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Analyse des résultats : L’impact environnemental de Shein en 2023

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📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licence - 2025
🎓 Auteur·trice·s
H Charles
H Charles

Cette étude révèle l’impact de la fast-fashion sur l’environnement en analysant le modèle insoutenable de Shein. Découvrez comment cette accélération des collections menace la durabilité écologique et sociale, et pourquoi il est crucial de repenser notre consommation textile.


La fast-fashion : moteur de surchauffe du secteur textile

Genèse et fonctionnement du modèle

Collections renouvelées jusqu’à 52 fois par an (Zara, Shein)

Le modèle de la fast-fashion repose sur une accélération spectaculaire du rythme de renouvellement des collections. Alors que la mode traditionnelle fonctionnait sur deux à quatre saisons par an, les grandes enseignes comme Zara ou H&M ont imposé un rythme allant jusqu’à 52 collections annuelles.

Cette cadence, équivalente à une nouvelle collection par semaine, vise à capter en permanence l’attention du consommateur en créant un sentiment d’urgence et de nouveauté permanente. En conséquence, le cycle de vie des vêtements s’en trouve considérablement réduit.

Shein : 6 000 nouveaux articles mis en ligne chaque jour

Shein a poussé à l’extrême le principe de renouvellement des collections. Chaque jour, la marque chinoise met en ligne environ 6 000 nouveaux articles sur son site, une cadence jamais vue dans l’histoire du secteur textile.

Cette capacité de production repose sur une digitalisation poussée, des partenariats avec des milliers de petits ateliers et une chaîne logistique extrêmement réactive. Grâce à des algorithmes capables d’identifier les tendances en temps réel, Shein peut produire en très petite quantité, tester la réaction des consommateurs, puis relancer la production à plus grande échelle pour les modèles qui rencontrent du succès.

Ce système réduit drastiquement les coûts et les délais de fabrication, mais soulève de nombreuses questions sur le plan social, environnemental et éthique.

Utilisation d’algorithmes pour détecter les tendances et produire à bas coût

L’un des piliers du succès de Shein est sa maîtrise des technologies d’intelligence artificielle. Grâce à des algorithmes performants, la plateforme peut analyser des millions de données issues des réseaux sociaux, des blogs de mode et des comportements d’achat.

Ces informations permettent d’anticiper les tendances, d’ajuster les collections presque en temps réel, et de limiter les invendus. Cette approche algorithmique remplace en partie les équipes de designers traditionnels et permet de produire à la demande, en quantité limitée au départ.

En réduisant les stocks et les risques d’invendus, Shein optimise ainsi ses marges tout en maintenant des prix ultra-compétitifs. Toutefois, cette ultra-réactivité favorise une consommation frénétique, peu compatible avec une mode durable.

Chiffres à l’appui

60 % des vêtements produits sont jetés dans l’année (Ellen MacArthur Foundation)

Selon la Fondation Ellen MacArthur, près de 60 % des vêtements produits chaque année sont jetés dans l’année qui suit leur achat. Cette donnée illustre à quel point la fast-fashion repose sur un modèle de consommation jetable.

L’accès facile à des vêtements bon marché incite les consommateurs à multiplier les achats impulsifs, souvent sans réel besoin. Résultat : des millions de tonnes de textiles finissent dans les décharges, parfois après seulement quelques utilisations.

Cette logique linéaire — produire, consommer, jeter — engendre un gaspillage colossal de ressources et pose de sérieux problèmes de gestion des déchets à l’échelle mondiale.

La mode est responsable de 10 % des émissions de GES mondiales (ONU Environnement)

L’impact climatique de la mode est également considérable. Selon ONU Environnement, l’industrie textile est responsable d’environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et le transport maritime réunis.

Cette empreinte carbone s’explique par l’ensemble du cycle de vie des vêtements : culture des matières premières (notamment le coton), fabrication, teinture, transport international, usage (lavage/séchage) et fin de vie.

Le modèle de la fast-fashion, avec ses volumes élevés et ses chaînes d’approvisionnement mondialisées, est particulièrement énergivore. À l’heure de l’urgence climatique, cette statistique alerte sur la nécessité de repenser profondément les modes de production et de consommation vestimentaires.

87 % des fibres utilisées sont enfouies ou incinérées

La gestion de la fin de vie des vêtements constitue un défi majeur. Selon les données de la Fondation Ellen MacArthur, 87 % des fibres textiles finissent leur course dans des décharges ou sont incinérées, faute de structures de collecte, de tri et de recyclage efficaces.

Moins de 1 % des vêtements sont recyclés en vêtements neufs. Ce chiffre démontre les limites d’un système où l’innovation se concentre sur la production mais très peu sur le recyclage.

En Europe, malgré des progrès en matière de tri, la majorité des textiles usagés n’ont pas de débouché industriel viable, ce qui aggrave le problème des déchets.

Étude de cas – Shein

Valorisation estimée à 66 milliards $ (2023)

Fondée en Chine en 2008, Shein a connu une croissance exponentielle, jusqu’à être valorisée à plus de 66 milliards de dollars en 2023. Cette réussite fulgurante s’appuie sur un modèle unique mêlant digitalisation, algorithmes de production et prix défiant toute concurrence.

En quelques années, Shein s’est imposée comme un acteur incontournable de la mode en ligne, notamment chez les jeunes générations. La marque mise sur l’ultra-rapidité, la diversité de l’offre (plusieurs centaines de milliers de références) et un marketing agressif sur les réseaux sociaux.

Toutefois, cette croissance exceptionnelle soulève des interrogations sur la viabilité de ce modèle à long terme.

Modèle basé sur la surproduction et la réduction extrême des délais de fabrication

Le modèle économique de Shein repose sur la surproduction rationalisée. En analysant les comportements d’achat en temps réel, la marque lance des micro- séries de vêtements en quelques jours seulement.

Ce modèle permet de répondre instantanément à la demande, mais au prix d’une pression extrême sur les chaînes de production. Les délais de fabrication peuvent descendre en dessous de 10 jours entre la conception et la mise en vente, ce qui est sans précédent dans le secteur textile.

Cette rapidité est rendue possible par une logistique très performante, des stocks réduits au minimum et une automatisation poussée du processus de design.

Fabrication majoritairement sous-traitée dans le sud de la Chine

La majeure partie de la production de Shein est sous-traitée à de petits ateliers situés dans le sud de la Chine, notamment à Guangzhou. Ces unités travaillent souvent dans des conditions opaques, sans véritable traçabilité ni contrôle externe.

Des enquêtes indépendantes, comme celle de Public Eye en 2022, ont révélé des pratiques inquiétantes : journées de travail de plus de 75 heures, absence de contrats formels, rémunération à la pièce dérisoire.

Cette opacité rend difficile toute évaluation précise de l’impact social de la marque, mais elle soulève de graves questions éthiques et juridiques. L’étude de Shein illustre ainsi les dérives les plus extrêmes d’un modèle fondé sur la vitesse, le volume et le bas coût.

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