Le modèle à correction d’erreur RDC est utilisé pour analyser l’efficacité de la politique monétaire en République Démocratique du Congo. Les résultats révèlent un impact limité des canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit sur l’économie réelle, soulevant des questions sur leur pertinence.
Spécification des modèles théoriques
Modèle d’équation de cointégration
LM2_SPRt= βo – β1* LPIB(t)- β2*INT_BCMP(t)+* β3INF_SEM(t)+ β4*TXDEPR(t)+Ꞃt
β0 est une constante et Ꞃt la variable aléatoire du modèle économétrique et β1,β2,β3, β4sont des coefficients des variables explicatives. Où les variables (en échelle logarithmique) pris en compte pour l‟estimation sont respectivement :
LM2_SPRt: désigne les encaisses réelles LPIB: Désigne le PIB à prix constant INT_BCMP: Taux d‟intérêt domestique
INF_SEM: Taux d‟inflation en glissement semestriel
TXDEPR: Taux de dépréciation de la monnaie nationale
Modèle à correction d’erreur
L‟utilisation du modèle à correction d‟erreur montre la relation commune de cointégration (la tendance commune) et d‟en déduire les interactions entre les variables1. Estimons le modèle à correction d‟erreur conformément à la représentation du modèle de Hendry2, suivant par la méthode des moindres carrés en une seule étape :
ΔLM2_SPRt= β0+β1*ΔINT_BCMPt–β3*TXDEPRt-β4*EC_MD022t+e3t
Δ: est l‟opérateur de différence première défini par Δ(LMt) = LMt – LMt-1
Les coefficients β1, β2, β3, et β4 représentent la dynamique de court terme et les coefficients β6, β7, β8 et β9 caractérisent l‟équilibre de long terme. Le coefficient β5 est le coefficient de correction d‟erreur, il doit être inférieur à l‟unité et négatif. Le coefficient de correction d‟erreur indique la vitesse d‟ajustement de la variable endogène du produit intérieur brut (LPIB) pour retourner à l‟équilibre de long terme suite à un choc. Le coefficient β0 représente la constante du modèle.
Les élasticités de court terme sont : β1, β2, β3 et β4
Ainsise basant sur la fréquence semestrielle des données, la détermination du nombre optimal de retards du modèle vectoriel à correction d‟erreurs, le processus itératif a commencé avec 12 retards en utilisant les critères d’informations de Schwarz (SC), de Hannan-Quinnon (HQC), du ratio de Maximum de vraisemblance (LR), de l‟erreur finale de prévision (FPE) et d‟ Akaike (AIC) jusqu’à ce qu‟on a trouvé le modèle à 8 retards qui semble approprié au contexte de l‟économie de la RDC.
Les estimations sont effectuées sur base des données trimestrielles allant de 2003 à 2018. L‟indisponibilité des séries mensuelles du PIB ont nécessité la trimestrialisation des données à fréquence annuelle. Ainsi, le résultat du modèle estimé se présente comme suit :
Relation de long terme estimée (test de cointégration)
LM2_SPRt= 33.43 – 4.61*LPIB(-1)- 0.21*INT_BCMP(-1)+0.24* INF_ANN(-1)+ 2.15*TXDEPR(-1)
[-2.17737] [-3.57416] [ 6.24999] [5.14938]
Relation de court terme (modèle à correction d’erreurs, MCE)
ΔLM2_SPRt=-0.0268+0,0075*ΔINT_BCMPt–0.0026*TXDEPRt-0.0017*EC_MD022t+e3t
(0.0014) | (0,0016) | (0,0007) |
[5.3888] | [-1.6220] | [-2.4024] |
Ce résultat est retracé par le graphique ci-dessous, lequel illustre clairement la pertinence de cette relation à partir de laquelle est issue l‟estimation du modèle vectoriel à correction d‟erreur ainsi que la représentation de la relation de long terme.
Graphique n°22 : Réponse de l‟inflation suite aux chocs sur le taux directeur
Reponse de l’inflation suite aux chocs sur le taux directeur
.010
.008
.006
.004
.002
.000
-.002
5 10 15 20 25 30 35
Source : l’auteur
Il est à observer que le vecteur des résidus est stationnaire. Ce qui confirme l‟évidence de l‟existence d‟une relation de long terme stable entre la demande des encaisses réelles, le revenu réel et les autres variables du coût d‟opportunité de la demande de monnaie.
Tableau n°8
Variables et ordre d’intégration | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Variables | M1R | M2_SPR | PIBCONST | INF | INF_ANN | INT_BCMP | TXDEPR | TX_CR_BCM |
Ordre integration | I(I) | I(I) | I(I) | I(0) | I(0) | I(I) | I(0) | I(I) |
Les différents tests de diagnostic ont validé l‟absence de l‟autocorrélation sérielle dans le vecteur des résidus. De même, le test d‟hétéroscédasticité, qui confirme la constance de la variance de l‟erreur par l‟acceptation de l‟hypothèse nulle de l‟absence de l‟hétéroscédasticité à la lumière de la valeur de la statistique conjointe du Khi-Carré, indique une probabilité limite de 47,5 % qui est supérieure au seuil de significativité de 5,0 %.
Par ailleurs, la stabilité du modèle vectoriel à correction d‟erreur de la demande de monnaie à long terme semble également être vérifiée au regard des valeurs propres de la matrice du VECM, lesquelles se trouvent à l‟intérieur du disque unité, comme l‟illustre le graphique ci-dessous.
Graphique n° 23 et 24 : Stabilité du modèle vectoriel de la demande de monnaie à long terme et à court terme pour la RDC
[27_img_1]
Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial
1.5
1.0
0.5
0.0
-0.5
-1.0
-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
[27_img_2]
Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial
1.5
1.0
0.5
0.0
-0.5
-1.0
-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
Source : l’auteur sur base du logiciel Eviews.9
Les résultats obtenus mettent en évidence la pertinence des variables revenu réel et dépréciation du taux de change, sur les encaisses réelles. En effet, un accroissement de 1 % du revenu réel impacte positivement les encaisses réelles de 4,6 %. L’élasticité de M2 par rapport au revenu réel est supérieure à l’unité (4,6). Ce constat, dans le modèle de long terme, traduit à la fois une croissance plus importante de la masse monétaire par rapport au revenu et une prévalence du sous-développement du secteur financier dans l‟économie congolaise.
Par contre, dans le modèle de court terme, c‟est la dépréciation du taux de change qui influe négativement sur les encaisses réelles en RD Congo. Cette influence significative de la variable taux de change sur la demande de monnaie se justifie dans un environnement économique marqué par la dollarisation et dans un contexte de régime de change flottant.
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1 Régis Bourbonnais, « Econométrie », 6ème édition, Dunod, Paris, 2005, p. 279. ↑
2 Les modèles à correction d‟erreur ont été introduits par Hendry au début des années 80. Ils ont le mérite de faire ressortir les dynamiques de court et de long terme des variables. ↑