent les filles, avec des implications cruciales pour l’avenir éducatif du pays.


4.2- Comment mener une recherche en Haïti ?

4.2.1- Déroulement de l’enquête de terrain

Nous avons fait le choix de la méthode d’entretien semi-directif11 parce qu’il permet de puiser un maximum d’informations dans la communication orale. De plus, il offre une marge de manœuvre sinon une grande liberté à l’interviewé.e pour la formulation de ses réponses. Il permet aussi à l’interlocuteur.trice de tirer des idées supplémentaires que celles provenant de ses questions de départ.

L’entretien semi-directif exige l’utilisation d’un guide d’entretien qui se révèle être l’outil le plus approprié pour lister les thèmes et capter les réponses fournies, pendant le déroulement de l’entrevue. En effet, « ce processus permet au chercheur de retirer des entretiens des informations et des éléments de réflexion très riches et nuancés » (Quivy et Campenhoudt, 2005 :194).

J. Lacasse identifie deux critères qui correspondent aux choix de l’entrevue dans la recherche qualitative (Lacasse, 1991 : 114)). Tout d’abord, le degré de structure préalablement donné à l’entrevue. Ensuite, la latitude donnée à la personne interviewée. L’entretien semi- directif nous a permis de nous concentrer sur un nombre de questions présélectionné, qui était au total de dix.

Notre questionnaire était divisé en deux parties (référence en annexe). Une première partie des questions concernait l’âge, le niveau d’étude, l’adresse et l’institution d’affiliation, puis toutes les autres se focalisaient sur le fonds du sujet à proprement dit ; l’orchestration de l’éducation différentielle en environnement scolaire. Des questions ont emmené d’autres non définies préalablement.

Établir une grille d’entretien bien défini pour poser et les élèves et les professeurs sur la manière d’éduquer n’a pas été une des tâches les moins ardues. Nous avons abordé ces jeunes au sortir de leurs salles de classe, au moment de la recréation et dans un environnement exempt de contrôle adulte.

Cela a facilité la tâche qui est celle de leur permettre de nous expliquer la façon dont ils/elles ont été éduqué.e.s et leur appréhension d’une telle éducation. Les questionner sans donner l’impression d’un interrogatoire a permis que l’établissement d’apprentissage leur rappelle encore des souvenirs,

vu que la plupart y ont été scolarisés depuis la 6ème, donc l’entrée à la vie secondaire. L’entretien semi-directif a été complété par l’observation directe dans les écoles.

L’observation directe est « celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations, sans s’adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de l’observation. » (Quivy et Campenhoudt, 1995 :164). Nous avons jeté notre dévolu sur cette méthode de cueillette de données parce qu’elle est susceptible de nous révéler des informations sur le cadre général des interactions entre les adolescents, mais aussi de faire face à leurs comportements face à leurs supérieurs, leur attitude en salle de classe, etc.

Puisque « elle comprend l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse (constitué d’hypothèses et de concepts) est soumis à l’épreuve des faits, confronté à des données observables » (Quivy et Campenhoudt, 1995 :155), nous nous sommes préparée en conséquence. Munie d’un cahier de bord, nous avons jugé utile d’inscrire cette méthode d’analyse empirique qui expose des gestuelles ou autres comportements que les échanges verbaux ne permettent pas forcement de capter.

Par conséquent, nous étions munie d’un cahier de bord, comme nous l’avons susmentionné pour y inscrire toute attitude qui nous parait révélatrice sur notre objet d’étude. Parfois, nous avions pris le soin de le dissimuler dans notre sac et opté pour l’inscription de nos observations loin des regards, afin de ne pas susciter de curiosité sur notre travail.

4.2.2- Contraintes et difficultés rencontrées

Trouver ces instituions scolaires et approcher les élèves et le personnel enseignant n’a pas été une tâche ardue. Nous avons dû trouver pour le Collège Saint Pierre un directeur d’une autre école qui avait par le passé l’habitude de dispenser des cours là-bas et qui nous avait facilite les premières prises de contact.

Nos lettres bien que distribuées ne se révélaient pas vraiment nécessaires pour nous introduire dans ces espaces qui ne nous étaient pas familiers. Pour le « Cours Privé Edmé », bien que muni d’un système hiérarchique beaucoup plus solide que les deux écoles susmentionnées, un journaliste qui était professeur là-bas avait eu l’amabilité de leur parler de ce que je voulais obtenir en termes d’information et tout a été établi avant même mon arrivée : salle pour passer les entrevues, sélection aléatoire d’adolescentes, professeurs sélectionnés.

Pour le collège Saint-Pierre, un professeur de notre

connaissance nous avait facilité la tâche en nous soumettant les contacts d’un responsable et des élèves pour pouvoir faire les entrevues.

Les élèves que nous avons côtoyés ont pour la plupart exprimé sans ambages leurs points de vue ; les entretiens se sont déroulés dans un cadre bon enfant sauf les fois où de simples curieux/ses qui n’étaient pas sélectionnées pour ladite entrevue se présentaient. Toutefois, au lycée, au moment des entrevues, certaines filles devaient faire face à des garçons, qui, au passage les taquinaient, sans pour autant trop insister.

Mais le langage des filles était moins volubile dans ces circonstances, on pouvait remarquer des signes de repli comme toucher les cheveux ou porter les doigts à la bouche, ce qui pouvait témoigner d’une certaine intimidation par ces actes de leurs pairs masculins ; ces actes pouvaient passer du chatouillement à une parole scandée à la volée ; à un rire à gorge déployée.

De notre côté, nous avons été qualifiée de bèl fanm (belle femme), une remarque interpellant notre physique et notre identité de genre. Nous l’avons expérimenté dans les trois établissements systématiquement ; d’abord un élève nous a dit en dépit de la précision de notre mission qu’il souhaitait nous avoir comme professeure à cause de notre allure ; dans les deux autres établissements, notre physique a été remarqué et de la part des professeurs et des adolescents parfois croyant bien faire, ils nous félicitent en conséquence.

À ce stade du travail, il convient de voir comment étudier les rapports sociaux de sexe dans la société haïtienne. Et ce, dans divers secteurs d’activités.

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11 Il convient de souligner que la majorité des entrevues est réalisée en créole et traduite en français par l’étudiante.


Questions Fréquemment Posées

Comment mener une recherche en éducation en Haïti ?

Nous avons fait le choix de la méthode d’entretien semi-directif parce qu’il permet de puiser un maximum d’informations dans la communication orale.

Quelles méthodes ont été utilisées pour l’enquête de terrain ?

L’entretien semi-directif a été complété par l’observation directe dans les écoles.

Quels sont les critères pour choisir une entrevue dans la recherche qualitative ?

J. Lacasse identifie deux critères : le degré de structure préalablement donné à l’entrevue et la latitude donnée à la personne interviewée.

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